Mexique : où sont les étudiants enlevés d’Iguala?
En Amérique du Nord, il y a deux Mexique. Vous le saviez? Alors, voilà : le premier Mexique, tout le monde le connaît. Il rigole, se fait bronzer sur les plages de Cancun et d’Acapulco, fait la fête jusqu’aux petites heures dans les boîtes bondées de Cozumel ou se la coule douce dans les condos de Cayo Coco et Playa del Carmen. Ce Mexique-là, on le voit partout.
Photo : Patrice Saucier
C’est beau, hein ?
Le second Mexique est plus triste. Plus violent. Il fait peur, bien entendu. Il est constamment bafoué et diminué par une guerre sans merci entre trafiquants de drogues. On le voit moins, ce Mexique-là… Mais pour tous, voici une photo :
Photo : Hector Guerrero / AFP / Getty Images
Ah! Une manifestation! Elle a eu lieu hier (8 octobre) à Mexico City. Une manif monstre pour protester contre un crime tout à fait crapuleux , survenu à Iguala, dans l’état du Guerrero, dans l’ouest du Mexique. Les photos que vous voyez sont celles de 43 étudiants qui ont été enlevés le 26 septembre par des fous furieux « bossant » pour un cartel de narcotrafiquants, ainsi que des policiers municipaux.
On espère les trouver vivants. Sauf que selon Le Monde, deux membres d’un gang criminel ont avoué le meurtre de 17 des 43 étudiants disparus. Dernièrement, une fosse commune a été découverte par la police, mais on ignore pour le moment si elle continent les cadavres des étudiants. Parmi les dépouilles, certains corps étaient complets. D’autres, étaient fragmentés et présentaient des signes de calcination…
Ce qu’ils ont fait? Bah! Rien de trop grave. Je le mentionne parce que ces étudiants étaient à Iguala pour recueillir des fonds… et pour manifester contre la réforme de l’enseignement. Pour retourner à la maison, ils ont voulu investir trois autobus… Ce geste a provoqué des fusillades puisque des policiers ont pris les autobus pour cibles. Bilan : trois morts et vingt-cinq blessés.
Les agents ont même attaqué un bus transportant les joueurs d’une équipe de soccer locale et un taxi, faisant trois victimes supplémentaires.
Ensuite ? Beaucoup ont été « emmenés » quelque part par la police… Après ? Silence radio… La police et l’armée mènent les recherches. Sans doute de bonne foi. Or, lorsqu’on sait que les policiers soupçonnés d’avoir participé à la fusillade sont peut-être liés au crime organisé, lorsqu’on sait que le maire d’Iguala, a des liens avec les criminels du groupe des Guerreros Unidos.on se pose des questions, on a peur.
Avec raison.
Une liberté d’expression fusillée et enterrée dans une fosse commune, cela fait certainement réfléchir.
Non pas au sens de « la prochaine fois, je vais me tenir les fesses serrées », mais plutôt « quoi faire si je ne suis pas d’accord? Je prie en silence, peut-être? »
Servir et protéger… Mais qui, au juste? Lorsqu’on se sert de son pouvoir pour « se faire justice » ou « faire justice » à un caïd, cela devient grave.
En attendant, le Mexique retient (encore) son souffle pour un miracle. Quand les narcotrafiquants et la police se tiennent par la main pour commettre, cela prendra plus que des neuvaines à Santa-Maria del Guadalupe pour enrayer le problème.
C’est beau, hein? Elle est belle, la patrie d’Octavio Paz, Diego Rivera, Frida Khalo et Carlos Chavez, hein?