Enfants abandonnés…….


Je laisse les commentaires ouverts bien que je sache que ce billet ne sera pas commenté ( peut-être quelques  » like » ( dont j’ai horreur) . Je l’ai écrit pour moi d’abord ,parceque je voulais en savoir plus sur l’abandon des enfants .

Une pratique singulière : l’attribution de pseudonymes à des centaines d’enfants au milieu du XXe siècle

Pendant la première moitié du XXe siècle, en France, plusieurs centaines de milliers d’enfants sont devenus pupilles de l’Assistance publique. La plupart sont des enfants abandonnés par leur mère, le plus fréquemment pour des motifs liés à la misère. Beaucoup portent le patronyme maternel, mais souvent sans le savoir. Des recherches ont montré qu’en Ille-et-Vilaine, entre 1927 et 1944, des pseudonymes sont donnés à ces enfants, à leur arrivée à l’Assistance. Les familles d’accueil et l’entourage ne les connaissent que sous cette nouvelle identité et les documents ainsi que les correspondances sont établis sous ces nom et prénom de substitution. Leur état civil officiel n’en est pas pour autant modifié et ils retrouvent ultérieurement leur véritable identité. Cette pratique singulière n’est pas générale en France. Elle brouille les pistes et met en lumière la culture du secret qui prévalait dans les services de l’Assistance publique de cette époque.

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Au cours de la première moitié du 20ème siècle, en France, plusieurs centaines de milliers d’enfants ont été pupilles de l’Assistance publique (AP) (ils sont appelés pupilles de l’État après 1943). Selon que leurs parents sont connus ou non, ces enfants sont dits  » enfants abandonnés  » ou  » enfants trouvés  ». Durant l’entre-deux-guerres, la grande majorité des pupilles sont des enfants abandonnés.

L’histoire de ces enfants et de leur famille d’origine est particulièrement riche et émouvante. Les dossiers des pupilles sont la principale source pour la connaître. Ils font entrevoir la vie d’un enfant, parfois aussi celle de leur famille et renvoient également à l’histoire de notre société.

Alors que pendant l’Antiquité, la décision de mise à l’écart d’un bébé appartenait au père, au 20 e siècle ce sont essentiellement les mères qui abandonnent. La plupart des femmes contraintes à cette décision, sont jeunes, célibataires et vivent dans une grande misère. La majorité d’entre elles accompagnent, elles-mêmes, leur bébé à l’AP, à l’issue d’un séjour d’une dizaine de jours passés à l’hôpital après la naissance. En Ille-et-Vilaine, entre 1914 et 1939, ce sont 61 % des enfants abandonnés qui arrivent entre 4 et 14 jours après leur naissance. D’après les lettres retrouvées dans les dossiers, les mères gardent souvent l’espoir d’une vie meilleure et de pouvoir reprendre leur enfant, plus tard, même si la loi prévoit une rupture définitive.

Les enfants abandonnés ont leur filiation établie avec leur mère, voire avec leurs deux parents. En Ille-et-Vilaine, 91 % des enfants abandonnés portent le seul nom de leur mère, les autres portent le nom du père ou du mari, que ce dernier soit ou non le géniteur. Seuls les enfants trouvés ont pour patronyme un prénom ou un nom d’emprunt. Ces derniers sont souvent choisis par la mère, ou sinon par la sage-femme ou le médecin ou à défaut par l’administration.

En Ille-et-Vilaine, à partir de 1927, une pratique singulière se met en place : même si leur filiation est établie, un pseudonyme est attribué aux enfants, aussitôt après leur admission à l’AP. La consultation, pour cette étude spécifique, de 909 dossiers de pupilles nés après 1925 et sortis des services entre 1925 et 1949 a permis de mesurer l’ampleur de ce phénomène et d’approcher ses causes et ses conséquences. Des échanges avec d’anciens pupilles ont enrichi cette première approche. La lecture d’ouvrages et les apports du Conseil national pour l’accès aux origines (CNAOP), des archives départementales de la Gironde et de professionnels de plusieurs conseils généraux ont éclairé la pratique d’autres départements.

Cet usage est également mis en perspective avec la culture du secret qui a longtemps prévalu dans les services de l’AP puis de l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Des pseudonymees en guise d’identité ….

Sur la couverture des dossiers de pupilles figurent, notamment, les nom et prénom de l’enfant, la date de naissance et la catégorie. Dans ceux du département d’Ille-et-Vilaine, des indications surprenantes apparaissent à partir de 1927. Un autre nom et un autre prénom sont notés en haut de la couverture, généralement au crayon rouge, parfois soulignés. À l’intérieur du dossier, cette même identité se retrouve au travers du procès-verbal (PV) d’admission, toujours en rouge, tout en bas à gauche. Elle est précédée du mot  » alias  » ou plus souvent de  » pseudonyme  », et quelquefois de  » dit  » ou  » dite  » ou même  » le ou la nommé(e)  ».

Un  »livret de pupille  » est établi sous cette nouvelle identité. Ce livret de 62 pages comprend des éléments relatifs à l’identité de l’enfant, à sa santé, sa scolarité, ses placements et aussi des listes de  »vêtures  » ( Vêtements ) . selon les âges, des conseils d’hygiène et d’alimentation aux nourrices et des relevés de leur paiement.

D’ailleurs ,on constate que, dans certains dossiers, toutes les autres pièces portent cette nouvelle identification, sans aucune mention de la véritable identité. Il en va ainsi de la fiche qui retrace les placements et les observations des inspecteurs, de fiches sanitaires, de certificats médicaux, de remboursements de fournitures et même de certificats de décès. Lorsque l’enfant est placé chez une nourrice, les échanges de courrier avec cette dernière se font en désignant l’enfant par son seul pseudonyme. Il apparaît alors que la nourrice ne connaît l’enfant que sous ce nom et ne sait sans doute pas qu’il en porte un autre. Seuls l’extrait d’acte de naissance et l’arrêté d’admission portent l’identité réelle de l’enfant et cela sans aucune mention de pseudonyme. De même, le plus souvent, le certificat de baptême ou  »d’ondoiement » ( = Baptême d’urgence où seule l’ablution baptismale est faite.)est établi sous la seule identité première. Ce sauf-conduit pour  »l’au-delà  » est généralement accompli dès le jour de la naissance et précède alors l’admission.

Dans un nombre plus important de dossiers, les documents les plus anciens mentionnent le pupille sous son seul pseudonyme, puis l’enfant reprend son identité d’origine et le reste des pièces et courriers indique alors ce seul nom.

Très exceptionnellement, dans quelques dossiers, certains papiers portent les deux noms. Par exemple, dans le dossier de Marie-Louise A., à propos de son décès, il est indiqué :  » la nommée M. Jeanne (il s’agit de son pseudonyme), alias Marie-Louise A. (patronyme de l’état civil) est décédée  ». Dans certaines notes confidentielles de l’aumônier de l’hôpital, les deux identités se côtoient également :  » L’enfant (pseudonyme), né le…, porté ce jour à la crèche de l’hospice, et non baptisé, se nomme en réalité (état civil), baptisé le… à…  » Dans les rares autres cas de double mention, le document est établi avec le pseudonyme ; l’identité réelle n’étant rajoutée qu’au crayon, manifestement dans le seul but de faciliter le classement.

Les noms donnés en pseudonymes n’ont apparemment pas de signification particulière. Certains sont des prénoms mais d’autres ne sont ni des prénoms, ni des noms communs, ni des noms de lieux. Quelques-uns donnés à des enfants rapidement décédés et de ce fait non identifiables : Prima, Damasse, Contrain, Lichon ou Magon,Janvier. On constate aussi que le choix des patronymes ne dépend pas du sexe de l’enfant. Même les prénoms qui servent de nouveaux patronymes, qu’ils soient féminins ou masculins, sont attribués de façon indifférenciée aux garçons et aux filles. Le choix n’est pas non plus déterminé par la catégorie d’enfants trouvés ou abandonnés ou par un quelconque ordre alphabétique, en fonction de la date d’admission ni par exemple, le mois d’admission .

Le choix du prénom du pseudonyme est manifestement aussi aléatoire. La seule certitude est qu‘il ne correspond ni au prénom du saint du jour de la naissance ni à celui de l’admission de l’enfant et qu’il n’y a aucune correspondance entre le prénom initial et le nouveau, au moins jusqu’en 1941. Louise P. née le 28 mai 1934 se voit ainsi nommée Berthe R. ; Claire Pi., née le 27 juin 1932 devient Lucie P. ; Guy Q., Marcel C..

En 1941, toutefois, un changement s’opère. Il se rencontre dès mai, mais n’est généralisé qu’en août. Désormais, seul un nouveau nom est donné et le prénom est conservé.

L’attribution d’un pseudonyme est manifestement très rapide. Elle se fait dès l’arrivée à l’AP. Même des bébés qui n’ont pas bénéficié de placement en nourrice et qui sont décédés à l’hospice dépositaire en ont été dotés. Ainsi, Jeanne A., née le 22 novembre 1927, admise le jour même et décédée huit jours après, reçoit le pseudonyme de Lucienne Guillaume, Jean A. né le 5 avril 1942 qui est devenu pupille le 23 avril et est décédé le jour-même se voit également doté d’un nouveau nom : Jean Loran.

Une pratique généralisée en Ille -et-Vilaine :

 

L’usage de pseudonymes se rencontre en Ille-et-Vilaine sur une période de presque 18 ans. Plus d’un millier de pupilles sont concernés. À quelques rares exceptions près, la pratique concerne tous les enfants trouvés et abandonnés. Ainsi, sur les 24 enfants trouvés ou abandonnés nés en 1927 ou 1928 et sortis en 1928, seul un n’a pas reçu de pseudonyme. La pratique est appliquée quelle que soit la raison de l’abandon : absence de ressources, rejet de la famille ou tout autre motif. Elle est la même quelle que soit la personne qui remet l’enfant. Ce peut être la mère ( cas le plus fréquent ) ou une sage-femme, une infirmière, un médecin… Il en va de même que l’enfant soit né à l’hôpital, en clinique, chez une sage-femme ou au domicile de la mère.

La pratique commence en janvier 1927, à une exception près d’un enfant admis en décembre 1926, et se termine au milieu de l’année 1944. D’après les recherches, l’attribution du dernier pseudonyme concerne Antoinette A., née le 7 juillet 1944, admise le 20 juillet et qui devient Antoinette M

. La fin qui intervient en août 1944 correspond manifestement à la libération du département ( les 3, 4 et 5 août, à l’exception de Saint-Malo et Dinard ) et au changement des autorités.

Donc, quasiment tous les enfants trouvés de cette période ont des pseudonymes, alors même que leur état civil, souvent composé de plusieurs prénoms, n’identifie pas leur filiation. Cet état civil est, il est vrai, connu par la personne qui a fait la déclaration de naissance et peut l’être aussi par la mère et même avoir été donné par elle. L’enfant trouvé Guy F., né le 7 mai 1932 à Saint-Malo, remis par Mme O., repasseuse, se voit ainsi doté du pseudonyme d’Auguste D. Dans les deux seules exceptions rencontrées, le bébé n’avait pas été déclaré en mairie quand il est devenu pupille, le jour même de sa naissance. C’est l’AP qui l’a fait et donc elle seule qui connaissait son identité.

Beaucoup d’enfants trouvés qui avaient pour identité un double prénom se voient doter d’un nom-pseudonyme qui a l’apparence d’un patronyme. D’autres, par contre, ont un nouveau prénom.

Pour les enfants abandonnés, la reconnaissance par leur mère, et même par les deux parents n’interfère pas. Les fratries elles-mêmes sont concernées. Des circonstances particulières n’influent pas davantage sur la pratique. Ainsi, une jeune femme de 23 ans, confie en juin 1944 son nouveau-né. Elle précise qu’elle doit se rendre à pied dans le Morbihan, où elle habite, et ne peut emporter son bébé, à cause de la distance, des combats et des bombardements, et reviendra aussitôt que possible. Son garçon se voit pourtant immédiatement doté d’un pseudonyme. Il décède le mois suivant, avant que sa mère ne l’ait repris.

Pour la catégorie des abandonnés, trois absences de pseudonymes s’expliquent par la situation administrative antérieure de l’enfant. L’un était secouru auparavant, le deuxième était en dépôt. Quant au troisième, il était hospitalisé  » au compte des assurances sociales  » et décède avant même que le PV ne soit établi. Pour les quelques autres enfants abandonnés sans pseudonyme, on constate que le lieu de l’abandon n’est pas le bureau de l’AP, mais une mairie ou un commissariat de Police. Ces admissions se sont faites en outre à un âge plus tardif que celui des autres enfants.

En règle générale, contrairement aux enfants trouvés ou abandonnés, aucun pseudonyme n’est donné aux orphelins ni aux enfants moralement abandonnés. Pour ces derniers, il faut préciser que le jugement peut être revu à la demande des parents à l’issue d’un délai de trois ans. En outre, pour ces deux catégories, les admissions sont généralement tardives. Une seule exception a été constatée, celle d’un bébé admis comme orphelin, quelques jours après sa naissance, à la suite du décès de sa mère en couches. Il a manifestement été assimilé à un enfant abandonnés

Pour les enfants en dépôt qui lui sont confiés ( ils sont très peu nombreux à cette époque ) l’AP ne détient pas la puissance paternelle, qui reste aux parents. Malgré cela, dans un dossier, un pseudonyme a été attribué. Margaret K., née fin 1925, est admise en dépôt, donc à titre provisoire, en même temps que ses quatre frères, en septembre 1927, à la suite de l’incarcération de son père, sa mère étant sans domicile et sans ressources. Il lui est donné le pseudonyme d’Ernestine D. Un livret de pupille, une fiche de suivi, un certificat médical et différents courriers portent cette identité. La fillette conserve ses nouveaux nom et prénom pendant tout son placement. En juin 1928, la mère reprend tous ses enfants. Il est demandé alors à la nourrice de la fillette de la ramener à l’AP. Même dans ce courrier, elle est appelée Ernestine D. Aucun de ses frères, même le plus jeune, né début septembre 1927, n’a de pseudonyme. Rien ne permet d’expliquer une telle situation.

Des enfants à l’identité double :

Le contenu du dossier de Robert G. né le 6 juin 1932 à Rennes étonne au premier abord. Sa mère Anna G., 17 ans, le conduit à l’AP, alors qu’il a douze jours. L’arrêté d’immatriculation comme abandonné est pris au nom de Robert G. L’extrait d’acte de naissance comme le certificat de baptême sont établis à ce même nom. Le PV d’admission porte également ce nom mais une annotation mentionne :  » Pseudonyme P. Émile  ». Un livret de pupille est établi le jour même au nom de P. Émile. Il y est même noté que  » P. Émile a été baptisé le 9 juin 1932  », alors qu’il est su que ce sacrement a eu lieu avant l’admission, sous le patronyme officiel. Le bébé part un mois après en nourrice sous son pseudonyme. Une fiche sanitaire qui suit l’évolution du bébé, avec son poids, les différents laits donnés, porte ce nom. Deux ans après, pour des raisons non explicitées, le garçon retourne à l’hospice dépositaire et est confié le mois suivant à une nouvelle nourrice. Un deuxième livret de pupille est alors établi, mais cette fois-ci avec le nom initial. Des certificats médicaux ultérieurs sont rédigés avec l’identité retrouvée. Une lettre de la deuxième nourrice montre qu’elle connaît l’enfant sous ce nom. Aucun élément dans le dossier n’explique ce double changement de nom …..

En fait, cette reprise de l’identité initiale est la règle. Les pupilles qui ont porté un pseudonyme pendant tout leur placement à l’AP sont tous, soit décédés en bas âge, soit ont été remis à leur mère ou leurs parents. Dans ce dernier cas, l’enfant retrouve sa véritable identité à l’âge, variable, correspondant à cet événement. Ainsi, Josèphe R., enfant trouvée, après s’être appelée Renée L., ne reprend son nom de naissance qu’à 4 ans et 8 mois, pour en changer aussitôt après et porter celui de sa mère qui vient de la reconnaître. La mère a écrit une quinzaine de lettres pour demander des nouvelles de sa petite, ce qui montre son attachement, mais pour la fillette c’est un bouleversement. Pour d’autres enfants, l’âge de ce double changement est encore plus tardif et a lieu vers 7 ans.

Aucun pupille ne porte encore son pseudonyme à l’âge adulte. Par contre, la date de la reprise de l’identité officielle diffère d’un enfant à l’autre. Il est parfois difficile de savoir précisément à quel âge et dans quelles circonstances, elle a lieu. Plusieurs mois, et même plus d’un an, peuvent séparer le dernier papier avec le pseudonyme, du premier avec l’identité initiale. Toutefois, des tendances principales apparaissent et trois situations se dessinent dont la première paraît la plus fréquente.

Nombre de modifications s’observent entre 18 mois et 2 ans et demi, en lien avec un changement de nourrice. Après l’admission à l’AP, pendant son séjour à l’hospice puis chez sa première nourrice, l’enfant n’est identifié que sous son pseudonyme. Il reprend ensuite sa véritable identité et n’est connu par sa nouvelle famille d’accueil que sous ce nom. C’est le cas de Gaston B., né en février 1928 et remis par sa mère âgée de 19 ans. À l’âge de trois semaines, il est placé chez une première nourrice, sous son pseudonyme de Maxime H. Différents documents, dont une fiche sanitaire, un certificat médical, des échanges de courrier, portent cette identité. À 18 mois, il repart. Une fiche inventoriant ses vêtements est établie le 19 août 1929, toujours avec son nom d’emprunt. Par contre, dès le 22 août, lors de son placement chez une seconde nourrice, il retrouve son nom initial.

Certains enfants continuent à porter leur pseudonyme lors de leur deuxième placement et ne changent qu’au troisième. Ainsi, René A., né en juin 1928, après un premier placement en nourrice à un mois, est confié à Madame L. en septembre 1929. Lorsqu’il la quitte, le 21 mars 1930, l’inventaire de ses vêtements est établi sous son pseudonyme. Ce n’est que trois jours après, en allant chez sa troisième nourrice, à l’âge de 21 mois, qu’il retrouve sa véritable identité.

La raison de ces changements de nourrice n’est généralement pas indiquée dans les dossiers et les pupilles interrogés l’ignorent. On observe que pendant le deuxième quart du xxe siècle, les modifications de placements entre 18 mois et 3 ans se généralisent en Ille-et-Vilaine. Ce n’était pas le cas auparavant, où par exemple plus de la moitié des pupilles nés en 1917 et sortis de l’AP en 1938 à leur majorité n’ont eu qu’une seule nourrice et où les ruptures de placement pour les autres, à des âges très variables, sont dues le plus souvent au décès ou à la maladie de la gardienne ou à de la maltraitance. Dans d’autres départements, comme l’ancienne Seine-et-Oise où nous avons travaillé, on constate aussi des changements quasi systématiques de nourrice soit vers 18 mois-2 ans, soit plus tard vers 6 ans. Dans le département de la Seine, on assiste entre les deux guerres à une pénurie de nourrices au sein, qui a pu conduire à les réserver aux tout-petits et à confier les enfants sevrés à d’autres gardiennes. Mais en Ille-et-Vilaine, il en va différemment, un des critères principaux du choix des nourrices est la possession d’une ou plusieurs vaches et la demande d’accueil d’enfants de l’AP reste importante. Une des raisons de la nouvelle pratique pourrait être liée à la lutte contre la forte mortalité infantile, avec une spécialisation de nourrices pour le premier âge. Ceci n’explique toutefois pas en soi la double modification d’identité.

D’autres reprises de l’identité réelle correspondent au placement de l’enfant chez un couple, en vue d’une légitimation adoptive, généralement entre 18 mois et 5 ans. Ainsi, Yvonne L., qui s’est appelée F. D. pendant 20 mois, est-elle confiée à ses futurs parents adoptifs sous son identité de naissance. Mais les enfants confiés en vue d’une légitimation adoptive ne reprennent pas tous leur identité de naissance, dès le placement chez leurs futurs parents adoptifs. Certains ne la retrouvent qu’au moment où le couple demande formellement, au conseil de famille, l’autorisation d’adoption. Dans ces cas, des courriers attestent que le couple n’avait connaissance auparavant que du pseudonyme et ignorait qu’il ne s’agissait pas de la véritable identité.

La reprise du patronyme de naissance peut aussi être plus tardive et intervenir entre 12 et 14 ans. Cet âge correspond pour la plupart, à l’entrée dans le monde du travail, avec la signature d’un contrat d’apprentissage et l’affiliation aux assurances sociales. Jacqueline B., née le 21 janvier 1927, porte le pseudonyme d’Ida S., pendant toute son enfance. Un document du 17 juin 1940, alors qu’elle a plus de 13 ans, ainsi que tous les documents antérieurs la nomment sous ce pseudonyme. Par contre, le jour de ses 14 ans, un contrat d’apprentissage est signé avec son identité officielle. En outre, un nouveau carnet de santé est établi sous ce nom. Toutes les correspondances et documents ultérieurs mentionnent le seul nom officiel. Un tel changement tardif peut aussi coïncider avec l’entrée à l’école primaire supérieure. C’est le cas de Marie Catherine G., née en août 1927. Début septembre 1941, un papier relatif à un achat de sabots montre qu’elle porte encore son pseudonyme de Berthe M. Le 13 du même mois, sa nourrice s’adresse à l’AP en la désignant avec ce même nom. Le 18, l’inspecteur écrit en demandant de constituer un trousseau pour rentrer à l’école primaire supérieure, et là, il désigne la jeune fille sous ses véritables nom et prénom. La nourrice a visiblement du mal à se faire à ce changement et, dans sa réponse, elle continue à parler de Berthe, même si elle n’utilise plus le nom pseudonyme. Marie Catherine rajoute un petit mot pour dire son impatience de la rentrée et signe de son nouveau nom, manifestement avec une certaine fierté. Dès lors, c’est sous cette identité qu’elle est connue.

Une pratique surprenante ,sans base réglemantaire .

Ultérieurement,( mais plus de 20 ans plus tard), la loi du 11 juillet 1966 prévoira, pour les enfants dont la filiation est établie et dont les mères ont expressément demandé le secret de l’abandon, d’annuler le premier acte de naissance et d’en établir un second avec un nouveau patronyme choisi par le service de l’ASE et un nouveau lieu de naissance. Le dossier de l’enfant est établi sous ce nouveau nom. Cette règle s’appuie sur le respect du secret demandé.

Les dossiers d’une étude sont, quant à eux, répertoriés et classés en fonction du nom de l’état civil initial. Il n’y a pas d’indication des pseudonymes dans le registre de 1932 qui mentionne les admissions de 1932 jusqu’en 1945, et récapitule rétroactivement la plupart de celles entre 1925 et 1931. Ils ne figurent pas non plus sur les fiches individuelles détenues par le conseil général.

La loi prévoit, à l’époque, trois possibilités de changement de nom : une procédure spécifique pour les changements de noms difficiles à porter, la francisation du nom pour faciliter l’intégration des étrangers naturalisés et la reprise par la famille du nom d’une personne morte pour la France, sans descendants. La pratique rencontrée ne correspond à aucun de ces cas et ne conduit pas à un changement de patronyme à l’état civil.

La reprise de l’identité de naissance, au plus tard à l’adolescence, montre que c’est la seule légale. Le pseudonyme est un nom d’usage. Mais, il est utilisé par l’enfant, l’entourage et les professionnels comme s’il s’agissait d’une identité officielle et, à part l’inspecteur, personne ne semble connaître le nom de naissance. D’ailleurs, dans un courrier adressé à un futur père adoptif, en 1937, l’inspecteur spécifie :  » Il est absolument impossible que vous connaissiez (Victor B.), puisqu’il porte du reste un faux nom et que son nom véritable est seulement connu de moi.  »

Le recours à des pseudonymes est particulièrement surprenant. Ce l’est d’autant plus que le changement de pratique est radical. En effet, le nouvel usage s’applique dès le mois de janvier 1927, alors qu’il est totalement absent en 1926 et les années précédentes, à l’exception d’une admission en décembre 1926.

Sur le plan juridique, les pseudonymes sont des noms d’emprunt qu’une personne se donne à elle-même. Molière, Voltaire, Stendhal sont par exemple des pseudonymes. Cet usage est ancien et fréquent, mais il est licite à la condition qu’il soit utilisé dans l’exercice d’une activité particulière. Ce n’est bien évidemment pas le cas pour les pupilles.

La soudaineté et la généralisation de la pratique pourrait s’expliquer par la publication d’une loi, d’un texte réglementaire ou d’une directive spécifique aux pupilles. Mais des recherches multiples, y compris auprès des Archives nationales, de celles de Paris et l’AP-Hôpitaux de Paris et de la Bibliothèque Nationale n’ont pas permis d’établir de telles bases. Le  » traité de Planiol et Ripert » ?mentionne deux circulaires datées de 1926, l’une sur le nom des enfants trouvés, et l’autre sur le nom des enfants naturels. Il n’a pas été possible de trouver le premier texte. Il est très vraisemblable que cette circulaire faisait des recommandations concernant les noms à donner aux enfants trouvés non déclarés à l’état civil. D’autres circulaires l’on fait précédemment, comm celle du 30 juin 1812 qui propose de chercher des noms de l’histoire ancienne ou évoquant des signes particuliers à l’enfant et récuse  » les dénominations ridicules ou rappelant la situation d’enfants trouvés et les noms connus pour appartenir à des familles existantes ». De plus, étant donné le titre du texte, les enfants abandonnés ne sont pas concernés. La circulaire du 22 octobre 1926 relative au nom des enfants naturels précise que  » lorsqu’un enfant n’est désigné dans son acte de naissance que par une suite de prénoms, c’est ce dernier, quel qu’il soit, qui doit être considéré comme nom patronymique  ». Elle indique également que  » lorsqu’un acte de naissance indique le nom de la mère d’un enfant naturel mais que cet enfant n’a pas été reconnu par elle, une jurisprudence aujourd’hui à peu près constante proclame que cet enfant a droit au nom patronymique de sa mère  » Elle demande aussi de nommer les enfants naturels par ce patronyme dans les actes de mariage ou de décès. Cette directive, qui ne prévoit aucune dérogation, va expressément à l’encontre de toute substitution de nom pour les enfants qui portent le patronyme de leur mère.

Dans le même temps, une circulaire du 18 mars 1927 adressée aux directeurs d’agences par le préfet de la Seine indique qu’il lui a été signalé que les livrets de certains pupilles continueraient de porter, à la première page, la mention  » Inconnu  » et rappelle de façon très ferme la nécessité de porter sur les livrets des pupilles leur véritable état civil.

Par ailleurs, il est nécessaire de préciser que la tutelle des pupilles de l’AP ou de l’État est un régime de puissance paternelle, puis d’autorité parentale, qui cesse à la majorité et qui est sans conséquence sur la filiation.

En outre, la consultation des archives départementales de la Gironde a permis de constater que la pratique des pseudonymes n’était pas appliquée dans toute la France. Le conseil général du Finistère, a indiqué qu’elle n’existait pas non plus dans son département. Le CNAOP a pu confirmer que la pratique n’était pas généralisée. De plus, une réglementation nationale aurait prévu de façon précise les modalités et en particulier l’âge auquel l’attribution de pseudonymes intervenait et se terminait.

Le changement pourrait alors être dû à une directive écrite non publiée, voire à des consignes orales, spécifiques à un département. Il pourrait résulter de la décision d’un préfet, ou d’un inspecteur de l’AP. On constate effectivement qu’un même inspecteur a exercé en Ille-et-Vilaine au moins de 1928 à 1943. Mais ce n’est qu’une hypothèse fragile, car cette pratique n’est pas l’apanage du seul département d’Ille-et-Vilaine. René Giraud qui a réalisé un master d’anthropologie a relaté avoir rencontré deux pupilles des Bouches-du-Rhône, nés avant 1935, qui avaient un nom donné par l’administration, différent de celui de leur mère respective, bien que ces dernières les aient reconnus et aient établi la filiation. Dans son mémoire, il cite Roberte C. qu’il a interviewée, à qui la nourrice avait raconté qu’elle avait un patronyme donné par l’AP. L’intéressée, qui pense que c’était pour  » que maman ne revienne jamais me chercher  », décide, lors d’une inscription à l’école, de prendre le nom de son père nourricier, en expliquant :  » J’avais bien le droit de choisir un nom qui me convenait en offrant celui de mon père nourricier puisqu’il m’appelait sa fille. »

Des pseudonymes qui facilitent rupture et secret :

L’absence de texte expliquant l’usage de pseudonymes invite à rechercher, au-delà, les raisons d’une telle pratique. Quatre pistes ont été explorées : le respect du secret demandé par le ou les parents, un projet d’adoption, le secret de la filiation vis-à-vis de l’enfant, le secret du placement.

La première hypothèse est le respect du secret demandé par la mère ou par la famille. Les enfants trouvés n’ont pas de filiation établie, mais, pour ceux dont la mère choisit elle-même les noms et prénoms, c’est assurément pour lui laisser une trace et non pour qu’il porte un autre nom.

Pour les enfants abandonnés, la déclaration à l’état civil avec le nom de la mère, voire des deux parents, ne plaide guère non plus en faveur d’une volonté de secret. Certes, dans certains dossiers, il est mentionné que la mère veut cacher sa grossesse à sa famille ou que  » le mari l’ignore  ». Mais même là, aucun écrit ne mentionne qu’elle demande le secret vis-à-vis de son enfant. De toute façon, cela ne concerne qu’une minorité de situations, l’absence de ressources étant la raison principale des abandons. En outre, la préservation d’un tel secret supposerait un changement d’état civil et non l’attribution d’un pseudonyme pendant seulement quelques années, voire quelques mois. De plus, les parents ne sont manifestement pas informés de cette pratique. Les échanges de courrier avec eux se font en indiquant le nom d’état civil. Léontine B. née le 17 juin 1927 à Saint-Malo et décédée le 16 juillet suivant, est dite Aurélie E. Quelques mois plus tard, sa mère demande à la revoir. Il lui est répondu :  » J’ai le regret de vous faire connaître que votre fille Léontine […] est décédée le 26 juillet de pyodermite et d’athrepsie générale. »

L’éventualité d’une adoption ne paraît pas non plus, a priori, être le motif de l’attribution de pseudonymes. En effet, la légitimation adoptive n’est devenue possible qu’avec le décret-loi du 29 juillet 1939 et l’adoption plénière, qui rompt tout lien avec la famille naturelle, qu’après la loi de 1966. Avant 1966, l’enfant adopté conservait son patronyme d’origine auquel était rajouté le nom de l’adoptant. On constate d’ailleurs que les pupilles recouvraient leur nom de naissance au plus tard au moment de la requête en adoption.

Les pseudonymes ne sont cependant pas sans incidence. La plupart des enfants sont confiés aux futurs adoptants sous leur identité première. Dans ce cas, le pseudonyme utilisé antérieurement favorise la rupture. Les candidats à l’adoption rencontrent en effet leur futur enfant en centre de consultation et non chez la nourrice et la différence d’identité ne permet pas de relations entre nourriciers et adoptants, sans l’aval de l’AP.

Pour les quelques enfants qui arrivent dans la famille adoptive en portant toujours leur pseudonyme, la double identité désoriente les parents adoptifs. Ainsi, l’avocat en charge de l’adoption de Maryvonne B. demande pourquoi les pièces adressées en vue de la légitimation adoptive portent ce nom et non celui de Maryvonne P., sous lequel a été confié l’enfant. Il lui est répondu que  » B Maryvonne est le nom sous lequel l’enfant a été déclarée à l’état civil alors que P. Maryvonne est le pseudonyme sous lequel elle a été placée au centre nourricier à Antrain  » et que  » c’est donc au nom réel de l’enfant B. que doit être engagée la procédure de légitimation adoptive  ». Il n’est pas précisé que c’est le patronyme de la mère.

L’incertitude sur le nom et l’origine de l’enfant peut aussi conduire les parents adoptifs ou l’entourage à fantasmer. Un couple en vient même à se quereller, la femme finissant par soupçonner le mari d’être le père du garçon. L’inspecteur est catégorique :

 » Je ne puis m’expliquer la provenance des bruits dont vous m’avez entretenu […] Vous avez librement choisi avec Madame, l’enfant B. Victor au milieu de plusieurs autres. Il est absolument impossible que vous le connaissiez puisqu’il porte du reste un faux nom et que son nom véritable est seulement connu de moi. Comment dans ces conditions pouvoir penser vous en attribuer la paternité?  »

La troisième hypothèse est celle d’une utilisation de pseudonymes liée à l’enfant lui-même. Vis-à-vis des pupilles, le secret concernant les origines a en effet longtemps prévalu.

La loi de 1904 stipule que  » dans tous les cas où la loi ou des règlements exigent la production de l’acte de naissance, il pourra y être supplée, si le préfet estime qu’il y a lieu d’observer le secret, par un certificat d’origine dressé par l’inspecteur et visé par le préfet  ». Les lois du 2 septembre 1941 et du 15 avril 1943 reprennent ces mêmes dispositions. Ce certificat d’origine permet d’occulter le lieu de naissance et la filiation. Cette faculté devait être réservée, d’après la circulaire du 15 juillet 1904 aux  » situations délicates  », or dans la plupart des départements, dont l’Ille-et-Vilaine, elle a été étendue à tous, de façon injustifiée puisque la tutelle des pupilles est sans conséquence sur la filiation.

Certains anciens pupilles ont longtemps ignoré l’origine de leur patronyme, s’il s’agissait du nom de leur père ou de leur mère ou d’un nom donné, et quel était leur lieu réel de naissance. La plupart des mariages de pupilles mentionnent leur appartenance à l’AP. Dans le bulletin de mariage de Julienne K., il est ainsi indiqué :  » Née le 3 février 1916 à Assistance publique  », alors qu’elle est née à Rennes et porte le nom de sa mère. Les bulletins de décès portent aussi des mentions spécifiques. Il en est de même pour les actes de naissance des enfants de pupille mineur où il est mentionné  » fils ou fille de X, pupille  ». Le port de pseudonyme concourt à désaffilier les pupilles par rapport à leur famille d’origine, pour les rattacher à la seule AP. Il pourrait être destiné à brouiller les pistes.

Cette troisième hypothèse se heurte cependant au fait que l’attribution de pseudonyme n’a pas entraîné de nouvel état civil et que les pupilles adultes connaissent leur véritable identité. Certains découvrent même tardivement qu’ils ont porté un pseudonyme.

René C. demande en décembre 1991 à avoir des éléments sur ses origines pour  » reconstituer la vie de celle qui a un moment difficile de son existence a dû me laisser sur le bord du chemin  ». Quatre ans plus tard, à 67 ans, il découvre que lors de son premier placement il a eu un pseudonyme  » dans le but j’imagine de déjouer d’éventuelles recherches dans les tous premiers mois de ma naissance  ».

Un monsieur né en 1928 a apporté ses deux livrets, l’un à son nom, l’autre sous son pseudonyme. Il ignorait totalement pourquoi il avait deux livrets avec des noms différents. Il ne se souvenait pas avoir porté le premier nom, ce qui s’explique par le fait que le changement avait eu lieu avant l’âge de 2 ans, comme pour René C.

Des personnes dont le changement a été plus tardif ne connaissent pas davantage la cause de cette évolution. Certains pensent que les dossiers étaient mal tenus et qu’il s’agit d’une anomalie qui leur est propre. La consultation de dossiers datant d’avant 1944 n’est pas fréquente actuellement, aussi, les services du conseil général d’Ille-et-Vilaine n’avaient-ils constaté l’existence que de quelques pseudonymes. De ce fait, ils pouvaient difficilement expliquer cette particularité aux personnes qui découvraient leur dossier.

Les personnes qui ont porté un pseudonyme arrivent parfois à douter de la véracité de leur patronyme.

Ainsi, Marie Catherine G., à l’approche de ses 21 ans, cherche avec l’aide de son mari à connaître qui sont ses parents. Dans une lettre de mai 1948, sont précisés les éléments connus et surtout les interrogations :  » Mademoiselle Marie Catherine G. pupille de l’Assistance publique de Rennes, née le 17 août 1927 à… ? fille de… ? et de… ? a été admise à l’hospice de Rennes le 5 septembre 1927.  »Il lui est répondu :  » Ma chère Marie-Catherine, […] j’ai le regret de vous faire connaître que je ne possède aucun renseignement sur votre mère qui vous a abandonnée aussitôt après votre naissance, et n’a jamais depuis demandé de vos nouvelles. En formant les meilleurs vœux pour le bonheur de votre foyer…  »

En 1963, en 1964, puis en 1966, la jeune femme fait de nouvelles démarches pour savoir en particulier son lieu de naissance, puis l’origine de son nom et s’il est français.

En avril 1980, le ton est plus incisif et là, elle fait allusion à son pseudonyme qui ajoute à son incertitude :

 » Je ne sais rien sur mes origines, je ne connais même pas mon lieu de naissance. Pensez-vous qu’à l’époque où on vit ce soit normal. …. Je suis dans le commerce et à chaque moment il me faut remplir des papiers avec mon lieu de naissance, chaque fois c’est la même chose (Assistance publique ou point d’interrogation). J’ai 53 ans, faudra-t-il donc traîner ce boulet toute la vie ? …. J’ai été inscrite au départ sous le nom de Berthe M., puis à 13 ans quand j’ai passé mon premier certificat on m’a donné paraît-il mon vrai nom (souligné par l’auteur), celui de Marie Catherine G. Je pense que vous me comprendrez et pourrez me dire ce que depuis des années j’ai envie de savoir.  »

Pour l’enfant, la modification de son identité, le plus souvent accompagnée d’un changement de vie, sans préparation qui plus est, devait être particulièrement perturbante.

Il n’y a pas de témoignage direct lié aux pseudonymes. Mais nombre de personnes évoquent leur bouleversement en apprenant une identité différente de celle à laquelle elles avaient cru. Une femme d’une cinquantaine d’années a parlé avec beaucoup d’émotion du jour où elle s’était rendu compte, à 12 ans, qu’elle ne portait pas le même nom que sa famille d’accueil et avait appris qu’elle était de l’ASE. Le soir même, elle fuguait.

Même s’il ne faut pas écarter totalement les autres hypothèses en l’absence d’écrit explicatif, la plus vraisemblable semble être la volonté de garder le secret du lieu de placement vis-à-vis des parents. Il s’agit d’empêcher que les parents ne recherchent leurs enfants.

La loi du 27 juin 1904 prévoit que le lieu du placement du pupille reste secret, sauf décision du préfet prise dans l’intérêt de l’enfant. Cette obligation est expliquée par le ministre de l’Intérieur dans sa circulaire du 15 juillet 1904 :

 » Il est juste que ceux qui abdiquent les devoirs de la famille n’en goûtent pas les joies. Si les parents connaissaient la résidence du pupille et pouvaient dès lors entrer en relation avec les nourriciers et avec lui, les voir à leur gré, le frein le plus puissant à l’abandon disparaîtrait : il y aurait mise en pension de l’enfant aux frais du contribuable. On peut ajouter que l’éducation des pupilles serait rendue plus difficile, souvent presque impossible, par l’intervention des familles.  »

Dans les règlements départementaux, il est interdit aux nourriciers de donner un quelconque renseignement sur l’enfant confié, sous quelque prétexte que ce soit. Dans les contrats d’apprentissage, il est également précisé que le patron doit veiller à ce que le pupille  » ne communique pas avec sa famille et si cette éventualité venait à se produire en informer sans délai l’inspecteur  ».

L’usage de pseudonymes concourt à une rupture définitive. Les parents peuvent difficilement retrouver trace d’un enfant qui ne porte plus le nom initial.

L’exemple de la mère d’Irène Y., qui, célibataire, a abandonné sa fille puînée à la naissance, est instructif. Après son mariage, elle vient s’installer par hasard avec son époux et son aînée non loin de la nourrice de sa benjamine. Trouvant que les deux petites se ressemblent, la gardienne prend à partie la mère qui écrit alors à l’AP pour avoir des nouvelles :

 » Je vous supplie de bien vouloir me dire si la petite Irène Y. est vivante car je suis sa mère et maintenant je suis mariée et on veut reprendre notre petite …. Si je suis malade, c’est le regret de ma petite fille et surtout de recevoir des paroles comme j’en reçois. Mme H. fait marcher une petite fille de l’Assistance pour laquelle je crois toujours que c’est mon enfant. …Tous les jours quand je la vois, je me mets à pleurer et je me fais des idées noires car Mme H. quand elle me voit, va vite la chercher et elle se met à rire aux éclats en disant c’est malheureux d’avoir abandonné sa sœur, il faut avoir le cœur d’une vache. C’est dur pour une mère de recevoir ces paroles. […] Je l’ai mise à l’Assistance car c’était impossible pour moi de l’élever.  »

Dans une autre lettre, elle précise que la nourrice lui a montré le matricule de l’enfant et supplie de la reprendre. Irène Y. était connue par la nourrice sous son pseudonyme de Marie B. Pour la mère, il devait être particulièrement déconcertant de voir une petite fille ressembler à son enfant mais porter un nom différent. Dans sa première lettre, il est manifeste qu’elle est très ébranlée par la ressemblance mais n’a pas de certitude. Elle commence en effet par demander si sa fille est vivante. Dans cette situation, la divulgation du lieu de placement est plutôt favorable à la mère, à qui l’enfant est confiée assez rapidement, mais à titre d’essai.

La spécialisation de certaines nourrices pour les tout-petits dans le département dans la même période pourrait être en lien avec l’attribution de pseudonymes.

Cette hypothèse de changement de nom pour éviter que les parents ne retrouvent fortuitement leurs enfants est confortée par certaines pratiques antérieures de l’AP. Des départements ont organisé la coupure des pupilles de leur famille et lieu d’origine. Au xixe siècle, l’une des raisons de la création des agences de la Seine, dans le Morvan, l’Ouest et le Nord de la France était la mise à distance à plus de 150 km des parents, pour éviter que certains ne deviennent nourrices rémunérées de leurs enfants. Même les enfants déjà placés en nourrice sont partis dans un autre département. Lamartine a dénoncé, mais en vain, le caractère arbitraire de cette politique :

 » N’est-ce pas une rigueur ? Une peine ? Un exil ? Une barbarie ? Ah ! Demandez-le à votre propre cœur intimement interrogé, demandez-le à ces convois presque funèbres de ces enfants expatriés que nous rencontrons par longues files sur nos routes, le front pâle, les yeux mouillés, les visages mornes…  »

Les départements de la Seine-et-Oise et des Bouches-du-Rhône ont également eu des agences hors de leur département. Une circulaire du ministre de l’Intérieur du 21 juillet 1827 a organisé des échanges d’enfants trouvés et abandonnés entre départements limitrophes. La population devait en être avisée, pour susciter des reprises d’enfants et permettre ainsi des économies pour l’Assistance publique. Pour les enfants non repris, le changement de département conforte la rupture.

Par ailleurs, alors même que la loi de 1904 prévoit que les frères et les sœurs sont, autant que possible, placés dans la même famille, ou, au moins, dans la même commune, certains départements, comme les Bouches-du-Rhône, favorisent la dispersion des fratries.

L’éloignement se veut en premier une sanction contre les parents et en second une protection pour les enfants par rapport à une famille jugée défaillante.

Des pupilles ,enfants du seecret .

Il convient de resituer l’usage, si singulier, de pseudonymes dans le contexte du secret qui prévalait à l’époque, dans le dessein de donner à l’enfant une nouvelle existence, vierge de tout passé.

Plusieurs auteurs se sont fait l’écho des recherches des pupilles sur leurs origines. C’est parfois une quête tout au long de la vie. Amandine, qui ignorait même l’origine de son nom, écrivait en 2000, à 85 ans :

 » J’avoue avoir toujours au cœur cette grande peine de ne pas connaître ses racines. Cependant au fond de moi-même, je voue à cette maman (qui n’a pas voulu de son enfant ? ) la tendresse de lui dire au fond de moi-même je t’aimerai en silence, peut-être qu’un jour dans l’au-delà nous pourrons nous rencontrer. Cela m’aide à continuer la route.  »

Longtemps, le secret a été opposé aux pupilles. Un courrier adressé à un pupille qui demande en avril 1948 à connaître sa famille est à cet égard explicite :

 » Je ne puis que vous conseiller, comme je l’ai fait maintes fois, d’organiser sérieusement votre existence, seul, maintenant que vous êtes majeur et de vous créer vous-même un foyer lorsque le moment sera venu. »

La culture du secret évoluant avec le temps, certains pupilles qui avaient eu une fin de non-recevoir accèdent sur le tard à leur identité. Ainsi, Nicole A. née en 1943 se voit d’abord répondre en 1990 qu’elle est née de parents non dénommés et qu’il n’y a rien de plus au dossier. En 2000, elle peut consulter son dossier et il lui est remis une fiche où il est précisé qu’elle a été amenée à l’AP par sa mère, la date et lieu de naissance de cette dernière ainsi que sa profession et son lieu de résidence.

Le secret a longtemps prévalu, aussi dans les familles. Ainsi, en 1998, une femme demandait quelles étaient ses origines :

 »Ayant trouvé fortuitement (56 ans après) les documents concernant mon adoption (j’ignorais tout) ne sachant rien sur ma naissance et les trois premières années de ma vie. Serait-il possible de me communiquer tout ce qui concerne mon abandon et surtout le nom de mes parents biologiques…  »

Cette personne a découvert un certificat d’origine portant le nom de Maryvonne B. mais ignore que ce patronyme est celui de sa mère.

Parfois, ce sont les enfants qui font des démarches. Pour certains, ils n’apprennent le passé de leurs parents qu’au décès de ces derniers.

La communication des dossiers aux intéressés a été prévue par la loi du 17 juillet 1978 sur le droit d’accès aux documents administratifs et celle du 11 juillet 1979 qui l’applique aux documents nominatifs. Mais même alors, pour les pupilles, subsistent des divergences d’appréciation sur la possibilité de consulter ou non des informations concernant leurs parents ou leurs fratries. C’est la loi du 22 janvier 2002 qui marque un tournant décisif dans le droit pour les pupilles de connaître leurs origines, qu’ils aient été adoptés ou non. Seules deux restrictions existent : le cas où la mère a accouché en demandant le secret de son identité et celui où les parents ont demandé explicitement le secret de l’état civil, lors de l’abandon. En cas de doute sur la demande de secret par la mère, c’est le Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (CNAOP) qui doit être saisi et qui met tout en œuvre pour contacter la mère et connaître ses intentions. En outre, depuis 2002, il n’est plus possible au père ou à la mère de demander le secret de leur identité après la reconnaissance de leur enfant.

L’attribution si singulière de pseudonymes met en lumière combien étaient prégnantes la culture du secret et la volonté de rupture avec les familles d’origine, pendant la première moitié du 20ème siècle. Elle interroge sur les motivations qui président au secret et invite aussi à une constante vigilance sur le respect des droits des personnes, surtout les plus fragiles.

L’acqua-tofana ?


Acqua Tofana ( » eau Tofana  ») ou Manne de Saint – Nicolas ou Arquette est un poison utilisé en Italie au XVIéme et au XVIIIème siècle principalement à Palerme, Perouse, Rome, Naples, Paris. D’après les chercheurs, il pourrait s’agir d’un mélange d’arsenic , de plomb et de belladone.

Son nomvient de Giulia Tofana

Giulia Tofana ?

, une empoisonneuse originaire de Palerme qui vint à Rome pour exercer son  » talent criminel  ». Ce poison servait surtout aux femmes adultères pour se débarrasser de leur époux gênant ou prises au piège de mariages forcés, ce qui lui valut son autre nom de  » manne de saint Nicolas  ».

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L’histoire commence dans le monde souterrain à Rome lorsque les femmes étaient vendues aux enchères, en tant qu’objets, aux hommes aisés désirant une présence féminine à marier dans le but d’assouvir leurs besoins et leurs envies. Une fois acquises, ces femmes faisaient office de conjointes à leurs acheteurs. Elles étaient traitées comme des esclaves, voire comme des animaux. En plus d’avoir été maltraitées et soumises, l’abus sexuel n’était que le supplice de plus.

Dépassées par le comportement inhumain de ces hommes, elles cherchaient une porte de sortie pour se libérer de leur souffrance. Comme elles étaient dans l’incapacité absolue de renverser la situation, la seule solution qui se présentait était d’assassiner leur compagnon. Et c’est à cet instant précis que l’acqua-tofana entrait en jeu. Rien de plus efficace qu’un empoisonnement pour toucher au but sans éveiller le moindre soupçon. Ce fut l’une des principales raisons de sa prolifération. Un autre motif, mais pas des moindres, était la soif de fortune des femmes de l’époque. Elles visaient essentiellement l’héritage laissé par leur époux après leur mort.

Saint Nicolas ?

Incolore, inodore et insipide, la concoction pouvait tuer un homme en environ trois doses de quatre à six gouttes. Elle agissait lentement. La première dose provoquait une grande fatigue, la deuxième, une dysenterie, des vomissements et une soif extrême. La troisième dose était généralement la dernière……….

Le déclin progressif permettait à la victime de sentir venir sa fin, donc, mettre de l’ordre dans ses affaires et édicter ses dernières volontés.

L’eau de Tofana resta longtemps dans les mémoires.d’Alexandre Dumas

A Dumas

l’évoque dans Le Comte de Montecristo :

 » … Nous avons parlé dame de choses indifférentes, de Pérugin, de Raphaël, d’habitudes, de coutumes et de cette fameuse eau de Tofana dont certains, vous a-t-on dit, gardent encore le secret à Pérouse.  »

Qui a conçu ce poison ?

L’acqua-tofana serait sans doute née grâce à la perpétuation d’un héritage familial.Giulia Tofana

Giulia Tofana était une empoisonneuse professionnelle connue comme étant la conceptrice du poison le plus subtile de sa génération. Des sources affirment que Giulia avait hérité son savoir et ses compétences de sa mère, Thofania d’Amado ,

Thofania d’Amado ?

qui aurait été exécutée pour avoir empoisonné son propre mari, l’homme qui aurait pu être le père de Giulia.

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À la fin de l’été 1568, Charles de Guise

, l’énigmatique cardinal de Lorraine, élabora un plan pour mettre fin aux guerres de religion qui commençaient à ruiner la France. Selon une dépêche écrite par l’ambassadeur d’Angleterre, l’ecclésiastique fit venir cinquante grands empoisonneurs d’Italie, à qui il donna chacun 1 000 couronnes  » pour empoisonner le vin, les puits, et d’autres victuailles  » susceptibles d’être consommés par ses ennemis protestants, les huguenots.

50 000 couronnes constituaient alors une somme considérable, et même s’il y a peu raisons d’y croire (aucun huguenot ne fut empoisonné à l’époque), le fait que l’histoire ait circulé au sein des cercles diplomatiques les plus élevés suggère qu’elle était connue mais aussi jugée crédible. Il est difficile d’imaginer une meilleure illustration de la réputation qu’avaient alors les Italiens, présentés comme les maîtres de l’art des poisons.

Toute l’Europe ou presque pensait que les Italiens avaient un don particulièrement développé ( et d’origine diabolique ) pour les potions létales. Le voyageur anglais Fynes Moryson écrivit quelques années plus tard :  » Les Italiens, par-dessus toute autre nation, se vengent par trahison et sont particulièrement bons dans la confection et l’administration des poisons.  »

Il reste tout de même plusieurs incohérences dans ces récits. Il existe de grandes disparités entre deux versions de l’histoire de Tofana. La première histoire la décrit prospère en Sicile dès les années 1630; la seconde la trouve en prison, un siècle plus tard. Elle est censée avoir opéré à Palerme, Naples et Rome, et inventé le poison qui porte son nom, ou en être du moins l’héritière. v

L’incertitude plane également sur les ingrédients de son élixir. La plupart des sources s’accordent à dire que l’acqua-tofana était principalement composée d’arsenic. Mais certains suggèrent qu’elle contenait également de la linaire, de la cantharide officinale, de l’extrait de muflier, une solution d’hémérocalle connue sous le nom d’aqua cymbalaria, et même de la salive d’aliéné.

Le mystère s’épaissit autour des circonstances et des causes de la mort de Tofana. Une source avance l’idée d’une mort naturelle en 1651. Une autre raconte qu’elle s’est réfugiée dans un couvent, où elle vécut plusieurs années, continuant à fabriquer le poison et à le faire circuler par l’entremise d’un réseau de nonnes et de prêtres. Plusieurs autres sources affirment qu’elle fut arrêtée, torturée puis exécutée, même si elles l’annoncent de façon contradictoire morte en 1659, 1709 ou encore en 1730. Dans un récit particulièrement détaillé, Tofana fut tirée de force de son refuge et étranglée, après quoi  »pendant la nuit, son corps fut jeté à l’endroit du couvent où on l’avait arrêtée ».

Il existe un dernier élément, tout aussi énigmatique et bien plus difficile à croire. La puissance dévastatrice attribuée à l’acqua-tofana, ainsi que son caractère hautement mortel et indétectable, sont impossibles à reproduire de nos jours. L’élixir était censé faire partie de ces  »poisons lents » si redoutés au XVIIe siècle. Des poisons aux effets si progressifs que la victime semblait, selon les mots de Charles Mackay,  »mourir suite à une détérioration naturelle ». Mais les potions de l’époque que nous connaissons n’avaient pas les qualités attribuées au poison de Tofana: elles étaient moins fiables, plus facilement détectables, et produisaient des symptômes bien plus violents. Tout ceci nous laisse confrontés à un problème. Serait-il possible qu’une association de fabricants de poisons amateurs fût, d’une façon ou d’une autre, accidentellement tombé sur une formule secrète? Ou est-il plus raisonnable de conclure que les récits sur Tofana sont fortement exagérés, ou bien le fruit d’une forme d’hystérie contemporaine, peu à peu changé en légende?

Les commentaires ne sont pas utiles ni nécessaires surtout pas les  »like »’ !, j’écris maintenant pour moi d’abord (mais je les laisse   »ouverts   » car ne serait -ce qu’un petit  » mot  » , çà fait toujours plaisir )

Le mystère….


…….. du Codex Rohonc

Le Codex Rohonc (ou Codex Rohonczi) est un étrange manuscrit illustré de 448 pages écrit par un auteur inconnu dans une langue inconnue.

Un livre de 10×12 cm qui a été offert, avec les autres 30 000 livres de sa collection issue de sa bibliothèque familiale, par le comte Gusztav Batthyany ….

Gusztav Batthyany ?

…..à l’académie des sciences de Budapest.

Le manuscrit a surpris , interloqué les savants qui lui ont donnée le nom de la ville hongroise où se trouvait le château du comte Rohonc

comte Rohonc ?

qui aujourd’hui s’appelle Rechnitz et se trouve en Autriche.

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Le codex ?

Chacune de ses page comportent entre 9 et 14 rangées de symboles. Le nombre total de symboles utilisés dans le livre est d’environ 800, ce qui est environ dix fois plus élevé que n’importe quel alphabet connu, mais la plupart des symboles sont utilisés avec peu de répétitions, de sorte que les symboles du codex peuvent ne pas être un alphabet, mais plutôt un syllabaire (comme par exemple ceux du disque de Phaistos ) .

disque de Phaistos ?

), ou être de nature logographique, comme les caractères chinois.

Accompagnant les textes cryptiques, environ 90 pages d’illustrations incluent des scènes religieuses, laïques et militaires. Les illustrations grossières semblent indiquer un environnement où les religions chrétienne, païenne et musulmane coexistent, car les symboles de la croix, du croissant et du soleil/svastika sont tous présents.

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Si certains chercheurs pensent que le codex Rohonc est un canular, d’autres sont persuadés qu’il est authentique et ont passé des années à essayer de décoder le texte et les illustrations.

L’analyse du papier semble suggérer que le codex a été écrit sur du papier vénitien au XVIe siècle, mais la date est loin d’être certaine, le papier pouvant être beaucoup plus ancien que le texte. D’un autre côté, le texte pourrait aussi avoir été copié à partir d’une source beaucoup plus ancienne.

En analysant ses illustrations, certains érudits imaginent qu’il a été créé au XVIe ou XVIIe siècles.

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Comme pour le manuscrit de Voynich , déchiffrer le code du codex Rohonczi est un challenge que nombreux ont tenté de relever.

Un érudit érudit hongrois a proposé de lire le livre en le retournant de façon à ressembler à une  »ligature sumérienne  ». Il a ensuite associé les lettres de l’alphabet latin au reste des symboles par ressemblance. Il a également réorganisé l’ordre des lettres pour produire des mots significatifs. Cependant, ses méthodes ont été critiquées car il translittère parfois le même symbole avec des lettres différentes, et inversement, la même lettre est décodée à partir de plusieurs symboles.

La philologue roumaine Viorica Enăchiuc

Viorica Enăchiuc ?

a suggéré que le texte avait été écrit dans le dialecte latin vulgaire de Dacie et que le sens de l’écriture est de droite à gauche, de bas en haut. Cette traduction montrerait que le texte est une histoire du 11-12ème siècle du peuple Vlasi (Valaques) dans leurs combats contre les Hongrois et les Pechenegs. La méthode d’Enăchiuc a été critiquée car les symboles qui apparaissaient dans le même contexte tout au long du codex étaient régulièrement translittérés avec des lettres différentes. De plus, il n’y a aucun rapport entre les illustrations du manuscrit et sa traduction.

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Une autre solution présumée a été proposée par l’Indien Mahesh Kumar Singh

Mahesh Kumar Singh ?

: Il affirme que le codex Rohonc est écrit de gauche à droite, de haut en bas avec une variante jusqu’ici non documentée du script Brahmi. Il a translittéré les 24 premières pages du codex pour obtenir un texte en hindi qui a ensuite été traduit en hongrois. La méthode de Singh a également été critiquée pour son manque de cohérence.

Gábor Tokai et Levente Zoltán Király ont imaginé que le script est un système de code qui n’indique pas la structure interne des mots et que la langue du texte est très probablement artificielle. Ils prétendent que le codex contient la date 1593 CE comme référence probable à sa rédaction. Ils déclarent également qu’il s’agit d’un livre catholique ordinaire contenant principalement des paraphrases de textes du Nouveau Testament sur la vie de Jésus.

Avec ces diverses hypothèses et bien d’autres, le mystère du Codex Rohonc reste loin d’être résolu.

Jacques Brel « Ne nous quitte pas » – 1974 


ça s’est passé il y a environ 93 ans : Le 8 avril 1929 : Mr Brel naissait …

Décès de Mr J.Brel :Le 9/10/1978 ( âgé de 49 ans)

 » Le plus grand Belge de tous les temps  »

 » La qualité d’un homme se calcule à sa démesure ; tentez, essayez, échouez même, ce sera votre réussite.  »

Oui, Jacques Brel avait fait de l’interprétation intense sa manière de chanter. C’était sa signature. Et même plus de trente ans après sa mort, cette générosité se ressent toujours, ces chansons restant un élément majeur du patrimoine de la chanson française. Pourtant, Jacques Brel est le  » plus grand Belge de tous les temps  », selon un sondage de la RTBF réalisé en 2005. C’est en effet dans la banlieue bruxelloise qu’il voit le jour le 8 avril 1929. Après une enfance assez austère et avec une famille peu réceptive à ses vocations artistiques, Jacques Brel tue l’ennui du quotidien en composant ses premiers morceaux. Déjà, la violence des textes et l’intensité de l’interprétation sont remarquables mais pas du goût de sa famille, son premier public. Jacques Brel décide alors de quitter la Belgique, pour vivre de sa passion, la scène.

Le temps de l’  » Abbé Brel  »

Dès 1953, le jeune artiste tente alors sa chance à Paris, mais l’accueil réservé à ses chansons enflammées n’est guère plus encourageant. Il chante pour des organisations chrétiennes !!!, ce qui lui vaudra le surnom d’  » Abbé Brel  ». Il sort aussi un premier 33 tours, mais c’est en 1956, lorsqu’il rencontre deux musiciens que sa carrière prend un réel tournant musical. François Reuber (son orchestrateur attitré) et le pianiste Gérard Jouannest (son accompagnateur scénique et second parolier) l’accompagneront toute sa carrière. Ainsi, petit à petit, Jacques Brel trouve son public. Son deuxième 33 tours,  » Quand on a que l’amour », est celui de la révélation ! Il reçoit le Grand prix de l’Académie Charles Cros et l’année suivante, son concert à l’Olympia est un triomphe.

Le marathonien des tournées

Jacques Brel devient alors l’homme des tournées. Elles se succèdent à un rythme infernal et, le succès grandissant, Jacques Brel est engagé à la fin de l’année 1959 en tête d’affiche à Bobino. Le succès est au rendez-vous. Sur scène, Jacques Brel abandonne la guitare. Il a beaucoup travaillé son chant et sa voix : il chante en maîtrisant totalement son art, ainsi que sa forte personnalité. Il habite ses personnages, il gesticule, il exprime ses rages avec sincérité et gravité. Il enflamme les salles, qu’elles soient parisiennes, londoniennes ou new-yorkaises.!!!

Une fin au sommet de la gloire

Ce rythme de vie effréné (Jacques Brel sombre dans tous les excès : femmes, alcool , tabac, nuits blanches) ne cesse de s’accélérer. Le chanteur est au sommet de sa gloire et, pourtant, c’est le moment qu’il choisit pour arrêter sa carrière. En 1966, il décrète qu’il n’a plus rien à dire et qu’il se sent las des tournées sans fin. Et puis il a d’autres projets, comme l’adaptation française de  » L’Homme de la Mancha  », spectacle musical de Broadway basé sur l’œuvre de Cervantes. Une performance qui sera saluée par tous. Jacques Brel s’essaie également au cinéma, en jouant dans  » Les Risques du métier  », d’André Cayatte,  » Les Assassins de l’ordre  » de Marcel Carné en 1971 ou encore  » L’Aventure, c’est l’aventure  » de Claude Lelouch en 1972. Il réalisera même deux films,  » Franz  » (1971) et le  » Far West  » (1972).

Il était aussi pilote d’avion

Mais Jacques Brel n’aura jamais complètement abandonné la chanson. En 1977, alors qu’il habite aux îles Marquises et a choisi de se consacrer au pilotage d’avion, il accepte d’enregistrer un nouvel album. Ce sera un véritable événement ! Les pré-commandes du disque atteignent le million sans aucune publicité. Jacques Brel bénéficie toujours de l’affection de son public. Aussi, lorsqu’il décède le 9 octobre 1978 des suites d’un cancer, la chanson française perd l’un de ses piliers. Le répertoire de Jacques Brel devient alors un héritage que se partagent les plus grands, de Nina Simone à David Bowie.

Les plus belles chanson de Jacques Brel :

Les paroles:

Ami, remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais
Non, je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Mais j’ai mal d’être moi
Ami, remplis mon verre
Ami, remplis mon verre

Buvons à ta santé
Toi qui sais si bien dire
Que tout peut s’arranger
Qu’elle va revenir
Tant pis si tu es menteur
Tavernier sans tendresse
Je serai saoul dans une heure

Je serai sans tristesse
Buvons à la santé
Des amis et des rires
Que je vais retrouver
Qui vont me revenir
Tant pis si ces seigneurs
Me laissent à terre
Je serai saoul dans une heure
Je serai sans colère

Ami, remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais
Non, je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Mais j’ai mal d’être moi
Ami, remplis mon verre
Ami, remplis mon verre

Buvons à ma santé
Que l’on boive avec moi
Que l’on vienne danser
Qu’on partage ma joie
Tant pis si les danseurs
Me laissent sous la lune
Je serai saoul dans une heure
Je serai sans rancune
Buvons aux jeunes filles
Qu’il me reste à aimer
Buvons déjà aux filles
Que je vais faire pleurer
Et tant pis pour les fleurs
Qu’elles me refuseront
Je serai saoul dans une heure
Je serai sans passion

Ami, remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais

Non, je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Mais j’ai mal d’être moi
Ami, remplis mon verre
Ami, remplis mon verre

Buvons à la putain
Qui m’a tordu le cœur
Buvons à plein chagrin
Buvons à pleines pleurs
Et tant pis pour les pleurs
Qui me pleuvent ce soir
Je serai saoul dans une heure
Je serai sans mémoire
Buvons nuit après nuit

Puisque je serai trop laid
Pour la moindre Sylvie
Pour le moindre regret
Buvons puisqu’il est l’heure
Buvons rien que pour boire
Je serai bien dans une heure
Je serai sans espoir

Ami, remplis mon verre
Encore un et je vas

Encore un et je vais
Non, je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Tout s’arrange déjà
Ami, remplis mon verre
Ami, remplis mon verre
Ami, remplis mon verre

J’aime cette chanson, car même si je ne bois plus d’alcool, quand le moral n’est plus là ……J’y pense parfois……

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Les paroles :

D’abord, d’abord, y a l’aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qu´y boit
Tellement qu´il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n´en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui s´prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu´on retrouve matin
Dans l´église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l´œil qui divague
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas, Monsieur
On ne pense pas, on prie

Et puis, y a l´autre
Des carottes dans les cheveux
Qu´a jamais vu un peigne
Qu´est méchant comme une teigne
Même qu´il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d´une autre ville
Et que c´est pas fini
Qui fait ses p´tites affaires
Avec son p´tit chapeau
Avec son p´tit manteau
Avec sa p´tite auto
Qu´aimerait bien avoir l´air
Mais qui a pas l´air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n´a pas le sou
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´vit pas, Monsieur
On n´vit pas, on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n´importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d´apôtre
Et dans son cadre en bois
Y a la moustache du père
Qui est mort d´une glissade
Et qui r´garde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands slurp
Et ça fait des grands slurp
Et puis y a la toute vieille
Qu´en finit pas d´vibrer
Et qu´on attend qu´elle crève
Vu qu´c´est elle qu´a l´oseille
Et qu´on n´écoute même pas
C´que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´cause pas, Monsieur
On n´cause pas, on compte

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m´aime pareil
Que moi j´aime Frida
Même qu´on se dit souvent
Qu´on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu´on vivra dedans
Et qu´il fera bon y être
Et que si c´est pas sûr
C´est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu´elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J´ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j´ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c´est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu´elle partira
Elle dit qu´elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois, Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur, on ne s´en va pas
On ne s´en va pas, Monsieur
On ne s´en va pas
Mais il est tard, Monsieur
Il faut que je rentre chez moi

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Les paroles :

Quand on a que l’amour
A s’offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu’est notre grand amour
Quand on a que l’amour
Mon amour toi et moi
Pour qu’éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour
Quand on a que l’amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d’y croire toujours
Quand on a que l’amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs

Quand on a que l’amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours
Quand on a que l’amour
Pour habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours
Quand on a que l’amour
A offrir en prière
Pour les maux de la terre
En simple troubadour
Quand on a que l’amour
A offrir à ceux là
Dont l’unique combat
Est de chercher le jour

Quand on a que l’amour
Pour tracer un chemin

Et forcer le destin
A chaque carrefour
Quand on a que l’amour
Pour parler aux canons
Et rien qu’une chanson
Pour convaincre un tambour
Alors sans avoir rien
Que la force d’aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis le monde entier

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La fin….

Les Marquises est le treizième et dernier album de jacques Brel, sorti en 1977 chez Barclay . Sans titre à l’origine (sinon le simple nom de Brel), il est désormais identifié par celui de la chanson qui clôt le disque.

Les marquises : le paradis au bout du monde de Jacques Brel

Survol de l'île de Nuku Hiva en 2018. Un passage qu'effectuait régulièrement Brel.
Survol de l’île de Nuku Hiva en 2018. Un passage qu’effectuait régulièrement Brel.

Jacques Brel avait choisi cet archipel du Pacifique Sud comme ultime retraite. Un éden époustouflant, où le temps s’immobilise. Escale sur ces îles où le souvenir du chanteur, après sa mort, reste toujours vivant pour les habitants.

C’est un archipel perdu au milieu des mers du Sud. Et c’est bien ce que Jacques Brel était venu chercher. Un endroit beau à en mourir. Lui qui traînait  » une grippe qui ne se soigne pas  », disait-il à son copain Fiston Amaru, postier sur l’île, quand celui-ci l’a vu débarquer en 1975.  » Ici, personne ne savait qui il était. Et les rares qui connaissaient le chanteur s’en fichaient complètement. Il adorait ça ! L’inverse le rendait fou. Une fois, un instituteur venu de métropole avait organisé une petite fête pour son arrivée. Il avait invité Brel. Quand ce dernier a débarqué, l’autre avait mis un de ses disques sur l’électrophone. Ça l’a rendu dingue, Jacques ! Il s’est dirigé vers la platine, a saisi le disque et l’a brisé en mille morceaux. Sans dire un mot.  »

Jacques Brel ne voulait pas que sa maison devienne un mausolée avec des « zozos qui viennent s’y recueillir »

Sur l’île d’Hiva Oa, il faut grimper le chemin qui serpente à travers le village d’Atuona pour retrouver la trace de sa maison. Qui n’existe plus… Jean-Baptiste Teapuateani, qui la lui avait louée il y a quarante ans, raconte pourquoi il a décidé de la détruire et d’en construire une autre, au même endroit.  » Quelque temps avant de mourir, Jacques était venu voir ma femme et lui avait dit :  »Promets-moi que, quand je serai parti, tu foutras la maison par terre. Tu me le promets hein ! J’ai pas envie que ça devienne un mausolée avec des zozos qui viennent s’y recueillir.” Alors, on a respecté la promesse.  » En arpentant ce qui était son jardin, on comprend vite ce qui lui avait plu ici. Une végétation éblouissante en contrebas, une vue imprenable sur une mer qui s’enfuit vers l’horizon et, face à sa chambre, un piton déchiré toisant le ciel. Evoquez ici l’ » impatience  » et on vous regardera avec des yeux ronds ! Mais Brel n’était pas marquisien, et ne le deviendra jamais. Il n’en a pas eu le temps.

En contrebas de la maison, l’école Sainte-Anne du couvent d’Hiva Oa

école Sainte-Anne du couvent d’Hiva Oa ?

est toujours là.  » Il était anticlérical comme personne mais, dans le fond, ils s’aimaient bien avec les sœurs. Parfois, il emmenait les plus téméraires faire un tour en avion avec lui. Et ne se privait pas de les “secouer” un peu là-haut, histoire de les rapprocher de Dieu…  » se souvient son grand copain sur l’île, Serge Lecordier.  » Jacques aimait organiser en fin de journée ce qu’il appelait des “apéros-piscine” autour de la sienne, un grand bac en plastique en réalité.! Un jour, alors que la chorale des sœurs battait son plein un peu plus bas, et c’est vrai que ça faisait un sacré bruit, il s’est levé d’un bond, s’est planté au bout de son jardin et s’est mis à chanter à gorge déployée une chanson paillarde pas piquée des hannetons. Jusqu’au bout. A la fin, les sœurs s’étaient arrêtées de chanter et il n’y avait plus un bruit.  »

Victorine Matuaiti

Victorine Matuaiti ?( âgée)

était jeune infirmière quand elle fut affectée sur l’île d’Hiva Oa.  “Alors c’est toi qui vas t’occuper de mes fesses ma jolie !” C’est la première phrase qu’il m’a dite quand on s’est rencontrés. Je venais deux fois par semaine chez lui pour lui faire des piqûres. Jamais il ne m’a dit ce qu’il avait, et je ne lui ai jamais posé de questions. A tel point que, quelques jours avant sa mort, j’ai reçu une lettre de lui, de Paris. Il me racontait ce qu’il faisait là-bas, qu’il avait hâte de rentrer “chez lui” et il plaisantait sur le fait qu’ici au moins ils aimaient bien ses chansons. Car je le taquinais toujours en disant que je ne les aimais pas, moi, ses chansons. “Mais pourquoi tu ne les aimes pas ?” me demandait-il. “Oh j’y comprends rien. Tu ne peux pas faire des phrases plus simples ?” je lui disais ! Ça le faisait rire. Quand j’ai appris sa mort, trois jours après avoir reçu sa lettre, je n’ai pas compris.  »

Aussitôt après son décès, le corps de Jacques Brel fut rapatrié à Hiva Oa. A quelques centaines de mètres de là où il habitait, quelqu’un a maladroitement écrit sur la route :  »Gauguin, Brel  », avec une petite flèche en direction du cimetière. Surplombant l’île, sa petite tombe est idéalement placée : sous les frangipaniers qui, naturellement, ornent sa stèle à mesure que les fleurs se détachent au gré des vents. Tant mieux. Hiva Oa est si loin de tout. Ici, pas de défilés de pleureuses ni de fans transis. De toute façon,  » gémir n’est pas de mise, aux Marquises  ».

La tombe de Mr Brel

 » Jojo  » l’avion sauvé

Brel était arrivé aux Marquises en bateau, à l’occasion d’un tour du monde qu’il avait effectué avec sa dernière compagne, Maddly. Mais c’est en avion qu’il s’en échappait pour aller d’île en île (les Marquises en comptent 12 dont 6 habitées). Il avait acheté ce Twin Bonanza de 1956 après son arrivée, comprenant l’utilité qu’il aurait au sein de cet archipel si isolé. Après sa mort, revendu, il sert pendant dix ans avant de pourrir sur l’aéroport de Tahiti-Faaa. C’est grâce à l’intervention de son ami Serge Lecordier et à la bienveillance de quelques ingénieurs de chez Dassault Aviation qu’on parvient à sauver  » Jojo  », baptisé ainsi en souvenir du meilleur ami du chanteur, mort avant que celui-ci ne s’installe aux Marquises. C’est aujourd’hui le clou d’un musée Jacques-Brel un peu poussiéreux mais émouvant.

 » Jojo » dans un musé

stop :Il y aurais encore beaucoup à écrire , mais ça ME suffit ( d’autant plus que personne ne lira ce billet )

Vieux berger…


…heureux…


Un journaliste vient à la rencontre d’un vieux berger sur le Plateau de Millevaches, en Corrèze. Il parle de sa vie passée en compagnie de ses moutons. Il a essayé à une époque de vivre à Paris mais cela ne lui a pas plu car l’air n’était pas pur. Il ne s’est jamais marié car « lorsqu’on est berger, on a pas le temps de faire l’amour ».

C’était il y a 901ans !!


Le 23 janvier 1120

Naissance officielle de l’Ordre du Temple

Le 23 janvier 1120, un concile réuni à Naplouse, en Palestine, reconnaît officiellement la « milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon » (pauperes commilitones Christi Templique Solomonici en latin).

Plus tard appelé Ordre du Temple, il ne s’agit pour l’heure que d’une fraternité combattante vouée à la protection des pèlerins et au combat contre les infidèles. Elle n’a pas le statut d’un ordre monastique.

Un Templier au combat en Terre sainte (peinture murale de la chapelle de Cressac (Angoumois)

Cette fraternité a été fondée deux ans plus tôt par le Champenois Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer, ainsi que six autres chevaliers de la croisade. Ils se sont inspirés de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem ou Ordre de l’Hôpital, fondé vers 1113. Les Hospitaliers sont des moines-chevaliers qui se consacrent au soin des pèlerins venus prier à Jérusalem. Ils ne mènent pas de guerre offensive. Il en va de même des chevaliers du Saint-Sépulcre, un ordre fondé par Godefroy de Bouillon dès la prise de Jérusalem , en 1099, pour protéger le Saint-Sépulcre, ( autrement dit le tombeau du Christ).

Hugues de Payens, premier grand-maître de l'ordre du Temple, Henri Lehmann, 1841, Château de Versailles. L'agrandissement montre un tableau d'Antoine de Favray, Frère Gérard recevant Godefroy de Bouillon, XIXe siècle, La Vallette, Malte, Musée national des beaux-arts.Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer se donnent quant à eux pour mission de sécuriser les routes des pèlerins contre les brigands et les Turcs et de mener donc des guerres offensives tout en s’imposant une discipline monastique. Comme les moines, ils font vœu de chasteté, d’obéissance et de pauvreté.

Leur initiative participe de l’extraordinaire renouveau monastique qui a lieu au même moment en Occident avec la fondation de Cîteaux, Clairvaux, Fontevraud etc. Réunissant les deux fonctions les plus prestigieuses de la chrétienté médiévale, celles de moine et de chevalier, ils reçoivent d’emblée un accueil très favorable. C’est au point qu’en 1125, le comte de Champagne, ancien suzerain d’Hugues de Payns, abandonne ses titres et rejoint les Templiers !

Institution de l'ordre du Temple (1128), François Marius Granet,  1840, Château de Versailles. Reconnaissance officielle par le pape Honorius II de l'ordre du Temple au Concile de Troyes.

Vers une reconnaissance officielle de l’ordre combattant

Hugues de Payns se place d’abord sous la protection du roi de Jérusalem et du patriarche. Il obtient du roi Baudouin II qu’il lui cède une partie de son palais. Celui-ci occupe l’ancienne mosquée al-Aqsa, érigée par les précédents occupants musulmans sur l’esplanade du temple. En face, le Dôme du Rocher, autre édifice musulman, a été lui-même transformé en église par les croisés…

Peu contrariant, le roi se retire dans la Tour de David, l’un des monuments emblématiques de Jérusalem. En référence à son palais, Hugues de Payns s’intitule  »maître des chevaliers du Temple  » et ses moines-chevaliers se feront eux-mêmes connaître sous le nom de Templiers. 

Désireux d’obtenir une reconnaissance officielle de son ordre par l’Église, Hugues de Payns se rend à Rome auprès du pape Honorius II mais celui-ci hésite et renvoie la décision à un concile qui se réunit à Troyes, en Champagne, en janvier 1129. Y participe le très influent saint Bernard de Clairvaux. Actif soutien des Templiers, il écrit pour l’occasion un Éloge de la nouvelle chevalerie (De laude novae militiae). Le concile se laisse convaincre de reconnaître l’ordre des  » Pauvres Chevaliers du Temple  ».

Le Chapitre de l'Ordre du Temple (1147), François Marius Granet, XIXe siècle, dessin restauré, Paris, musée du Louvre.

Il faut dire que la décision ne va pas de soi et certains moines s’opposent à la création de ce  » nouveau monstre  » qui rompt avec l’interdiction pour les clercs de verser le sang. Le cistercien Isaac de l’Étoile écrit :  » À coups de lances et de gourdins, forcer les incroyants à la foi ; ceux qui ne portent pas le nom du Christ, les piller licitement et les occire religieusement ; quant à ceux qui de ce fait tomberaient durant ces brigandages, les proclamer martyrs du Christ. 

Des manteaux différents selon son statut dans l'orde du temple. Illustration extraite du livre Armorial des Maîtres du Temple, Bernard Marillier, 2000, Ed. Pardès.Dans la foulée est publiée la règle de l’ordre, calquée sur la règle cistercienne. L’autorité suprême appartient à un maître (plus tard appelé  »grand maître  »). Il est élu par les chevaliers et pour les décisions les plus importantes, doit consulter le chapitre et se rallier à la majorité (ce principe majoritaire fait des moines du Moyen Âge les lointains précurseurs de la démocratie moderne).

Autour de lui émerge peu à peu un véritable état-major, avec sénéchal, maréchal, sous-maréchal, commandeur, drapier, turcopolier… L’entrée dans l’ordre passe par un rituel complexe et relativement secret qui va susciter plus tard beaucoup de rumeurs et de médisances. Les frères chevaliers portent un vêtement distinctif : une robe blanche empruntée aux cisterciens et frappée d’une grande croix rouge. Ils sont assistés de  » chapelains  » avec robe noire et croix rouge. Ce sont des prêtres qui ne combattent et assurent le service liturgique. (images ci-dessus)

La force militaire de l’ordre est complétée par les  »frères sergents  », avec robe brune et croix rouge, et les  » turcopoles  », recrutés parmi les autochtones. Ils combattent mais n’ont pas rang de chevalier.

Sur le modèle de l’ordre du Temple, quelques autres ordres de moines-chevaliers émergent en Terre sainte. Le plus important est l’Ordre Teutonique, fondé par des chevaliers allemands en 1190 sous les murs de Saint-Jean-D’acre. Il s’illustrera deux siècles plus tard dans la colonisation de la Prusse. 

Jacques de Molay, grand maître des Templiers vu par François Fleury-Richard, 1806, château de Malmaison. L'agrandissement montre le tableau de François Marius Granet, Réception de Jacques de Molay dans l’ordre du Temple en 1265, 1843, Avignon, musée Calvet.

Grandeur…

Au XIIIe siècle, les chevaliers du Temple sont au nombre d’un millier. Avec les Hospitaliers de Saint-Jean, ils constituent l’armée permanente des États latins d’Orient. Pour assurer au mieux leur mission, ils maillent l’Orient latin d’une cinquantaine de forteresses. Les ruines imposantes de plusieurs d’entre elles sont parvenues à nous : Safed, Tortose, Toran, le Krak des Chevaliers, le château des Pèlerins.

Les Templiers jalonnent aussi les routes des pèlerins, en Europe, de très nombreuses commanderies. Il s’agit de fermes fortifiées gardées par un ou deux chevaliers âgés et quelques frères sergents. Nos campagnes en conservent de nombreuses. De l’une d’elles, la commanderie du Dognon ,à Cressac , au sud d’Angoulême, nous pouvons encore voir la chapelle décorée de fresques évocatrices des croisades.

À Paris même, l’Ordre possède un quartier où il règne en maître et exerce sa propre justice. C’est le  » quartier du Temple  », surmonté par un donjon où seront bien plus tard emprisonnés Louis XVI et sa famille.

Le siège de Saint-Jean-d'Acre Dominique Papety, XIXe siècle, Château de Versailles. L'agrandissement montre le tableau de Merry-Joseph Blondel, Saint-Jean-D'Acre remise à Philippe II Auguste et à Richard Coeur de Lion le 12 juillet 1191, 1840, Château de Versailles.Indéniablement braves, les Templiers sont craints par les musulmans et ces derniers ne se font pas faute de les exécuter quand ils les capturent, à la différence des autres prisonniers qui sont simplement rançonnés. Mais ils pèchent aussi par arrogance et cela entraîne le tragique défait des croisés à Hattîn,en 1187, à partir de laquelle l’Orient latin ne cessera plus de décliner, jusqu’à sa disparition un siècle plus tard, après la chute d’Acre le 28 mai 1291. Au cours de celle-ci, dans un ultime baroud d’honneur, le maître Guillaume de Beaujeu et plusieurs frères trouveront une mort héroïque. 

Dès ses débuts, porté par son prestige, l’Ordre du Temple a bénéficié de dons immenses de la part des fidèles et des grands seigneurs. Il est ainsi devenu immensément riche et, grâce à une comptabilité scrupuleuse et à son réseau de commanderies, a pu faire office de banque internationale ; la première banque internationale de tous les temps !

L’Ordre gère ainsi les biens de l’Église et ceux des rois d’Occident (Philippe le Bel, Jean sans Terre, Henri III, Jaime Ier d’Aragon…). Cette fonction financière lui a permis de remplir ses missions, aussi bien de soigner les pèlerins que de racheter les chrétiens capturés par l’ennemi.

Établi à Acre, dans le palais de la Voûte, jusqu’à la chute de la ville, l’Ordre a pu mener tout au long du XIIIe siècle une diplomatie indépendante, négociant avec les seigneurs francs d’Orient, avec les ennemis ainsi qu’avec les souverains d’Occident, par l’intermédiaire de ses représentants. 

Le retour des Templiers en Europe (miniature du XIIIe siècle)

… et déclin

Au XIVe siècle, chassés de Palestine avec tous les autres croisés, les Templiers, au nombre de 15 000 dont 2 000 en France, n’ont plus rien d’autre à faire que de faire fructifier leurs richesses et notamment prêter de l’argent. Cela leur vaut inévitablement de sombrer dans l’impopularité. La vox populi ne se gêne pas pour les accuser des pires forfaitures, sodomie, messes noires etc. Le roi de France Philippe le Bel y voit l’opportunité de résoudre ses problèmes financiers ! C’est ainsi que le vendredi 13 octobre 1307, il fait arrêter tous les Templier de son royaume. C’est le début d’une interminable suite de procès ainsi que de disputes avec le pape.

Le  »feuilleton » se clôt avec la dissolution de l’ordre le 3 avril 1312 par le pape Clément V et la mort sur le bûcher du grand maître Jacques de Molay, le 19 mars 1314. Sur ordre du pape, les biens des Templiers sont transférés aux Hospitaliers. Le roi de France ne recevra que 200 000 livres tournois …..

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l’accent québécois ?


origines de l’accent québécois :

Les français ont parfois du mal à comprendre les québécois, et les québécois ne sont pas en reste… on parle pourtant la même langue ! L’accent est très différent, comme de nombreux mots du lexique. D’où vient cette différence ?

LES COLONS DE LA NOUVELLE FRANCE :

Comme chacun sait ,en 1535, Jacques Cartier

J.Cartier

découvre le Québec, qui deviendra vite la colonie de Nouvelle France. Terre Neuve était déjà connu pour ses vastes expéditions de pêche : malgré le manque d’intérêt du territoire pour le gouvernement français (pas de métaux précieux, pas de route vers l’Asie… ), les français viennent s’installer en nombre pour la pêche à la morue, la chasse à la baleine et au loup-marin. Les colons sont alors majoritairement basques, normands et bretons.

La ville de Québec est fondée en 1608, premier établissement français permanent en Amérique : on y parle le même français qu’à Paris, malgré la diversité des origines des colons. Ils sont majoritairement citadins. Les  » filles du Roy  » , citadines de France, venant d’un milieu modeste, y diffuse un parler populaire, assez différent de celui de la Cour du Roi. La langue trouvera une certaine uniformité dans un accent parisien ne prononce pas toutes les syllabes, et » avale  » beaucoup de lettres.

LE MÉLANGE DES LANGUES RÉGIONALES :

Même si le  » jaser  » ( Au Canada ,jaser =échanger des propos, bavarder. )majoritaire est celui de Paris, avec accent parisien, les langues des colons d’origine rurale ( Basque, Normand, Poitevin, Gallo ou Saintongeais )  vont enrichir le langage local avec de nombreux mots.

L’INFLUENCE BRITANNIQUE ET L’ANCIEN FRANÇAIS DE PARIS :

En 1763, le Québec devient britannique => il n’y a plus d’échange entre la France et le Québec. Chacune des langues évolue de son côté, et il semblerait que le parisien ait beaucoup plus changé que le québécois : les voyelles s’y prononcent plus fermement, les mots sont plus articulés. Cela pourrait s’expliquer par la Révolution, en 1789 : les gens de lettres qui prononcent au mieux vont influencer petit à petit la langue de la capitale, il y a beaucoup plus de lien entre les catégories de population.

Le français québécois évoluera, lui, à partir de l’ancien français parisien sous influence de la langue anglaise, surtout à partir des années 1840 par l’instruction religieuse notamment.

Aujourd’hui encore, il n’y a pas qu’un seul accent québécois. Il varie avec le registre, suivant son locuteur ou suivant la région.

Parce que….


…….moi , çà ne va pas ! ( et la société , même l’humanité ne va pas non plus ! )

J’ai envie d’arrêter TOUT !………….çà ira mieux demain ……peut-être ……………

Paroles de Le Diable (Ça Va)

{Prologue:}
Un jour le Diable vint sur terre, un jour le Diable vint sur terre
pour surveiller ses intérêts, il a tout vu le Diable, il a tout entendu
et après avoir tout vu, après avoir tout entendu, il est retourné chez
lui, là-bas.
Et là-bas on avait fait un grand banquet, à la fin du banquet, il s’estlevé le Diable, il a prononcé un discours et en substance il a dit ceci,
il a dit:

Il y a toujours un peu partout
Des feux illuminant la terre ça va
Les hommes s’amusent comme des fous
Aux dangereux jeux de la guerre ça va
Les trains déraillent avec fracas
Parce que des gars pleins d’idéal
Mettent des bombes sur les voies
Ça fait des morts originales
Ça fait des morts sans confession
Des confessions sans rémission ça va

Rien ne se vend mais tout s’achète
L’honneur et même la sainteté ça va
Les États se muent en cachette
En anonymes sociétés ça va
Les grands s’arrachent les dollars
Venus du pays des enfants
Les hommes ils en ont tant vu
Que leurs yeux sont devenus gris ça va
Et l’on ne chante même plus
Dans toutes les rues de Paris ça va
On traite les braves de fous
Et les poètes de nigauds
Mais dans les journaux de partout
Tous les salauds ont leur photo
Ça fait mal aux honnêtes gens
Et rire les malhonnêtes gens.
Ça va ça va ça va ça va

Souvenir….


Paroles :

Moi untel
Sous tous les cieux en toutes saisons
Quand s’allument les premiers néons
Je vais r’trouver mon grand patron
Le cirque
Moi untel
Perdu dans le flot des passants
Qui va vers lui je sens mon sang
Qui se réveille en le voyant
Le cirque

J’ai
Taille moyenne nez moyen
Signe distinctif néant
Et
Pour tous ces gens je ne suis rien
Et rien pour les petits enfants
Moi untel
On me regarde sans me voir
On ne rit pas de mes histoires
On s’en moque on est venu voir
Le cirque

Une table de maquillage
De l’or du rouge et puis du bleu
Il ne m’en faut pas d’avantage
Un’ ritournelle et les pleins feux
Et je deviens
Moi le clown
Dans mon costume de diamant
Sous le tonnerre étourdissant
De mille bravos je bondis dans
Le cirque
Moi le clown
Je joue du violon du saxo
Je fais des bonds je fais des sauts
A en crever le chapiteau
Du cirque


Je jongle avec dix mille étoiles
Signe distinctif géant
Et
Je vois briller toutes ces étoiles
Dans les yeux des petits enfants
Moi le clown
Je suis celui qui peut dev’nir
Le plus beau de leurs souvenirs
Un demi-dieu sur son navire
Le cirque

A minuit fini le miracle
Quand je regagne mon hôtel
Je suis redevenu untel
Untel jusqu’au prochain spectacle
Oui mais demain
Moi le clown
Dans mon costume de diamant
Sous le tonnerre étourdissant
De mille bravos j’entrerai dans
Le cirque

(ah les p’tits enfants vous êtes là)

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