Commerce de cadavres :Une nécessité autrefois pour pratiquer la dissection ? une nécessité d’autrefois pour pratiquer la dissection …..
Encadrée et facilitée au XIXe siècle, notamment par la mise en place d’amphithéâtres publics où exerçaient les professeurs d’anatomie, la dissection, offrant aux hommes de science l’opportunité de parfaire leur connaissance du corps humain et leur maîtrise de l’art chirurgical, fut autrefois d’un abord repoussant et difficile, les étudiants en médecine n’hésitant pas à aller détrousser les roues (intruments de tortures ?), échafauds et autres fourches patibulaires pour se fournir en cadavres frais
Le plus grand anatomiste de la Renaissance, André Vésale
André Vésale ?
….(1514-1564)(1514-1564), médecin brabançon, raconte non sans terreur toutes les peines qu’il se donna pour aller la nuit, au milieu du cimetière des Innocents, arracher son premier cadavre à la fosse fraîchement remuée, comment aussi il allait aux fourches ( intrumeents de tortures ? ) patibulaires de Montfaucon, disputer aux corbeaux les pendus qui s’agitaient au-dessus de sa tête.
Il fut le créateur de cette »grande » science de l’anatomie. Une légende, très vivace et , semble-t-il ,sans fondement, affirme qu’après avoir échappé à tous les dangers de la science nouvelle, André Vésale fut condamné à mort par l’inquisition de Philippe II d’Espagne, également prince souverain Pays-Bas, parce qu’un jour, comme il disséquait devant ses élèves, le cœur de l’homme disséqué avait, disait-on, bondi sous le scalpel de l’opérateur.!!!!!Colportée par un auteur qui avait servi Charles-Quint, le père de Philippe II, cette calomnie montre toutefois combien à l’époque on regardait comme une souillure d’approcher un cadavre et considérait comme une impiété digne du dernier supplice la dissection d’une créature faite à l’image de Dieu.
André Vésale. Portrait publié en 1543
Si la ville de Paris abandonna bientôt au scalpel le corps de ses suppliciés, c’étaient de pauvres ressources, et à peine un malheureux sujet venait-il d’être pendu qu’une bataille de chirurgiens et de médecins se livrait autour de son cadavre pour savoir à qui ce dernier resterait.
Plusieurs histoires funèbres sont racontées à ce propos. Le 1er février de l’an 1630, un arrêt défend aux étudiants d’enlever par force les cadavres des suppliciés, et ce, » considérant que, depuis longtemps, les étudiants en médecine et en chirurgie se livrent à des voies de fait et à des violences, et même à des meurtres, pour avoir les corps des suppliciés. »Malgrè cet arrêt, en 1637 et 1641, c’était toujours l’épée et le pistolet à la main qu’ils allaient détrousser les roues, échafauds et fourches patibulaires de la place de Grève et autres lieux.
Ce cadavre, ainsi enlevé, servait tout le temps que peut servir un lambeau en putréfaction ; on attendait, pour le remplacer, qu’un autre criminel eût été pendu ou roué vif. Ainsi se firent çà et là, et par hasard, toutes les études anatomiques jusqu’au XIXe siècle, qui parvint enfin à détruire le préjugé du cadavre, comme il en a détruit tant d’autres, mais pourtant avec beaucoup plus de peines et d’efforts.
Une dissection pratiquée au milieu du XVIe siècle. Gravure extraite de De re anatomica par Realdo Columbus (1559)
On arrêta donc tacitement dans les hôpitaux, que la science avait le droit de se servir de tous les cadavres de l’hôpital. On n’osa pas encore établir un amphithéâtre public ; chaque étudiant emportait chez lui son cadavre ou sa part de cadavre ; ce qui restait de ces cadavres était jeté à la voirie. En 1705, Pelletan était encore obligé de brûler ces tristes débris dans un poêle de fonte.Enfin, le grand anatomiste Pierre-Joseph Desault (1738-1795)
Pierre-Joseph Desault
…établit le premier amphithéâtre près de la place Maubert
premier amphithéâtre près de la place Maubert ??
. De cet amphithéâtre sont sortis Pelletan, Antoine Dubois (1756-1837)
Antoine Dubois ?
, qui s’illustra dans le perfectionnement du forceps ; Claude-François Lallemand (1790-1854) pionnier dans l’étude des maladies cérébrales ; Alexis Boyer (1757-1833), qui très tôt fréquenta les salles d’anatomie et de dissection, et fut le chirurgien consultant des rois Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe ; et plus tard Bichat (1771-1802), rénovateur de l’anatomie pathologique.
A l’exemple de Desault, chaque professeur d’anatomie eut bientôt son amphithéâtre particulier. L’amphithéâtre s’établissait dans les plus pauvres maisons et dans les plus obscures ; les cadavres venaient, non plus des hôpitaux, mais des cimetières ; on les pêchait dans la fosse commune : tantôt on traitait de gré à gré avec le fossoyeur, d’autres fois on avait recours à la ruse. Le savant et vénérable professeur Dubois, (dans sa jeunesse) quand il allait au cimetière, attirait autour de ces funèbres enceintes toutes les filles publiques du quartier, avec ordre d’ameuter toute la foule des passants par leurs joyeux propos ; et pendant que ces dames, à force de scandale, attiraient l’attention des voisins, lui, Dubois, dans la vaste fosse, choisissait ses cadavres ; il en remplissait un fiacre et se faisait reconduire à sa maison en compagnie de cinq ou six cadavres.
De temps a autre une épaisse fumée s’élevait de ces amphithéâtres, portant avec elle une odeur nauséabonde : c’étaient les cadavres qu’on brûlait. En ces temps-là, dit Lallemand, on aurait pu tuer autant de personnes qu’on eût voulu, les disséquer et les brûler ensuite, sans que la police eût songé à en prendre le moindre souci. » C’est ce qui est arrivé peut-être plus d’une fois », ajoute-t-il.
Une dissection pratiquée au début du XVIIe siècle. Gravure extraite de Anthropographia et osteologia par Jean Riolan (1626)
Ce ne fut guère qu’en 1803 que la police songea à mettre un peu d’ordre dans ces hécatombes scientifiques. Mais pourtant que de peines donna cette réforme ! En vain on établit des amphithéâtres publics dans les hôpitaux, les amphithéâtres particuliers résistèrent de toute leur force à l’action de la police. La dissection se cachait dans les murs les plus obscurs, dans les maisons qui tombaient en ruines ; les cadavres s’apportaient en plein jour et se déposaient à la porte, comme si c’eût été une provision de bois pour l’hiver. Du haut des fenêtres, on jetait dans la cour les plus horribles débris ; les murs étaient chargés de pus et de sang. Les valets de ces amphithéâtres, dit un rapport de police, ne respectaient pas plus les vivants que les morts. Les cadavres restaient quelquefois trois semaines sur les tables où on les plaçait.
Ceci dura jusqu’en 1813 ; mais alors la patience publique, poussée à bout, fit entendre des réclamations énergiques. Aucune maison particulière ne voulut plus souffrir ce terrible voisinage. On dénonça de toutes parts ces maisons aux escaliers impraticables, ces cours sans puits, ces puits sans cordes, ces mansardes infectes où l’étudiant couchait à côté du cadavre, ces garçons d’amphithéâtre qui vendaient de la graisse humaine. En effet, une société en commandite s’était formée pour l’exploitation de cette graisse. Elle était employée, non fondue, à graisser les roues des charrettes. Des charlatans en faisaient des remèdes contre les douleurs. On en vendait une grande quantité aux fabricants de perles fausses. On en trouva deux mille livres chez un seul garçon de l’École de Médecine ; il y en avait un autre qui en avait rempli deux fontaines de grès. Il fallut une charrette à deux chevaux et six hommes de peine pour transporter toute cette masse de graisse humaine à la voirie de Montfaucon, où probablement elle fut mangée par les rats.
En même temps la police faisait des recherches chez ceux qui avaient acheté de celte graisse humaine, et elle l’enlevait sans pitié. Les fabricants dépouillés réclamèrent, ou tout au moins demandèrent à l’autorité le moyen de distinguer la graisse d’homme de la graisse de chien, par exemple. On leur répondit que les graisses d’homme, de cheval et d’âne ne pouvaient être distinguées entre elles, parce qu’elles ont toutes une couleur jaune, une concrescibilité très faible, une très grande fétidité, et qu’elles se précipitent en globules. Ce qui était parfaitement raisonné.
Amphithéâtre de dissection de l’enseignement libre à l’ancienne Ecole pratique, au XIXe siècle
Aussi les cadavres furent-ils bientôt aussi rares qu’ils étaient communs auparavant. Les cimetières avaient disparu de l’enceinte de Paris. On allait chercher les cadavres à Bicêtre, au dépôt de mendicité de Saint-Denis, partout où l’on pouvait. Un jour, les garçons du chirurgien Jean-Nicolas Marjolin
Jean-Nicolas Marjolin ?
(1780-1850) ( qui publia en 1815 un Manuel d’anatomie posant les bases des dissections du corps humain )revenaient de Bicêtre les hottes pleines de cadavres. Chemin faisant, ils s’arrêtèrent à la porte d’un cabaret, et ils déposèrent leur fardeau à la porte. Jugez de leur surprise, quand au sortir du cabaret ils ne trouvèrent plus leurs hottes si précieusement chargées ! Jugez aussi de l’étonnement des voleurs !!
Bientôt, on en arriva aux amphithéâtres réglés de la Pitié, de la Faculté de Médecine, de Bicêtre, de la Salpêtrière, de Saint-Louis, de Beaujon, de Saint-Antoine, de la Charité, des Enfants et de la Maternité. Au milieu du XIXe siècle, la Faculté de l’École de Médecine disséquait par an trente mille cadavres, la Pitié en consommait quatorze cents.
Billet long ,trop long ,mais ……..heureux d’avoir retrouvé mes blogs alors…..
image = absinthe plante
Au XIXe siècle, l’art de vivre passait par l’absinthe… Tour à tour adulée puis chargée d’anathème, celle qui inspira les artistes de l’époque, de » fée verte » devint sorcière. Accusée de rendre fou et criminel, elle fut partout combattue et abattue. La Belgique, la première, sonna le glas en 1905. La Suisse suivit en 1910 et finalement la France donna, en 1915, le dernier »coup d’estoc ». Feu la fée verte ne gênerait plus personne. Morte grâce aux efforts conjugués de l’Académie de Médecine, des ligues antialcooliques et des syndicats puissants de la viticulture, elle fut enterrée à grands renforts de fanfare.
C’est à la fin du XVIIIe siècle que vivait, dans le village de Couvet, le Dr Ordinaire, un médecin français exilé de Franche-Comté pour des raisons politiques, . Décrit comme un original par les habitants du canton, le médecin parcourait en tous sens le Val de Travers monté sur son petit cheval corse qu’il appelait » La Roquette ».
Il exerçait tout à la fois la médecine et la pharmacie, comme cela se pratiquait alors. Dans les cas graves, il prescrivait un élixir fabriqué à partir de plantes macérées dans de l’alcool dont il tenait la formule croit-on, d’une vieille femme de Couvet, la mère Henriod. A la mort du Dr Ordinaire, sa gouvernante, Mademoiselle Grand-Pierre, aurait vendu la formule de l’élixir au major Dubied. Celui-ci, avec un sens certain des affaires et aidé de son gendre Henri-Louis Pernod, créa en 1798 la première fabrique d’absinthe à Couvet.
affiche vente absinthe sous la marque » Pernod »
Le major Dubied prit donc l’affaire en mains. L’élixir allait être désormais distillé, méritant ainsi l’appellation scientifique et légale » d’extrait d’absinthe », mais restant plus habituellement dénommé » liqueur d’absinthe ». C’est ainsi que l’absinthe passa du domaine de la thérapeutique équivoque à celui de boisson apéritive. Autrefois prescrit pour combattre la fièvre et stimuler l’appétit, ce breuvage quitte donc l’officine et devient, grâce à son ancienne réputation, le complément indispensable d’une bonne cave.
En 1805, devant le succès de la liqueur et l’accroissement de la demande, Henri-Louis Pernod
Henri-Louis Pernod?
décida de créer sa propre entreprise. Pour des raisons fiscales, il s’installa alors en France, à Pontarlier dans le Doubs. Avec une première distillerie française, qui avait pour nom Pernod Fils, commençait, chez nous, l’aventure de l’absinthe.
L’absinthe fait son chemin.
Quelques années plus tard, vers 1830, elle devient vraiment la boisson à la mode. C’était l’époque des grandes conquêtes coloniales : l’Algérie, Madagascar, le Tonkin… Les militaires qui s’étaient vite aperçu des vertus curatives ?de la liqueur d’absinthe en mettaient quelques gouttes dans l’eau généralement suspecte pour se garantir des fièvres pernicieuses et de la dysenterie. Ils prirent goût à ce breuvage et à leur retour en France continuèrent à absorber leur boisson favorite. Ils furent vite imités par la bourgeoisie pleine d’admiration pour ses conquérants et par les artistes à la recherche de plaisirs nouveaux capables d’augmenter leur sensibilité et leur pouvoir de création. ( Qui n’a pas en tête cette fameuse photographie de Verlaine écrivant au Procope, un verre d’absinthe devant lui ?)
Tous les artistes » s’adonnaient à la verte avec passion ». Les poètes en buvaient et la louaient ou la fustigeaient selon leurs états d’âme ; les peintres en buvaient et lui donnaient un visage. Certains d’entre eux montrèrent son côté funeste, comme Degas…
Degas ?
….dans son fameux tableau intitulé » l’absinthe » ou Picasso avec sa série des buveuses. D’autres préférèrent retenir l’ambiance du bar, de la fête. Renoir immortalisa ainsi le » Bal du Moulin de la Galette », haut lieu de divertissement où l’absinthe triomphait. Manet se plaisait au « Bar des Folies Bergères »… Toulouse-Lautrec, quant à lui, avait un faible pour le Moulin Rouge. Un faible pour l’absinthe aussi. Il ne sortait jamais sans sa canne à système qui dissimulait un verre et une petite fiole contenant de la liqueur. Chez lui, il raffinait. Il composait dans son atelier pour son ami Aristide Bruant, un » cocktail » de son invention : un panaché de cognac et d’absinthe au nom si évocateur de » Tremblement de terre ». Boire de l’absinthe relevait donc du snobisme de l’époque et dans tous les grands établissements des beaux quartiers, entre cinq et sept heures du soir, c’était » l’heure verte ».
Vers 1870, l’absinthe jusqu’alors réservée à une élite va se ‘ démocratiser ». Voilà l’ouvrier entraîné » sur la piste du bourgeois ». L’absinthe qui était chère à ses débuts devient meilleur marché que le vin qu’elle commence à concurrencer. Certains le remarquent et d’autres s’en inquiètent comme en 1907 Jean d’Orsay, journaliste au Matin : ‘ La purée verte remplace partout les flacons rouges aux terrasses des cafés. Autant d’apéritifs que de consommateurs. Où sont les innocentes piquettes d’antan ? » Ainsi, l’absinthe ne fait plus l’exclusivité des beaux établissements. Elle fait son apparition dans les petits bistrots, les caboulots qui regorgent de monde les soirs de paye. Les marchands de vin, puis les fruitiers et même les charbonniers vendent de l’absinthe. Si bien » qu’à la sortie des ateliers, sur les places, dans les rues, en été, nous sommes pénétrés du relent anisé de toutes les demies dégustées… » (L’absinthe et l’absinthisme, 1908).
Absinthe Terminus, à Pontarlier
Fait de société nouveau, la femme qui se contentait à la fin du repas d’une petite » liqueur de dames »prend désormais l’apéritif et se met à l’absinthe. On la voit, surtout à Paris, attablée à la terrasse des cafés et » je vous garantis que les absintheuses sont au moins à la hauteur des absintheurs », écrit H. Balesta en 1860 dans » Absinthe et absintheurs ».
Pourquoi cette vogue de l’absinthe qui fait dire au Dr Eugène Ledoux de Besançon en 1908 : » elle est devenue malheureusement une boisson nationale et bien française » ? Jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’apéritif tel qu’on le connaît aujourd’hui n’existait pas. Quelques amers et quinquinas faisaient leur timide apparition. Lorsqu’il s’agissait de boire avant le repas, à la maison aussi bien que dans les établissements publics, c’était surtout le vin qui était à l’honneur… Et puis survint l’absinthe.
L’absinthe avait tout pour devenir populaire : cette saveur anisée tout à fait nouvelle pour l’époque ; cet air faussement anodin dû au fait qu’il fallait y ajouter de l’eau fraîche, ce qui en faisait une boisson légère et désaltérante. Et enfin, elle demandait une préparation originale, un cérémonial très particulier qui fit de sa consommation un véritable rite social.
L’absinthe, extrait distillé de plantes ayant préalablement macérées dans de l’alcool, titrait 68 et 72 degrés. Il fallait d’une part, y ajouter de l’eau ce qui provoquait l’émulsion des essences des plantes, ce qui donnait l’aspect laiteux de la boisson et, d’autre part, le sucrer pour adoucir l’amertume apportée par la plante d’absinthe. Comme le sucre ne se dissout pas dans un alcool de titre aussi élevé, il fallait qu’il tombe déjà dissous, dans le verre. D’où ce rite de la préparation de l’absinthe.
la préparation de l’absinthe
Lorsque votre absinthe est versée Au fond d’un verre de cristal Mettez sur la pelle en métal Le sucre, en deux pierres cassées Et l’une sur l’autre placéesPuis faites couler savamment L’eau claire en petite cascade Regardez bien, voici comment. Et pour qu’elle ne soit pas fade Versez surtout très doucement.L’absinthe devenant plus pâle Répandra sa divine odeur Et vous verrez dans la blancheur De cette subtile liqueur, De beaux reflets d’ambre et d’opaleVous aurez de cette façon Une absinthe bonne et bien faite ; Profitez donc de ma leçon ; Si cela vous monte à la tête, Vous calmerez votre âme en fête En nous chantant une chanson.
rite de la préparation de l’absinthe
Ainsi, les consommateurs prenaient leur temps, devisant entre eux en attendant que leurs absinthes soient prêtes. Ce rite, par l’occasion qu’il créait de favoriser les conversations, est, à n’en pas douter, à l’origine de l’énorme succès de l’absinthe. Ce moment de détente pris au café, en compagnie, est devenu rapidement une institution. Et cet instant privilégié est devenu l’heure de l’apéritif, l’heure de l’absinthe.
Rançon de son succès, l’absinthe, boisson profondément sociale, a connu une telle vogue dans toutes les couches de la société qu’elle devint très rapidement le symbole de l’alcoolisme. Un alcoolisme qui prit des proportions effrayantes au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du suivant. Il est vrai qu’il se buvait beaucoup d’absinthe. De 1870 à 1910, sa consommation n’a fait que croître : elle serait passée de 7 000 hectolitres en 1874 à 360 000 hectolitres en 1910, d’après les chiffres donnés par la Ligue Nationale antialcoolique. C’est la ville de Marseille qui détenait le record de la consommation avec 3 litres d’absinthe pure par habitant et par an, puis venaient les départements du Var avec 2,5 litres, du Vaucluse, de la Seine et du Gard avec 2 litres. Quant à la ville de Pontarlier qui comptait 25 distilleries en 1905, sa consommation a décuplé en trente-cinq ans, de 1871 à 1906.
En fait, l’absinthe était consommée surtout dans les régions du Jura et du Doubs où étaient installées de nombreuses distilleries, à Paris pour une question de mode et dans le Midi de la France où elle était une boisson rafraîchissante par excellence. Ceci représentait environ treize départements qui absorbaient à eux seuls 65 % de la consommation totale de la France. L’absinthe qui avait le tort d’être populaire, fut un exutoire tout trouvé à l’alcoolisme. Tous les maux portés par les eaux-de-vie et le vin furent mis sur son compte. L’absinthe est qualifiée de fléau social et pour elle on invente l’expression de péril vert. »La Fée verte devint ainsi sorcière ».
Dès 1902, le Président du Conseil avait demandé à l’Académie de Médecine d’étudier cette grave question de l’alcoolisme. Il fut à cet effet créé en son sein une Commission dite de l’alcoolisme qui avait pour but d’analyser la toxicité de toutes les boissons à base d’essences. Outre l’absinthe, les consommateurs avaient en effet le choix entre différentes boissons alcooliques, à base de plantes, fabriquées suivant divers procédés. L’Académie de Médecine se pencha donc sur le problème général des boissons à essences et de nombreuses discussions eurent alors lieu afin de définir le degré de toxicité des essences les plus couramment utilisées.
C’est en s’appuyant sur les données de l’observation clinique et simultanément sur les résultats de l’expérimentation physiologique, que furent déterminés la nature et le degré de toxicité de chacun des produits composant les liqueurs. Après de nombreuses controverses, l’Académie refusa finalement d’établir une échelle de culpabilité entre les essences. Elle préféra les condamner toutes en bloc et condamner avec elles leur support commun qui est l’alcool. Il fut donc établi une seule liste d’essences avec néanmoins à leur tête, l’essence d’absinthe, la reine des poisons de ce genre (Bulletin de l’Académie de médecine, séance du 24 janvier 1903).
’absinthe, la reine des poisons de ce genre
Un courant très sérieux en faveur de la prohibition de l’absinthe avait déjà commencé à se manifester avant 1900. Aussi quand l’Académie de médecine souleva la question de la toxicité des boissons à essences et en particulier de celle de l’absinthe, décida-t-elle de l’orientation à donner à la lutte antialcoolique. La fée verte vit alors se dresser contre elle » tous ceux qui, voulant en finir, l’accusent d’être la principale cause de l’abêtissement physique et moral de la nation française », écrit J. Guyot dans L’absinthe et le délire persécuteur en 1907.
Une ligue nationale contre l’alcoolisme fut alors fondée, soutenue par des membres de l’Académie de Médecine, des écrivains, des parlementaires. Suivant cet exemple, de nombreuses autres ligues antialcooliques virent le jour appuyées par la presse. En 1906, la ligue nationale contre l’alcoolisme prit l’initiative de lancer une pétition nationale contre l’absinthe, avec ce mot d’ordre : » Supprimons l’absinthe ». Un texte fut envoyé aux conseils généraux et municipaux, aux membres de l’Académie de Médecine, de l’Académie française, de l’Armée, de la Magistrature, de l’Université.
Ce texte commençait ainsi : » Attendu que l’absinthe rend fou et criminel, qu’elle provoque l’épilepsie et la tuberculose et qu’elle tue chaque année des milliers de fiançais. Attendu qu’elle fait de l’homme une bête féroce, de la femme une martyre, de l’enfant un dégénéré, qu’elle désorganise et ruine la famille et menace ainsi l’avenir du pays. Attendu que des mesures de défenses spéciales s’imposent impérieusement à la France, qui boit à elle seule plus d’absinthe que le reste du monde… ». La pétition fut un succès.
En plus, le journal Le Matin organisa le 14 juin 1907 un meeting monstre au Trocadéro avec comme ordre du jour : » Tous pour le vin, contre l’absinthe ». La séance fut ouverte par le Pr. d’Arsonval
Pr. d’Arsonval ?
: » Le but de cette séance est de dénoncer au public un péril national : l’absinthe et l’absinthisme. L’utilité des boissons alcooliques n’est point en cause : l’absinthe, voilà l’ennemi ! » tandis que l’illustre académicien, Jules Clarette déclarait : » Faisons que les marchands de vin, qui ont bien le droit de vivre, vendent du vin, du vin français, du vin naturel et sain, celui que le roi gascon faisait couler sur les lèvres de son nouveau-né. Alors, ils auront bien mérité de la France ». Pendant ce temps, au dehors, sur la place du Trocadéro, grondait une contre-manifestation de plusieurs milliers de personnes, menée par le député Girod de Pontarlier.
Toutes les propositions de loi concernant la suppression de l’absinthe furent successivement rejetées par la commission sénatoriale chargée de les examiner. Le 11 juin 1912, le Sénat adopta cependant la proposition de M. Ouvrier tendant à interdire, non pas la liqueur d’absinthe mais toute liqueur renfermant de la thuyone, principe reconnu actif de l’essence d’absinthe, présent dans les armoises et différentes plantes telles que la sauge et la tanaisie. Par cette mesure, le gouvernement voulait donner satisfaction au grand mouvement d’opinion qui s’était déchaîné contre l’absinthe. En même temps, il n’osait prendre contre les fabricants de l’apéritif national la mesure radicale que l’intérêt public demandait.
Il faudra attendre le lendemain de la déclaration de la guerre de 1914 pour que le gouvernement invite les préfets à prendre dans les départements des arrêtés tendant à interdire dans les établissements publics la vente au détail de l’absinthe. Mais comme il fallait faire davantage, le gouvernement émit le 7 janvier 1915 un décret contresigné par le ministre de l’Intérieur, interdisant la circulation, la vente en gros et au détail de l’absinthe et des liqueurs similaires.
Ce décret ne pouvant être valable que pour la durée de la guerre, il fut déposé sur le bureau de la Chambre un projet de loi tendant à rendre définitives les mesures prises pendant la guerre. Le 16 mars 1915( il y a environ 108 ans ), la proposition de loi relative à l’interdiction de la fabrication, de la vente en gros et au détail ainsi que la circulation de l’absinthe et des liqueurs similaires, fut enfin acceptée à l’unanimité.
La loi, qui parut au Journal Officiel le 17 mars 1915, fut très favorablement accueillie par l’opinion publique et, sauf quelques rares exceptions, fut partout complètement appliquée. Les fabriques furent fermées. Les marchands en gros et les dépositaires suspendirent leurs ventes mais conservèrent cependant leurs stocks en attendant le vote d’une éventuelle loi d’indemnisations.
Plusieurs projets de loi relatifs aux indemnisations à allouer aux fabricants d’absinthe furent déposés par le gouvernement mais aucun n’aboutit. Pour éviter les murmures des cultivateurs, un début de satisfaction leur fut cependant donné. L’État reprit leurs stocks d’herbages, les brûla et les paya aux prix des derniers cours, tout en laissant espérer d’autres indemnités qui devaient dédommager les planteurs de leurs frais de culture et de leurs installations spéciales de dessication.
Les anciens fabricants d’absinthe se trouvèrent eux, au retour de la guerre, devant un amas d’herbages aussi important qu’inutile. Finalement, ces plantes détenues par les distillateurs ne leur furent jamais remboursées et plus d’un million de kilos fut détruit sans compensation. Les fabricants ne reçurent aucune indemnisation et les grosses fabriques très spécialisées qui ne distillaient que de l’absinthe durent fermer leurs portes.
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Paroles:
Ils buvaient de l’absinthe, Comme on boirait de l’eau, L’un s’appelait Verlaine,
Verlaie ?
L’autre, c’était Rimbaud, Pour faire des poèmes, On ne boit pas de l’eau, Toi, tu n’es pas Verlaine, Toi, tu n’es pas Rimbaud, Mais quand tu dis « je t’aime », Oh mon dieu, que c’est beau, Bien plus beau qu’un poème, De Verlaine ou de Rimbaud,
Pourtant que j’aime entendre, Encore et puis encore, La chanson des amours,
Quand il pleut sur la ville, La chanson des amours, Quand il pleut dans mon cœur, Et qu’on a l’âme grise, Et que les violons pleurent, Pourtant, je veux l’entendre, Encore et puis encore, Tu sais qu’elle m’enivre, La chanson de ceux-là, Qui s’aiment et qui en meurent, Et si j’ai l’âme grise, Tu sécheras mes pleurs,
Ils buvaient de l’absinthe, Comme l’on boit de l’eau, Mais l’un, c’était Verlaine, L’autre, c’était Rimbaud, Pour faire des poèmes,
On ne boit pas de l’eau, Aujourd’hui, les « je t’aime », S’écrivent en deux mots, Finis, les longs poèmes, La musique des mots, Dont se grisait Verlaine, Dont se saoulait Rimbaud,
Car je voudrais connaître, Ces alcools dorés, qui leur grisaient le cœur, Et qui saoulaient leur peine, Oh, fais-les-moi connaître, Ces alcools d’or, qui nous grisent le Coeur, Et coulent dans nos veines, Et verse-m ‘en à boire, Encore et puis encore, Voilà que je m’enivre,
Je suis ton bateau ivre, Avec toi, je dérive,
Et j’aime et j’en meurs, Les vapeurs de l’absinthe, M’embrument, Je vois des fleurs qui grimpent, Au velours des rideaux, Quelle est donc cette plainte, Lourde comme un sanglot, Ce sont eux qui reviennent, Encore et puis encore, Au vent glacé d’hiver, Entends-les qui se traînent, Les pendus de Verlaine, Les noyés de Rimbaud, Que la mort a figés, Aux eaux noires de la Seine,
J’ai mal de les entendre, Encore et puis encore, Oh, que ce bateau ivre, Nous mène à la dérive, Qu’il sombre au fond des eaux, Et qu’avec toi, je meurs,
On a bu de l’absinthe, Comme on boirait de l’eau, Et je t’aime, je t’aime, Oh mon dieu, que c’est beau, Bien plus beau qu’un poème, De Verlaine ou de Rimbaud…
» La station assise ou allongée lors qu’elle constitue une entrave à la circulation publique est interdite » précise un arrêté mis en application à Besançon depuis le 9 juillet.
« La consommation d’alcool, la mendicité accompagnée ou non d’animaux, les regroupements ainsi que la station assise ou allongée lorsqu’elle constitue une entrave à la circulation publique sont interdites ». Ce texte est tiré de l’arrêté municipal mis en place depuis le 9 juillet et valable jusqu’au 30 juillet, du lundi au samedi de 10 h à 20 h. Durant les fêtes de fin d’année, l’arrêté reprendra effet du 23 novembre au 31 décembre. Le centre-ville, et plus particulièrement la Grande-rue, rue des Granges, place Pasteur, place du Huit-Septembre, pont Battant et rue Battant, quai de Strasbourg et place Jouffroy d’Abbans, rue Champrond sont concernés. En cas d’infraction, la police peut octroyer une amende de 38 euros.
Après la publication d’un article de l’Est Républicain, révélant le texte en question, les réactions hostiles à la décision de l’équipe municipale et les attaques contre Jean-Louis Fousseret, maire LREM ???de Besançon se multiplient. Samedi, un rassemblement est organisé place Pasteur pour protester contre l’arrêté en question. Sur les réseaux sociaux, certaines voix s’élèvent pour dénoncer une mesure jugée « anti-sociale », dans une ville traditionnellement ancrée à gauche.
….. 24 heures non-stop dans les rues de Montluçon (Allier) ( près de chez moi )
Christophe Baumann est la papa de Jules, 11 ans, atteint d’autisme.
Christophe Baumann va s’élancer ce vendredi 3 mars après-midi pour une marche de 24 heures, sans interruption, dans le centre-ville de Montluçon, dans l’Allier. Ce papa d’un enfant autiste souhaite relever ce challenge pour mettre en lumière la situation des personnes atteintes de cette maladie et les difficultés auxquelles elles sont confrontées.
C’est un défi de taille que se lance Christophe Baumann, fondateur avec son épouse de l’association » Jules et compagnie ». Jules est son fils de 11 ans, autiste. Cette association accompagne les personnes atteintes d’autisme ou de troubles envahissants du développement. Ce vendredi 3 mars, cet habitant de l’Allier (Allier = là où j’habite) va marcher pendant 24 heures non-stop dans les rues de Montluçon. Le but : sensibiliser les pouvoirs publics et les citoyens à ces maladies. Christophe Baumann, père de Jules, atteint d’autisme, explique : » Le fait d’avoir un enfant ou d’être en situation de handicap ne fait pas de nous des gens qui demandons la charité mais tout simplement l’équité. Je veux que mon fils ait la même équité qu’un autre enfant ».
Christophe Baumann va s’élancer ce vendredi 3 mars après-midi pour une marche de 24 heures, sans interruption, dans le centre-ville de Montluçon, dans l’Allier. Ce papa d’un enfant autiste souhaite relever ce challenge pour mettre en lumière la situation des personnes atteintes de cette maladie et les difficultés auxquelles elles sont confrontées. (Intervenants : Christophe Baumann, père de Jules, atteint d’autisme / Capitaine François Covin, commandant à la 11e compagnie d’instruction de l’école de gendarmerie de Montluçon )
Le soutien de l’école de gendarmerie
Cette année, l’association est parrainée par l’école de gendarmerie de la ville : 120 élèves-gendarmes et 4 instructeurs seront à ses côtés au départ de ce challenge, devant la préfecture et tout au long de la marche. Le capitaine François Covin, commandant à la 11e compagnie d’instruction de l’école de gendarmerie de Montluçon, souligne : » Quand on a entendu parler de l’histoire du petit Jules et de son association mise en place par son papa et sa maman, on a été touchés par la vie de ce petit garçon. Il n’a pas la même vie que tous les jeunes garçons de son âge. On a eu envie de participer à leur association en les soutenant du mieux possible ». Les Bourbonnais qui le souhaitent pourront se joindre à eux. Un stand de l’association sera également présent sur le marché du centre-ville samedi 4 mars. Christophe Baumann commencera son défi ce vendredi à 17 heures.
PS: Malheureusement , ce que fait cet homme ne servira à rien ……( à mon avis)
Une femme qui vit seule avec un garçon atteint d’autisme habite près de chez moi ;c’est navrant de voir comment les gens se comportent devant cette femme et son enfant .Seules quelques personnes ( dont moi ) la saluent et parlent au petit bonhomme ….
Souvent, dans la vie courante, on utilise des expressions dont on ne connait pas l’origine. C’est le cas (le mien en tous cas ) de l’expression « six pieds sous terre ».
Quand on précise qu’une personne est enterrée « six pieds sous terre », on veut dire par là que le cercueil où elle repose est profondément enfouie dans le sol. Comme cette expression utilise le terme « pied », on se doute qu’elle provient d’outre-Manche, où cette unité de mesure était utilisée.
En effet, « six pieds sous terre » nous vient bien d’Angleterre. L’expression aurait été »forgée » à l’occasion de la grande épidémie de peste qui frappe le pays, et notamment sa capitale, Londres, en 1665.
La peste ( bubons)images de l’époque (1665)
Si c’est la dernière manifestation de la peste dans le pays, du moins à cette échelle, c’est aussi la plus meurtrière. En effet, elle aurait fait entre 75.000 et 100.000 morts, soit environ 20 % de la population de Londres.
Tout le monde sait que la médecine du temps
médecin » de la peste »
était très démunie face à des maladies comme la peste. De leur côté, les autorités s’efforçaient surtout d’éviter tout ce qui pouvait favoriser la contagion.
C’est ainsi que les malades étaient quasiment abandonnés dans leurs maisons, marquées d’une croix. On croyait que la maladie se transmettait non seulement par les vivants mais aussi par les morts.
D’où la nécessité d’enterrer les cadavres
enterrement.
aussi profondément que possible dans la terre. Pour que que les miasmes de la peste ne puissent s’échapper des tombeaux et que les chiens ne puissent déterrer les cadavres.
Les édiles londoniens prennent alors leurs dispositions : les fossoyeurs devront enfouir les dépouilles à une certaine profondeur. Ils devront en effet creuser jusqu’à 6 pieds avant de déposer le cercueil.
Le pied anglais valant 32,4 cm, 6 pieds correspondent à 1m80, ce qui paraissait suffisant pour écarter tout danger de contagion. En France, on creuse des fosses moins profondes. En effet, depuis la Révolution, celles-ci doivent avoir 1m50 de profondeur. Il est vrai que, dans certains cas, le Conseil municipal peut décider de déroger à cette mesure.
Le 26 novembre 1993, avant le concert qu’il donnait à Saint-Genis-Laval, Leny Escudero était l’invité de l’émission « Tout peut arriver » sur TLM.
« La question qui fait mouche »
Ci-dessous, quelques réflexions de Leny sur la vie, le progrès, le temps et le « pognon », Des mots qui résonnent étrangement et qui collent parfaitement à l’actualité.
Le progrès est arrivé pour virer les hommes. Ce qui est positif, c’est le progrès, ce qui n’est pas positif, c’est qu’il est mal partagé !
Ils ne veulent pas toucher aux structures, au sacro-saint Vaudou du pognon, parce que tout le problème, il est là, il y eu une équation qui disait « le temps, c’est de l’argent », mais on a toujours privilégié l’argent par rapport au temps, or qu’est-ce qui est plus important pour un être humain que le temps de vie ? L’oseille, c’est plus important ? Je n’ai jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard !
Et enfin, pour répondre à la question « qu’est-ce qu’on peut faire » posée par nos gouvernants d’hier comme d’aujourd’hui : Qu’est-ce qu’on peut faire ? Mais c’est votre boulot, pas le mien, c’est vous qui vous prétendez économistes, c’est vous qui prétendez diriger la cité, je n’ai jamais demandé les suffrages de mes concitoyens, il y a des gens qui prétendent diriger la cité, alors qu’ils le fassent !
La politique, c’est savoir à qui on prend du fric pour le donner à qui. Abbé Pierre
Leny Escudero 1932 / 2015, chanteur, auteur, compositeur et acteur politiquement engagé » On m’a reproché d’avoir un vocabulaire qui ne dépasse pas mille mots ». » J’ai fait avec ce que j’avais. C’est long de reprendre leurs mots aux riches »
( Si quelqu’un a eu le courage de lire ce billet ,ce n’est qu’un préambule ….La fin sur le billet qui suit )
D’où vient cette vieille tradition ?
C’est Napoléon Bonaparte qui a mis en place la Légion d’honneur en 1802 pour remercier tous les Grognards qui avaient participé aux guerres et défendu la France. Elle a d’ailleurs été créée par Napoléon Bonaparte parce que la Révolution avait supprimé toutes les récompenses. Il y a plusieurs grades : chevalier, et ensuite officier, commandeur, grand croix et grand officier, qui doivent récompenser à chaque fois des » mérites nouveaux »
Est-ce que tout le monde peut recevoir la légion d’honneur ?
Non. Tout citoyen français sans casier judiciaire ayant fait preuve de » mérites éminents au service de la nation », à titre militaire ou à titre civil, peut l’avoir… à condition d’avoir au minimum 20 années d’activité dans le domaine. Exception notable, les sportifs, qui reçoivent régulièrement la Légion d’honneur pour des médailles olympiques ou des titres sportifs importants. Autre exception, le président de la République, qui l’a » automatiquement ».
Comment on »candidate » à la légion d’honneur ?
On ne peut pas demander la Légion d’honneur. C’est aux ministres d’identifier les futurs décorés en s’appuyant sur les préfets, maires, présidents de fédérations sportives… Mais il est parfois difficile de savoir pourquoi certains la reçoivent et pas d’autres, d’autant que les raisons de la décoration ne sont pas connues du grand public !
Est-ce qu’on gagne de l’argent avec la légion d’honneur ?
Oui, mais »très peu » : entre 6,10 euros (pour les chevaliers) et 36,59 euros (pour les Grand-croix) par an. Et il est d’usage de ne pas la réclamer et de la reverser directement à la société d’entraide des membres de la Légion d’honneur dans le but d’aider les légionnaires dans le besoin. Sans compter qu’il faut s’acquitter des droits de chancellerie (d’une vingtaine d’euros pour les chevaliers) pour obtenir le brevet officiel après la remise de la décoration et acheter lui-même sa médaille de 295 à 1500 euros sur le site Web de la Monnaie de Paris ) et financer la cérémonie. Mais , la tradition veut que ce soit la famille ou les amis et collègues qui se cotisent pour l’offrir. Enfin, il est toujours possible de récupérer la médaille de quelqu’un d’autre. Exemple avec la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui porte celle de son père décédé, Jean Narquin.
Comment la reconnaît-on ?
La couleur de son ruban est le rouge. La décoration est une étoile à cinq rayons doubles surmontée d’une couronne de chêne et de laurier. Elle présente l’effigie de la République et au revers deux drapeaux tricolores entourés de la devise » Honneur et Patrie ». Son port est très codifié : la Légion d’honneur se porte avant tout autre insigne de décoration française ou étrangère, sur le côté gauche. Les décorations pendantes sont privilégiées pour les cérémonies officielles, mais sur les tenues de ville, on choisit des insignes de boutonnière (ruban ou rosette). Et si l’on peut facilement s’en procurer, il est interdit de les porter si l’on n’est pas légionnaire, et l’on peut même écoper d’une amende !
Alors il n’y a aucun avantage matériel ?
Devenir légionnaire d’honneur offre quand même quelques avantages matériels : les filles, petites-filles et arrières petites-filles de décorés peuvent étudier dans les Maisons d’Éducation de la Légion d’Honneur. Autre avantage : les adhérents à la Société des membres de la la Légion d’hnneur (SMLH) ont la possibilité de partir en vacances dans des résidences de standing telles que le château du Val à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) et la résidence de Costeur Solviane à Saint-Raphaël (Var). Les retraités peuvent également y séjourner pendant de longues périodes. Enfin, les décorés bénéficient d’honneurs funèbres lors de leurs obsèques. Ils peuvent également faire la demande d’inscription de leur récompense sur les actes d’états civils rédigés après remise de la Légion.
Mais à quoi ça sert ?
C’est une question de prestige, bien sûr, le symbole de la reconnaissance ultime de l’État, la plus haute récompense possible, la preuve qu’on a « fait quelque chose de plus » que le reste des citoyens. Seuls 93 000 Français l’ont (dont 70 % d’hommes). La plupart adhèrent à laSociété des membres de la Légion d’honneur qui se décrit comme » un réseau étroit, uni et dynamique regroupant tous les légionnaires qui partagent les mêmes valeurs ». Et l’arborer à sa boutonnière permet de montrer que l’on a rendu de grands services à la France. Cela sert aussi à ceux qui la remettent : les personnalités choisies reflètent bien sûr un choix politique.
Est-ce qu’on peut la perdre ?
Oui ! La distinction peut être retirée en cas de condamnation pénale et lorsque le décoré a commis » des actes contraires à l’honneur ou de nature à nuire aux intérêts de la France ».
Est-ce qu’on peut la recevoir si l’on est étranger ?
Oui. Nelson Mandela
, Charlie Chaplin ou Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi
ont ainsi reçu la Légion d’honneur. Mais contrairement aux Français, ils ne sont pas membres de » l’ordre ».
Est-ce qu’on peut la refuser ?
Le dessinateur Jacques Tardi
Jacques Tardi ?
, et, bien avant lui, George Sand, Guy de Maupassant, Pierre et Marie Curie, Simone de Beauvoir ou Jacques Prévert
Jacques Prévert
… Il arrive que des personnalités refusent leur légion d’honneur et choisissent de ne pas se faire remettre leur décoration.
Ce billet est long , trop long ,mais je voulais en savoir plus sur cette dame . =>> les commentaires ne sont pas nécessaires , je comprendrais , mais surtout pas de LIKE !!!!
Louise Michel vers 1880.
Vue de la sépulture.
Préoccupée très tôt par l’éducation, elle enseigne quelques années avant de se rendre à Paris en 1856. À 26 ans, elle y développe une importante activité littéraire, pédagogique et politique et se lie avec plusieurs personnalités révolutionnaires blanquistes de Paris des années 1860.
En 1871, elle participe activement aux événements de laCommune de Paris autant en première ligne qu’en soutien. S’étant livrée en mai pour faire libérer sa mère, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie où elle se convertit à la pensée anarchiste. Elle revient en Métropole en 1880, et, très populaire, multiplie les manifestations et réunions en faveur des prolétaires. Elle reste surveillée par la police et est emprisonnée à plusieurs reprises, mais poursuit son militantisme politique dans toute la France, jusqu’à sa mort à l’âge de 74 ans à Marseille.
Elle demeure une figure révolutionnaire et anarchiste de premier plan dans l’imaginaire collectif. Première à arborer ledrapeau noir ,
images = premier symbôle de l’anarchisme
elle popularise celui-ci au sein dumouvement libertaire…..
Le château de Vroncourt. :
Née au château de Vrocourt en Heute-Marne le 29 mai 1830 , Louise Michel, parfois appelée Clémence-Louise Michel, est la fille naturelle de la servante Marie-Anne Michel et d’un père inconnu, vraisemblablement le fils du châtelain Laurent Demahis. À la suite de sa naissance, Laurent Demahis est éloigné du château, tandis que Louise y est élevée, près de sa mère, et dans la famille des parents de Laurent Demahis, qu’elle appelle ses grands-parents. Jusqu’à ses 20 ans, Louise porte le patronyme de son grand-père Étienne-Charles Demahis (1762-1845), qui fut sous l’Ancien régime avocat au Parlement de Paris et descendait d’une famille de la » noblesse de robe » (de Mahis) remontant au xviie siècle. Il lui donne le goût d’une culture classique où domine l’héritage des Lumières , notamment Voltaire et J.J Rousseau . Elle reçoit une instruction solide, une éducation libérale et semble avoir été heureuse, faisant preuve, très jeune, d’un tempérament altruiste.
En 1850, la mort des grands-parents Demahis marque la fin de son appartenance au milieu social aisé de ses protecteurs. Dotées par eux d’un petit pécule, Louise et sa mère doivent quitter le château de Vroncourt, mis en vente par la veuve et les enfants légitimes de Laurent Demahis Jusqu’alors connue à Vroncourt comme Mademoiselle Demahis, Louise doit abandonner ce nom pour prendre celui de sa mère.
À partir de 1851, elle poursuit des études à Chaumont ( Haute-Marne ) où elle obtient le brevet de capacité permettant d’exercer la profession de « sous-maîtresse » (on dirait institutrice aujourd’hui). Refusant de prêter serment à Napoléon III ce qui est nécessaire pour être institutrice, en septembre 1852, à 22 ans, elle crée une école libre à Audeloncourt ( Haute-Marne) où elle enseigne durant une année avant de se rendre à Paris. Fin 1854, elle ouvre une école à Clerfmont et n’enseigne, là aussi, que durant une année. Puis en ouvre une àMillières ( Haute-Marne ) en 1855.
À Paris …
Marie Ferré (1853-1882)
Institutrice écrivaine
En 1856, elle quitte la Haute-Marne pour Paris . Commence alors pour elle une période d’intense activité enseignante, de tentative littéraire et de formation militante.
Pendant les quinze ans qui suivent, elle poursuit avec passion son activité d’enseignante. Elle trouve à son arrivée une place de sous-maîtresse dans le 10e arrondissement,rue du Câteau d’Eau , dans la pension de Madame Voillier, avec laquelle elle entretient des rapports quasi filiaux. En 1865, elle ouvre un externat au 24 rue Houdon , puis un autre cours rue Oudor en 1868.
Pour préparer les épreuves du baccalauréat , elle suit les cours d’instruction populaire de la rue Hautefeuille , , dirigés par les républicains Jules Favre et Eugène Pelletan , qui élargissent son horizon politique. De plus, elle écrit des poèmes sous le pseudonyme d’Enjolras , devient sociétaire de l’Union des poètes en 1862, et aurait probablement aimé vivre de sa plume, si les temps le lui avaient permis. Elle entretient une correspondance, commencée en 1850, avec Victor Hugo, l’écrivain et le républicain le plus célèbre et le plus respecté de l’époque, et lui adresse quelques poèmes. Louise est entièrement sous le charme. Elle vient le voir à son retour à Paris après la chute de l’ Empire . Il interviendra pour elle en janvier 1871, la dépeignant telle » Judith » la sombre Juive » et » Aria la Romaine » dans son poème »Viro Major », femmes aux destins exceptionnels et tragiques, et la défendra pendant sa déportation. Leur correspondance durera jusqu’en 1879.
Militante révolutionnaire
Progressivement introduite dans les milieux révolutionnaires à la fin de l’Empire, elle rencontre Jules Vallès ,Eugène Varlin ,Raoul Rigault et Emile Eudes , et collabore à des journaux d’opposition comme Le Cri du peuple
journal » le cri du peuple »
En 1869 elle est secrétaire de la Société démocratique de moralisation, ayant pour but d’aider les ouvrières À cette époque, Louise Michel est blanquiste , c’est-à-dire adepte du mouvement révolutionnaire et républicain socialiste fondé par
Auguste Blanqui ?
En août 1870, à 40 ans, en pleine guerre franco-prusssienne , elle manifeste contre l’arrestation des blanquistes Eudes et Brideau . En septembre, après la chute du Second Empire , elle participe au Comité de vigilance des citoyennes du 18 ème arrondissement de Paris , dont elle est élue présidente le 1er novembre ; elle rencontre Théophile Ferré frère de Marie Ferré , frère de, dont elle tombe passionnément amoureuse. Dans Paris affamé par le siège , elle crée une cantine pour ses élèves.
Commune de Paris
Louise Michel en uniforme de fédéré.
Lorsque les manifestations pour créer une Commune révolutionnaire commencent, en janvier 1871, membre du Comité de vigilance de Montmartre aux côtés de Paule Munck ,Anna Jaclard et Sophie Poirier, Louise Michel est très active. Selon une anecdote fameuse, le 22 janvier 1871, en habit de garde nationale, elle fait feu sur l’ Hotel -de-Ville lors d’une manifestation réprimée dans le sang par le général Dinoy
Général Dinoy ?
Propagandiste, garde au 61e bataillon de Montmartre, ambulancière, et combattante, elle anime aussi le Club de la Révolution à l’ église de Saint-Bernard de la Chapelle Les 17 et 18 mars, elle participe activement, armée, à l’ affaire des canons de la garde nationale sur la butte Monmartre . On assiste à d’étonnantes manifestations : femmes, enfants, gardes fédérés entourent les soldats qui fraternisent avec cette foule joyeuse et pacifique. Elle rencontreGeoges Clémenceau , maire de Montmaartre qui tente alors une médiation. Louise Michel fait alors partie de l’aile révolutionnaire la plus radicale aux côtés des anarchistes, et pense qu’il faut poursuivre l’offensive sur Versailles pour dissoudre le gouvernement d’ Adolphe Thiers , qui n’a alors que peu de troupes. Elle est même volontaire pour se rendre seule à Versailles et tuer Thiers . Elle n’est pas suivie et le projet avorte.
Le peintre Jules Girardet a représenté Louise Michel dans deux tableaux : le premier figure son arrestation le 24 mai 1871. Le deuxième ( est intitulé Louise Michel à Satory ; elle y est présentée haranguant des communards.
En avril-mai, lors des assauts versaillais contre la Commune, elle participe aux batailles de Clamart, Issy-les-Moulineaux et Neuilly. Elle fait partie du 61e bataillon de marche de Montmartre et sert également comme ambulancière. Sa bravoure est mentionnée dans le Journal officiel du 10 avril. Lors de la Semaine sanglante en mai, elle participe au combat de rue au cimetière de Montmartre puis sur la barricade de Clignancourt . Le 24 mai, pour faire libérer sa mère, elle se rend. Louise Michel est détenue au camp de Satory près de Versailles, puis à la prison des Chantiers à Versailles et, à partir du 15 juin, à la maison de correction de Versailles. Elle assiste alors aux exécutions et voit mourir ses amis, parmi lesquels son ami Thépholie Ferré (exécuté avec l’ancien ministre de la Guerre de la Commune, Louis Rossel ), auquel elle fait parvenir un poème d’adieu :Les billets rouges
Le 28 juin, elle est interrogée pour la première fois par le conseil de guerre. Louise Michel déclare devant ses juges :
» Ce que je réclame de vous, c’est le poteau de Satory où, déjà, sont tombés nos frères ; il faut me retrancher de la société. On vous dit de le faire. Eh bien, on a raison. Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit aujourd’hui qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part, moi ! »
Elle revendique les crimes et délits dont on l’accuse et réclame la mort au tribunal ( » Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi ») alors que la plupart des accusés cherchent à sauver leur tête en minimisant leur action. Le lendemain, elle fait la une de tous les journaux En hommage,Victor Hugo lui dédie un poème intitulé »Viro Major », qui jouera un grand rôle dans sa postérité. Le 19 septembre, elle est transférée à la prison d’Arras , où elle écrit une lettre à l’abbé Folley le 13 novembre. Ramenée à Versailles le 29 novembre, elle est condamnée par le conseil de guerre à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée le 16 décembre. Elle refuse de faire appel et est transférée à l’abbaye d’Auberive (transformée en prison) le 21 décembre 1871, où elle reste jusqu’au 24 août 1873. C’est le temps où la presse versaillaise la nomme »la Louve avide de sang » ou » la Bonne Louise ». Elle est également surnommée la »nouvelle Théroine » ou encore la » dévote de la révolution ».
Déportation
Embarquée, à Saint – Martin -Ré sur le Virginie le 9 août 1873 pour être déprtée en Nouvelle-Calédonie , Louise Michel arrive sur l’île après quatre mois de voyage le 8 décembre et est débarquée à la presqu’ile de Ducros le 13 décembre. À bord, elle fait la connaissance de Henri Rochefort, célèbre polémiste, et de Nathalie Lemel , elle aussi grande animatrice de la Commune ; c’est sans doute au contact de cette dernière que Louise Michel devient anarchiste . Elle reste sept années en Nouvelle-Calédonie, refusant de bénéficier d’un autre régime que celui des hommes ou d’une grâce individuelle.
Louise Michel à Nouméa.
Le bagne où elle fut enfermée
Elle crée »le journal Petites Affiches de la Nouvelle-Calédonie ». Elle apprend une langue kanak et traduit dans une langue poétique plusieurs des mythes fondateurs des kanak, dont un mythe portant sur le déluge. Elle édite en 1885 Légendes et chansons de gestes canaques S’intéressant aux langues kanak et, dans sa recherche de ce que pourrait être une langue universelle, à la langue pidgin qu’est le bichelamar , elle cherche à instruire les autochtones kanak et, contrairement à certains communards qui s’associent à leur répression, elle prend leur défense lors de leur révolte de 1878 . Elle obtient l’année suivante l’autorisation de s’installer à Nouméa et de reprendre son métier d’enseignante, d’abord auprès des enfants de déportés (notamment des Algériens de Nouvelle-Calédonie), de gardiens, puis dans les écoles de filles. Elle instruit les kanak adultes le dimanche, inventant toute une pédagogie adaptée à leurs concepts et leur expérience.
Par décision du 8 mai 1879, sa peine est commuée en déportation simple, peine commuée à 10 ans de bannissement à partir du 3 juin 1879 avant une remise du reste sa peine par décision du 16 décembre 1879.
Clémenceau, qui lui vouait une grande admiration, continuait de lui écrire durant sa déportation et lui adressait des mandats.
Retour en France
De retour à Paris le 9 novembre 1880, après avoir débarqué dans le port de Dieppe
plaque commémorative près du port de plaisance, quai Henri-IV
elle est chaleureusement accueillie par la foule qui l’acclame aux cris de »Vive Louise Michel ! Vive la Commune ! À bas les assassins ! ». À Paris, ce sont près de 10 000 personnes qui viennent l’acclamer à la gare Saint-Lazare. Elle y reprend son infatigable activité militante, donnant de nombreuses conférences, intervenant dans les réunions politiques. Deux mois après son retour, elle commence à faire publier sous forme de roman-feuilleton son ouvrage La Misère, qui remporte un vif succès ..
Elle se réclame jusqu’à sa mort du mouvement anarchiste. C’est le 18 mars 1882, lors d’un meeting salle Favié à Paris, que Louise Michel, désirant se dissocier des socialistes autoritaires et parlementaires, se prononce sans ambigüité pour l’adoption du drapeau noir
par les anarchistes (socialistes libertaires) : » Plus de drapeau rouge mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions. »
Ce nouvel engagement est bientôt concrétisé par l’action : le 9 mars 1883, elle mène aux Invalides avec Emile Pourgrt , une manifestation au nom des »sans-travail » qui dégénère rapidement en pillages de trois boulangeries et en affrontement avec les forces de l’ordre. Louise, qui se rend aux autorités quelques semaines plus tard, est condamnée en juin à six ans de prison assortis de dix années de surveillance de haute police , pour » excitation au pillage ». Elle est libérée au bout de trois sur intervention de Clemenceau , pour revoir sa mère sur le point de mourir. Pourtant dès août, elle est de nouveau emprisonnée pour quatre mois à cause d’un discours prononcé en faveur des mineurs deDecazeville , aux côtés de Jules Guesqe , Paul Lafargue et Étienne Susini. Refusant de faire appel, elle est finalement relâchée en novembre à la suite d’une remise de peine ».
Attentat contre Louise Michel en 1888 ?
En janvier 1887, elle se prononce contre la peine de mort , en réaction à la peine capitale à laquelle vient d’être condamné son ami Duval. Le 22 janvier 1888, après avoir prononcé dans l’après-midi un discours
Théâtre de la Gaité du Havre
au théâtre de la gaité du havre , elle est attaquée dans la soirée à la salle de l’Élysée par le » chouan » Pierre Lucas, qui tire sur elle deux coups de pistolet; blessée à la tête, elle refuse de porter plainte contre son agresseur. Une des balles lui érafle le lobe de l’oreille et l’autre se loge dans son crâne ; on ne parvient pas à l’extraire et elle y demeurera jusqu’à la mort de Louise Michel, dix-sept ans plus tard.
Elle est présente aux côtés de charles Malato le 9 août 1888 au cours d’un meeting en pleine grève des terrassiers au cours duquel Joseph Tortelier
Joseph Tortelier ?
prend la parole devant 400 personnes :
» Ce n’est quepar la grève universelle que l’ouvrier créera une société nouvelle, dans laquelle on ne trouvera plus de tyrans. »
En avril 1890, Louise Michel est arrêtée à la suite d’un discours qu’elle a prononcé à Saint-Etienne et en raison de sa participation à un meeting qui a entraîné de violentes manifestations à Vienne. Un mois plus tard, elle refuse sa mise en liberté provisoire, car ses coïnculpés restent en prison. Elle finit par tout casser dans sa cellule, un médecin demande alors son internement comme » folle ». Le gouvernement, qui craint l’hostilité de la presse, s’y oppose. Elle a alors 60 ans. Finalement, elle est libérée et quitte Vienne pour Paris le 4 juin. En juillet, Louise se réfugie à londres où elle gère une école libertaire pendant quelques années. À son retour le 13 novembre 1895, elle est accueillie par une manifestation de sympathie à la gare Saint -Lazare ‘. Résolument antimilitariste, elle ne prend que modérément part à l’agitation provoquée par laffaire Dreyfus : Elle veut protéger le » frère » Henri Rochefort .
H.Rochefort ?
polémiste antisémite et résolument anti-dreyfusard.
Louise Michel dans sa maison (vers 1900).
Louise Michel dans sa maison (vers 1900).
Pendant les dix dernières années de sa vie, Louise Michel, devenue une grande figure révolutionnaire et anarchiste, multiplie les conférences à Paris et en province, accompagnées d’actions militantes, et ce, malgré sa fatigue ; en alternance, elle effectue des séjours à Londres en compagnie d’amis. En 1895, elle fonde le journal Le Libertaire en compagnie de Sébastien Faure . Le 27 juillet 1896, elle assiste à Londres au congrès international socialiste des travailleurs et des chambres syndicales ouvrières. Elle fréquente le cercle anarchiste de Charlott-Street, à Soho, avec Malatesta
Malatesta
, où Sant ferrini fait sa connaissance et elle assiste au procès de l’espion Genno Rubin
Sante ferrini?
en mai 1902.
Quelques mois avant sa mort, d’octobre à décembre 1904, Louise Michel alors âgée de 74 ans, se rend en Algérie avec Ernest Girault pour une tournée de conférences.
Après une série de conférences données dans les Alpes, elle prend froid à Sisteron , ce qui aggrave labronchite chhronique dont elle souffre depuis des années. Le Dr Berthelot de,Toulon juge son état alarmant et le Dr Dufour de Marseille conclut à une pneumonie . Elle meurt, le 9 janvier 1905, à Marseille à l’hôtel de l’Oasis au boulevard Dugommier. Le matin du 22 janvier, ses funérailles drainent à Paris une foule de plusieurs milliers de personnes. Elle est inhumée au cimetière de Levalois – Perret
cimetière de Levallois-Perret ?
Considérée comme une pionnière du féminisme, elle écrit dans ses Mémoires :
‘‘ La question des femmes est, surtout à l’heure actuelle, inséparable de la question de l’humanité. » » Les femmes, surtout, sont le bétail humain qu’on écrase et qu’on vend », avant de lancer : » Notre place dans l’humanité ne doit pas être mendiée, mais prise. »
Ses positions sur les relations hommes/femmes sont connues :
»Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. En attendant, la femme est toujours, comme le disait le vieuxMolière , le potage de l’homme. Le sexe fort descend jusqu’à flatter l’autre en le qualifiant de beau sexe. Il y a fichtre longtemps que nous avons fait justice de cette force-là, et nous sommes pas mal de révoltées ne comprenant pas qu’on s’occupe davantage des sexes que de la couleur de la peau. Jamais je n’ai compris qu’il y eût un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l’intelligence. »
Sur la prostitution , ses propos sont sans ambiguïté :
»Il y a entre les propriétaires des maisons de prostitution échange de femmes, comme il y a échange de chevaux ou de bœufs entre agriculteurs ; ce sont des troupeaux, le bétail humain est celui qui rapporte le plus. …Si les grands négociants des marchés de femmes qui parcourent l’Europe pour leur négoce, étaient chacun au bout d’une corde, ce n’est pas moi qui irais la couper. Est-ce qu’il n’y a pas des marchés où l’on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple, tandis que lesfilles des riches sont vendues pour leur dot ? L’une, la prend qui veut ; l’autre, on la donne à qui on veut. La prostitution est la même … Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire. »
funérailles de L.Michel ?
Louise Michel et la franc-maçonnerie
Lors de ses funérailles, de nombreux orateurs prennent la parole et, parmi eux, le vénérable de la loge » Fraternité Universelle » de l’obédience maçonnique » Grande Loge symbolique écosaise mixe et maintenue » . Selon Jean Mitron , » des insignes ou emblèmes maçonniques ayant été déposés sur le cercueil, les organisateurs des obsèques firent remarquer que Louise Michel n’appartenait à aucune association »
En fait, le 20 juillet 1904, sur proposition deMadeleine Pelletier ( qui selon Grançoise Hecque Madeleine Pelletie, » revendique l’honneur d’avoir amené Louise Michel en franc-maçonnerie »), Louise Michel est invitée à la loge » Fraternité Universelle », pour y prononcer une conférence de réception. Lors de cette réunion, elle est cooptée, les membres de la loge s’estimant honorés par son acquiescement à leur offre d’adhésion. Cette date ne doit pas être confondue, comme le fait André Combes avec celle de son initiation qui a lieu quelques semaines plus tard : le 13 septembre 1904 à la loge no 3 » La Philosophie sociale » de la même obédience, une loge qui admettait les femmes. Elle est initiée en même temps que Charlotte Vauvelle (son amie et compagne depuis 1895) et Henri Jacob. Le lendemain de cette initiation, le 14 septembre 1904, Louise Michel tient une conférence devant la loge » Diderot » de la même obédience, sur le thème »La femme et la franc-maçonnerie », qui commence par ces mots : » Il y a longtemps que j’aurais été des vôtres si j’eusse connu l’existence de loges mixtes, mais je croyais que, pour entrer dans un milieu maçonnique, il fallait être un homme. » Elle y déclare aussi : » Le pouvoir abêtit les hommes ; aussi devons-nous non point le conquérir et nous l’arracher entre hommes et femmes, mais l’éliminer de la société en faisant de celle-ci une grande famille libre, égalitaire et fraternelle, selon la belle devise maçonnique. » Et ceci, sur la Commune : » Les hommes de la Commune étaient individuellement énergiques, d’une grande valeur. Membres de la Commune, ils ne furent pas à la hauteur de leur tâche. » Ses propos sont rapportés par le bulletin de la Grande Loge.
Le 20 janvier 1949, le président des États-Unis Harry S.Truman
H.Truman ?
prononce le discours d’investiture de son deuxième mandat à la Maison Blanche. À cette occasion, il désigne du doigt la grande pauvreté qui affecte la moitié de l’humanité.
Dans son discours, il déclare : » Il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l’amélioration et de la croissance des régions sous-développées. Plus de la moitié des gens dans le monde vit dans des conditions voisines de la misère. Ils n’ont pas assez à manger. Ils sont victimes de maladies. Leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères. »
C’est la première fois qu’est employée l’expression » sous-développé » à propos des pays qui n’ont pas encore atteint le stade industriel. Elle »fait florès » ( Obtient des succès.) de même que l’expression » tiers monde » inventée peu après, en 1952, par le démographeAlfred Sauvy
Alfred Sauvy ?
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Le discours de Truman entraine en juin 1950 la signature de l‘Act for International Development (AID, Programme pour le Développement International).
Une vision économétrique du monde
Pour les Américains et plus largement les Occidentaux, le combat contre le » sous-développement » va prendre le relais de la » mission civilisatrice » du temps des colonies comme nouvel objectif messianique. Dans le demi-siècle qui va suivre, il va devenir habituel de ne plus considérer les nations et les peuples dans leur diversité culturelle, sociale et humaine mais seulement de les répartir entre » pays sous-développés » et » pays développés » en fonction du » produit intérieur brut par habitant » (PIB/habitant). C’est le triomphe de l’économétrie (une vision comptable et mathématique de l’économie).
La prise de conscience du » sous-développement » conduit les pays riches et puissants (généralement occidentaux) à développer des réseaux d’aide financière et de coopération technique en direction des pays pauvres. À l’aide publique s’ajoute dans les années 1990 l’aide caritative des » organisations non gouvernementales » (ONG) comme ACF, MSF… L’absence de contrôle et la corruption altère considérablement l’efficacité de cette aide tant publique que privée.
Au début du XXIe siècle, l’aide internationale apparaît même comme un facteur d’aggravation du sous-développent et de la misère . !?
Des indicateurs plus fiables
L’évaluation comptable du sous-développement d’après le seul PIB/habitant se révèle être » un trompe-l’oeil ».
Des régimes archaïques enrichis par les redevances de quelques compagnies pétrolières ou minières (Arabie, Gabon, Algérie…) font figure de pays riches alors que les conditions de vie de la plus grande partie des habitants (mortalité infantile, alphabétisation des femmes…) s’avèrent médiocres. À l’opposé, des pays ou des régions très pauvres, si l’on s’en tient à leur PIB/habitant, comme l’État du Kerala, en Inde du sud, assurent à leurs habitants un cadre de vie relativement sain et équilibré en comparaison de leurs voisins.
Enfin, des pays dont la situation paraissait désespérée au milieu du XXe siècle sortent à grands pas du » sous-développement » et entrent dans le » club des pays riches » . C’est le cas des régions riveraines de la mer de Chine. A l’inverse , l’Afrique subsaharienne , qui paraissait promise à un rapide développement en 1960 du fait des immenses ressources du sol et du sous-sol, peine à se libérer de ses démons.
Dans les années 1990, les institutions internationales ont lancé un nouvel indicateur pour mieux prendre en compte cette hétérogénéité : le » développement humain » ou IDH (indicateur de développement humain). Il prend en compte le PIB/habitant mais aussi le taux d’alphabétisation et la mortalité infantile (celle-ci est à la fois représentative du niveau d’équipement sanitaire du pays et du degré d’émancipation des femmes).