Le réveille-matin et tout me revient Je l’aime, je l’aime J’ouvre la radio, torrent de mots J’aimerais qu’on le dise, il l’aime, il l’aime Je mets ma chemise, un coup de peigne Je bois mon café, deux sucres à peine Et mes pensées sont toutes les mêmes C’est insensé, je l’aime, je l’aime Qu’est-ce qui m’arrive?
Je descends ma rue, je prends l’avenue Toujours la même, feu rouge première Les gens derrière, déjà le feu vert avenue du Maine Comme un automate, je tourne à droite Déjà les problèmes, la vie, les coups Suis-je un acrobate ou suis-je fou?
Mais dis-moi tout Marionnettiste J’ai des ficelles à mon destin Tu me fais faire un tour de piste Mais où je vais, je n’en sais rien
Mais dis-moi tout Marionnettiste Mon cœur de bois soudain s’arrête Que feras-tu de tes artistes Après la fête?
Je revois la scène, exactement avant-hier Elle est entrée au restaurant Elle s’est assise devant moi D’un coup j’ai compris que dans ma vie J’avais dormi depuis 30 ans Et foudroyé par ce tonnerre Je suis tombé dans sa lumière
C’est comme une course au corps à corps Elle n’a qu’un seul mot encore, encore Elle n’a qu’un seul cri, l’amour d’abord Elle n’a plus qu’un corps et moi aussi Et par la fenêtre, on voit Paris J’ai rêvé peut-être ou j’ai dormi Et tout d’un coup je vis, je vis
Mais dis-moi tout Marionnettiste J’ai des ficelles à mon destin Tu me fais faire un tour de piste Mais où je vais, je n’en sais rien
Mais dis-moi tout Marionnettiste Mon cœur de bois soudain s’inquiète Que vas-tu faire de tes artistes Après la fête?
Et dans l’ascenseur cogne mon cœur Je sonne et je vois un mot pour moi Qui dit oublie-moi, qui me supplie Va-t-en ça vaut mieux pour tous les deux Chacun son chemin même s’il est triste Chacun son chagrin, adieu l’artiste
Et sur le trottoir, j’m’en vais comme ça Mains dans les poches, je rentre chez moi Maréchal Foch au bar-tabac Je prends un café et ça me brûle On n’oublie jamais, on accumule J’aimerais arrêter toutes les pendules Une voix là-haut me dit « debout »
Mais dis-moi tout Marionnettiste J’ai des ficelles à mon destin Tu me fais faire des tours de piste Mais où je vais, je n’en sais rien
Mais dis-moi tout Marionnettiste Mon cœur de bois soudain s’inquiète Que fais-tu donc de tes artistes Après la fête?
Pour moi,uniquement pour moi (mais je laisse les commentaires ouverts au cas où…..)
Arthur Rimbaud (1854 – 1891)
Le »garnement sublime »
5 ans ! On peut compter sur les doigts d’une main le nombre d’années qu’il fallut au tout jeune Arthur Rimbaud pour révolutionner la poésie. En 5 ans, il avait tout dit, et lui qui affirmait » adorer la liberté libre » devint cet » homme aux semelles de vent » que seule la mort put arrêter.
Suivre ses traces pour mieux comprendre le refus absolu de toutes contraintes d’un gavroche qui vécut sa vie et sa passion de l’écriture comme des aventures toujours renouvelées.
Cette » sale éducation d’enfance »
Arthur Rimbaud est le fils d’un » fantôme », Frédéric Rimbaud
Frédéric Rimbaud ?
. Fier capitaine, il a fait carrière en Algérie, où il a appris l’arabe. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas la fibre paternelle : après avoir épousé Vitalie Cuif au cours d’une permission en Ardennes ( où je suis né !), il quitte le domicile conjugal, quelques heures à peine avant la naissance d’Arthur, le second enfant du couple, le 20 octobre 1854.
Vitalie Cuif ?
Vitalie Cuif ?
Vitalie ne le reverra que tous les deux ans, le temps d’avoir deux autres filles conçues à chaque permission avant qu’il ne disparaisse totalement dans la nature. Il ne croisera plus jamais ni ses enfants ni sa femme, qui signe » veuve Rimbaud » longtemps avant le décès de cet époux éphémère.Mais pas question de se laisser abattre : Vitalie est une femme de tête qui va élever seule ses garçons et filles dans sa ferme ardennoise de Roche, malheureusement dynamitée par les Allemands en 1918.
» La mère Rimbe » se montre dure, exigeante, » aussi inflexible que soixante-treize administrations de plomb ». Elle ne comprend guère ce fils qui se plaint de son manque de liberté : » Enfermé sans cesse dans cette inqualifiable contrée ardennaise, ne fréquentant pas un homme, recueilli dans un travail infâme, inepte, obstiné, mystérieux …. Elle a voulu lui imposer le travail, perpétuel, à Charleville ! Une place pour tel jour, disait-elle, ou la porte ! » (Lettre à Paul Demeny, 1871).
Charleville
Rêver son enfance:
Dans » Les Déserts de l’amour », Arthur Rimbaud fait le récit de ce rêve qui le ramène dans le cadre familier de la maison maternelle : … » Avertissement : Ces écritures-ci sont d’un jeune, tout jeune homme, dont la vie s’est développée n’importe où ; sans mère, sans pays, insoucieux de tout ce qu’on connaît, fuyant toute force morale, comme furent déjà plusieurs pitoyables jeunes hommes. (…) C’est certes la même campagne. La même maison rustique de mes parents : la salle même où les dessus de porte sont des bergeries roussies, avec des armes et des lions. Au dîner, il y a un salon, avec des bougies et des vins et des boiseries rustiques. La table à manger est très-grande. Les servantes ! Elles étaient plusieurs, autant que je m’en suis souvenu.
– Il y avait là un de mes jeunes amis anciens, prêtre et vêtu en prêtre, maintenant : c’était pour être plus libre. Je me souviens de sa chambre de pourpre, à vitres de papier jaune : et ses livres, cachés, qui avaient trempé dans l’océan ! Moi j’étais abandonné, dans cette maison de campagne sans fin : lisant dans la cuisine, séchant la boue de mes habits devant les hôtes, aux conversations du salon : ému jusqu’à la mort par le murmure du lait du matin et de la nuit du siècle dernier » ( » Les Déserts de l’amour », vers 1871).
Fuir, vite !
Si » la mother » attend que ses fils l’aident aux travaux de la ferme, elle n’hésite pas à leur payer des études dans une Institution privée avant de les inscrire, faute de moyens, au collège de Charleville. Très vite, Arthur s’y fait remarquer par le principal : » Rien de banal ne germera dans cette tête ; ce sera le génie du Mal ou celui du Bien ».
En attendant, c’est un élève extrêmement brillant qui jongle avec le latin et revient avec les couronnes en carton doré du concours académique de 1870. Sa mère n’y trouve que peu de satisfaction, expliquant à son professeur de rhétorique au sujet des »Misérables » de Hugo, qu’il est » dangereux de lui permettre de pareilles lectures ».
Heureusement le jeune enseignant Georges Izambard….
Georges Izambard
…..ne l’écoute guère, tout à son admiration pour les poèmes étranges que lui fait passer Arthur, sûr de sa vocation : » Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? Je veux être poète. … Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute »(Lettre à Georges Izambard, 1871). C’est lui également qui permettra à l’adolescent de sortir de prison, après sa première fugue (1870) justifiée ainsi : » Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille ».
La » lettre »
Pour s’évader, Rimbaud écrit, beaucoup. Il tire de cette production 22 poèmes qu’il confie, en octobre 1870, à son ami Paul Demeny
Paul Demeny
; poèmesqui deviendront les »Cahiers de Douai ». Mais la guerre est là qui ravage les Ardennes et met fin au lycée. Arthur peut enfin profiter d’un peu de liberté pour travailler tranquillement, dans le grenier de Roche, à un de ses plus célèbres poèmes, » Le Dormeur du val » : » C’est un coin de verdure où chante une rivière…. ». Il a juste 16 ans.
‘‘Ce Quelqu’un »
C’est avec ce surnom que Paul Mallarmé
Mallarmé
évoque Rimbaud dont il dresse ici le portrait : »Je ne l’ai pas connu, mais je l’ai vu, une fois, dans un des repas littéraires, en hâte, groupés à l’issue de la Guerre »le Dîner des Vilains Bonshommes », certes, par antiphrase, en raison du portrait, qu’au convive dédie Verlaine. » L’homme était grand, bien bâti, presque athlétique, un visage parfaitement ovale d’ange en exil, avec des cheveux châtain clair mal en ordre et des yeux d’un bleu pâle inquiétant » (citation de Paul Verlaine
Paul Verlaine
tirée des Poètes maudits, 1884). Avec je ne sais quoi fièrement poussé, ou mauvaisement, de fille du peuple, j’ajoute, de son état blanchisseuse, à cause de vastes mains, par la transition du chaud au froid rougies d’engelures. Lesquelles eussent indiqué des métiers plus terribles, appartenant à un garçon. J’appris qu’elles avaient autographié de beaux vers, non publiés : la bouche, au pli boudeur et narquois n’en récita aucun » (Médaillons et portraits, 1896).
repas littéraires?
» Venez, chère grande âme… »
Pour le tout jeune adolescent, c’est le temps de l’engagement : il »conspue » l’armée, la bourgeoisie etle » patrouillotisme », préférantapporter son soutien aux Communards qui se battent alors à Paris. A-t-il lui-même participé au soulèvement ?
Rien n’est moins sûr, mais on n’a aucun doute sur sa seconde fugue, quelques semaines à peine après la première. Direction Charleroi où le directeur du journal le renvoie à ses chères études, puis Bruxelles et Douai où on le retrouve entre deux gendarmes envoyés par » Mother ». Qu’importe ! En février 1871, il reprend le train pour Paris, bien décidé à faire publier sa poésie. » On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » ! C’est un nouvel échec : le retour se fait à pied.
Totalement habité par la création, Rimbaud tente alors d’expliquer à ses amis, dans les fameuses » Lettres du voyant », sa façon inédite d’appréhender la poésie. En septembre, il tente un coup audacieux en écrivant directement à son idole Paul Verlaine, déjà connu pour ses Poèmes saturniens (1866) et Fêtes galantes (1869). La réponse ne tarde guère : » Venez, venez vite, chère grande âme… on vous désire, on vous attend ! »
Rimbaud se précipite, emportant dans ses bagages un poème obscur et stupéfiant, » Le Bateau ivre », dans lequel il donne à ses recherches poétiques l’image d’un voyage périlleux qui lui permet finalement de se » baigner dans le Poème de la Mer » :
‘‘ Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais »….
Un ouragan à Paris
C’est une véritable tornade qui arrive en septembre 1871 chez le discret Paul Verlaine, employé de mairie de 27 ans, marié seulement depuis un an avec la jeune Mathilde. Accueilli à bras ouverts, Rimbaud ne reste pourtant pas longtemps dans la maison familiale, les beaux-parents n’appréciant peu le comportement de ce malotru, »terrible d’aspect » et fort mal élevé.
En admirateur inconditionnel de ce » génie qui se lève », Verlaine le soutient et s’empresse de le présenter à ses amis poètes contestataires du »club des Vilains bonshommes » puis du »Cercle zutique » qui l’entraîne dans de folles soirées de boisson et d’écriture. Il en résultera un Album zutique pour lequel Rimbaud et Verlaine s’amusent à rédiger parodies et œuvres décalées comme un certain » Sonnet du trou ducul ».
C’est une période faite d’excès où l’arrogant Rimbaud finit par se fâcher avec tous, allant même jusqu’à blesser d’un coup de canne-épée le journaliste Étienne Carjat
Étienne Carjat
auquel il doit pourtant sa photographie la plus célèbre. Verlaine est emporté par ce tourbillon qui va détruire sa famille et sa réputation. Il néglige son fils âgé de quelques mois et, alcoolique devenu violent, manque d’étrangler Mathilde qui demande le divorce.
La décision ne surprend personne puisqu’il est de notoriété publique que les deux poètes entretiennent une relation amoureuse, tapageuse certes, mais indiscutable. On a vu, explique un journal, Verlaine donner » le bras à une charmante personne, Mlle Rimbaud ». Il est temps de repartir……..
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Tombe de Rimbaud ( mort le 10 novembre 1891 à Marseille)au cimetière de Charleville-Mézières.
Batman, Superman, Thor ou encore Captain America font partie de ces super héros qui occupent une place essentielle dans l’imaginaire et les loisirs du public contemporain, et notamment des jeunes spectateurs.
Ils ont d’abord occupé, dès les années 1940, les pages des « comics », ces bandes dessinées populaires concoctées par le groupe Marvel. Puis ils sont devenus les habitués de séries télévisées très suivies et de films attendus avec impatience aux quatre coins de la planète.
Parmi les créateurs de ces personnages, nombreux sont ceux qui viennent d’Europe. Et beaucoup d’entre eux sont juifs.
C’est notamment le cas de celui qui est peut-être le plus célèbre d’entre eux, Stan Lee
Stan Lee ?
. Disparu récemment, en 2018, il est à l’origine, avec Jack Kirby
Jack Kirby ?
, de beaucoup des super héros adulés aujourd’hui par tout un public d’aficionados éclairés.
On doit à ces deux auteurs non seulement Captain America et les Quatre Fantastiques, mais aussi Hulk, Thor ou encore les X-Men. Or, Stan Lee et Jack Kirby sont nés tous deux dans des familles juives venues d’Europe.
Pour exercer leurs activités, ils ont choisi des pseudonymes. Stan Lee s’appelle en réalité Stanley Lieber et Jack Kirby Jacob Kurtzberg. Cette origine juive n’est pas sans influence sur la création et le comportement de ces personnages.
Ainsi, « La Chose »
« La Chose »
, qui appartient aux « Quatre Fantastiques », est sans doute inspirée du « Golem »
« Golem »
, cette créature d’argile qui, dans la tradition juive, peut s’animer et prendre vie.
De même, le sauvetage de Superman
Superman
qui, tout enfant, est placé dans une fusée en partance pour la terre, n’est pas sans évoquer l’épisode où, dans la Bible, Moïse est installé dans un panier qui, dérivant sur le Nil, lui permet d’échapper aux persécutions du Pharaon.
Stan Lee, sensible aux souffrances des Juifs, martyrisés par les nazis, montre également Captain America
Captain America
en train de donner à Hitler un coup de poing magistral. Bob Kane
Bob Kane ?
, l’un des créateurs de Batman, et Will Eisner, le père du »Spirit »
»Spirit » ????
, un célèbre justicier masqué, sont eux aussi d’origine juive….
Nicolas Appert invente les conserves alimentaires( que je mange beaucoup )
Sous le 1er Empire, à Ivry-sur-Seine, le confiseur français Nicolas Appert……
Nicolas Appert
…… invente un procédé de conservation des aliments en les chauffant dans des seaux hermétiques en verre, de façon à éliminer l’oxygène et les micro-organismes.
L’administration impériale lui accorde une récompense de 12 000 francs le 30 janvier 1810, en échange de quoi l’inventeur renonce à breveter son invention. Il la détaille dans »Le Livre de tous les ménages
Le Livre de tous les ménages ?
ou l’Art de conserver pendant plusieurs années toutes les substances animales et végétales ».
Mais les Anglais se moquent / fichent de la générosité de ce » bienfaiteur de l’humanité » et, la même année, Peter Durand
Peter Durand
(un Français !), dépose le brevet à Londres.
La conservation par stérilisation
bocal conservation aliment à stérélisation .
a l’immense avantage de préserver les qualités nutritionnelles des aliments et notamment leur teneur en vitamine C. Elle va être d’un grand profit dans la prévention du scorbut chez les marins au long cours tant français qu’anglais.
Nicolas Appert poursuit ses recherches et en 1817, il met au point les premières boîtes de conserve en fer-blanc
Vieille conserve en fer
conserve aujourd’hui ?
. Cette fois, il veille à en déposer le brevet. Ses compatriotes, reconnaissants vont longtemps appelés son procédé » appertisation ». Maigre consolation pour l’inventeur qui mourra dans le dénuement en 1841, à 91 ans.
Vidéo :
Ma mère le faisait….
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Nicolas Appert » S’il est merveilleux de débrouiller les lois de la nature et de se laisser aller aux spéculations théoriques, il est encore plus magnifique de conquérir une nouvelle industrie, et de donner, dans une plus large mesure, satisfaction aux besoins journaliers de l’existence » ? Appert fut un de ces génies utilitaires. Guidé par une idée dont on peut, au cours de sa vie , suivre les traces , il a fini par résoudre pratiquement ce problème difficile de la conservation des substances alimentaires Il ne peut y avoir aucun doute à ce sujet. Bien sur, d’autres avant lui avaient eu et avaient exprimé cette idée dont la simplicité est remarquable . Mais personne ne l’avait mise » en pratique » . La découverte de la conservation est bien due à Appert, puisque c’est lui qui l’a pratiquement réalisée. Parmi ses prédécesseurs, on cite notamment Boerhaave, Glauber et plus tard Gay-Lussac, qui ont indiqué des moyens de conservation. On a aussi attribué au pasteur livonien Eisen l’invention des conserves ( En fait , le pasteur Eisen s’était borné à conserver des substances par la dessiccation ). Depuis Appert, l’industrie des conserves est devenue la base d’une grande industrie nationale. Nicolas Appert est né, en 1749, à Châlons-sur-Marne. Peu de choses du début de sa vie sont connues , sinon que, jusqu’en 1796 il s’occupa du commerce des produits alimentaires. On le retrouve, travaillant dans les caves de la Champagne, dans les brasseries, les offices, les magasins d’épicerie . La confiserie l’occupa plus longtemps , et, pendant quinze ans, il fut confiseur, rue des Lombards. Ce serait pendant cette période que son idée dominante » germa », prit corps et finit par occuper tout son temps. Il avait remarqué dans tous ses travaux à quel point était importante l’action du feu sur les substances alimentaires. C’est grâce au feu qu’il pouvait modifier non seulement le goût, mais aussi la nature de ses aliments ; il devait arriver à conserver ceux-ci par l’action du feu. Vers 1796 , Appert quitta le commerce et s’établit à Ivry-sur-Seine. Il fut même nommé officier municipal de cette commune le 7 messidor an III (25 juin 1795) et exerça ces fonctions pendant plusieurs années. Son séjour à Ivry fut » productif ». C’est là qu’à force de patience, de travail et de science, il obtint la réalisation pratique de son idée. Mais le moment était peu favorable pour l’industrie et le commerce. Appert dut avoir recours à des industriels anglais pour obtenir quelques fonds, et, en 1804, il quitta Ivry pour venir s’installer à Massy, où il fonda sa fabrique. La première application du procédé date donc de 1804, époque à laquelle Appert installa son usine à Massy. Celle-ci occupait une surface de 4 hectares, presque toute consacrée à la culture du pois et du haricots . Il y dirigeait les travaux. Les quelques rares personnes qui l’ont connu en parlèrent plus tard d’un petit homme gai, travailleur, toujours prêt à renseigner chacun, aussi bon qu’actif, et qui avait, à Massy, su gagner l’amitié de tout le monde. Il occupait pendant la saison vingt-cinq à trente femmes pour écosser les pois et éplucher les haricots. Dès le début, vers 1804, Appert fit constater officiellement par des expériences faites sur plusieurs navires la valeur de ses conserves. Cependant, tandis qu’il continuait à mener à Massy sa petite vie calme et laborieuse, sa découverte faisait grand bruit ; les corps savants, les journalistes, le public s’y intéressaient.Mi mars 1809, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale étudiait son un rapport de sa commission sur le procédé.
Les membres de la commission ( Guyton-Morveau, Parmentier, Bouriat ), avaient examiné des substances conservées depuis plus de huit mois et leurs conclusions étaient des plus favorables à Appert. La presse lui adressait des louanges. » M. Appert, disait le Courrier de l’Europe du 10 février 1809, a trouvé l’art de fixer les saisons : chez lui, le printemps, l’été, l’automne vivent en bouteilles, semblables à ces plantes délicates que le jardinier protège sous un dôme de verre contre l’intempérie des saisons. »
Enfin, une commission officielle chargée d’étudier le procédé fut nommée. Le bureau consultatif des arts et manufactures accorda à Appert une somme de 12 000 francs à titre d’encouragement. Son ouvrage »L’art de conserver pendant plusieurs années toutes les substances animales et végétales » parut en 1810. Il s’y donnait comme titre « ancien confiseur et distillateur, élève de la bouche de la maison ducale de Christian IV ». Avant Appert, les principaux moyens de conservation employés étaient la dessiccation, l’usage du sel et celui du sucre. Or, par aucun de ces moyens, on ne peut conserver les aliments sous une forme rappelant l’état frais. Notre savant explique que « l’action du feu détruit, ou au moins neutralise tous les ferments, qui, dans la marche ordinaire de la nature, produisent ces modifications qui, en changeant les parties constituantes des substances animales et végétales, en altèrent les qualités. » L’ouvrage d’Appert fut rapidement épuisé ; il s’était vulgarisé et se désignait ordinairement sous le titre de Livre de tous les ménages. Une seconde édition en fut publiée en 1811 et une troisième en 1813. Une étape importante dans la vie d’Appert est le voyage qu’il fit à Londres en 1814. « Lors de mon voyage à Londres en 1814, dit-il dans la quatrième édition de son ouvrage, j’ai vu dans une taverne de la Cité, celle où la Banque donne ses fêtes,un appareil à vapeur fort simple, au moyen duquel on peut faire cuire tous les jours le dîner de cinq à six cents personnes. » L’emploi de la vapeur parut de suite indiqué à Appert pour faire en grand la cuisson des conserves. Le voyage à Londres avait un autre intérêt. Les Anglais s’étaient très vivement intéressés aux recherches d’Appert et un Français, Gérard, avait apporté à Londres les idées et l’ouvrage d’Appert. Une grande société s’était fondée qui, en moins de trois ans, perdit une somme de 100 000 francs en cherchant à rendre pratique la conserve enfermée dans des boîtes de fer-blanc. Une des grandes objections qui avaient été faites à Appert, notamment par la Commission officielle, était en effet la fragilité des vases de verre qu’il employait. La substitution du fer-blanc au verre devint la principalepréoccupation d’Appert à sa rentrée en France. Obligé d’abandonner son établissement de Massy bouleversé en 1814 et 1815 par les alliés qui l’avaient transformé en hôpital, Appert se réfugia à Paris où il installa dans un petit logement, rue Cassette, les quelques appareils qu’il put emporter. Bien que fort gêné, il continua tant bien que mal à s’y livrer à ses recherches. Fort heureusement, le gouvernement lui accorda un local vaste et commode aux Quinze-Vingts et c’est là qu’à la suite de nouvelles recherches et de nouvelles expériences, il put porter plus loin ses perfectionnements.
L’inventeur ne put jouir, dans les dernières années de sa vie, du fruit de ses labeurs et de sa découverte. Préoccupé par son travail, il ne s’apercevait pas qu’il y dépensait toute sa fortune et tous ses gains. En 1816, sa fabrique de Massy, couverte d’hypothèques, du être vendue. Si Appert était inventeur n’était pas du tout un commerçant et il »essuya » plusieurs déboires. Il dut se retirer à Massy dans une petite maison dite « maison du Cadran ». Là, il continua à travailler, aidé dans une bien faible mesure, par la rente que lui versait l’État. Mais il devenait plus faible, son existence devint triste : Il ne trouva plus la force de perfectionner sa découverte, il n’eût même pas la joie de se sentir entouré et aimé par les siens. Une vieille servante seule resta auprès de lui. Depuis longtemps il était séparé de sa femme et aucun parent ne vint consoler le vieillard. C’est dans l’abandon qu’il mourut le 1er juin 1841, et son corps fut placé dans la fosse commune.
De 1890 à 1892, ces bandits semèrent la terreur de l’Oklahoma jusqu’au Nouveau-Mexique. Bien loin des personnages de la BD, maladroits et désopilants…
On les connaît surtout sous le crayon de Morris,
»méchants’ indissociables des aventures de Lucky Luke, et qui semblent collectionner toutes les tares : cupidité, stupidité, incompétence… Comme pour de nombreux personnages de ses bandes dessinées, le génie du neuvième art s’est inspiré des hors-la-loi du Grand Ouest : car les frères Dalton ont réellement existé et se rendirent célèbres pour leurs multiples attaques de banques et de trains. Mais avant de devenir bandits de grand chemin, Emmett, Bill, Grat et Bob furent des enfants modèles.Bill ( à gauche ) et Emmett Dalton. Si les Dalton étaient bien des criminels redoutés jusqu’au Nouveau-Mexique, ils n’étaient ni jumeaux ni de tailles échelonnées !
»La famille Dalton est emblématique de ce qu’on appelle la “Frontière” (qui signifie aux Etats-Unis la lente avancée vers l’ouest ). Elle est très attachée aux mœurs puritaines, et porteuse du rêve américain selon lequel tout le monde, à force de travail et de courage, peut atteindre ses objectifs », explique Farid Ameur, historien, auteur de Héros et légendes du Far West Voici les valeurs que partagent Lewis Dalton, travailleur acharné devenu tenancier de bar, et Adeline Younger. Uni le 12 mars 1851 à Kansas City (Missouri), le couple s’établit pendant une trentaine d’années dans une modeste ferme de la région. Là, il donne naissance à quinze enfants dont trois meurent en bas âge. Les survivants grandissent dans un environnement marqué par la violence et la pauvreté : l’Etat, à la frontière entre le Nord et le Sud, est ravagé par les batailles de la guerre de Sécession, puis déchiré par les règlements de compte entre partisans des deux camps.
Comme l’explique Farid Ameur, »le brigandage apparaît alors comme une forme de revanche pour ceux qui n’ont pas accepté la défaite du Sud. Par exemple, Jesse James, célèbre bandit, soutient que les banques font partie des profiteurs du Nord et qu’il est juste de s’y attaquer. Les Dalton porteront cet héritage, d’autant que leur mère est parente des frères Younger, bandits associés à Jesse James. Ils en feront leur modèle ». En 1882, chassés par de maigres récoltes, la famille s’établit au sud-est du Kansas, à quelques kilomètres de Coffeyville. Deux ans plus tard, ils gagnent les Territoires indiens qui s’ouvrent à la colonisation, dans l’actuel Oklahoma. D’une ferme à l’autre, le rude quotidien des garçons ne varie guère : ils aident leur père Lewis à récolter maïs et betteraves, nourrissent les cochons. Tous respectent les préceptes de la Bible. Adeline veille à une éducation rigoureuse qui semble porter ses fruits. Les deux aînés, Ben et Cole, obtiennent un diplôme universitaire. Un autre fils, Bill, tente sa chance en Californie . Et, surtout, Frank, depuis toujours arbitre des disputes familiales, choisit le camp de la loi : en 1884, il part exercer la mission de Marshall fédéral adjoint à Fort Smith, dans l’Arkansas. La fratrie est bien partie pour incarner le rêve américain.
Une famille frappée par le malheur
Tout bascule trois ans plus tard. Un jour d’hiver 1887, la famille voit arriver un lugubre cortège à la ferme. Des Marshall ramènent le cadavre de Frank, assassiné d’une balle en pleine tête par un voleur de chevaux qu’il traquait aux confins du territoire cherokee. Comme un malheur n’arrive jamais seul, le père Dalton, profondément alcoolique, quitte le foyer familial, ne laissant que des dettes à sa femme et à ses fils. On propose à Grattan, surnommé Grat, de reprendre le poste de son aîné, laissé vacant. Il accepte, à condition de s’adjoindre les services de son petit frère Emmett, alors âgé de 16 ans. Robert, dit Bob, 18 ans, devient parallèlement chef de la police indienne de la tribu des Osages. Trois frères, trois hommes de loi : Frank pourrait être fier d’eux… Sauf que Grat, Bob et Emmett passent difficilement pour des modèles de probité et de vertu.
Rapidement, les trois abusent de leur autorité, rackettent les commerçants, volent des chevaux. Ils se gênent d’autant moins que Washington tarde régulièrement à envoyer leur paie. Pour Farid Ameur, »il n’était pas rare que les Marshall soient payés avec beaucoup de retard. De plus, si cette mission était considérée comme un honneur, elle était aussi très dangereuse. Il était courant que les Marshall en tirent un profit personnel ».
Les Dalton sèment la terreur, multiplient vols de chevaux et trafics d’alcool en territoire indien
Parmi les trois frères, Bob s’impose déjà comme le meneur. »Ses yeux bleus avaient ce regard d’acier devant lequel chaque être […] semblait se plier inconsciemment », décrit le journaliste Eye Witness, dans Le Gang des Dalton (publié en 1892). Violent, irascible, Bob ne se cantonne pas à l’escroquerie : en août 1889, il assassine froidement Charlie Montgomery, un cow-boy qui a osé courtiser sa prétendante, prétextant l’avoir surpris en plein trafic d’alcool. C’en est trop pour les autorités : face aux méfaits répétés des Dalton, on finit par les priver de leur insigne et de toute apparence de légalité. Dès lors, Bob et Grat basculent définitivement du côté des hors-la-loi : en 1890, le premier est inculpé pour trafic d’alcool en territoire indien, tandis que le second est soupçonné de vol de chevaux, un crime passible de la peine de mort. Ils prennent alors la fuite.
C’est ainsi que le clan Dalton, qui sèmera la terreur dans l’Ouest deux années durant, se constitue au Nouveau-Mexique, au terme de 1 600 kilomètres de chevauchée. Bob et Grat sont accompagnés d’Emmett, qui a renoncé aux tendres attentions de Julia pour suivre ses frères. Trois amis les suivent, dont un certain Charlie Bryant. A l’été 1890, à Silver City, la bande braque une salle de jeu. Fuyant les Marshall du juge Parker, surnommé « »e juge de la potence », les Dalton rejoignent leur frère Bill en Californie. Là, ils sont accusés d’avoir braqué un train et tué le conducteur, le 6 février 1891. Sont-ils coupables ? Les preuves sont minces mais leur réputation est faite et ils sont recherchés.
Grat est capturé puis emprisonné, tandis que Bob et Emmett s’enfuient vers les terres de leur enfance. Avec trois ou quatre malfrats, ils se planquent dans le Cherokee Strip, bande de terre sauvage située entre l’Oklahoma et le Kansas. Depuis ces étendues arides, refuges traditionnels des hors-la-loi, le gang armé surgit au galop pour attaquer des diligences, voler des pur-sang ou piller des entrepôts avant de s’en retourner dormir à la belle étoile. Parfois, ils prennent le risque d’une visite éclair à leur chère maman…
La spécialité des Dalton : les attaques de trains….
La bande se spécialise dans les attaques de trains : quatre en moins de deux ans, du Nouveau-Mexique à l’Iowa en passant par l’Oklahoma. Chargés de sacs de dollars convoyés par la Wells Fargo, les trains sont une cible de choix, d’autant que le gang dispose d’une arme secrète : Eugenia Moore, la compagne de Bob, une aventurière qui joue les informatrices. A l’été 1892, elle prévient les Dalton que, dans la petite ville de Red Rock, le train ne s’arrête qu’au signal de l’aiguilleur. Les bandits contraignent alors l’infortuné à agiter sa lanterne pour stopper le convoi avant de braquer le convoyeur.
L’étau se resserre sur les frères Dalton:
Si un passant succombe parfois à une balle perdue, les raids opérés par le gang sont rarement meurtriers. Mais leur réputation grandissante nuit à celle des compagnies ferroviaires et de la Wells Fargo qui finissent par promettre 40 000 dollars pour la capture des bandits. Les chasseurs de primes rejoignent des shérifs opiniâtres, comme Ransom Payne, dans la traque du gang. Terrés, à court de ressources, éprouvés par la perte de Charlie Bryant abattu lors d’un braquage, les Dalton sentent l’étau se resserrer autour d’eux. Seul le retour de Grat, échappé de la Californie, les réconforte un peu.
Rêvant d’une nouvelle vie au Mexique, Bob imagine finir la carrière du gang par un exploit qui surpassera ceux des frères Younger : il veut braquer deux banques en même temps à Coffeyville, ville paisible familière aux Dalton. Malchance ou amateurisme ? L’exploit escompté va virer à la tuerie… Le 5 octobre 1892 au matin, cinq cavaliers arborant des fausses barbes s’engagent dans la rue principale. Mauvaise surprise, des travaux en bloquent l’accès : le gang doit poster les chevaux à distance des banques et poursuivre à pied. Bob et Emmett s’en vont attaquer la First National Bank, braquant clients et caissiers, tandis que quelques rues plus loin, Grat, Bill Powers et Dick Broadwell font de même à la Condon Bank. Là, un courageux caissier convainc Grat de patienter quelques minutes avant l’ouverture du coffre commandé par une minuterie. Il s’agit d’une ruse, et c’est plus qu’il n’en faut pour que les commerçants de la ville, qui ont reconnu les Dalton, se préparent à les cueillir à la sortie. Quand les bandits tentent la fuite, c’est le carnage : en dix minutes, sur le sol gisent huit cadavres, dont celui de quatre des cinq bandits. A côté d’eux, des sacs contenant 23 240 dollars… La fin du gang Dalton a sonné, pour l’immense soulagement des habitants de la ville. Tous défilent à la prison où sont exhibées les dépouilles des brigands, pendant qu’Adeline veille sur Emmett, criblé de vingt et une balles de chevrotine.Le braquage de Coffeyville, en 1892, fera quatre victimes : Bill Powers, Dick Broadwell et deux des frères Dalton, Grat et Bob. Emmett, le survivant, blessé de 21 balles, passera quatorze ans en prison avant d’être finalement libéré. Bettmann
» En 1892, la conquête de l’Ouest est quasiment terminée, le climat s’est apaisé. Avec son dénouement spectaculaire, Coffeyville représente le dernier sursaut de l’Amérique sauvage. Sans cet épisode, on se serait souvenus des Dalton comme d’une bande quelconque », analyse Farid Ameur. Le destin d’Emmett, qui a survécu à la tuerie, va aussi contribuer à la notoriété des Dalton. Condamné à perpétuité le 8 mars 1893, il est expédié dans une prison d’Etat du Texas. Il y apprend la mort de Bill, tué par des Marshall après avoir, lui aussi, pris la voie du banditisme. On considère qu’il s’agit du véritable épilogue des affaires criminelles de la famille. Car sa bonne conduite vaut à Emmett d’être libéré au bout de quatorze ans. C’est ainsi qu’à 36 ans, il épouse sa fidèle Julia, devient agent immobilier en Californie et écrit ses mémoires, avant de travailler dans le cinéma. En 1916, il joue son propre rôle dans » The Man of the Desert »: acteur de la Frontière puis d’Hollywood, il incarne de son vivant sa propre légende, avant de mourir à Los Angeles, en 1937.
Originaire de Cette (on écrit aujourd’hui Sète), petit port du Languedoc, le futur poète » monte » à Paris en février 1940 ( environ à 21 ans) Il trouve asile chez sa tante Antoinette
»tante Antoinette »
et apprend la musique sur son piano.
Anarchiste et pacifiste de cœur, il est indifférent au contexte dramatique de l’époque. En 1943, il est envoyé dans un camp de travailleurs à Basdorf, près de Berlin, au titre du S.T.O (Service Obligatoire du Travail) . Il s’enfuit un an plus tard, à la faveur d’une permission, et se réfugie chez Jeanne et Marcel Planche
Jeanne Planche (l), René Fallet (foreground on l), Marcel Planche ,Pierre Onteniente, ( 1960)
, au 9, impasse Florimont (14e arrondissement). Il y restera 22 ans. Pour Jeanne, il écrit La cane de Jeanne et pour Marcel, qui tient un bistrot dans la rue d’Alésia voisine, sa plus célèbre chanson : L’Auvergnat.
Pour sa compagne »Pupchen »
Avec »Pupchen »
, rencontrée en 1947 et à laquelle il restera toujours fidèle, il écrit aussi La non demande en mariage. Ayant abandonné le piano pour la guitare en 1951, il multiplie les auditions sans succès. Au bord du découragement, le 24 janvier 1952, il obtient enfin sa chance grâce à la chanteuse Patachou
Patachou
qui l’a pris en affection et, malgré son trac, accepte de le produire dans son cabaret de Montmartre. La consécration vient deux ans plus tard, le 23 septembre 1954 ( il a 33 ans ), à l’Olympia.
quelques chansons ( textes )
Les Copains d’abord
Non, ce n’était pas le radeau De la Méduse, ce bateau Qu’on se le dise au fond des ports Dise au fond des ports Il naviguait en père peinard Sur la grand-mare des canards Et s’appelait les Copains d’abord Les Copains d’abord
Ses fluctuat nec mergitur C’était pas d’la littérature N’en déplaise aux jeteurs de sort Aux jeteurs de sort Son capitaine et ses matelots N’étaient pas des enfants d’salauds Mais des amis franco de port Des copains d’abord
C’était pas des amis de luxe Des petits Castor et Pollux Des gens de Sodome et Gomorrhe Sodome et Gomorrhe C’était pas des amis choisis Par Montaigne et La Boétie Sur le ventre, ils se tapaient fort Les copains d’abord
C’était pas des anges non plus L’Évangile, ils l’avaient pas lu Mais ils s’aimaient toutes voiles dehors Toutes voiles dehors Jean, Pierre, Paul et compagnie C’était leur seule litanie Leur Credo, leur Confiteor Aux copains d’abord
Au moindre coup de Trafalgar C’est l’amitié qui prenait l’quart C’est elle qui leur montrait le nord Leur montrait le nord Et quand ils étaient en détresse Qu’leurs bras lançaient des S.O.S On aurait dit des sémaphores Les copains d’abord
Au rendez-vous des bons copains Y avait pas souvent de lapins Quand l’un d’entre eux manquait à bord C’est qu’il était mort Oui, mais jamais, au grand jamais Son trou dans l’eau n’se refermait Cent ans après, coquin de sort Il manquait encore
Des bateaux j’en ai pris beaucoup Mais le seul qu’ait tenu le coup Qui n’ait jamais viré de bord Mais viré de bord Naviguait en père peinard Sur la grand-mare des canards Et s’appelait les Copains d’abord Les Copains d’abord
Des bateaux j’en ai pris beaucoup Mais le seul qu’ait tenu le coup Qui n’ait jamais viré de bord Mais viré de bord Naviguait en père peinard Sur la grand-mare des canards Et s’appelait les Copains d’abord Les Copains d’abord
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» La mauvaise réputation »:
Au village, sans prétention J’ai mauvaise réputation Qu’je me démène ou que je reste coi Je passe pour un je-ne-sais-quoi
Je ne fais pourtant de tort à personne En suivant mon chemin de petit bonhomme
Mais les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux Non, les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde médit de moi Sauf les muets, ça va de soi
Le jour du 14 juillet Je reste dans mon lit douillet La musique qui marche au pas Cela ne me regarde pas
Je ne fais pourtant de tort à personne En n’écoutant pas le clairon qui sonne
Mais les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux Non, les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde me montre au doigt Sauf les manchots, ça va de soi
Quand j’croise un voleur malchanceux Poursuivi par un cul-terreux J’lance la patte et, pourquoi le taire? Le cul-terreux se retrouve par terre
Je ne fais pourtant de tort à personne En laissant courir les voleurs de pommes
Mais les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux Non, les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde se rue sur moi Sauf les cul-de-jatte, ça va de soi
Pas besoin d’être Jérémie Pour deviner le sort qui m’est promis S’ils trouvent une corde à leur goût Ils me la passeront au cou
Je ne fais pourtant de tort à personne En suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome
Mais les brave gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux Non, les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde viendra me voir pendu Sauf les aveugles, bien entendu
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Les Amoureux des bancs publiques :
Les gens qui voient de travers pensent que les bancs verts Qu’on voit sur les trottoirs Sont faits pour les impotents ou les ventripotents Mais c’est une absurdité car à la vérité, ils sont là c’est notoire Pour accueillir quelque temps les amours débutants
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’disant des « je t’aime » pathétiques Ont des petites gueules bien sympathiques
Ils se tiennent par la main, parlent du lendemain, du papier bleu d’azur Que revêtiront les murs de leur chambre à coucher Ils se voient déjà doucement elle cousant, lui fumant dans un bien-être sûr Et choisissent les prénoms de leur premier bébé
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’disant des « je t’aime » pathétiques Ont des p’tites gueules bien sympathiques
Quand la sainte famille machin croise sur son chemin deux de ces malappris Elle leur décoche hardiment des propos venimeux N’empêche que toute la famille Le père, la mère, la fille, le fils, le Saint Esprit Voudrait bien de temps en temps pouvoir s’conduire comme eux
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’disant des « je t’aime » pathétiques Ont des p’tites gueules bien sympathiques
Quand les mois auront passé, quand seront apaisés leurs beaux rêves flambants Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds Ils s’apercevront émus qu’c’est au hasard des rues sur un d’ces fameux bancs Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’disant des « je t’aime » pathétiques Ont des p’tites gueules bien sympathiques
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Chanson pour l’Auvergnat :
Elle est à toi, cette chanson Toi, l’Auvergnat qui, sans façon M’as donné quatre bouts de bois Quand dans ma vie il faisait froid Toi qui m’as donné du feu quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés M’avaient fermé la porte au nez
Ce n’était rien qu’un feu de bois Mais il m’avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore À la manière d’un feu de joie
Toi, l’Auvergnat quand tu mourras Quand le croque-mort t’emportera Qu’il te conduise, à travers ciel Au Père éternel
Elle est à toi, cette chanson Toi, l’hôtesse qui sans façon M’as donné quatre bouts de pain Quand dans ma vie il faisait faim Toi qui m’ouvris ta huche quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés S’amusaient à me voir jeûner
Ce n’était rien qu’un peu de pain Mais il m’avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore À la manière d’un grand festin
Toi l’hôtesse quand tu mourras Quand le croque-mort t’emportera Qu’il te conduise à travers ciel Au Père éternel
Elle est à toi cette chanson Toi, l’étranger qui sans façon D’un air malheureux m’as souri Lorsque les gendarmes m’ont pris Toi qui n’as pas applaudi quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés Riaient de me voir amené
Ce n’était rien qu’un peu de miel Mais il m’avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore À la manière d’un grand soleil
Toi l’étranger quand tu mourras Quand le croque-mort t’emportera Qu’il te conduise, à travers ciel Au Père éternel
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Le gorille :
C’est à travers de larges grilles Que les femelles du canton Contemplaient un puissant gorille Sans souci du qu’en-dira-t-on Avec impudeur, ces commères Lorgnaient même un endroit précis Que, rigoureusement, ma mère M’a défendu d’nommer ici Gare au gorille!
Tout à coup la prison bien close Où vivait le bel animal S’ouvre, on n’sait pourquoi, je suppose Qu’on avait dû la fermer mal Le singe, en sortant de sa cage Dit « c’est aujourd’hui que j’le perds! » Il parlait de son pucelage Vous aviez deviné, j’espère! Gare au gorille!
L’patron de la ménagerie Criait, éperdu « nom de nom! C’est assommant, car le gorille N’a jamais connu de guenon! » Dès que la féminine engeance Sut que le singe était puceau Au lieu de profiter de la chance Elle fit feu des deux fuseaux! Gare au gorille!
Celles-là même qui, naguère Le couvaient d’un œil décidé Fuirent, prouvant qu’elles n’avaient guère De la suite dans les idées D’autant plus vaine était leur crainte Que le gorille est un luron Supérieur à l’homme dans l’étreinte Bien des femmes vous le diront! Gare au gorille!
Tout le monde se précipite Hors d’atteinte du singe en rut Sauf une vieille décrépite Et un jeune juge en bois brut Voyant que toutes se dérobent Le quadrumane accéléra Son dandinement vers les robes De la vieille et du magistrat! Gare au gorille!
« Bah! soupirait la centenaire Qu’on pût encore me désirer Ce serait extraordinaire Et, pour tout dire, inespéré! » Le juge pensait, impassible « Qu’on me prenne pour une guenon C’est complètement impossible » La suite lui prouva que non! Gare au gorille!
Supposez que l’un de vous puisse être Comme le singe, obligé de Violer un juge ou une ancêtre Lequel choisirait-il des deux? Qu’une alternative pareille Un de ces quatre jours, m’échoie C’est, j’en suis convaincu, la vieille Qui sera l’objet de mon choix! Gare au gorille!
Mais, par malheur, si le gorille Aux jeux de l’amour vaut son prix On sait qu’en revanche il ne brille Ni par le goût ni par l’esprit Lors, au lieu d’opter pour la vieille Comme l’aurait fait n’importe qui Il saisit le juge à l’oreille Et l’entraîna dans un maquis! Gare au gorille!
La suite serait délectable Malheureusement, je ne peux Pas la dire, et c’est regrettable Ça nous aurait fait rire un peu Car le juge, au moment suprême Criait « maman! », pleurait beaucoup Comme l’homme auquel, le jour même Il avait fait trancher le cou Gare au gorille!
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Je me suis fait tout petit
Je n’avais jamais ôté mon chapeau Devant personne Maintenant je rampe et je fais le beau Quand elle me sonne J’étais chien mchant, elle me fait manger Dans sa menotte J’avais des dents d’loup, je les ai changés Pour des quenottes
Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui ferme les yeux quand on la couche Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui fait « Maman » quand on la touche
J’étais dur à cuire, elle m’a converti La fine mouche Et je suis tombé tout chaud, tout rôti Contre sa bouche Qui a des dents de lait quand elle sourit Quand elle chante Et des dents de loup, quand elle est furie Qu’elle est méchante
Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui ferme les yeux quand on la couche Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui fait « Maman » quand on la touche
Je subis sa loi, je file tout doux Sous son empire Bien qu’elle soit jalouse au-delà de tout Et même pire Une jolie pervenche qui m’avait paru Plus jolie qu’elle Une jolie pervenche un jour en mourut À coups d’ombrelle
Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui ferme les yeux quand on la couche Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui fait « Maman » quand on la touche
Tous les somnambules, tous les mages m’ont Dit sans malice Qu’en ses bras en croix, je subirai mon Dernier supplice Il en est de pires, il en est d’meilleurs Mais tout prendre Qu’on se pende ici, qu’on se pende ailleurs S’il faut se pendre
Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui ferme les yeux quand on la couche Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui fait « Maman » quand on la touche
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Le Bistrot :
Dans un coin pourri Du pauvre Paris, Sur un’ place, L’est un vieux bistrot Tenu pas un gros Dégueulasse.
Si t’as le bec fin, S’il te faut du vin D’ premièr’ classe, Va boire à Passy, Le nectar d’ici Te dépasse.
Mais si t’as l’ gosier Qu’une armur’ d’acier Matelasse, Goûte à ce velours, Ce petit bleu lourd De menaces.
Tu trouveras là La fin’ fleur de la Populace, Tous les marmiteux, Les calamiteux, De la place.
Qui viennent en rang, Comme les harengs, Voir en face La bell’ du bistrot, La femme à ce gros Dégueulasse.
Que je boive à fond L’eau de tout’s les fon- tain’s Wallace, Si, dès aujourd’hui, Tu n’es pas séduit Par la grâce.
De cett’ joli’ fé’ Qui, d’un bouge, a fait Un palace. Avec ses appas, Du haut jusqu’en bas, Bien en place.
Ces trésors exquis, Qui les embrass’, qui Les enlace? Vraiment, c’en est trop ! Tout ça pour ce gros Dégueulasse!
C’est injuste et fou, Mais que voulez-vous Qu’on y fasse ? L’amour se fait vieux, Il a plus les yeux Bien en face.
Si tu fais ta cour, Tâch’ que tes discours Ne l’agacent. Sois poli, mon gars, Pas de geste ou ga- re à la casse.
Car sa main qui claqu’, Punit d’un flic-flac Les audaces. Certes, il n’est pas né Qui mettra le nez Dans sa tasse.
Pas né, le chanceux Qui dégèl’ra ce Bloc de glace. Qui fera dans l’ dos Les corne’ à ce gros Dégueulasse.
Dans un coin Pourri Du pauvre Paris, Sur un’ place, Une espèc’ de fé’, D’un vieux bouge, a fait Un palace.
Supplique pour être enterré à la plge de Sète
La Camarde qui ne m’a jamais pardonné D’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez Me poursuit d’un zèle imbécile Alors cerné de près par les enterrements J’ai cru bon de remettre à jour mon testament De me payer un codicille
Trempe dans l’encre bleue du Golfe du Lion Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion Et de ta plus belle écriture Note ce qu’il faudrait qu’il advînt de mon corps Lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord Que sur un seul point, la rupture
Quand mon âme aura pris son vol à l’horizon Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson Celles des titis, des grisettes Que vers le sol natal mon corps soit ramené Dans un sleeping du Paris-Méditerranée Terminus en gare de Sète
Mon caveau de famille, hélas n’est pas tout neuf Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf Et d’ici que quelqu’un n’en sorte Il risque de se faire tard et je ne peux Dire à ces braves gens « poussez-vous donc un peu » Place aux jeunes en quelque sorte
Juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus Creusez si c’est possible un petit trou moelleux Une bonne petite niche Auprès de mes amis d’enfance, les dauphins Le long de cette grève où le sable est si fin Sur la plage de la corniche
C’est une plage où même à ses moments furieux Neptune ne se prend jamais trop au sérieux Où quand un bateau fait naufrage Le capitaine crie « je suis le maître à bord » Sauve qui peut, le vin et le pastis d’abord Chacun sa bonbonne et courage
Et c’est là que jadis à quinze ans révolus À l’âge où s’amuser tout seul ne suffit plus Je connus la prime amourette Auprès d’une sirène, une femme-poisson Je reçus de l’amour, la première leçon Avalais la première arête
Déférence gardée envers Paul Valéry Moi l’humble troubadour sur lui je renchéris Le bon maître me le pardonne Et qu’au moins si ses vers valent mieux que les miens Mon cimetière soit plus marin que le sien Et n’en déplaise aux autochtones
Cette tombe en sandwich entre le ciel et l’eau Ne donnera pas une ombre triste au tableau Mais un charme indéfinissable Les baigneuses s’en serviront de paravent Pour changer de tenue et les petits enfants Diront « chouette, un château de sable »
Est-ce trop demander sur mon petit lopin Plantez, je vous en prie une espèce de pin Pin parasol de préférence Qui saura prémunir contre l’insolation Les bons amis venus faire sur ma concession D’affectueuses révérence
Tantôt venant d’Espagne et tantôt d’Italie Tous chargés de parfums, de musiques jolies Le Mistral et la Tramontane Sur mon dernier sommeil verseront les échos De villanelle, un jour, un jour de fandango De tarentelle, de sardane
Et quand prenant ma butte en guise d’oreiller Une ondine viendra gentiment sommeiller Avec moins que rien de costume J’en demande pardon par avance à Jésus Si l’ombre de ma croix s’y couche un peu dessus Pour un petit bonheur posthume
Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon Pauvres grands disparus gisant au Panthéon Pauvres cendres de conséquence Vous envierez un peu l’éternel estivant Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant Qui passe sa mort en vacances Vous envierez un peu l’éternel estivant Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant Qui passe sa mort en vacances
Ce soi,: Télé ! ( J’ai lu TOUS LES ROMANS et tous adorés alors…..)
Après la mort soudaine de sa femme, Mike Noonan, auteur de romans à succès, décide de se retirer dans leur chalet du Maine, au bord d’un lac. Effondré, il ne parvient pas à surmonter sa douleur et souffre du syndrome de la page blanche. Alors qu’il est retiré du monde, il reçoit la visite d’étranges fantômes semblant tout droit sortis de ses pires cauchemars. Il comprend peu à peu que sa femme disparue tente d’établir le contact avec lui. Il fait aussi la connaissance de Mattie, veuve, et de sa fillette, âgée de 3 ans. La jeune femme est au beau milieu d’une bataille juridique pour la garde de Kyra…
Les commentaires ne sont absolument pas utiles ni nécessaires et SURTOUT PAS LES » like » .Maintenant ,j’écris pour moi d’abord (mais je les laisse » ouverts » au cas où)
ça s’est passé il y a environ 93 ans : Le 8 avril 1929 : Mr Brel naissait …
Décès de Mr J.Brel :Le 9/10/1978 ( âgé de 49 ans)
» Le plus grand Belge de tous les temps »
» La qualité d’un homme se calcule à sa démesure ; tentez, essayez, échouez même, ce sera votre réussite. »
Oui, Jacques Brel avait fait de l’interprétation intense sa manière de chanter. C’était sa signature. Et même plus de trente ans après sa mort, cette générosité se ressent toujours, ces chansons restant un élément majeur du patrimoine de la chanson française. Pourtant, Jacques Brel est le » plus grand Belge de tous les temps », selon un sondage de la RTBF réalisé en 2005. C’est en effet dans la banlieue bruxelloise qu’il voit le jour le 8 avril 1929. Après une enfance assez austère et avec une famille peu réceptive à ses vocations artistiques, Jacques Brel tue l’ennui du quotidien en composant ses premiers morceaux. Déjà, la violence des textes et l’intensité de l’interprétation sont remarquables mais pas du goût de sa famille, son premier public. Jacques Brel décide alors de quitter la Belgique, pour vivre de sa passion, la scène.
Le temps de l’ » Abbé Brel »
Dès 1953, le jeune artiste tente alors sa chance à Paris, mais l’accueil réservé à ses chansons enflammées n’est guère plus encourageant. Il chante pour des organisations chrétiennes !!!, ce qui lui vaudra le surnom d’ » Abbé Brel ». Il sort aussi un premier 33 tours, mais c’est en 1956, lorsqu’il rencontre deux musiciens que sa carrière prend un réel tournant musical. François Reuber (son orchestrateur attitré) et le pianiste Gérard Jouannest (son accompagnateur scénique et second parolier) l’accompagneront toute sa carrière. Ainsi, petit à petit, Jacques Brel trouve son public. Son deuxième 33 tours, » Quand on a que l’amour », est celui de la révélation ! Il reçoit le Grand prix de l’Académie Charles Cros et l’année suivante, son concert à l’Olympia est un triomphe.
Le marathonien des tournées
Jacques Brel devient alors l’homme des tournées. Elles se succèdent à un rythme infernal et, le succès grandissant, Jacques Brel est engagé à la fin de l’année 1959 en tête d’affiche à Bobino. Le succès est au rendez-vous. Sur scène, Jacques Brel abandonne la guitare. Il a beaucoup travaillé son chant et sa voix : il chante en maîtrisant totalement son art, ainsi que sa forte personnalité. Il habite ses personnages, il gesticule, il exprime ses rages avec sincérité et gravité. Il enflamme les salles, qu’elles soient parisiennes, londoniennes ou new-yorkaises.!!!
Une fin au sommet de la gloire
Ce rythme de vie effréné (Jacques Brel sombre dans tous les excès : femmes, alcool , tabac, nuits blanches) ne cesse de s’accélérer. Le chanteur est au sommet de sa gloire et, pourtant, c’est le moment qu’il choisit pour arrêter sa carrière. En 1966, il décrète qu’il n’a plus rien à dire et qu’il se sent las des tournées sans fin. Et puis il a d’autres projets, comme l’adaptation française de » L’Homme de la Mancha », spectacle musical de Broadway basé sur l’œuvre de Cervantes. Une performance qui sera saluée par tous. Jacques Brel s’essaie également au cinéma, en jouant dans » Les Risques du métier », d’André Cayatte, » Les Assassins de l’ordre » de Marcel Carné en 1971 ou encore » L’Aventure, c’est l’aventure » de Claude Lelouch en 1972. Il réalisera même deux films, » Franz » (1971) et le » Far West » (1972).
Il était aussi pilote d’avion
Mais Jacques Brel n’aura jamais complètement abandonné la chanson. En 1977, alors qu’il habite aux îles Marquises et a choisi de se consacrer au pilotage d’avion, il accepte d’enregistrer un nouvel album. Ce sera un véritable événement ! Les pré-commandes du disque atteignent le million sans aucune publicité. Jacques Brel bénéficie toujours de l’affection de son public. Aussi, lorsqu’il décède le 9 octobre 1978 des suites d’un cancer, la chanson française perd l’un de ses piliers. Le répertoire de Jacques Brel devient alors un héritage que se partagent les plus grands, de Nina Simone à David Bowie.
Les plus belles chanson de Jacques Brel :
Les paroles:
Ami, remplis mon verre Encore un et je vas Encore un et je vais Non, je ne pleure pas Je chante et je suis gai Mais j’ai mal d’être moi Ami, remplis mon verre Ami, remplis mon verre
Buvons à ta santé Toi qui sais si bien dire Que tout peut s’arranger Qu’elle va revenir Tant pis si tu es menteur Tavernier sans tendresse Je serai saoul dans une heure
Je serai sans tristesse Buvons à la santé Des amis et des rires Que je vais retrouver Qui vont me revenir Tant pis si ces seigneurs Me laissent à terre Je serai saoul dans une heure Je serai sans colère
Ami, remplis mon verre Encore un et je vas Encore un et je vais Non, je ne pleure pas Je chante et je suis gai Mais j’ai mal d’être moi Ami, remplis mon verre Ami, remplis mon verre
Buvons à ma santé Que l’on boive avec moi Que l’on vienne danser Qu’on partage ma joie Tant pis si les danseurs Me laissent sous la lune Je serai saoul dans une heure Je serai sans rancune Buvons aux jeunes filles Qu’il me reste à aimer Buvons déjà aux filles Que je vais faire pleurer Et tant pis pour les fleurs Qu’elles me refuseront Je serai saoul dans une heure Je serai sans passion
Ami, remplis mon verre Encore un et je vas Encore un et je vais Non, je ne pleure pas Je chante et je suis gai Mais j’ai mal d’être moi Ami, remplis mon verre Ami, remplis mon verre
Buvons à la putain Qui m’a tordu le cœur Buvons à plein chagrin Buvons à pleines pleurs Et tant pis pour les pleurs Qui me pleuvent ce soir Je serai saoul dans une heure Je serai sans mémoire Buvons nuit après nuit
Puisque je serai trop laid Pour la moindre Sylvie Pour le moindre regret Buvons puisqu’il est l’heure Buvons rien que pour boire Je serai bien dans une heure Je serai sans espoir
Ami, remplis mon verre Encore un et je vas Encore un et je vais Non, je ne pleure pas Je chante et je suis gai Tout s’arrange déjà Ami, remplis mon verre Ami, remplis mon verre Ami, remplis mon verre
J’aime cette chanson, car même si je ne bois plus d’alcool, quand le moral n’est plus là ……J’y pense parfois……
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Les paroles :
D’abord, d’abord, y a l’aîné Lui qui est comme un melon Lui qui a un gros nez Lui qui sait plus son nom Monsieur tellement qu´y boit Tellement qu´il a bu Qui fait rien de ses dix doigts Mais lui qui n´en peut plus Lui qui est complètement cuit Et qui s´prend pour le roi Qui se saoule toutes les nuits Avec du mauvais vin Mais qu´on retrouve matin Dans l´église qui roupille Raide comme une saillie Blanc comme un cierge de Pâques Et puis qui balbutie Et qui a l´œil qui divague Faut vous dire, Monsieur Que chez ces gens-là On ne pense pas, Monsieur On ne pense pas, on prie
Et puis, y a l´autre Des carottes dans les cheveux Qu´a jamais vu un peigne Qu´est méchant comme une teigne Même qu´il donnerait sa chemise A des pauvres gens heureux Qui a marié la Denise Une fille de la ville Enfin d´une autre ville Et que c´est pas fini Qui fait ses p´tites affaires Avec son p´tit chapeau Avec son p´tit manteau Avec sa p´tite auto Qu´aimerait bien avoir l´air Mais qui a pas l´air du tout Faut pas jouer les riches Quand on n´a pas le sou Faut vous dire, Monsieur Que chez ces gens-là On n´vit pas, Monsieur On n´vit pas, on triche
Et puis, il y a les autres La mère qui ne dit rien Ou bien n´importe quoi Et du soir au matin Sous sa belle gueule d´apôtre Et dans son cadre en bois Y a la moustache du père Qui est mort d´une glissade Et qui r´garde son troupeau Bouffer la soupe froide Et ça fait des grands slurp Et ça fait des grands slurp Et puis y a la toute vieille Qu´en finit pas d´vibrer Et qu´on attend qu´elle crève Vu qu´c´est elle qu´a l´oseille Et qu´on n´écoute même pas C´que ses pauvres mains racontent Faut vous dire, Monsieur Que chez ces gens-là On n´cause pas, Monsieur On n´cause pas, on compte
Et puis et puis Et puis il y a Frida Qui est belle comme un soleil Et qui m´aime pareil Que moi j´aime Frida Même qu´on se dit souvent Qu´on aura une maison Avec des tas de fenêtres Avec presque pas de murs Et qu´on vivra dedans Et qu´il fera bon y être Et que si c´est pas sûr C´est quand même peut-être Parce que les autres veulent pas Parce que les autres veulent pas Les autres ils disent comme ça Qu´elle est trop belle pour moi Que je suis tout juste bon A égorger les chats J´ai jamais tué de chats Ou alors y a longtemps Ou bien j´ai oublié Ou ils sentaient pas bon Enfin ils ne veulent pas Parfois quand on se voit Semblant que c´est pas exprès Avec ses yeux mouillants Elle dit qu´elle partira Elle dit qu´elle me suivra Alors pour un instant Pour un instant seulement Alors moi je la crois, Monsieur Pour un instant Pour un instant seulement Parce que chez ces gens-là Monsieur, on ne s´en va pas On ne s´en va pas, Monsieur On ne s´en va pas Mais il est tard, Monsieur Il faut que je rentre chez moi
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Les paroles :
Quand on a que l’amour A s’offrir en partage Au jour du grand voyage Qu’est notre grand amour Quand on a que l’amour Mon amour toi et moi Pour qu’éclatent de joie Chaque heure et chaque jour Quand on a que l’amour Pour vivre nos promesses Sans nulle autre richesse Que d’y croire toujours Quand on a que l’amour Pour meubler de merveilles Et couvrir de soleil La laideur des faubourgs
Quand on a que l’amour Pour unique raison Pour unique chanson Et unique secours Quand on a que l’amour Pour habiller matin Pauvres et malandrins De manteaux de velours Quand on a que l’amour A offrir en prière Pour les maux de la terre En simple troubadour Quand on a que l’amour A offrir à ceux là Dont l’unique combat Est de chercher le jour
Quand on a que l’amour Pour tracer un chemin Et forcer le destin A chaque carrefour Quand on a que l’amour Pour parler aux canons Et rien qu’une chanson Pour convaincre un tambour Alors sans avoir rien Que la force d’aimer Nous aurons dans nos mains Amis le monde entier
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La fin….
Les Marquises est le treizième et dernier album de jacques Brel, sorti en 1977 chez Barclay . Sans titre à l’origine (sinon le simple nom de Brel), il est désormais identifié par celui de la chanson qui clôt le disque.
Les marquises : le paradis au bout du monde de Jacques Brel
Survol de l’île de Nuku Hiva en 2018. Un passage qu’effectuait régulièrement Brel.
Jacques Brel avait choisi cet archipel du Pacifique Sud comme ultime retraite. Un éden époustouflant, où le temps s’immobilise. Escale sur ces îles où le souvenir du chanteur, après sa mort, reste toujours vivant pour les habitants.
C’est un archipel perdu au milieu des mers du Sud. Et c’est bien ce que Jacques Brel était venu chercher. Un endroit beau à en mourir. Lui qui traînait » une grippe qui ne se soigne pas », disait-il à son copain Fiston Amaru, postier sur l’île, quand celui-ci l’a vu débarquer en 1975. » Ici, personne ne savait qui il était. Et les rares qui connaissaient le chanteur s’en fichaient complètement. Il adorait ça ! L’inverse le rendait fou. Une fois, un instituteur venu de métropole avait organisé une petite fête pour son arrivée. Il avait invité Brel. Quand ce dernier a débarqué, l’autre avait mis un de ses disques sur l’électrophone. Ça l’a rendu dingue, Jacques ! Il s’est dirigé vers la platine, a saisi le disque et l’a brisé en mille morceaux. Sans dire un mot. »
Jacques Brel ne voulait pas que sa maison devienne un mausolée avec des « zozos qui viennent s’y recueillir »
Sur l’île d’Hiva Oa, il faut grimper le chemin qui serpente à travers le village d’Atuona pour retrouver la trace de sa maison. Qui n’existe plus… Jean-Baptiste Teapuateani, qui la lui avait louée il y a quarante ans, raconte pourquoi il a décidé de la détruire et d’en construire une autre, au même endroit. » Quelque temps avant de mourir, Jacques était venu voir ma femme et lui avait dit : »Promets-moi que, quand je serai parti, tu foutras la maison par terre. Tu me le promets hein ! J’ai pas envie que ça devienne un mausolée avec des zozos qui viennent s’y recueillir.” Alors, on a respecté la promesse. » En arpentant ce qui était son jardin, on comprend vite ce qui lui avait plu ici. Une végétation éblouissante en contrebas, une vue imprenable sur une mer qui s’enfuit vers l’horizon et, face à sa chambre, un piton déchiré toisant le ciel. Evoquez ici l’ » impatience » et on vous regardera avec des yeux ronds ! Mais Brel n’était pas marquisien, et ne le deviendra jamais. Il n’en a pas eu le temps.
En contrebas de la maison, l’école Sainte-Anne du couvent d’Hiva Oa
école Sainte-Anne du couvent d’Hiva Oa ?
est toujours là. » Il était anticlérical comme personne mais, dans le fond, ils s’aimaient bien avec les sœurs. Parfois, il emmenait les plus téméraires faire un tour en avion avec lui. Et ne se privait pas de les “secouer” un peu là-haut, histoire de les rapprocher de Dieu… » se souvient son grand copain sur l’île, Serge Lecordier. » Jacques aimait organiser en fin de journée ce qu’il appelait des “apéros-piscine” autour de la sienne, un grand bac en plastique en réalité.! Un jour, alors que la chorale des sœurs battait son plein un peu plus bas, et c’est vrai que ça faisait un sacré bruit, il s’est levé d’un bond, s’est planté au bout de son jardin et s’est mis à chanter à gorge déployée une chanson paillarde pas piquée des hannetons. Jusqu’au bout. A la fin, les sœurs s’étaient arrêtées de chanter et il n’y avait plus un bruit. »
Victorine Matuaiti
Victorine Matuaiti ?( âgée)
était jeune infirmière quand elle fut affectée sur l’île d’Hiva Oa. “Alors c’est toi qui vas t’occuper de mes fesses ma jolie !” C’est la première phrase qu’il m’a dite quand on s’est rencontrés. Je venais deux fois par semaine chez lui pour lui faire des piqûres. Jamais il ne m’a dit ce qu’il avait, et je ne lui ai jamais posé de questions. A tel point que, quelques jours avant sa mort, j’ai reçu une lettre de lui, de Paris. Il me racontait ce qu’il faisait là-bas, qu’il avait hâte de rentrer “chez lui” et il plaisantait sur le fait qu’ici au moins ils aimaient bien ses chansons. Car je le taquinais toujours en disant que je ne les aimais pas, moi, ses chansons. “Mais pourquoi tu ne les aimes pas ?” me demandait-il. “Oh j’y comprends rien. Tu ne peux pas faire des phrases plus simples ?” je lui disais ! Ça le faisait rire. Quand j’ai appris sa mort, trois jours après avoir reçu sa lettre, je n’ai pas compris. »
Aussitôt après son décès, le corps de Jacques Brel fut rapatrié à Hiva Oa. A quelques centaines de mètres de là où il habitait, quelqu’un a maladroitement écrit sur la route : »Gauguin, Brel », avec une petite flèche en direction du cimetière. Surplombant l’île, sa petite tombe est idéalement placée : sous les frangipaniers qui, naturellement, ornent sa stèle à mesure que les fleurs se détachent au gré des vents. Tant mieux. Hiva Oa est si loin de tout. Ici, pas de défilés de pleureuses ni de fans transis. De toute façon, » gémir n’est pas de mise, aux Marquises ».
La tombe de Mr Brel
» Jojo » l’avion sauvé
Brel était arrivé aux Marquises en bateau, à l’occasion d’un tour du monde qu’il avait effectué avec sa dernière compagne, Maddly. Mais c’est en avion qu’il s’en échappait pour aller d’île en île (les Marquises en comptent 12 dont 6 habitées). Il avait acheté ce Twin Bonanza de 1956 après son arrivée, comprenant l’utilité qu’il aurait au sein de cet archipel si isolé. Après sa mort, revendu, il sert pendant dix ans avant de pourrir sur l’aéroport de Tahiti-Faaa. C’est grâce à l’intervention de son ami Serge Lecordier et à la bienveillance de quelques ingénieurs de chez Dassault Aviation qu’on parvient à sauver » Jojo », baptisé ainsi en souvenir du meilleur ami du chanteur, mort avant que celui-ci ne s’installe aux Marquises. C’est aujourd’hui le clou d’un musée Jacques-Brel un peu poussiéreux mais émouvant.
» Jojo » dans un musé
stop :Il y aurais encore beaucoup à écrire , mais ça ME suffit ( d’autant plus que personne ne lira ce billet )
Ces expressions d’autrefois sont maintenant oubliées ou presque ! Quel dommage, car ces mots anciens sont souvent poétiques et parfois rigolos. Ils font partie du registre familier, argotique ou au contraire soutenu. (Pensant à ma grand-mère et aussi à ma mère …qui les utilisait parfois) ….
Cesvieux mots de français oubliés:
Une »mamie »
15 expressions et mots d’autrefois que seules nos grands-mères peuvent comprendre :
Un fier-à-bras : « Ah quel fier-à-bras celui-là ! » « Il joue au fier-à-bras… » C’est peut-être une expression que vous avez déjà entendue ? Un fier-à-bras est un homme qui fait le fanfaron. C’est une personne qui se fait remarquer et qui affiche un courage… qu’il n’a pas forcément.Un matamore, un vantard quoi ! C’est une expression désuète et familière, mais surtout péjorative.
Rabibocher :Un vieux mot que j’aime bien = comment-economiser.fr parce qu’il veut dire réparer, retaper. Eh oui, nos grands-mères n’étaient pas du genre à jeter un truc dès qu’il était abîmé. Pas de gaspillage ou de gâchis avec elle. Non, si quelque chose était cassé, elle le réparait, le retapait et le rafistolait. Bref, elle le rabibochait. Se rabibocher peut avoir un autre sens, celui de se réconcilier. Si vous vous êtes disputé avec votre amoureux, on espère que vous allez vous rabibocher rapidement.
Une gouape : »Ce type est une sale gouape… » Autrement dit, ce type est un voyou ! Bref quelqu’un de peu recommandable… Il s’agit d’une expression désuète et populaire qui remplace avec panache vaurien ou chenapan. Il vaut mieux dire une petite gouape qu’une petite frappe non ?
Coller son billet : « Allez, je te colle mon billet qu’il ne va pas venir. » Coller son billet, ça veut dire parier, donner sa parole. C’est une façon imagée que nos grands-mères avaient de dire « je te parie ». C’est une expression populaire et assez imagée je trouve, pas vous ? Elle peut être remplacée par « donner son billet », « ficher son billet », « flanquer son billet », « foutre son billet ».
Un puîné : Avec ce terme désuet, on change de registre puisqu’on est dans un langage plus soutenu ! Un puîné ou une puînée est celui ou celle qui est né après. C’est le cadet ou la cadette, le petit frère ou la petite sœur. Ce mot est tout simplement composé de « puis » et « né ». Avec l’usage, le « s » a disparu et a été remplacé par l’accent circonflexe.
Envoyer aux pelotes« Il m’a demandé de l’aide, je l’ai envoyé aux pelotes ! » Cette expression qu’utilisaient nos grands-mères vient de l’argot militaire. Elle signifie éconduire, repousser, ne pas accéder à la demande de quelqu’un. Eh oui, nos grands-mères ne se gênaient pas pour envoyer promener les casse-pieds ! Dans le vocabulaire militaire, le mot pelote désigne le peloton des soldats punis et qui devaient effectuer des corvées.
Gausser ou se gausser« Laissez-moi me gausser, je vous prie… » Nos grands-mères n’étaient pas toujours tendres… Et si elles se gaussaient d’une personne, c’est qu’elles se moquaient d’elle. C’est une expression soutenue, mais désuète pour dire se moquer, tourner quelqu’un en ridicule, en rire, la railler. Être raide patate : Voilà une adorable expression populaire qu’on n’entend plus de nos jours. Être raide patate, c’est être raide dingue amoureux de quelqu’un ! On peut utiliser l’expression également pour dire qu’on est passionné par quelque chose. C’est mignon, n’est-ce pas ? Et vous, vous êtes raide patate de quelqu’un en ce moment ?lol
Tomber sur le paletot : Cette vieille expression a plusieurs sens. Si on dit « il m’est tombé sur le paletot sans crier gare ! » C’est alors une manière familière de dire qu’on s’est fait aborder par quelqu’un de manière très brusque. C’est à la limite de l’agression ! Un synonyme est par exemple assailli ou encore se jeter sur quelqu’un. Mais cette expression a aussi un sens figuré. On utilise également l’expression pour dire que quelque chose est arrivé de façon inattendue.
Ça m’est tombé sur le paletot! Enfin, cela peut aussi avoir le sens d’insulter ou de critiquer vivement. « Ma mère m’est tombée sur le paletot. » (Et au fait, vous savez ce que c’est un paletot) ? C’est un vêtement qui se porte par-dessus les autres vêtements.
un paletot:
Il est généralement boutonné sur le devant.
Au débotté : là, c’est le gistre vestimentaire avec cette expression démodée. À l’origine, l’expression vient de « se débotter » qui veut tout simplement dire : enlever ses bottes. Par extension, cela devient le moment où on enlève ses bottes en arrivant chez soi. Et au sens figuré, au débotté veut dire à l’improviste. « Il m’a pris au débotté » : cela vient du fait qu’on a enlevé ses bottes et qu’on n’a pas eu le temps de les remettre.
Bigre !: C’est une vieille expression qui exprime la surprise, la crainte, le dépit ou l’étonnement. Elle peut aussi vouloir dire l’admiration. Cette expression vient du mot « bougre ». D’ailleurs, on peut aussi dire bougrement ou bigrement. « C’est bigrement bon ! » Et comme dit le Capitaine Haddock dans Tintin : « bigre, il s’agit d’ouvrir l’oeil ! »
Ça ne vaut pas un kopeck !
Un kopeck était de la monnaie russe qui vaut un centième de rouble. Le kopeck a été progressivement dévalué. Autrement dit, il ne vaut pas grand-chose ! Quand votre grand-mère disait, ça ne vaut pas un kopeck, ça veut dire que ça ne vaut rien… Cela n’a aucune valeur. Un peu dans la même idée, vous avez peut-être entendu votre grand-mère dire, ce »n’est trois fois » rien ou pour trois francs six sous…
S’ébaudir :
Ce verbe qu’on n’utilise plus beaucoup vient du verbe s’esbaudir. En ancien français, » bald » veut dire « joyeux ». S’ébaudir veut dire se divertir, se réjouir, s’égayer souvent bruyamment. C’est évidemment une expression ancienne, mais vous pouvez toujours la glisser lors d’un repas. « Son histoire passionnante nous a ébaudis ! » Cela produit toujours son petit effet ! Mais attention, de nos jours, cette expression est un peu ironique…
Contre-aimer:
On vient de vous faire une déclaration d’amour ?On vous a enfin dit « je t’aime » ? Ne répondez pas : moi aussi… C’est tellement banal ! Non dites plutôt : je te contre-aime ! Eh oui, « contre-aimer » signifie « aimer en retour ». C’est bien plus classe et original vous ne trouvez pas lol ?
Avoir de la conversationAttention, cette expression est un faux-ami ! Bien sûr, on peut reconnaître qu’une personne a de la conservation, sans aucune arrière-pensée. C’est le cas si une personne qui a de la présence d’esprit et qui parle facilement de différents sujets. Mais attention quand vous l’utilisez pour qualifier une femme ! Car elle a un sens un peu plus grivois… Elle peut signifier : avoir une belle poitrine, avoir une poitrine généreuse. Autrement dit, il y a du monde au balcon !