Parceque je le suis …..


……..Athée : Ce billet est écrit pour moi ,les commentaires restent ouverts (bien que je sache qu’il n’y en aura pas ) .

Naissance de l’athéisme occidental

Du  » Theophrastus redivivus  » à Spinoza ( »Theophrastus redivivus » = (littéralement  » Le Théophraste ressuscité  »est un livre anonyme  » en latin publié à une date inconnue entre 1600 et 1700.)

Est il possible de parler de la  » naissance  » d’un phénomène comme l’athéisme occidental, qui prend des formes différentes tout au long de son histoire, et dont les racines se trouvent déjà dans la philosophie grecque ?

En réalité, ce n’est qu’au XVIIe siècle,  » Siècle des libertins » , que l’athéisme prend une structure bien définie et devient une philosophie à part entière, grâce à des personnages comme le médecin libertin Guy Patin

Guy Patin (  » docteur  » en médecine )?

(1601-1672), le théologien anglais Ralph Cudworth

Ralph Cudworth

(1617-1688) et surtout le philosophe hollandais d’origine juive Baruch Spinoza  

Spinoza  

 (1632-1677).Et ( à notre époque):Gianluca Mori

Gianluca Mori

Une nouvelle vision de la philosophie du XVIIe siècle

Athéisme et dissimulation au XVIIe siècle. Guy Patin et le Theophrastus redivivus (Paris, H. Champion, 2022, 416 pages)Rédigé en 1659, le  » Theophrastus redivivus  »est l’un des manuscrits clandestins les plus étendus, les plus radicaux (athée et anticonformiste), et les plus mystérieux de l’âge moderne : depuis presque quatre cent ans l’identité de son auteur est demeurée inconnue.

Professeur d’histoire de la philosophie à l’Université du Piémont Oriental (UPO), l’ouvrage de Gianluca Mori,  »Athéisme et dissimulation au XVIIe siècle  ». Guy Patin et le  »Theophrastus redivivus » ouvre un jour nouveau sur la question en l’attribuant au médecin parisien Guy Patin (1601-1672), qui l’aurait rédigé en collaboration avec ses compagnons Gabriel Naudé et Pierre Gassendi.
L’attribution s’appuie sur un  »corpus substantiel » d’indices textuels, biographiques, bibliographiques, qui s’agencent de façon cohérente avec l’analyse du contenu philosophique de l’ouvrage, comparé aux textes avoués de Patin et de ses amis. Il en ressort une vision nouvelle de la philosophie du XVIIe siècle, dont l’interprétation doit se fonder désormais sur une catégorie ( celle de la dissimulation ) qui, seule, permet d’expliquer le contexte de la lutte des idées à l’âge de la  » crise de la conscience européenne  ».

Bas-relief en marbre représentant Euripide assis (au centre), une femme debout lui tendant un masque de théâtre et le dieu Dionysos (à droite) debout sur un piédestal,entre le  musée archéologique d'IstanbuI, entre le Ier siècle av. J.-C et le Ier siècle après J.-C,

Déjà dans la Grèce classique

 » Athée  » est un mot très ancien : on le trouve déjà chez Platon   et, avant Platon, chez les grands tragédiens du Ve siècle avant J.-C. : Eschyle , Euripide, Sophocle. On le retrouvera ensuite dans les Evangiles  et chez les Pères de l’Église.

Oublié pendant le Moyen-Âge, il revient en vogue à l’époque moderne, en engendrant d’abord, en latin, le néologisme  »atheismus’ (attesté chez Calvin ,  »De scandalis, 1550  »), puis, en cascade, ses correspondants dans les langues nationales européennes : le terme français athéisme apparaît en 1551 (dans la version française du De scandalis de Calvin ), l’italien  »ateismo » en 1566 et l’anglais  »atheism  » en 1582.

Louis Ferdinand Elle le Vieux, Pierre Bayle, vers 1675, château de Versailles. Agrandissement : Portrait de Francis Bacon par Paul van Somer, 1617, palais Łazienki de Varsovie.Considéré comme un synonyme d’immoralité, l’athéisme est une position inacceptable dans toute société humaine avant la Révolution française (qui pendant une courte période tolère, voire révère les athées, sauf à les envoyer à la guillotine par la suite, comme dans le cas d’Anacharsis Cloots

Anacharsis Cloots

).

C’est Pierre Bayle, dans ses  »Pensées sur la comète (1682)  », qui distingue nettement ( à la suite de Francis Bacon (Of Atheism) ) l’athéisme pratique (c’est-à-dire la négation de toute moralité) de l’athéisme  » spéculatif  » (c’est-à-dire la négation philosophique de l’existence de Dieu), en niant toute relation directe entre les deux, voire en revendiquant la pureté morale des athées face à la corruption des chrétiens.

Mais dans la grande majorité des cas, les différentes acceptions du mot « athéisme » sont intimement liées et difficiles à séparer. C’est pourquoi, depuis le XVIe siècle, ce mot s’est toujours prêté à des usages génériques ou, plus fréquemment encore,  »tendancieux » ?.

Les cinq traités de l’athéisme libertin

Pour essayer de comprendre l’incrédulité de la Renaissance, qui ne se dit jamais, spontanément, athée, il faut aller à son accomplissement ( qui est aussi son chant du cygne ) soit le  »Theophrastus redivivus  ».

Guy Patin, Anonyme, Paris, musée Carnavalet. Agrandissement : Louis-Edouard Rioult, Portrait de Pierre Gassendi, château de Versailles. Guy Patin ?

C’est un manuscrit clandestin imposant (mille pages), strictement anonyme mais qu’il faut désormais attribuer au médecin libertin Guy Patin (1601-1672). Ce dernier l’acheva en 1659 sur la base de textes et de fragments hérités de ses deux amis et compagnons de  » débauches philosophiques  » : Gabriel Naudé (1600-1653) et Pierre Gassendi (1592-1655). 

Bien que tardif par rapport à ses repères idéauxL’ouvrage, incarne l’essence de l’athéisme libertin, largement basé sur des sources de la Renaissance italienne (Pomponazzi, Cardan, Machiavel, Campanella, Vanini) ou plus anciennes (Aristote, Cicéron, Sénèque, Pline, Sextus Empiricus).

On retrouve dans le Theophrastus tous les traits caractéristiques de l’athéisme libertin du XVIIe siècle : 1) la théorie de la dis/simulation ; 2) le fidéisme ; 3) la conception averroïste de la religion comme  » loi  » politique intrinsèquement répressive ; 4) un retour substantiel à la pensée philosophique de l’Antiquité préchrétienne, avec la suppression complète de la scolastique médiévale ; 5) la répudiation ( = Action de rejeter par la pensée une idée, un sentiment, une opinion pour des raisons d’ordre intellectuel ou moral ) du dogme de l’immortalité de l’âme, et avec elle la négation de l’existence de l’enfer et du paradis, d’où découle la négation de toute transcendance et, par conséquent, de toute sorte de divinité.

1) La dissimulation est le fondement de la communication libertine, et c’est tout simplement une stratégie obligée pour ceux qui veulent soutenir l’athéisme à l’âge moderne. Ce fait n’a pas été accepté pour longtemps, mais ce sont les libertins eux-mêmes qui louent la dissimulation, dévoilant en privé leur code d’écriture, leur art d’écrire, comme le dit Léo Strauss.

Dans ses lettres à ses fils Robert et Charles, Guy Patin les invite à penser et à s’exprimer  »intus ut libet, foris ut moris est » ( » Au-dedans comme il plaît à chacun, au-dehors comme veut le monde  ») devise qu’il attribue plus ou moins légitimement à un autre athée de la fin de la Renaissance, Cesare Cremonini

Cesare Cremonini

(1550-1631) et qui se trouve également dans le  »Theophrastus redivivus ».

2) Le fidéisme : de Pomponazzi à Vanini, à Gassendi, et à Bayle, et même chez un philosophe des Lumières tel que David Hume, la tentation de masquer son athéisme sous le couvert d’une foi aveugle dans un Dieu inconnu et incompréhensible est forte et constante.

L’attrait du fidéisme consiste en ce que son insincérité ne peut être démontrée, car le fidéiste rejette d’amblée le terrain des explications rationnelles pour entrer dans le domaine du cœur et de l’irrationalité : c’est un  » bouclier de bronze  » impénétrable, comme l’écrit Pierre Bayle.

Triomphe de saint Thomas d’Aquin, fresque d'Andrea di Bonaiuto,1365-67, Florence, église Santa Maria Novella. Agrandissement : Averroès (détail de la fresque).

3) La conception averroïste de la religion entendue comme une  » loi  » (Lex) dont le rôle principal est celui de  » brider  » le peuple et de le réduire à l’obéissance, domine toute la pensée anti-religieuse de la Renaissance et du début du XVIIe siècle. Le philosophe arabe Averroès

philosophe arabe Averroès

(Ibn Rochd de Cordoue, 1126-1198) était d’ailleurs considéré comme le père des athées modernes, à cause de son opposition au dogme de l’immortalité de l’âme individuelle.

Ce n’est qu’au début du XVIIIe siècle que Fontenelle  

Fontenelle  

 et ses disciples avancent une explication différente de l’origine de la religion, en soutenant que le goût du merveilleux est la source anthropologique universelle du sentiment religieux. C’est un tournant important, qui permet de comprendre la diffusion quasi générale des croyances religieuses dans les différentes sociétés humaines sans nécessairement en appeler à l’existence de  » fourbes  » ou d’  » imposteurs  » qui se jouent du peuple.

 » Parfois le peuple veut être trompé : qu’il le soit  », disait le cardinal Carafa ( d’après Jacques-Auguste de Thou (1556) ). C’est une devise qui est passée en proverbe, mais dès le début du XVIIIe siècle les athées sont désormais convaincus que le peuple coïncide avec le genre humain, et que c’est la nature irrationnelle et passionnelle de l’homme qui l’amène à embrasser telle ou telle croyance religieuse.

François Anguier, Monument funéraire de Jacques-Auguste de Thou, 1647, Paris, musée du Louvre.
cardinal Carafa

4) Les sources anciennes : ce point marque la différence entre le  »Theophrastus redivivus  » de Guy Patin et la position de Spinoza, ou, par la suite, celle de d’Holbach. Le  »Theophrastus » admet le hasard et le libre arbitre dans le nature, considère l’histoire comme cyclique et souscrit à la thèse de l’éternité des espèces vivantes, y compris l’homme.

Le déterminisme des lois universelles que la révolution scientifique avait découvert depuis les premières décennies du XVIIe siècle lui est étranger, et ses liens à la philosophie des  » modernes  » sont très faibles (à l’exception sans doute de Thomas Hobbes, avec qui Patin est entré en contact et dont on retrouve aussi quelques traces dans sa grande œuvre clandestine).

5) La négation de l’immortalité de l’âme est un point décisif et caractérisant dans le cadre de l’athéisme libertin, qui se place ici dans le sillon du naturalisme de la Renaissance et de l’aristotélisme  » radical  » du XVe et du XVIe siècle.

Dans l’un des premiers textes où l’on parle des  » athées  » et de leur position, l’athéisme est directement lié à la négation de l’immortalité de l’âme, qui en était la condition nécessaire et suffisante jusqu’au début du XVIIe siècle :  » (les athées) n’ont pas trouvé de meilleur moyen de faire la guerre à Dieu, que de faire mourir la partie divine de leur être  » (Gentian Hervet, Préface au De anima d’Aristote, 1543).

Il n’en reste pas moins que, même dans le  »Theophrastus redivivus  », le mot athéisme est très rare et les athées mentionnés par Patin sont surtout les anciens (Diagoras, en particulier), tandis que dans le  » portrait du sage  » , qui se trouve à la conclusion de l’ouvrage, on décrit les traits d’un homme qui, suivant la nature, vit heureux, et non pas ceux d’un athée qui nie l’existence de Dieu avec des arguments philosophiques.

L'Incrédulité de saint Thomas, Caravage, vers 1631, Potsdam, Palais de Sanssouci.

Un théologien fait de l’athéisme une philosophie

Le premier qui constate que l’athéisme, loin d’être une simple négation des croyances religieuses, est une position philosophique à part entière sur la  » cause première  » de l’univers, n’est pas un athée ( paradoxalement ) mais un théologien : Il s’oppose aux athées avec beaucoup de passion et peut-être même avec une certaine naïveté, qui l’amène à esquisser une possible philosophie athée, inspirée par Hobbes et Spinoza.

L’athéisme, pour Cudworth ….

Cudworth

…., n’est pas seulement un mot mais aussi une théorie, qui appartient à la grande famille de la philosophie occidentale. En fait, il existe un terrain commun entre l’athéisme et le théisme, qui est donné par le fait de reconnaître l’existence d’un premier principe de l’univers (quel qu’il soit).

Selon Cudworth,  » les athées reconnaissent volontiers l’existence d’un être qui n’a été ni créé ni produit, et qui est donc la cause des autres choses qui ont été créées  »; donc un être  » qui existe par lui-même, qui est nécessaire et qui doit son origine à lui-même  » (R. Cudworth 1678 ).

Le péché originel de l’athéisme, qui constitue sa différence spécifique par rapport à toutes les autres théories sur la  » cause première  » de l’univers, ne consiste donc pas dans la négation de l’existence de cette  » cause  », mais dans une position concernant les  » attributs  » de celle-ci, c’est-à-dire les qualités et les propriétés qu’on veut lui donner.

Pour être  » athée  », selon Cudworth, il suffit de nier que la  » cause première  » soit une  » intelligence  » qui a donné un ordre à l’univers matériel :  » là où il y a une Nature  » (c’est-à-dire un univers réglé par des lois finalisées),  » il doit y avoir un Esprit  », c’est-à-dire une intelligence consciente d’elle-même et capable d’agir suivant des fins.

Grâce à cette position, moderne dans son contenu en tant que fondée sur la conception cartésienne de l’esprit comme  » conscience  », Cudworth peut relancer une thèse ancienne qui est à la source de toute la pensée théologique occidentale : la nature n’est que l » art de Dieu  » ??.

Baruch Spinoza, statue, La Haye, 1880.

La question du mal

C’est de ce point de vue qu’il faut aborder la vieille question de l’athéisme d’un philosophe comme Baruch Spinoza, qui parle de Dieu à tout bout de champ, et qui fait de Dieu la source de toute réalité et le fondement de toute existence : à son avis, Dieu et la Nature sont la même chose (Deus sive Natura), ce qui implique que la Nature n’est pas issue d’un  » projet  » de Dieu mais existe éternellement en tant que telle.

En réalité, les contemporains de Spinoza n’avaient aucun doute sur son athéisme. On parlait de lui comme d’  »un athée, un homme qui se moque de la religion, c’est-à-dire un individu nuisible à la République  » (c’est ce qu’on lit dans une  » pétition  » adressée en 1665 aux autorités de Delft).

Malgré cela, Spinoza publie en 1670 son  »Traité théologico-politique  »où il soutient que la Bible contient des erreurs matérielles et que les cinq premiers livres n’ont pas été écrits par Moïse, en niant aussi la possibilité de miracles et des prophéties, qu’il considère comme un produit de l’imagination des soi-disant  » prophètes  », ces derniers n’étant pour lui que des hommes comme les autres, dénoués de tout pouvoir surnaturel.

Portrait de Baruch Spinoza par Franz Wulfhagen, 1664, coll. priv. Agrandissement : Spinoza, Anonyme, 1665, Basse-Saxe, Herzog August Library.Dans » l’Éthique démontrée suivant l’ordre des géomètres » (c’est-à-dire à la manière des mathématiques), publiée après sa mort en 1677, il donne une exposition de sa pensée où il établit la nécessité et la rationalité du réel, en se battant contre toute conception anthropomorphique de la  » cause première  » de l’univers : soutenir que  » Dieu se propose des fins  », c’est le rendre imparfait et indigent comme un homme.

La pensée de Spinoza constitue la première manifestation claire de l’athéisme tel qu’il est entendu à l’époque moderne, et en même temps son aboutissement d’un point de vue théorique : les autres protagonistes de l’histoire de l’athéisme ne pourront jamais se rapprocher de sa puissance de pensée.

Il y a par ailleurs une exception à ce constat, et notamment le défi Bayle-Leibniz sur la question du mal, qui s’ouvre en 1697 avec les objections néo-manichéennes avancées par Bayle dans son Dictionnaire historique et critique (articles  » Manichéens  » et  » Pauliciens  »).

Leibniz …..

Leibniz

….en tente une réfutation posthume (Bayle étant mort en 1706) dans les » Essais de théodicée de 1710  », mais sans pouvoir égratigner la position de son adversaire. Selon ce dernier, la présence du moindre mal du monde ;il est à noter que, par  » mal  », Bayle entend non pas quelque chose d’abstrait mais tout ce que les hommes, subjectivement, considèrent comme tel : les douleurs, les maladies, la mort , est contradictoire avec l’existence d’un Dieu censé être bon, sage et prévoyant.

Pour Bayle la question se réduit finalement à un dilemme : ou Dieu ou le mal, car les deux ne peuvent pas co-exister. Mais puisque l’existence du mal ne peut être niée, il ne reste plus que le choix de l’athéisme, qui est selon Bayle le choix de la raison conduite par la philosophie, ne pouvant être surmonté que par un saut mortel dans la foi (mais sans aucun fondement rationnel).

Les deux athéismes de l’époque moderne

Ce n’est qu’avec le  »Système de la nature de d’Holbach  » (1770), que l’athéisme moderne se montre au monde sans voiles, après un siècle de gestation plus ou moins clandestine, mais portant clairement son code philosophique initial : la doctrine de l’existence d’une cause première éternelle, infinie et nécessaire, dûment convertie en un sens matérialiste mais, pour le reste, maintenue dans toute sa vigueur, avec l’exclusion de tous les attributs moraux que la tradition théologique attribuait à Dieu (bonté, sagesse, justice, miséricorde), définitivement marqués comme anthropomorphiques et donc étrangers au concept d’un être infini et nécessaire.

Paul Heinrich Dietrich, Baron d'Holbach par Alexandre Roslin, 1785.Les deux athéismes de l’époque moderne ; l’athéisme des libertins, incarné par le Theophrastus redivivus, et l’athéisme post-cartésien qui naît avec Spinoza et Bayle et qui enfin se montre au grand jour avec d’Holbach ; sont liés à deux moments fondamentaux de la civilisation occidentale : la Renaissance et la révolution scientifique.

Dès 1639, Gabriel Naudé souligne que  » c’est une chose hors de doute, qu’il s’est fait plus de nouveaux systèmes dedans l’Astronomie, que plus de nouveautés se sont introduites dans la Philosophie, Médecine, et Théologie, que le nombre des Athées s’est plus fait paraître, depuis l’année 1452 (c’est-à-dire 1453 : année de la chute de Constantinople) qu’après la prise de Constantinople, tous les Grecs, et les sciences avec eux, se refugièrent en Europe, et particulièrement en France et en Italie, qu’il ne s’en était fait pendant les mille années précédentes  » (Considérations politiques sur les coups d’ État, 1639).

De même, dans le Theophrastus redivivus, où la main de Naudé se retrouve à plusieurs reprises,on peut lire qu’  » aucun siècle, même les siècles de persécutions, n’a été plus caractérisé par l’incrédulité et le mépris de la foi que le siècle où nous vivons  ».

Les deux courants de pensée qui constituent l’athéisme moderne, tout en ayant beaucoup de choses en commun, s’opposent aussi sur plusieurs points. Ils ont en commun la conception de la religion comme étant une structure politico-répressive fondée sur l »’ imposture  » (c’est-à-dire sur la tromperie des politiciens et du clergé à l’égard du peuple), remplacée au cours du XVIIIe siècle par des considérations ethno-anthropologiques plus approfondies.

Mais philosophiquement les deux athéismes sont souvent aux antipodes : aristotélicien le premier (à l’exception notable de Giodano Bruno ), cartésien le second, de Spinoza à Bayle et à Jean Meslier

Jean Meslier

, le curé athée d’Étrépigny, auteur vers 1720-30 d’un  »Mémoire manuscrit  » (resté inédit jusqu’en 1864), et en tout cas lié à la nouvelle philosophie, comme dans le cas de l’athéisme britannique (Anthony Collins, John Toland, David Hume) puis de l’athéisme classique français (Diderot, d’Holbach).

Avec Diderot et d’Holbach on est cependant déjà aux frontières de l’athéisme moderne : la philosophie européenne allait désormais dans une autre direction. Dès le début des années 1820, l’athéisme apparaît à Hegel comme un  » mot de passe presque oublié ‘, comme il l’écrit à Kreuzer en 1821. Le grand essor de l’athéisme de la fin du XVIIIe siècle s’était désormais affaibli et la pensée contemporaine s’adressait à des questions différentes, où Dieu n’avait plus qu’une importance secondaire. Ce sera Nietzsche

Nietzsche

qui parlera le premier de la  » mort de Dieu  », mais cet événement, ou plutôt ce processus, le précédait probablement d’au moins deux siècles.

Histoire du tabac…..


…..l’origine de cette plante (parceque Manu me cesse de me dire que je fume trop et que le tabac est cher )

Le tabac fait partie des plantes américaines dont l’introduction a profondément bouleversé les habitudes de vie des Européens. Christophe Colomb le découvre en 1492, dès son arrivée à San Salvador ; en 1535,environ 43 ans après, l’explorateur Jacques Cartier décrit l’usage du tabac par la population amérindienne de Nouvelle-France. Le géographe André Thevet le ramène du Brésil en 1556, pour le cultiver dans son jardin d’Angoulême. Au XVIe siècle, le tabac est reconnu pour ses vertus médicinales, largement controversées au siècle suivant lorsque sa consommation atteint toutes les couches de la société.

Pour connaître l’histoire du tabac il faut revenir plusieurs années en arrière ( » tabaco  » en espagnol au XVIe siècle) désigne à la fois la plante, le cigare confectionné avec ses feuilles et la pipe utilisée par les indiens  Arawaks pour fumer un mélange de plusieurs herbes dont le tabac. Sa culture trouve son origine en Amérique , il y a près de 600 ans : les Indiens considèrent le tabac comme une plante précieuse, à usage médicinal et l’utilisent lors de rituels de purification. En octobre 1492, des feuilles de tabac séchées sont offertes aux équipages des caravelles qui débarquent sur l’île de San Salvador : c’est le premier contact attesté entre les Européens et le tabac.Christophe Colomb  mentionne que les Indiens brûlent le tabac (nommé  » petun  ») avec des morceaux de charbon ?  et en aspirent la fumée odorante. D’autres fument des calumets, chiquent ou respirent une sorte de poudre de feuilles séchées.

gravure  » nicotine ou tabac  » dans le dictionnaire oeconomique contenant divers moyens d’augmenter son bien et de conserver sa santé …..( 1741)

Histoire du tabac : son arrivée en Europe

D’abord simple plante d’ornement en Espagne , le tabac est cultivé et utilisé comme une plante médicinale  , dès les années 1520 au Portugal  . Il est introduit en France en 1556, par l’explorateur géographe André Thevet qui (au retour d’un séjour au Brésilpour établir une colonie française dans la baie de Rio) en développe la culture dans sa ville natale d’Angoulême. On l’appelle alors  » herbe angoumoisine  » ou  » herbe pétun  ». En 1560, l’ambassadeur de France au Portugal, Jean Nicot, envoie de la poudre de tabac à Catherine de Médicis , afin de traiter les terribles migraines de son fils François II. Le tabac devient  » l’herbe à la reine  » et sa vente sous forme de poudre est réservée aux apothicaires . Dès la fin du XVIe siècle, le tabac est connu dans le monde entier : en 1572 est publié l’un des premiers traités sur le tabac vu comme une plante médicinale,  » L’instruction sur l’herbe petun  » par le médecin Jacques Gohory. En l’honneur de Jean Nicot, le tabac est nommé  » nicotiane », proposition retenue par le botaniste Jacques Daléchamps dans son livre Histoire générale des plantes en 1586 ; cette terminologie sera reprise par le botaniste Carl Von Linné au XVIIIe siècle, sous la forme  » Nicotiana tabacum  ».

Fleurs de Nicotiana tabacum. Photo Jom. © Wikimedia Commons, domaine public.

Fleurs de nicotiana tabacum .

Le succès du tabac

Sa culture est introduite en 1580, en Turquie et en Russie ; vers 1590, le tabac arrive en Inde et au Japon . A partir des années 1620, la culture du tabac s’implante sur le territoire du royaume de France. Son succès rapide tient au fait que la plante rapporte bien plus par unité de surface agricole, que le blé,le lin ou le chanvre et que sa culture convient à la main d’œuvre d’une petite exploitation familiale. Les premiers essais d’introduction de la plante ont lieu près de Strasbourg et la culture du tabac se répand vers le sud de l’Alsace, dès la fin de la guerre de Trente Ans(1618-1648).

Champ de tabac en Alsace, à Weyersheim (67). Photo Aude Raso. © Radio France.

Champ de tabac en Alsace, à Weyersheim ( 67 )

Le tabac va devenir la ressource pionnière des nouvelles colonies des Antilles : sa culture attire des engagés sur les îles françaises de Martinique, Guadeloupe et Saint-Domingue. C’est le moteur du peuplement des Antilles par la population blanche, jusqu’au dernier tiers du XVIIe siècle, lorsque la culture de la canne à sucre   (et ses grandes plantations qui utilisent les esclaves venus d’Afrique) vient remplacer celle du tabac. L’Etat cherche à favoriser la culture du tabac sur le territoire du royaume et à en faire une source de revenus fiscaux, d’abord par des taxes puis par l’établissement d’un monopole de fabrication et de distribution.

Colbert  établit un  » privilège de fabrication et de vente  » en 1674 : les premières ‘ manufactures des tabacs  » sont fondées à Morlaix, Dieppe et Paris. La production devient monopole royal en 1680 : la culture française du tabac est la plus développée d’Europe, avec des plantations en Bretagne, Normandie, Aquitaine, Flandre, Franche-Comté et Alsace. La gestion des taxes frappant la consommation de tabac, est affermée à des financiers (appelés les fermiers) par le biais d’un bail qui garantit à l’Etat une somme globale fixée d’avance , c’est  » la Ferme du tabac  » inclue dans la Ferme générale en 1726.

Ancienne manufacture des tabacs de Morlaix, salle des moulins à râper le tabac. Morlaix, Bretagne. © Fondation du Patrimoine.

Ancienne manufacture des tabacs de Morlaix, salle des moulins à râper le tabac .

La contrebande et la concurrence

La contrebande de tabac se développe sur les côtes atlantiques françaises, en particulier sur l’île de Noirmoutier. La recherche de bénéfices rapides par le grand négoce dicte un faible prix d’achat aux planteurs des Antilles, surtout lorsque la culture de la canne à sucre plus rentable, tend à remplacer le tabac des colonies. C’est bien la stratégie de prix de vente et d’achat qui modifie en profondeur la production mondiale de tabac à la fin du XVIIe siècle. De plus, le nouveau monopole imposé par Colbert en 1680, incite les négociants à s’installer à Amsterdam et Liverpool, pour acheter le tabac des Antilles françaises puis le tabac blond de Virginie, moins cher et de plus en plus prisé par les consommateurs.

Il est à souligner que les planteurs américains de Virginie  importent des esclaves africains par l’intermédiaire de la Compagnie du Sénégal (française), créée en 1673. Elle remplace la Compagnie des Indes Occidentales fondée en 1664 par Colbert (et supprimée en 1674) : celle-ci était centrée sur le développement du tabac et perçue par les planteurs comme un frein à l’essor de la canne à sucre aux Antilles. En trente ans, les importations françaises passent de 20 % à 70 % de la consommation intérieure de tabac. La Virginie représente à elle seule 60 % des importations françaises et dès le milieu du XVIIIe siècle, la colonie américaine devient le premier producteur mondial de tabac.

Esclaves travaillant dans une plantation de tabac en Virginie, tableau anonyme vers 1680. © Wikimedia Commons, domaine public.

Esclaves travaillant dans une plantation de tabac en Virginie .

La culture est prohibée dès 1719 dans le royaume de France (pendant la Régence  et la mise en place du  » Système de Law  »), sauf en Flandre, Artois, Hainaut, Franche-Comté et Alsace et les importations sont réservées exclusivement à la Compagnie des Indes . À la fin du XVIIIe siècle, la production des manufactures approvisionnées par le tabac des colonies, atteint 7000 tonnes par an. La levée de la prohibition est effective par le décret du 20 mars 1791, qui établit la liberté de cultiver, fabriquer et vendre du tabac en France. En 1805, seize départements cultivent 8000 hectares avec une production de 9000 tonnes ; en 1808, quarante-six départements produisent 22000 tonnes de tabac. Le décret du 29 décembre 1810 rétablit un monopole d’Etat pour l’achat, la fabrication et la vente du tabac. En 1821, le Dictionnaire des sciences médicales cite le tabac parmi les végétaux « dont les qualités, dangereuses à cause de leur trop grande activité et de leur action en quelque sorte corrosive sur les tissus, doit rendre l’emploi fort rare ». 

La manufacture des tabacs, Salle de rapage du tabac à fumer.  Illustration pour L'Illustration, Journal Universel, 18 juillet 1874.

 » La manufacture des tabacs  », salle de râpge du tabac à fumer « 

Souvenir….


Les paroles :

Le réveille-matin et tout me revient
Je l’aime, je l’aime
J’ouvre la radio, torrent de mots
J’aimerais qu’on le dise, il l’aime, il l’aime
Je mets ma chemise, un coup de peigne
Je bois mon café, deux sucres à peine
Et mes pensées sont toutes les mêmes
C’est insensé, je l’aime, je l’aime
Qu’est-ce qui m’arrive?

Je descends ma rue, je prends l’avenue
Toujours la même, feu rouge première
Les gens derrière, déjà le feu vert avenue du Maine
Comme un automate, je tourne à droite
Déjà les problèmes, la vie, les coups
Suis-je un acrobate ou suis-je fou?

Mais dis-moi tout
Marionnettiste
J’ai des ficelles à mon destin
Tu me fais faire un tour de piste
Mais où je vais, je n’en sais rien

Mais dis-moi tout
Marionnettiste
Mon cœur de bois soudain s’arrête
Que feras-tu de tes artistes
Après la fête?

Je revois la scène, exactement avant-hier
Elle est entrée au restaurant
Elle s’est assise devant moi
D’un coup j’ai compris que dans ma vie
J’avais dormi depuis 30 ans
Et foudroyé par ce tonnerre
Je suis tombé dans sa lumière

C’est comme une course au corps à corps
Elle n’a qu’un seul mot encore, encore
Elle n’a qu’un seul cri, l’amour d’abord
Elle n’a plus qu’un corps et moi aussi
Et par la fenêtre, on voit Paris
J’ai rêvé peut-être ou j’ai dormi
Et tout d’un coup je vis, je vis

Mais dis-moi tout
Marionnettiste
J’ai des ficelles à mon destin
Tu me fais faire un tour de piste
Mais où je vais, je n’en sais rien

Mais dis-moi tout
Marionnettiste
Mon cœur de bois soudain s’inquiète
Que vas-tu faire de tes artistes
Après la fête?

Et dans l’ascenseur cogne mon cœur
Je sonne et je vois un mot pour moi
Qui dit oublie-moi, qui me supplie
Va-t-en ça vaut mieux pour tous les deux
Chacun son chemin même s’il est triste
Chacun son chagrin, adieu l’artiste

Et sur le trottoir, j’m’en vais comme ça
Mains dans les poches, je rentre chez moi
Maréchal Foch au bar-tabac
Je prends un café et ça me brûle
On n’oublie jamais, on accumule
J’aimerais arrêter toutes les pendules
Une voix là-haut me dit « debout »

Mais dis-moi tout
Marionnettiste
J’ai des ficelles à mon destin
Tu me fais faire des tours de piste
Mais où je vais, je n’en sais rien

Mais dis-moi tout
Marionnettiste
Mon cœur de bois soudain s’inquiète
Que fais-tu donc de tes artistes
Après la fête?

C’était il y a environ 97 ans :


…….Grève générale de 1926 au Royaume-Uni (Comme d’habitude , je laisse les com.ouverts,mais sais qu’il n’y en aura pas ! )

En 1926 en Grande-Bretagne eu lieu une grande grève générale… et sa trahison, par le stalinismeet la bureaucratie syndicale.

Les années qui suivirent la fin de la première guerre mondiale furent des années de crise pour le capitalisme  britannique

. L’industrie britannique demeurait très peu compétitive au niveau mondial malgré sa “victoire” sur l’Allemagne, et les conditions très dures imposées au vaincu par le Traité de Versailles..

Les patrons britanniques , pour améliorer la rentabilité, devaient augmenter l’exploitation

 » Exploitation » ?

. Mais ils allaient se heurter à un problème de taille :La force de la classe ouvrière ,dont la conscience et le moral avaient été renforcés par la révolution russe d’octobre 1917. Ainsi, quand, en 1920, lors de la guerre d’intervention des puissances impérialistes contre l’URSS , le gouvernement britannique voulut envoyer des armes aux forces armées polonaises pour les renforcer dans leur guerre contre les bolcheviks, un Conseil d’Action Syndicale appela à une grève générale  pour empêcher l’envoi des armes et le gouvernement dut céder. Premier round aux travailleurs.

Neuf mois plus tard, les patrons tentèrent de réduire les salaires dans le secteur-clé des mines de charbon. Malgré l’existence d’une alliance  »formelle » entre les syndicats de mineurs, de cheminots et de travailleurs des transports ( la  »Triple Alliance » ) les autres syndicats refusèrent de soutenir les mineurs, qui furent battus. Le jour où la Triple Alliance refusa d’agir allait prendre dans le mouvement ouvrier  britannique le nom de “vendredi noir”. Deuxième round aux patrons !

En trois ans, les salaires des mineurs chutèrent de 26%, ceux des sidérurgistes de 20% et ceux des travailleurs du textile de 20%. Dans la même période, environ 2 millions de travailleurs quittèrent les Syndicalisme  . Malgré cette défaite, les travailleurs n’étaient pas vaincus. En 1923, le nombre de grèves augmenta. Cette année-là, le premier gouvernement travailliste ( minoritaire ) fut élu. Confrontés à la relance de l’économie allemande qui suivit l’échec du mouvement révolutionnaire d’octobre 1923, les patrons britanniques devenaient de plus en plus conscients qu’ils devraient attaquer encore une fois les travailleurs s’ils voulaient briser l’avant-garde ( les mineurs ) et ainsi affaiblir tout le mouvement ouvrier . Ce fut l’objectif principal du nouveau gouvernement conservateur de Baldwin

Baldwin

, élu en décembre 1924 à la suite de l’effondrement du gouvernement travailliste. En juin 1925, les mines de charbon allemandes recommencèrent à fonctionner à plein régime. Craignant pour leurs exportations, les propriétaires miniers britanniques déchirèrent immédiatement les accords passés avec les syndicats ( y compris sur l’existence d’un salaire minimum ) et annoncèrent des réductions de salaire importantes. Comme le déclara Baldwin : ‘ Tous les travailleurs du pays doivent accepter des réductions de salaire afin de remettre l’industrie sur pied.  » Le Conseil général du  » Trade Union Congress  » ( l’unique centrale syndicale britannique) se solidarisa avec les mineurs, appela tous les syndicalistes impliqués dans le transport du charbon ( cheminots, travailleurs des transports, dockers ) à cesser le travail. Pas encore prêt à une confrontation généralisée, le gouvernement recula. Pour mieux sauter.

Malgré la liesse ouvrière qui marqua le jour où le gouvernement recula (connu sous le nom de  »vendredi rouge »), la situation demeurait pleine de dangers. Tout en accordant une subvention salariale aux patrons des mines pour une durée de neuf mois et en établissant une commission pour étudier l’état de l’industrie minière, le gouvernement préparait la confrontation à venir. Comme l’a dit W Churchill

W Churchill

 , qui fut l’un des avocats les plus ardents pour briser le pouvoir syndical :  » Nous avons décidé de reporter la crise dans l’espoir de l’éviter, ou, si on ne peut pas l’éviter, de l’emporter le moment venu.  »

Un véritable plan de guerre fut établi en secret. Le pays fut partagé en dix divisions, chacune dirigée par un Ministre qui avait le pouvoir de contrôle sur les transports, le courrier et la distribution de nourriture et de charbon. Au même moment, le gouvernement créa des  »Comités de service volontaire » et une  »Organisation pour le maintien des fournitures », avec pour objectif d’organiser des jaunes

  et de les former à conduire trains et camions. Enfin,fut créée, une nouvelle force armée, la  »’Réserve Civile de Police », composée d’ex-soldats  »loyaux », dans le but d’imposer l’ordre et de protéger les jaunes.

Certains dirigeants syndicaux comprenaient bien ce qui les attendait. A. J. Cook,

A. J. Cook

dirigeant des mineurs, ex-membre du Parti Communiste qui se disait toujours  »un humble disciple de Lénine, signala le danger :

 »Au mois de mai prochain, nous devrons faire face à la plus grande crise et à la plus grande lutte qu’on ait jamais connues et nous les préparons… Je me fous du gouvernement, de l’armée et de la marine… Nous avons déjà battu non seulement les patrons mais aussi la plus forte armée des temps modernes. »

Cette position reflète à la fois les forces et les faiblesses de Cook, et donc de tout le syndicat des mineurs. A la différence des autres dirigeants, il était prêt à lutter. Mais il ne comprenait pas l’importance d’une lutte politique et, malgré sa rhétorique, il ne comprenait pas l’enjeu de la bataille à venir. A deux reprises ( contre les ventes d’armes au gouvernement réactionnaire polonais, puis le “vendredi rouge” ) le gouvernement avait dû reculer devant les syndicats, sans qu’une lutte ait lieu.

Le refus des bureaucrates d’activer la Triple Alliance le vendredi noir, alors qu’une lutte était nécessaire, était significatif de la véritable politique qu’ils étaient capables de mener lors d’une crise. Pourtant Cook ne le comprenait pas. (Ou s’il le comprenait, il ne faisait rien pour les contrer ). Pendant toute la crise qui allait suivre, il refusa systématiquement de rompre avec ses camarades bureaucrates au sein du TUC.

La grève

La grève arrive…..

En mars 1926, la Commission gouvernementale établie six mois auparavant rendit son rapport. Elle considérait que les mines n’étaient  »pas rentables », qu’il fallait abandonner la subvention salariale et réduire les salaires , tout en préconisant une certaine  » intervention étatique » .

Au même moment, les patrons de l’industrie métallurgique cherchèrent à imposer une augmentation des horaires ( non payés ! ) les sociétés (privées) de chemin de fer promirent des réductions de salaire et les patrons de la construction voulurent remettre en cause les conditions de travail. Tout était en place pour la confrontation la plus importante dans l’histoire de la classe ouvrière britannique. Le syndicat des mineurs rejeta le rapport de la Commission, mais le manque de combativité du Conseil général, qui se contenta d’appeler à la grève générale de manière rituelle, était consternant. L’aile droite du TUC craignait avant tout de perdre le contrôle du mouvement. Le dirigeant des cheminots J.H Thomas

J.H Thomas ?

, le déclara nettement, à moins de deux semaines de la grève :

 »Parler actuellement comme si, dans quelques jours, tous les travailleurs du pays allaient être appelés à faire grève, c’est déchaîner des passions qu’on pourrait avoir du mal à contrôler. »

Les principaux dirigeants du TUC espéraient que le gouvernement, comme en 1925, céderait devant la pression. S’il refusait de céder, il leur faudrait agir comme lors du vendredi noir de 1921: ils abandonneraient les mineurs.

Quelle fut la réponse de la gauche syndicale, notamment de la direction des mineurs ( secteur le plus concerné par cette trahison annoncée ?) Ils préférèrent laisser les affaires entre les mains du Conseil général. Sous la pression du TUC, Cook accepta même que le Congrès des mineurs ne se prononçât pas sur le rapport de la Commission ! Pendant toute la grève, ni Cook ni une quelconque instance du syndicat des mineurs n’appela la base à rompre avec les dirigeants traîtres.

En avril, les dirigeants du TUC recherchèrent un compromis avec le gouvernement. Mais les patrons sentaient qu’ils pouvaient gagner. Les propriétaires des mines déclarèrent que le 30 avril ils fermeraient les portes à tous ceux qui n’acceptaient pas les conditions de la Commission, et qu’à cette date prendraient effet une augmentation des horaires et de nouveaux accords salariaux locaux. La réponse du Conseil général était prévisible : la lâcheté systématique.

Le premier mai 1926, alors que l’une des plus grandes manifestations ouvrières se déroulait à Hyde Park à Londres, une poignée de bureaucrates  »négociait ». En fait, selon les propres dires de Thomas, ils s’abaissaient :

 »J’imagine que mes critiques habituelles diront que je m’abaissais, et c’est vrai. Dans toute ma longue vie je n’ai jamais supplié et imploré comme j’ai supplié et imploré toute la journée d’aujourd’hui. »

Comme c’était prévisible, un tel comportement ne fit qu’encourager le gouvernement dans sa démarche anti-ouvrière. Prenant prétexte du refus ( tout à fait correct ) des travailleurs du livre d’imprimer un éditorial du journal jaune le  »Daily Mail » attaquant une éventuelle grève générale, le gouvernement rompit les négociations. Les dirigeants du TUC eurent beau condamner les imprimeurs, le gouvernement poussa son avantage. Sans enthousiasme, mais sans alternative, le Conseil Général du TUC appela à la grève générale   le lundi 3 mai 1926. Les premiers jours, les métallos et les travailleurs des chantiers navals ne furent pas appelés à faire grève, le Conseil général préférant les garder “en réserve”.
Bien entendu,la bougeoisie n’était pas aussi frileuse. Le 4 mai, les docks de Londres étaient occupés par deux bataillons de l’armée, équipés de cavalerie et de blindés. Des navires furent remorqués dans les estuaires proches des grandes villes ouvrières ( Newcastle, Liverpool, Hull et Glasgow ) et les  »volontaires » et la réserve de police, bien préparés, furent mobilisés. Afin de faire passer son message anti-ouvrier et sa propagande , le gouvernement lança un quotidien, la ‘British Gazette », dont le rédacteur en chef était Churchill. Chaque jour, cette feuille vomissait sa haine des travailleurs et appelait “le peuple” à s’opposer à la grève. Elle était aidée dans son sale boulot par la BBC, récemment établie.

La naissance d’un pouvoir ouvrier

Malgré ses désirs, le Conseil général fut obligé d’organiser la grève. Le 1er mai, il adopta une résolution demandant aux  »Trades councils » (des comités locaux rassemblant tous les syndicats de la région) de créer des conseils d’action non seulement pour assurer la grève mais aussi pour  » organiser les syndicalistes lors du conflit, d’une manière la plus efficace, afin de préserver la paix et l’ordre.  »

La réalité de la grève obligea les Trades councils à aller beaucoup plus loin que ne le voulait le Conseil général. Les conseils
d’action, se réunissant quotidiennement, se structurèrent en plusieurs départements, organisant notamment le ravitaillement,
une milice ouvrièree  et des bulletins locaux.

Certains conseils allèrent encore plus loin, et établirent des commissions qui réglaient les questions de finance et organisaient les piquets, la propagande, l’aide aux emprisonnés, le divertissement, le transport etc. L’organisation de piquets de masse afin d’imposer la grève aboutit rapidement dans certaines régions à une dualité de pouvoir.

A l’est de Londres, dans les quartiers ouvriers   

quartiers ouvriers

de West Ham et de Poplar, tous les camions et voitures furent interdits, sauf ceux “avec la permission du TUC”. Dans le bassin houiller de Fife, en Ecosse, les groupes de défense ouvriers empêchèrent l’activité des jaunes. Voici des extraits du rapport officiel qui fut tiré après la grève :

“L’organisation était bien huilée. Tout était arrêté ; il y avait même des piquets sur les voies des chemins de fer. Le Conseil organisa un service de courrier sans pareil : trois voitures, 100 motos et autant de vélos que nécessaire. Ce système couvrit tout le Fife, amenant et diffusant l’information et transportant des orateurs partout dans le pays… Après des attaques policières contre les piquets, le Corps de Défense, qui rassemblait 150 travailleurs au début, fut réorganisé. A la fin, nous étions 700, dont 400 dirigés par des travailleurs qui avaient été caporaux pendant la guerre, à marcher en formation militaire à travers la ville afin de protéger les piquets. La police ne s’est plus montrée. »

A Fife toujours, les grévistes prirent le contrôle des transports. Un mineur communiste décrit ainsi la situation :  »tous les véhicules devaient recevoir la permission du Trades council avant d’emprunter la rue principale… Pour être sûrs que personne ne passerait, les mineurs avaient mis une corde à travers la rue. Si le véhicule avait un permis, il passait ; sinon, il ne passait pas.” A Middlesborough, ville du nord de l’Angleterre où il y avait des métallos, des mineurs et des travailleurs des chantiers navals, le Comité de grève central fut très efficace. Son secrétaire écrivait : “On peut dire sans peur d’être contredit que nous n’avons jamais connu une grève où la participation ( de tous les travailleurs ) a été si enthousiaste et si déterminée.”

Le Comité se réunissait quotidiennement, organisait un comité d’urgence qui siégeait chaque nuit, et avait un système de communication basé sur des équipes de motocyclistes. Il fut si efficace que la police accepta de retirer la cavalerie et les policiers “spéciaux”, “afin de maintenir l’ordre”. De tels exemples se multipliaient partout dans le pays. Les travailleurs se montraient pleins d’initiative, organisant la grève avec conscience et montrant également que la population travailleuse n’avait nullement besoin des patrons

Patron lol

Ce qui était tout à fait normal, chaque grève générale posant la question  »qui dirige ? ». Les travailleurs britanniques, à travers les Conseils d’action, montrèrent qu’ils étaient capables de relever le défi et de bâtir un nouveau pouvoir, basé non sur les institutions formelles et sur le fond anti-démocratique de la démocratie bourgeoise  , comme le parlement, mais sur la participation active, sur l’intervention quotidienne des travailleurs et de leurs représentants élus.

Néanmoins, la grève souffrait d’une terrible faiblesse. Malgré les initiatives locales, malgré l’action et le courage des masses, la direction restait entièrement entre les mains des bureaucrates du Conseil Général. Malgré l’existence des Conseils d’Action, les divers secteurs en grève ne s’étaient pas unis à la base. Dans la plupart des régions, les mineurs étaient restés chez eux, sans chercher à nouer des liens avec les grévistes des villes proches.

Cette faiblesse organisationnelle, liée au fait que la direction de gauche , et notamment Cook , refusait totalement de rompre, et même de critiquer ouvertement la direction du TUC, laissa l’initiative entre les mains des bureaucrates réformistes qui cherchaient à mettre fin au mouvement par tous les moyens.

D’après un dirigeant syndical des transports, le cauchemar des bureaucrates était : ‘Plus la grève durait, plus le contrôle et l’autorité passaient des mains des exécutifs responsables aux mains de ceux qui n’avaient ni autorité, ni contrôle. » Le vendredi 7 mai, les négociations entamées dès le début de la grève semblaient avoir trouvé une issue… en faveur des patrons. Les bureaucrates proposaient d’accepter les réductions de salaire chez les mineurs, à condition que le gouvernement mette également en oeuvre d’autres éléments du rapport de la Commission, notamment une politique d’intervention  dans l’industrie du charbon.

Le gouvernement de Baldwin resta de marbre, sentant bien la possibilité d’une victoire totale. Selon Churchill “la simple acceptation des réductions de salaire n’est plus suffisante. C’est une lutte à mort.” En effet. Churchill comprenait bien que les patrons avaient la possibilité de briser une fois pour toutes le pouvoir syndical, et que leur atout principal résidait dans la lâcheté des dirigeants syndicaux.

Le 11 mai, la direction syndicale était d’accord : elle était prête à mettre fin à la grève et à accepter sans conditions les réductions salariales. Les mineurs refusèrent catégoriquement l’accord. Ce qui n’était pas étonnant.Cependant, le lendemain, les dirigeants du TUC offrirent une reddition totale au Conseil des Ministres. Baldwin refusa toute assurance, y compris sur la répression antisyndicale  . La défaite des bureaucrates fut totale. Selon un ministre de l’époque, Lord Birkenhead  » leur reddition fut si humiliante qu’une sorte de réaction instinctive nous empêchait même de les regarder.  »

Les dirigeants du TUC étaient arrivés à leurs fins. Appuyés par les dirigeants du Parti Travailliste , ils avaient mis fin à la grève.
Le 12 mai, après seulement neuf jours, la fin de la grève était annoncée, la trahison des mineurs était consommée. Les grévistes furent stupéfaits. D’ailleurs, au début, le TUC eut du mal à imposer sa volonté anti-ouvrière : face aux tentatives de répression antisyndicale de la part du patronat, le nombre de grévistes continuait à augmenter ! Le 13 mai, la BBC elle même était obligée de constater qu’il n’y avait pas encore eu “de reprise généralisée”. En fait, il y avait 100.000 grévistes de plus !

Pendant plus d’une semaine, les grèves se poursuivirent pour défendre les travailleurs au niveau local. A ce moment là, il était encore possible pour les mineurs de relancer la grève en s’adressant aux centaines de milliers de grévistes. Mais pour cela il aurait fallu rompre avec la direction du TUC. Et cela, Cook, l’  » humble disciple de Lénine », n’était pas prêt à le faire. Le syndicat des mineurs accepta le fait accompli, tout en soulignant que la fin de la grève était de  » la seule responsabilité du Conseil Général  » et remercia  » tous les travailleurs pour leur démonstration magnifique de loyauté  ». Mais pas un mot de critique.

La fin et ses leçons

Trahis, isolés, les mineurs continuèrent leur combat pendant sept mois. Mais, à la fin du mois de novembre, affamés et démoralisés, ils durent céder devant l’offensive patronale et accepter leurs conditions draconiennes. A cause de l’action des dirigeants syndicaux, la grève générale de 1926 fut un triomphe… pour la bourgeoisie britannique. La campagne de répression antisyndicale qui s’ensuivit fit des dizaines de milliers de victimes. Des centaines de milliers de travailleurs quittèrent les syndicats et letaux de syndicalisation tomba au-dessous du niveau d’avant-guerre.

Ce fut une terrible défaite pour les travailleurs. Ses conséquences se firent sentir longtemps sur le mouvement ouvrier . Pas uniquement parce qu’il fallut attendre 1945 et l’écrasement de Churchill pour voir la conscience et le moral de la classe ouvrière remonter, ni parce que jusqu’à la défaite de la grande grève des mineurs de 1984-85 les gouvernements successifs ont considéré les mineurs comme leur ennemi numéro un.

Non, les conséquences les plus tragiques de cette défaite et de cette trahison, c’est que les leçons n’ont pas été assimilées. En effet, lors de la grève 1984-85 ( un événement comparable à la grève de 1926 par son ampleur et par les conséquences réactionnaires qui découlèrent de la défaite ouvrière ) les mineurs ont refusé de rompre avec les dirigeants droitiers du TUC, bien que ces derniers aient refusé systématiquement de les soutenir.

Plus frappant encore, en 1984-85, les mineurs, comme leurs grands-pères en 1926, étaient dirigés par un homme de gauche , Arthur Scargill

 Arthur Scargill

, qui, malgré sa rhétorique de gauche, malgré la totale loyauté dont il bénéficiait de la part des mineurs de base, refusa de dénoncer ses camarades bureaucrates  et encore moins d’organiser la base contre eux. En 1984-85, comme en 1926, les résultats furent catastrophiques pour les travailleurs.

( Les travailleurs de tous les pays doivent retenir les leçons de la grève générale de 1926, et comprendre toute l’importance qu’il y a à organiser les travailleurs de la base autour d’un programme de lutte et aussi de rupture avec les dirigeants bureaucratiques. Ils doivent aussi se rendre compte que si un dirigeant de gauche, aussi admirable soit-il, ne parvient pas lors d’un conflit d’envergure à rompre avec sa politique réformiste, il devient alors un allié dangereux avec qui il faut rompre, sinon l’échec est inéluctable.)

Le Parti Communiste et le « Minority Movement »

Mouvement de la base syndicale

Le Parti Communiste  n’a jamais été fort en Grande-Bretagne, ne dépassant jamais quelques dizaines de milliers de militants, et est toujours resté dans l’ombre de son  »grand frère », le Parti Travailliste , à qui est affiliée la majorité des syndicats. Néanmoins, au milieu des années 1920, le PC joua un rôle important, notamment dans les syndicats. En 1924, sous l’influence de l’Internationale Communiste

Internationale Communiste (affiche)

, le PC lança un mouvement de la base syndicale, le  »Minority Movement  ». Son objectif était de rassembler tous les syndicalistes qui voulaient lutter contre les dirigeants bureaucratiques et pour un programme d’action en défense des travailleurs.

Trotski

Trotski

 s’est intéressé de près à cette initiative, et en particulier au déroulement de la grève générale et de la position du PC. L’évolution de la politique du PC permet de comprendre le début de la dégénérescence du mouvement communiste international, et aussi de tirer des leçons importantes pour la construction d’un mouvement de la base syndicale en France aujourd’hui.

Le PC avait commencé à organiser le Minority Movement au sein du syndicat des mineurs. A. J. Cook, qui avait quitté le PC en 1921, peu après sa fondation, fut élu à la tête du syndicat des mineurs avec l’appui du Minority Movement.

Congrès

A son premier congrès, en août 1924, le mouvement rassemblait 270 délégués représentant plus de 270 000 travailleurs. Deux ans plus tard, à la veille de la grève générale, il rassemblait 547 organisations et plus de 957 000 syndiqués, soit 17% des syndiqués du TUC ! La plupart des dirigeants du Minority Movement était des militants du PC. Néanmoins, il ne constituait nullement un “front” pour le parti, ni un regroupement voué à une politique bêtement syndicaliste. Il rassemblait tous les travailleurs qui voulaient lutter, qu’ils fussent révolutionnaires ou non. Ainsi le programme d’action du Minority Movement était profondément révolutionnaire.

Commençant par mettre en avant des revendications portant sur les salaires et les conditions de travail , le programme avançait des réponses organisationnelles à toute une série de questions qui allaient de l’extension des syndicats à la création des comités d’usine en passant par la création d’une nouvelle direction révocable et responsable devant la base, pour arriver au besoin d’une politique internationaliste, en particulier à l’égard de la  » jeune URSS » . Selon le PC, la participation des travailleurs à la lutte pour une telle politique syndicale les convaincrait de l’importance de la politique révolutionnaire. D’où la nécessité pour le Parti de ne pas imposer sa politique au moment-même, mais aussi de ne pas la cacher.

Au début, cette politique honnête permit de critiquer les dirigeants de gauche et d’avertir la base du danger qu’ils pourraient représenter. Par exemple , le PC soulignait en octobre 1924, peu de temps après l’élection de Cook à la tête du syndicat des mineurs :  » Il serait suicidaire pour le PC et le MM de se fier à ce qu’on a appelé la gauche officielle… C’est le devoir du Parti et du MM de critiquer systématiquement ses faiblesses.  »

Les raisons de cette critique étaient soulignées par Trotski dans un article analysant la nature de la “gauche officielle” :

 » Il doit être clairement compris que ce genre de  »gauchisme  »n’est de gauche que lorsqu’il n’a pas d’obligations pratiques. Dès que la question de l’action est posée, l’aile gauche cède respectueusement la direction à la droite… L’aile droite et l’aile gauche, y compris, bien entendu Purcell et Cook, ont la plus grande peur de commencer la lutte finale. Même là où ils acceptent verbalement l’inéluctabilité de la lutte et de la révolution, ils espèrent profondément qu’un miracle les sauvera. Dans tous les cas, ils freineront le mouvement, ils tergiverseront, ils attendront, ils céderont la responsabilité à d’autres, et en réalité ils aideront Thomas dans toute question importante.  »

Stalinisation et dérive opportuniste

Malheureusement, après 1924, le PC britannique commença à souffrir des débuts de la dégénérescence de l’ Internationale Communiste . L’Internationale allait cesser d’être l’instrument de la révolution internationale et allait devenir le pion de la bureaucratie soviétique  sur l’échiquier diplomatique international. Dans sa phase initiale en Grande Bretagne, ceci prit la forme d’une adaptation à la bureaucratie syndicale, avec comme objectif d’utiliser cette force, comme en 1920, pour empêcher une éventuelle invasion impérialiste de l’URSS.

Ainsi, au nom de la “défense de l’URSS »bureaucratique, c’est à dire du statu quo avec l’ impérialisme , le PC refusait de critiquer les dirigeants de gauche et finit par faire comme eux… par suivre la droite.

A la veille de la grève, le Minority Movement soulignait que  » dans aucune circonstance les Conseils d’Action ne doivent remplir le travail des syndicats. Leur tâche est de faire en sorte que toutes les décisions du Conseil Général et des directions syndicales soient exécutées.  »

La conclusion logique de cette politique fut le mot d’ordre principal du PC lors de la grève :  » Tout le pouvoir au Conseil Général du TUC  ». L’espoir, ou plutôt l’illusion, du PC était que la gauche prendrait le pouvoir au sein du TUC, et donc dans le pays.

Les conséquences de cette politique furent désastreuses. Au moment où il aurait fallu organiser les formes de déémocratie ouvrière

pour rompre avec la direction du TUC, le PC appelait à renforcer cette dernière ! Ne rencontrant aucune opposition réelle de la part du Minority Movement, la direction du TUC eut tout loisir pour mener sa politique anti-ouvrière et de trahison, malgré l’implantation réelle du mouvement parmi les syndicalistes de base. Selon le PC de 1926, les masses n’avaient plus besoin d’une politique révolutionnaire, mais plutôt du réformisme musclé de Cook, même s’il était finalement inefficace. Cette politique à son tour ouvrait la voie à la droite.

Comme le souligna Trotsky , 18 mois après la fin de la grève :

 » Un jeune PC, dont la seule force est celle de la critique et de détermination, révèle au moment décisif qu’il possède un surplus de qualités du signe opposé. Au fond, il s’agit d’une mauvaise compréhension du front unique. Jour après jour on a répété au PC britannique que l’union avec Purcell et Hicks aiderait la défense de l’URSS. Ceci ne pouvait pas ne pas avoir un effet sur la conscience du PC.  »

Tournants

Le refus de rompre avec la gauche, et même de la critiquer le moment venu, allait coûter cher au jeune PC. De plus en plus soumis aux derniers tournants de Moscou, le parti dut ensuite justifier le refus de Moscou de rompre avec la direction droitière du TUC après la fin de la grève, et de maintenir le cadre du Conseil anglo-soviétique  entre les deux appareils syndicaux. De plus en plus discrédité parmi les militants de base, le PC n’arrivait même pas à s’intégrer dans l’appareil syndical — fortement travailliste . Deux ans après la fin de la grève le Minority Movement fut interdit par le TUC et il s’effondra l’année suivante.

L’expérience fut terminée, achevée par le poids croissant de la bureaucratie stalinienne en URSS et son influence néfaste sur toutes les sections de l Internationale Communiste . Comme l’a dit Trotskien 1931, résumant l’expérience dans une lettre aux trotskystes français :

 » Les masses ne connaissaient comme chefs du mouvement que Purcell, Hicks et Cook à qui Moscou apportait d’ailleurs sa garantie. Ces amis  »gauchistes », à la première épreuve sérieuse, ont honteusement trahi le prolétariat. Les ouvriers révolutionnaires ont été désorientés, sont tombés dans l’apathie et ont reporté sur le PC lui-même leur déception, alors que le parti n’avait constitué qu’un élément passif dans ce mécanisme de trahison. Le Minority Movement disparut presque totalement : le PC retourna à l’état de secte impuissante. Ainsi, par suite d’une fausse conception du parti, le plus grand mouvement du prolétariat anglais, qui déclencha la grève générale, non seulement n’a pas réussi à ébranler l’appareil de la bureaucratie réactionnaire, mais l’a au contraire renforcé et a compromis pour longtemps le communisme en Grande Bretagne.  »

La conclusion est claire : la création d’un mouvement de la base syndicale constitue un élément important de la politique révolutionnaire. Mais son utilisation opportuniste, comme celle imposée sur le PC britannique par les staliniens , conduit inévitablement à  l’effondrement et au discrédit de toute l’organisation. En 1926 en Grande Bretagne, comme ailleurs depuis, le stalinisme  s’est révélé le fossoyeur de la révolution.

Y-a-t-il des races humaines ?


Pourquoi autant de couleurs de peau ?Des races humaines suivant la couleur de la peau ?

Sommes-nous tous de la même race ?

Depuis plusieurs siècles, l’homme a essayé d’ordonner la nature et les êtres vivants en établissant des catégories, des groupes, des ordres. Dans un premier temps les seules différences anatomiques suffisaient à comparer deux populations, ce qui faisait classer les chauves-souris dans l’ordre des oiseaux sur le simple fait que les deux étaient dotés d’organes pour voler… !
Appliquée à Homo sapiens, cette méthode allait marquer pour longtemps les esprits ! La couleur de la peau , notamment, est toujours un sujet de conversation et parfois de conflits entre différentes populations…
Les anciennes tentatives de classification de l’espèce humaine basées sur des pratiques culturelles ou anatomiques continuent malheureusement d’alimenter aujourd’hui des théories racistes…

M.Le Pen berkkk

Historique des tentatives de classification humaine

Dans la Bible les hébreux classaient déjà les animaux selon des critères pratiques : purs et impurs ( ??), comestibles ou pas…
En 1684 le médecin et philosophe français François Bernier 

François Bernier ?

fut le premier à imaginer qu’il existait quatre ou cinq races d’hommes avec une méthode assez simple et en partie géographique : selon le lieu et quelques critères de physionomie on peut distinguer des « races humaines » différentes.
On peut alors trouver la première race dans une zone qui comprend l’Europe jusqu’au Nil, l’Asie, la perse et les Maldives. Pour Bernier c’est la  » race première  » (dans laquelle, bien sûr, il se place !).
La seconde comprend le continent africain mais sans les populations situées les plus au nord et c’est donc une race noire et presque imberbe (et donc inférieure pour l’époque).
Ce sont les populations de Sumatra, des Philippines, de la Chine, du Gange (Inde), de la Moscovie et du Turkestan qui forment la troisième race.

La quatrième race est constituée uniquement des Lapons

Lapon

qui sont qualifié par Bernier de  » vilains animaux  » !!!!.
Pour finir Bernier parle d’une cinquième race, les habitants du continent américain, mais admet que leur  » teint olivâtre  » peut les rapprocher du premier groupe…  Dans le texte d’origine la cinquième race était constituée uniquement des noirs du Cap de Bonne Espérance !

Carl von Linné

En 1758 Carl Von Linné proposa dans  »Systema Natura » quatre variétés d’Homo sapiens, leur attribuant des caractéristiques peu scientifiques :

– les Americanus : rouge, colérique et droit
– les Europeus : blanc, sanguin et musculaire
– les Asiaticus : jaune pâle, mélancolique et rigide
– les Afer : noir, flegmatique et décontracté
Il distinguait aussi deux autres variétés fantaisistes : les monstrosus (êtres velus) et ferus (les enfants sauvages).
Carl Von Linné fut malgré tout l’un des premiers à tenter d’établir une recension des espèces.

Johann Friedrich Blumenbach
Johann Friedrich Blumenbach

En 1775, le naturaliste Johann Friedrich Blumenbach proposa, en s’appuyant sur Linné, une nouvelle  classification des Homo sapiens :  »De generis humani varietate nativa  ». En 1795, il adopta définitivement la taxinomie suivante : la variété caucasienne à peau pâle (l’Europe), la variété mongole (Chine et Japon), la variété éhiopienne à peau sombre (Afrique), la variété américaine, et la variété malaise (Polynésiens, Aborigènes…).
La grande nouveauté de Blumenbach c’est qu’il établit une hiérarchie entre les variétés. Il place la variété caucasienne à l’origine des autres selon un critère très personnel : c’est le peuple le plus beau ! Les autres variétés sont une dégénérescence par rapport à cette population originelle (il faut prendre en compte qu’il emploie le mot  »dégénérescence » dans le sens  » écart par rapport à  »).
Il indique toutefois que toutes les variétés d’hommes correspondent à une seule et même espèce : il défend le principe d’unité de l’espèce humaine.

Toutes ces tentatives de classification vont marquer les époques et notre façon de voir le monde. Nous en héritons et elles font partie de notre histoire. Certains utilisent encore ces théories (sans parfois les connaître !) à des fins racistes.
La science, la génétique nous prouvent que l’Homo sapiens  est une race à part entière, sans sous-catégories… et nous ne pouvons pas faire de classification sur des critères aussi subjectifs que la couleur de la peau, la géographie, la culture ou la beauté d’un individu !

Définition de la race et de l’espèce :

Couleurs des peaux humaines
Couleurs des peaux humaines

Dans la classification générale du vivant on parle d’espèce pour regrouper toutes les populations interfécondes et dont la descendance peut elle-même se reproduire.
La notion de  »race » quant à elle se base sur la notion de  » gènes communs et exclusifs à un groupe d’individus  ».

François Lebas….

François Lebas ?

……(Directeur de recherche honoraire de l’INRA) propose la définition suivante : …  »au sein d’une espèce, une race est généralement considérée comme une collection d’individus ayant en commun un certain nombre de caractères morphologiques et physiologiques qu’ils perpétuent lorsqu’ils se reproduisent entre eux…  »

Des races humaines ?

Aucune population humaine ne possède exclusivement des gènes propres. Les Homo sapiens forment une seule et même espèce. Les différences anatomiques que l’on perçoit, par exemple entre un individu asiatique et un européen, ne sont que l’expression plus ou moins forte de gènes communs.
Cette mixité génétique dans l’espèce humaine est tellement importante que si quelqu’un a besoin d’un don d’organe ( un rein par exemple) il faut qu’il ait des antigènes compatibles sans que la couleur de peau rentre en ligne de compte. Cette comptabilité HLA (pour Human Leucocyte Antigen) ne fonctionne que si le donneur et le receveur sont très proches avec 6 à 10 antigènes compatibles. C’est donc généralement dans la famille très proche que l’on peut trouver » l’oiseau rare  » !
Pour André Langaney……

André Langaney

…..(ancien directeur du Laboratoire d’Anthropologie du Musée de l’Homme) :  »En fait, il n’y a pas de marqueur génétique de la race. On n’a jamais pu en isoler un qui soit présent, par exemple, chez tous les “Noirs” et absent chez tous les “Blancs”. Dès qu’on commence à définir une race, en cherchant des critères de classification, on n’en finit plus. Certains sont allés jusqu’à 450 ! S’il fallait pousser la classification à son terme, il faudrait définir une race par individu, car nous sommes tous différents » .
Les populations humaines forment un seul et même groupe taxinomique, une seule espèce.

L’espèce humaine, depuis quand ?

Les études génétiques démontrent que l’espèce humaine a une origine récente : il y a de très faibles variations génétiques entre les différentes populations humaines.
Pour illustrer cette petite différenciation, on peut comparer deux chimpanzés (pris au hasard) et deux humains. Les chimpanzés présentent plus de différences génétiques que les 2 humains entre eux… Leurs origines sont donc plus anciennes que la nôtre…
Le nombre de gènes est sans rapport avec la taille ou l’importance que nous accordons à une espèce : 14 000 pour la mouche Drosophile et… 30 à 40 000 pour l’Homo sapiens

Cellules pigmentaires de la peau

La couleur de la peau : une simple question de gène !
Quelle que soit la couleur de notre peau, nous possédons tous des mélanocytes ( mélanocytes =cellules originaires de la crête neurale, situées dans la couche basale de l’épiderme dont elles représentent 5 à 10% des cellules. Ce sont ces cellules qui sont responsables de la pigmentation cutanée en synthétisant un pigment, la mélanine.) , produisant de la mélanine (pigment naturel) sous contrôle de nos gènes. Suivant sa concentration, ce pigment fonce plus ou moins notre épiderme. Parallèlement, la quantité et l’intensité des rayons solaires influent sur notre corps qui, pour se protéger, produit plus ou moins de mélanine : c’est le phénomène de bronzage.

Toutes les nuances sont représentées

Les populations exposées de façon continue au soleil développent un  » bronzage permanent  » ! Si on partait à pied d’une région sub-tropicale vers le nord,on rencontrerait, au fur et à mesure, des populations de plus en plus claires, sans rupture…
C’est donc graduellement que cette variation se déroule… du brun foncé au blanc-rosé. Il est alors impossible de déterminer à partir de quel moment un individu est blanc, noir ou jaune car toutes les nuances sont présentes et s’enchaînent !

Couleurs de la peau dans le monde

Du marron foncé au blanc  » cachet d’aspirine  », tous les Homo sapiens ont la même origine…
Elle remonte à environ 7 millions d’années et se situe probablement en Afrique .
Tout laisse à supposer que notre ancêtre commun avait une peau brune (pour résister au soleil) et de nombreux poils… Malheureusement la peau ne se fossilise pas (!) et il y a peu de chance que nous retrouvions un jour des restes de l’épiderme de nos ancêtres !

Mai 1865 …..


Le 11 mai 1865 ouvre à l’orée de Paris, sur les Grands Boulevards, près de la gare Saint-Lazare, un grand magasin  qui va devenir un pôle d’attraction pour le monde entier : Le Printemps. 

La coupole du magasin Le Printemps (1908)

À l’origine de ce projet, on trouve un ancien vendeur de vêtements pour dames, Jules Jaluzot, qui a su investir à bon escient la dot de sa jeune épouse. Dix ans plus tôt sont apparus Le Bon Marché et les Les grands magasins du Louvre.

La même année que Le Printemps, alors que le Second Empire  brille de tous ses feux, naît aussi La Samaritaine, en plein coeur de la capitale, sur les bords de la Seine.

Chefs-d’oeuvre de l’Art nouveau, le bâtiment actuel du Printemps et sa grande coupole en vitrail

grande coupole en vitrail

sont érigés en 1908. Le Printemps est aujourd’hui une étape incontournable pour toute visite de la capitale.

Petite histoire des grands magasins français

Comment leur échapper ? Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les grands magasins sont devenus le symbole du commerce triomphant mais aussi des institutions culturelles, passage obligé de tout touriste.

Pour en arriver là, leurs fondateurs ont élaboré toute une stratégie de séduction à l’intention de clients ravis de succomber à une attraction presque amoureuse pour ces boutiques adeptes des superlatifs.

Comme le romancier Emile Zola en son temps, poussons les portes des modèles d’  »Au Bonheur des dames » pour mieux comprendre pourquoi ils fascinent tellement les foules.

Grands Magasins du Louvre, le hall Marengo, BnF, Paris.

Pas de grands magasins sans grands hommes

Aristide Boucicaut (14 juillet 1810, Bellême (Orne) - 26 décembre 1877, Paris)Les grands magasins sont nés d’une faillite : celle du Petit Saint-Thomas, magasin de nouveautés situé rue du Bac, à Paris.

Parmi les employés remerciés se trouve Aristide Boucicaut

Aristide Boucicaut

 , chef du rayon  »châles ».

Fils de fermier, marié contre l’avis de sa famille à une ancienne gardienne d’oies, Marguerite, ce Normand n’aurait jamais dû entrer dans les manuels d’Histoire.

Mais voilà : l’homme a de la ressource et des idées : embauché à la mercerie  »Au Bon Marché  »qui vient d’ouvrir dans le quartier, il en prend la direction en 1854 avant d’en faire, à grands coups d’innovations, le premier de nos  »Grand magasins ».

Ce précurseur ouvre la voie à Alfred Chauchard,

Alfred Chauchard

ancien commis et fondateur des Grands Magasins du Louvre (1855), Jules Jaluzot

Jules Jaluzot

, simple vendeur avant d’ouvrir Au Printemps (1865) et Ernest Cognacq, également un ancien employé.

Au Paradis des Dames, affiche publicitaire, 1856, BnF, Paris.Ernest Cognacq crée avec son épouse Marie-Louise Jaÿ La Samaritaine (1865), ainsi nommée d’après le nom d’une fontaine publique installée sur le Pont-Neuf voisin.

Il faut ajouter à ce défilé deux cousins venus d’Alsace, Alphonse Kahn

Alphonse Kahn

et Théophile Bader

Théophile Bader

, qui ont eu la bonne idée de s’associer pour reprendre un petit commerce devenu les Galeries Lafayette (1894), d’après le nom de sa rue.

Ces  »self-made men », précurseurs du modèle américain de la fin du XIXe siècle, ne manquent pas de s’adonner à la philanthropie, une fois au sommet de l’échelle sociale. Ainsi Aristide Boucicaut fonde-t-il un hôpital à son nom (aujourd’hui fermé).

Le couple Cognacq-Jaÿ, amateur d’art, laisse un beau musée dans le quartier du Marais et de nombreuses institutions au service de l’enfance, reflet de leur amertume de n’avoir pas eu de descendance.

Émile Zola n’avait que l’embarras du choix pour donner corps à son Octave Mouret, grand maître d’Au Bonheur des dames (…).

C’était il y a environ 29 ans….


….Inauguration du tunnel sous la Manche

 06 mai 1994

Rencontre de François Mitterrand et de la reine Elisabeth II d’Angleterre pour l’inauguration du tunnel sous La Manche. François Mitterrand et la reine Elisabeth II arrivent au terminal de Coquelles, à bord d’un TGV Eurostar en même temps. Suite à une cérémonie officielle, la Reine coupe le ruban tricolore pour ouvrir inaugurer ce nouveau réseau de communication …..

 

Journée historique,  » l’Angleterre n’est plus une île !  », l’ouverture du tunnel sous la Manche le 6 mai 1994 marque un tournant dans l’histoire de l’Angleterre, désormais reliée au continent par un réseau de communication sous-marin.

L’inauguration très solennelle par François Mitterrand et la Reine Elisabeth II d’Angleterre rappelle combien l’événement est important pour les relations franco-britanniques. La construction du Tunnel vient, en quelque sorte, sceller par un lien matériel le rapprochement entre deux vieilles nations, longtemps ennemies et rivales. Elle montre, qu’en dépit des divergences de vue fréquentes entre Paris et Londres( sur l’Europe en particulier), l’entente et la coopération la plus étroite sont possibles.

Car, pour réaliser  » ce rêve vieux de plus de deux siècles  », il fallut tout d’abord une volonté politique commune et forte, symbolisée tout au long du reportage par la présence côte à côte des deux chefs d’Etat. Le chemin fut long et semé d’embûches pour y parvenir tant sur les plans politique, technique que financier. Le premier projet de construction du tunnel fut proposé en 1751… Repris dans les années 1970, par Georges Pompidou et Edward Heath

Edward Heath

, le projet aboutit à la signature d’une convention pour la construction d’un tunnel ferroviaire (plutôt qu’un pont) et la création d’une société d’étude pour sa mise en œuvre, le groupement d’étude du tunnel sous la Manche (GETM), mais il fut de nouveau abandonné par le gouvernement britannique confronté à la crise économique.

En 1984, François Mitterrand et Margaret Thatcher rouvrent le dossier. Ils choisissent l’ouvrage (un lien fixe Trans-Manche, composé de trois tunnels, deux ferroviaires et un de service pour la maintenance), ils fixent les conditions de son financement qui sera privé, et confient son exploitation à une société franco-britannique, le  »Groupe Eurotunnel  ». En 1987, le traité franco-britannique signé par le président de République et Margaret Thatcher autorise sa construction, les travaux débutent quelques mois après. La jonction est réalisée en 1990. Quatre ans plus tard, l’ouvrage est achevé. Etendu sur une distance de 50 km dont 38 sous la mer, circulant à 160 km/heure à 40 mètres de fond, le  »Shuttle » est un véritable exploit technique mis en avant dans le reportage. Il est l’aboutissement d’une coopération étroite entre Français et Britanniques dans les industries de pointe, illustrée dans le passé par la construction du Concorde.

Mais dans son discours, François Mitterrand préfère replacer cette collaboration dans le cadre européen, pour le chef de l’Etat, le tunnel sous la Manche, c’est d’abord une vision de l’Europe  » à la pointe de la technologie  », c’est surtout un pas de plus, vers une Europe  » unie et solidaire  », plus intégrée, dans le sillage de l’Acte unique et du traité de Maastricht signés respectivement en 1986 et en 1992, direction ardemment défendue par François Mitterrand et traditionnellement combattue par l’Angleterre.

 

Première accolade franco-britannique au terminal de Coquelles : celle de deux Eurostar. L’un parti de la gare de Waterloo de Londres avec à son bord Sa Majesté Élisabeth II, l’autre emprunté par François Mitterrand dans la nouvelle gare Lille-Europe. Bruine, tapis rouge et chapeaux, extraordinairement famille royale, tout est en place pour célébrer en grande pompe cette étape historique de l’alliance franco-britannique. Le rêve vieux de deux siècles devient réalité, le tunnel devient officiellement la nouvelle  » frontière terrestre  » entre la France et l’Angleterre.

Peu avant 13 heures, la coupure du ruban en dentelle de Calais symbolisera cette ouverture. Viennent ensuite les discours, et la reine d’Angleterre pour l’occasion, s’exprimera en français.

C’est la première fois, dans l’histoire, que les chefs d’État de France et de Grande-Bretagne se rencontrent sans avoir dû prendre le bateau, ni l’avion.

Ce nouvel axe de communication, préfigure de manière exemplaire, une Europe à la pointe de la technologie… Elle pourrait faire tellement plus ! Unie et solidaire !

Pour le voyage inaugural, la République emprunte un véhicule royal : la Rolls grenat qui entre dans la navette est celle de Buckingham Palace. Les acteurs de cette traversée historique auront la possibilité de se délasser, tout comme le feront, au mois d’octobre prochain, les automobilistes lambdas.

C’est parti, et la dépression d’air surprend Elisabeth. 35 minutes plus tard, ça y est, la Reine d’Angleterre et le Président français ont franchi la mer dans un train lancé à 160 à l’heure, dans un tunnel, creusé à 40 mètres sous terre. L’Angleterre n’est plus une île.

La construction du tunnel
émision télé  » c’est pas sorcier » explication tunnel sous la manche

Que commémore le  »Thanksgiving Day » ?


21 novembre 1620

Le pacte du Mayflower

Un jour froid de l’automne 1620, le Mayflower aborde en un lieu baptisé Plymouth, près de Cape Cod, sur la côte sauvage du Massachusetts. Ce voilier amène d’Angleterre 102 colons. Parmi eux, 35 protestants anglais très pieux, chassés de leur pays par les persécutions du roi Jacques 1er 

Jacques 1er

Cinq jours plus tôt, le 21 novembre 1620, ces « Pilgrim Fathers » ou Pères Pèlerins ont défini les principes de gouvernement de leur future colonie dans un pacte célèbre.

La signature du pacte du Mayflower, Mayflower Compact, novembre 1621, Jean Leon Gerome Ferris, 1863, musée de Plymouth. Agrandissement : Bas-relief représentant la signature du Mayflower Compact, se trouve dans Bradford Street à Provincetown, juste sous le Pilgrim Monument.

Europe inhospitalière

Les  » Pilgrim Fathers  » ont d’abord tenté leur chance aux Pays-Bas, à Leyde. Mais l’état de l’Europe les a déçus.

En Angleterre, les troubles religieux laissent entrevoir la chute de la monarchie  et la dictature de Cromwell. L’Allemagne souffre de la guerre de Trente Ans  . En France, la régence troublée de Marie de Médicis suit à l’assassinat d’Henri IV…

Le petit groupe d’Anglais décide donc de créer une  » Nouvelle Jérusalem  » en Amérique. C’est le moment où la Compagnie de Virginie organise le peuplement de la nouvelle colonie anglaise de Virginie (ainsi nommée en l’honneur de la reine  Elizabeth 1ère ).

Une destination imprévue

Les Pères Pèlerins embarquent en septembre 1620 à Plymouth sur le Mayflower (ou  »Fleur de Mai ‘), un voilier de 180 tonneaux.

Après une traversée agitée, le navire arrive en vue de Cape Cod, sur la côte vierge du futur Massachusetts, le 21 novembre 1620 (11 novembre d’après lecalendrier Julien encore en vigueur en Angleterre). Les passagers comprennent alors qu’ils ont fait fausse route. Ils doivent se résigner à débarquer sur une terre inhospitalière, encore inconnue des Européens.

En prévision de l’avenir, les  » Pilgrim Fathers  » et leurs compagnons de destinée signent le jour même, sur leur navire, un pacte de bonne entente. Ce pacte connu comme le  » Mayflower Compact Act »  édicte les principes qui doivent régir le futur établissement. Il met sur pied une démocratie locale efficace et respectueuse des croyances de chacun.

Il est prévu une assemblée, le  »General Court  », qui se réunit autant que de besoin. Elle élit le gouverneur et les administrateurs, fait les lois, lève les impôts et établit les tribunaux. Dès 1639, avec l’extension de la colonie et l’impossibilité pour beaucoup de fermiers d’assister aux réunions, il faudra recourir à un système représentatif.

Des débuts difficiles

Sitôt débarquée, la communauté conclut un traité de paix avec les Indiens des environs (Narrangans et Wampanoag). Elle n’aura dès lors à se plaindre que d’incidents de voisinage, nombreux mais sans gravité.

Au cours de l’hiver, la famine et la maladie ont raison de nombreux colons. Les dindes sauvages et le maïs obligeamment fourni par les Indiens permettent cependant au plus grand nombre de survivre.

C’est ainsi qu’au terme de la première année, en novembre 1621, leur chef, William Bradford, décide d’organiser une journée d’action de grâce. C’est le  » Thanksgiving Day  ».

Quelques semaines plus tard, les Indiens, qui commencent à s’inquiéter de l’enracinement des Blancs, envoient à ceux-ci une troupe de 50 guerriers porteurs d’une poignée de flèches liées par une peau de serpent. À ce signe évident d’hostilité, Bradford répond en renvoyant la peau bourrée de poudre et de balles. Les Indiens se le tiennent pour dit et la paix est préservée entre les deux communautés.

Une leçon de tolérance

Les puritains du Mayflower et leurs compagnons d’aventure vont apprendre non sans difficulté les vertus de la tolérance et de la démocratie locale. Ces vertus nées de la cohabitation de différentes communautés de réfugiés sont devenues l’idéal nord-américain. C’est pourquoi le souvenir du Mayflower reste encore si vif aux États-Unis et au Canada.

Plusieurs navires relèveront ce nom mythique. Dans les années 1840, l’un d’eux amènera d’Irlande  à Boston de nombreux émigrants, catholiques ceux-là, chassés par la famine.

Le  »Thanksgiving Day  » ( ou Fête de l’Action de Grâces)

Le  » Thanksgiving Day  » de novembre 1621 va se renouveler d’année en année en Nouvelle-Angleterre jusqu’à l’indépendance des États-Unis.
– En 1789, le président George Washington

George Washington

proclame le premier  » Thanksgiving Day  » sous le régime de la nouvelle Constitution.
– En 1863, après la bataille deGetysburg  , le président Abraham Lincoln

Abraham Lincoln

 érige le  » Thanksgiving Day  » en fête nationale afin de ressouder le peuple américain ; il l’établit le dernier jeudi de novembre.
– En 1941, sur une décision du président Franklin Roosevelt

Franklin Roosevelt

, le Congrès reporte la fête au quatrième jeudi de novembre (simplement pour ne pas empiéter sur la préparation des étrennes).

La commémoration du  » Thanksgiving Day  »reste encore très vivante de nos jours  : chaque 4e jeudi de novembre, les familles des États-Unis savourent de la dinde aux airelles avec des patates douces et de la tarte au potiron au dessert, à l’imitation des Pères Pèlerins.

Le texte du pacte :

 Le document original a été perdu, mais la transcription qu’en a donné William Bradford dans son journal est généralement reçue comme très fidèle. Le manuscrit de Bradford est aujourd’hui conservé dans un coffre-fort de la bibliothèque d’État du Massachusetts. La transcription de Bradford est la suivante :
 » Au nom de Dieu, amen. Nous soussignés, loyaux sujets de notre respecté souverain Jacques, par la grâce de Dieu Roi de Grande-Bretagne, de France et d’Irlande, défenseur de la foi, etc  ».
 » Ayant entrepris, pour la gloire de Dieu, pour la propagation de la foi chrétienne, et l’honneur de notre roi et de notre pays, un voyage pour implanter la Première Colonie dans les régions septentrionales de Virginie, par la présente, nous convenons solennellement ensemble, devant Dieu et devant chacun d’entre nous, de nous constituer en un corps politique civil, pour notre administration et sauvegarde et par delà, aux fins susdites ; et en vertu de cela de nous conformer, de décider et de concevoir à l’occasion des lois, ordonnances, actes, décrets et obligations, aussi justes et équitables qu’il semblera à propos et convenable d’adopter pour le bien public de la Colonie, et auxquelles nous promettons toute la soumission et l’obéissance requises. En témoignage de quoi nous avons ci-dessous apposés nos noms à Cape Cod, ce 11 novembre de la quatrième année du règne de notre souverain seigneur Jacques, dix-huitième roi d’Angleterre, de France et d’Irlande, et cinquante-quatrième roi d’Écosse. Anno Domini 1620.  »

Peu de monde le sait ,mais….


.…..le 24 avril est la journée mondiale des animaux dans les laboratoires .

Une initiative officielle ,reconnue par les Nations Unies ,au cours de laquelle les associations  » antivivisection  » (L’antivivisection est un mouvement social et éthique qui s’oppose à la pratique de la vivisection, c’est-à-dire aux expérimentations scientifiques réalisées sur des animaux vivants, en particulier lorsque ces expériences entraînent des souffrances importantes pour les sujets concernés.) ces associations essaient de sensibiliser le public à la souffrance et au traitement réservés à des centaines de milliers de cobayes de tout poil ( chiens,chats,lapins ,singees etc…..)utilisés pour la recherche scientifique .Si,depuis 2010,dans l’Union européenne,les expériences sur les animaux sont plus strictement encdrées,même de plus en plus limitées losqu’il s’agit de  » nos cousins  » les primates , aux Etats-Unis ,la situation s’esr dégradée .

Alors que les  » National Institutes of health » avaient promis en 2015  » d’ éliminer les expériences controversées sur les singes  » , selon leurs propres chiffres ,l’utilisation des primates comme cobayes dans les centres de recherche américains a augmenté de 22 % au cours des années 2017 à 2020. En 2019 par exemple ,plus de 76000 primates ont été utilisés par dees la boratoires privés ou publics . Il s’agit du seul groupe animal à connaître un taux d’utilisation plus fort qu’il y a environ 13 ans . le macaque résus …..

macaque résus …….a le trite privilège d’être devenu une  » star  » des la boratoires ,notamment pour la mise au point de traitement contre la maladie d’Alzheimer…

___________________

vivisection de souris

Depuis les débuts de l’expérimentation animale, de nombreuses questions éthiques ont été soulevées et des méthodes alternatives à l’utilisation des animaux se sont développées. Si des organismes vivants sont encore utilisés en expérimentation, la liberté des expérimentateurs est néanmoins heureusement circonscrite par le droit : de nombreux textes d’origine européenne prenant en compte la sensibilité de l’animal ont été transposés dans le droit français (code rural) et encadrent désormais ces pratiques, malgré la subsistance de nombreuses insuffisances.

QU’EST-CE QUE L’EXPÉRIMENTATION ANIMALE ?

Définition:

Selon la directive européenne 2010/63 , elle concerne la recherche qui est susceptible  »de causer une douleur, une souffrance, une angoisse ou des dommages durables équivalents ou supérieurs à ceux causés par l’introduction d’une aiguille­  ». Ainsi, une expérience ayant pour objet l’étude du comportement animal (éthologie) mais qui nécessite quelques prélèvements sanguins entre aussi dans cette catégorie.

Selon le code rural, une procédure expérimentale concerne  » toute utilisation, invasive ou non, d’un animal à des fins expérimentales ou à d’autres fins scientifiques ou à des fins éducatives  » . Elle commence lors de la manipulation ou de la préparation de l’animal en vue de son utilisation et se termine lorsqu’aucune utilisation ne doit plus être faite sur l’animal et qu’il a été, le cas échéant, procédé à son euthanasie.

Pourquoi a-t-on recours aux animaux ?

Les chercheurs ne savent pas encore comment répliquer la complexité du vivant pour certains sujets d’étude qui nécessitent l’observation d’interactions sophistiquées et fines entre organes, etc ….. Ainsi, ils utilisent encore des animaux vivants pour ces expériences. En Europe, les animaux sont utilisés pour :

-les études de biologie fondamentale ;

– la recherche et le développement dans les domaines de la médecine humaine, de la médecine vétérinaire et de la dentisterie ;

-la production et le contrôle des produits pour la médecine humaine, vétérinaire et de dentisterie ;

-les essais toxicologiques et autres études de sécurité sur des substances chimiques. ;

-un large éventail d’autres utilisations expérimentales : virologie, traitements oncologiques (anti-cancéreux), recherche et développement pharmaceutiques, essais d’associations de médicaments, génétique, etc.

Quelques chiffres:

Nombre d’animaux utilisés en France


En 2016, 1,9 million d’animaux ont été utilisés. Parmi eux ….

-Souris 1 145 000 soit 59,6% 

-Poissons (toutes espèces) 307 000 soit 16%

-Rats 172 000 soit 8,9%

-Lapins 118 000 soit 6,1%

-Poulets 57 000 soit 2,9%

Cochons d’Inde 45 000 soit 2,3%

-Autres oiseaux 15 000 soit 0,7%

– Chiens 4 204 soit 0,2%

-Primates » non humains  »* 3 508 (dont 95% macaques) soit 0,18%

-Chats 1067

*L’expérimentation sur les grands singes (gorilles, chimpanzés, bonobos, orangs outans) est interdite.

Parmi les animaux utilisés, 22% ont un génotype ( le génotype peut être défini comme l’ensemble des gènes d’un organisme) volontairement modifié, lequel est dommageable pour un animal sur 10 (dont 88% sont des souris).

Objets de la recherche

-Fondamentale 43% du total des animaux (64% rongeurs, 27% poissons)

-Santé et bien-être animal et humain 26% (70% rongeurs)

-Essais qualité et innocuité des médicaments 25% (84% rongeurs)

-Maintenance de colonies d’animaux génétiquement modifiés 3% (98% souris)

-Enseignement et formation 2% (93% rongeurs)

-Conservation des espèces 1% (91% poissons)

-Protection de l’environnement (0,1%)

27% des animaux sont utilisés dans des procédures imposées par la législation ou la réglementation (majoritairement des souris et des lapins), par exemple pour vérifier la toxicité des produits avant leur mise sur le marché.

Sévérité des procédures

La directive de 2010  a établi une échelle de  » sévérité  » dans le but de faciliter l’attribution ou le refus d’autorisation de projet expérimental.

Légère : douleur, souffrance ou angoisse légères et de courte durée sans incidence sur le bien-être

Modérée: douleur, souffrance ou angoisse modérées de courte durée ou légère de longue durée avec incidence modérée sur le bien-être

Sévère : douleur, souffrance ou angoisse intenses ou modérées de longue durée avec incidence grave sur le bien-être

Sans réveil : procédure sous anesthésie générale sans reprise de conscience

____________________________________

La loi Grammont, votée le 2 juillet 1850 par l’Assemblée nationale, avait déjà fait couler beaucoup d’encre. Trente ans plus tard, son interprétation ( et donc son application ) était encore assez libre. Celle-ci menace d’une amende et de cinq jours de prison  » ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux domestiques  ».

Telle qu’elle est comprise alors, elle concerne seulement les mauvais traitements infligés à un chien ou un chat. Mais en fait, de nombreuses questions se posent concernant, d’une part, l’alimentation (cuisiner un lapin, est-ce un mauvais traitement sur animal domestique  lol ?), et d’autre part, les loisirs humains impliquant des animaux (courses de bœufs, cirque, etc.).

Quelques semaines après le vote de la loi Grammont, L’Écho des vallées du 26 septembre 1850 donne à lire  une anecdote illustrant parfaitement l’ensemble des réactions devant cette nouvelle directive, moquée aussi bien par les citoyens que par les magistrats :

 » La semaine dernière, un honnête habitant de la commune de St-Chinan, ayant maltraité un de ses plus fidèles serviteurs, descendant du coursier de Balaam, fut cité devant M. le juge de paix de sa commune en vertu de la loi Grammont. Voici le colloque qui s’établit entre eux :

M. le juge de paix.  » Pourquoi, mon ami, vous qui êtes connu par l’aménité de votre caractère, vous êtes-vous emporté au point de frapper si brutalement votre pauvre âne ?  »

Le prévenu. : Oh ! le scélérat… M. le juge, il m’a devancé, car je venais vous le dénoncer.

Le juge. : Comment ?

Le prévenu. : C’est lui qui a commencé, car il m’a donné un coup de pied sur la jambe, et je me suis défendu.

Ce système de défense a été couronné d’un plein succès. Le magistrat partageant l’hilarité de l’auditoire, a renvoyé l’homme et son âne dos à dos, dépens compensés.