réélu président de la République, avec 58,2 % des voix
Emmanuel Macron rempile pour un second mandat. Le président candidat a remporté le second tour de l’élection présidentielle française, ce dimanche 24 avril 2022, avec 58,2 % des suffrages, selon l’institut Ipsos. Sa rivale Marine Le Pen
a obtenu 41,8 % des voix. L’abstention est estimée à 28,2 %, soit davantage qu’en 2017.
Un nouveau mandat pour Emmanuel Macron. Le président a été réélu à la présidence de la République avec 58,2 % des voix, ce dimanche 24 avril 2022, selon l’institut Ipsos. Une réélection historique pour la Ve République : c’est la première fois qu’un président sortant est réélu hors cohabitation, depuis l’adoption du vote au suffrage universel direct en 1962.
Sa rivale Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, est créditée de 41,8 % des voix.
L’abstention a atteint 28,2%, soit 2,8 points de plus qu’en 2017 (25,44 %), toujours selon l’institut Ipsos, mais sans atteindre le record de 1969 (31,3 %).
L’écart se creuse par rapport à 2017
(La majorité des Français ont donc voté en faveur de la continuité, même si le président candidat a promis de se renouveler en profondeur, assurant vouloir placer l’écologie au cœur de son second et dernier mandat) .
(Le président de la République doit s’exprimer dans quelques instants devant ses partisans, sur le Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel. La candidate du Rassemblement national doit également réagir depuis le pavillon d’Ermenonville, son QG dans le XVIe arrondissement de Paris.)
Le président de la République a néanmoins perdu du terrain par rapport à son résultat de 2017. Le candidat d’En Marche avait alors battu sa rivale par 66,1 % des voix contre 33,9 %. Le président sortant était arrivé en tête du premier tour il y a 15 jours, avec 27,84 % des voix devant Marine Le Pen à 23,15 %.
Les paroles :
A porter ma vie sur mon dos J’ai déjà mis cinquante berges Sans être un saint ni un salaud Je ne vaux pas le moindre cierge Marie maman voilà ton fils Qu’on crucifie sur des affiches Un doigt de scotch et un gin fizz Et tout le reste je m’en fiche
Ils ont voté… et puis, après ?
J’ai la mémoire hémiplégique Et les souvenirs éborgnés Quand je me souviens de la trique Il ne m’en revient que la moitié Et vous voudriez que je cherche
La moitié d’un cul à botter ? En ces temps on ne voit pas lerche… Ils n’ont même plus de cul, les français !
Ils ont voté… et puis, après ?
C’est un pays qui me débèqu’te Pas moyen de se faire anglais Ou suisse ou con ou bien insecte Partout ils sont confédérés… Faut les voir à la télé-urne Avec le général Frappard Et leur bulletin dans les burnes Et le mépris dans un placard
Ils ont voté… et puis, après ?
Dans une France socialiste
Je mettrais ces fumiers debout A fumer le scrutin de liste Jusqu’au mégot de mon dégoût Et puis assis sur une chaise Un ordinateur dans le gosier Ils chanteraient la Marseillaise Avec des cartes perforées
Le jour de gloire est arrivé
Ils ont voté et puis après…….Nous verrons ! ?
_______________________________________________________________________ Là où je suis né :
Participation et abstention à l’élection présidentielle : Lurcy-Lévis
Participation72.19%Abstention27.81%
1 431inscrits
Votes blancs7.07%73 inscrits
Votes nuls2.23%23 inscrits
Les commentaires ne sont absolument pas utiles ni nécessaires et SURTOUT PAS LES » like » .Maintenant ,j’écris pour moi d’abord (mais je les laisse » ouverts » au cas où)
Les équipes d’Éric Zemmour relaient un faux sondage par e-mail et SMS!!!!
Alors que Éric Zemmour, le fondateur du parti »Reconquête » est passé sous la barre des 10% dans les derniers sondages des présidentielles, un nouveau sondage a vu le jour ces derniers jours. Ce dernier, place le candidat au second tour, face à Emmanuel Macron. Mais attention, ce sondage Qotmii est en réalité un faux : Explications.
Juste avant la fin officielle de la campagne électorale à minuit, ce « faux sondage« , qui envoie Eric Zemmour au second tour ,
a été diffusé par SMS et sur les réseaux sociaux à de nombreuses personnes. »Qotmii » n’est pas un institut de sondages : c’est une entreprise d’analyse de données qui réalise des mesures de « potentiel électoral », se basant principalement sur le buzz et l’activité en ligne autour des candidats. La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale et la Commission des sondages ont appelé ce vendredi les électeurs à rester sur leurs gardes après la diffusion de ce sondage.
« Ne croyez pas ce que les médias vous racontent« !!!!
Tout est parti d’un tweet. Un homme reçoit un étrange SMS indiquant qu’Éric Zemmour sera face à Emmanuel Macron lors du second tour des élections présidentielles. Intrigué, il décide de cliquer sur le lien et s’aperçoit qu’il s’agit en réalité d’un sondage plutôt officiel. À quelques heures de la clôture de la campagne officielle, vendredi 8 avril, Éric Zemmour a choisi » Telegram » pour passer un dernier appel à ses électeurs, sous la forme d’un message vocal en affirmant qu’il s’agit d’un « vrai sondage ». « J’ai une information à vous donner : j’ai en ma possession les vrais sondages, ceux de l’application Qotmii, dont personne ne parle et qui me donnent au second tour face à Emmanuel Macron. (…) Ne vous laissez pas voler cette élection, ne croyez pas ce que les médias vous racontent », affirme l’ancien journaliste dans ce court enregistrement.
La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale et la Commission des sondages ont appelé ce vendredi les électeurs à la plus « grande prudence sur les messages qui pourraient circuler en relation avec des résultats se référant à des « sondages », mais qui ne constituent pas des sondages et ne peuvent donc se prévaloir de ce terme ». Elles ont également demandé aux « médias, plateformes et réseaux sociaux et les particuliers à ne pas relayer ces messages qui peuvent constituer une information trompeuse ».
A porter ma vie sur mon dos J’ai déjà mis cinquante berges Sans être un saint ni un salaud Je ne vaux pas le moindre cierge Marie maman voilà ton fils Qu’on crucifie sur des affiches Un doigt de scotch et un gin fizz Et tout le reste je m’en fiche
Ils ont voté… et puis, après?
J’ai la mémoire hémiplégique Et les souvenirs éborgnés Quand je me souviens de la trique Il ne m’en revient que la moitié Et vous voudriez que je cherche
La moitié d’un cul à botter? En ces temps on ne voit pas lerche… Ils n’ont même plus de cul, les français!
Ils ont voté… et puis, après?
C’est un pays qui me débèqu’te Pas moyen de se faire anglais Ou suisse ou con ou bien insecte Partout ils sont confédérés… Faut les voir à la télé-urne Avec le général Frappard Et leur bulletin dans les burnes Et le mépris dans un placard
Ils ont voté… et puis, après?
Dans une France socialiste
Je mettrais ces fumiers debout A fumer le scrutin de liste Jusqu’au mégot de mon dégoût Et puis assis sur une chaise Un ordinateur dans le gosier Ils chanteraient la Marseillaise Avec des cartes perforées
Pas seulement pour Mr Ferré ( que j’adore ) , mais parce que le confinement rend la solitude d’actualité .
Le désespoir est une forme supérieure de la critique.
Pour le moment, nous l´appellerons « bonheur »,
les mots que vous employez n´étant plus « les mots »
mais une sorte de conduit à travers lequel les analphabètes se font bonne conscience.
Je suis d´un autre pays que le vôtre, d´une autre quartier, d´une autre solitude. Je m´invente aujourd´hui des chemins de traverse.
Je ne suis plus de chez vous. J´attends des mutants. Biologiquement, je m´arrange avec l´idée que je me fais de la biologie :
je pisse, j´éjacule, je pleure. Il est de toute première instance que nous façonnions nos idées
comme s´il s´agissait d´objets manufacturés. Je suis prêt à vous procurer les moules. Mais… La solitude… La solitude…
Les moules sont d´une texture nouvelle, je vous avertis.
Ils ont été coulés demain matin. Si vous n´avez pas, dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée,
il est inutile de vous transmettre,
il est inutile de regarder devant vous car devant c´est derrière,
la nuit c´est le jour. Et… La solitude… La solitude… La solitude…
Il est de toute première instance
que les laveries automatiques, au coin des rues,
soient aussi imperturbables que les feux d´arrêt ou de voie libre. Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible
de laver ce que vous croyez être votre conscience et qui n´est qu´une dépendance de l´ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau.
Et pourtant… La solitude… La solitude!
Le désespoir est une forme supérieure de la critique.
Pour le moment, nous l´appellerons « bonheur », les mots que vous employez n´étant plus « les mots » mais une sorte de conduit à travers lequel les analphabètes se font bonne conscience. Mais… La solitude… La solitude… La solitude, la solitude, la solitude… La solitude!
Le Code Civil, nous en parlerons plus tard.
Pour le moment, je voudrais codifier l´incodifiable.
Je voudrais mesurer vos danaïdes démocraties.
Je voudrais m´insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit,
le non-avenu, le non-vierge par manque de lucidité. La lucidité se tient dans mon froc! Dans mon froc
» Les assis ‘‘ Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs, Le sinciput plaqué de hargnosités vagues Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ; Ils ont greffé dans des amours épileptiques Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques S’entrelacent pour les matins et pour les soirs ! Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges, Sentant les soleils vifs percaliser leur peau, Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges, Tremblant du tremblement douloureux du crapaud. Et les Sièges leur ont des bontés : culottée De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ; L’âme des vieux soleils s’allume, emmaillotée Dans ces tresses d’épis où fermentaient les grains. Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes, Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour, S’écoutent clapoter des barcarolles tristes, Et leurs caboches vont dans des roulis d’amour. – Oh ! ne les faites pas lever ! C’est le naufrage… Ils surgissent, grondant comme des chats giflés, Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage ! Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés. Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves, Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors, Et leurs boutons d’habit sont des prunelles fauves Qui vous accrochent l’oeil du fond des corridors ! Puis ils ont une main invisible qui tue : Au retour, leur regard filtre ce venin noir Qui charge l’oeil souffrant de la chienne battue, Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir. Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales, Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever Et, de l’aurore au soir, des grappes d’amygdales Sous leurs mentons chétifs s’agitent à crever. Quand l’austère sommeil a baissé leurs visières, Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés, De vrais petits amours de chaises en lisière Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ; Des fleurs d’encre crachant des pollens en virgule Les bercent, le long des calices accroupis Tels qu’au fil des glaïeuls le vol des libellules – Et leur membre s’agace à des barbes d’épis.
Et pour finir: » Les poètes de 7 ans »
Les paroles :
Les Poètes De Sept Ans Et la Mère, fermant le livre du devoir, S’en allait satisfaite et très fière, sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences, L’âme de son enfant livrée aux répugnances. Tout le jour il suait d’obéissance ; très Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits Semblaient prouver en lui d’âcres hypocrisies. Dans l’ombre des couloirs aux tentures moisies, En passant il tirait la langue, les deux poings À l’aine, et dans ses yeux fermés voyait des points. Une porte s’ouvrait sur le soir : à la lampe, On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L’été Surtout, vaincu, stupide, il était entêté À se renfermer dans la fraîcheur des latrines : Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet Derrière la maison, en hiver, s’illunait , Gisant au pied d’un mur, enterré dans la marne Et pour des visions écrasant son il darne, Il écoutait grouiller les galeux espaliers. Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers Qui, chétifs, fronts nus, il déteignant sur la joue, Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue Sous des habits puant la foire et tout vieillots, Conversaient avec la douceur des idiots ! Et si, l’ayant surpris à des pitiés immondes, Sa mère s’effrayait ; les tendresses, profondes, De l’enfant se jetaient sur cet étonnement. C’était bon. Elle avait le bleu regard, qui ment !
À sept ans, il faisait des romans, sur la vie Du grand désert, où luit la Liberté ravie, Forêts, soleils, rives, savanes ! Il s’aidait De journaux illustrés où, rouge, il regardait Des Espagnoles rire et des Italiennes. Quand venait, l’il brun, folle, en robes d’indiennes, Huit ans, la fille des ouvriers d’à côté, La petite brutale, et qu’elle avait sauté, Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses, Et qu’il était sous elle, il lui mordait les fesses, Car elle ne portait jamais de pantalons ; Et, par elle meurtri des poings et des talons, Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
Il craignait les blafards dimanches de décembre, Où, pommadé, sur un guéridon d’acajou, Il lisait une Bible à la tranche vert chou ; Des rêves l’oppressaient chaque nuit dans l’alcôve. Il n’aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu’au soir fauve, Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg Où les crieurs, en trois roulements de tambour, Font autour des édits rire et gronder les foules. Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles Lumineuses, parfums sains, pubescences d’or, Font leur remuement calme et prennent leur essor !
Et comme il savourait surtout les sombres choses, Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes, Haute et bleue, âcrement prise d’humidité, Il lisait son roman sans cesse médité, Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées, De fleurs de chair aux bois sidérals déployées, Vertige, écroulements, déroutes et pitié ! Tandis que se faisait la rumeur du quartier, En bas, seul, et couché sur des pièces de toile Écrue, et pressentant violemment la voile !
Paroles de » Et… Basta » : Quand j’emprunte des paradoxes, je les rends avec intérêts J’enrichis mes prêteurs qui deviennent alors plus intelligents Le taux usuraire de l’astuce n’est jamais assez élevé Je ne sais pas d’où je viens mais je sais que je suis là, à reverdir, dans cette campagne toscane Les rossignols teints au Gargyl chantaient des aubades pharmaceutiques J’ai les cheveux trop longs… comme des voiles de thonier, mes beaux cheveux qu’on m’a toujours taillés, mes beaux cheveux longs dans ma tête Dans la rue, on se retourne… Moi, je leur tire la langue !
Ô belles pattes des fourrures Chapeau du vent de ces madames Inquiétude de la parure Toiles de soie, vers vous je rame
Je sais des paradis tranquilles où les anges n’ont pas de vin à boire mais des orages de raison. Des violettes de reverdie Je sais des paradis tragiques où les fauteuils d’orchestre n’ont pas de mémoire Où les roses ne fleurissent que par osmose, et encore… Où les passions sont d’un autre ordre et les mirages d’une autre qualité et de la nuit pourtant venus Je sais des paradis-bordels où l’on me fait signe Où l’on se signe Où l’on me désigne pour la bonté des mains tendues et des bouches capitales Comme au petit matin… Tchac !
Je sais des paradis naturels où le mauve tient lieu de drogue Où l’on peut passer du mauve à la frontière Je sais des paradis câlins avec la barbe de deux jours et des saints Sans foi ni loi Sans feu ni eau Avec simplement une ceinture d’émigrant
J’émigrerai quelque jour vers vos pays cachés Et ne reviendrai plus Regardez-moi Passants de rien, poules de luxe, fleurs incroyables Regardez-moi Je suis un migratoire, un migratoire Je suis un vieux corbeau qui court après une charogne comme un chien de course après le leurre Je suis un vieux corbeau de la plaine où je vais m’englânant des trucs dégueulasses, de vieilles graines d’homme qu’on a trop employées Je suis un vieux corbeau qui court après une corbeaute Je croasse comme on peut croasser quand on est un vieil oiseau de cinquante-sept piges
Je tiens que le désespoir des ordures est une incompétence biologique à pouvoir en sortir un jour ou l’autre, coûte que coûte Quand la merde déborde, c’est encore de la merde
À ce moment-là, je connaissais une chanteuse… Vous la connaîtriez aussi, c’est facile Une chanteuse qui a le derrière sur la figure, ça vaut la carte d’identité, non ? Et puis, Madame Lechose, taulière blonde, un peu grasse, un peu… Taulière à L’Escalier de Moïse, où il y avait de tout, du Fernand, du Ferré qui chantait au piano, avec son chien et ses grimaces, et son petit cachet – Dis donc, Léo, ça ne te gêne pas de gagner de l’argent avec tes idées ? – Non. Ça ne me gênait pas non plus de n’en pas gagner avec mes idées, toujours les mêmes, il y a quelques années Vois-tu, la différence qu’il y a entre moi et Monsieur Ford ou Monsieur Fiat, c’est que Ford ou Fiat envoient des ouvriers dans des usines et qu’ils font de l’argent avec eux Moi, j’envoie mes idées dans la rue et je fais de l’argent avec elles. Ça te gêne ? Moi, non ! Et voilà !
Madame Lechose, un peu blonde, un peu… Je la regardais, des fois, en chantant, juste en face de moi, qui n’en perdait pas une, qui n’en perdait pas une de ses fiches, et le whisky tant, et le gin-fizz tant et tant, et le citron pressé tant… Et mon citron pressé ? La Mère Lechose, un peu blonde, un peu grasse, toujours à l’heure, comme les vrais artistes, ceux qui travaillent, et comme ceux qui font travailler les artistes. Je faisais la salle. Jamais les clients. Arkel, mon chien, venait me chercher après le Flamenco de Paris C’est tout ce que j’ai eu de vraiment espagnol à ce moment-là. Ce devait être un chien exilé
Je rentrais chaque nuit avec le chien dans le désert Paris, dans cette brume des garages où reste un peu, le soir, après que les voitures soient passées, de cette odeur des temps modernes qui vous remonte du fond de votre carter, portant le deuil des foins brûlés. Je rentrais chaque nuit dans le désert Paris Les putains ne m’accrochaient jamais. Elles savaient que j’étais un homme public, elles, les filles publiques… – Alors, comme ça, on se prostitue, Ferré ! Je rentrais chaque nuit dans cette maison douce où gouttait l’eau du robinet, dans cette cuisine un peu salle de bains, avec sa cuvette…
Je vivais à ce moment-là avec une femme. Assez longtemps. Avec aussi des problèmes de mouise, d’attentes au bout d’un téléphone qui ne sonnait jamais Le téléphone, quand il sonne trop souvent, on s’arrange pour faire répondre qu’on est là ou qu’on n’y est pas Les importuns ne croient jamais ainsi qu’ils vous importunent et vous êtes tranquille. On ne peut pas être plus sociabilisé, pas vrai ? Et puis, les commissions, le dentiste, les droits d’auteur minces, minces… Quand on travaille comme on veut, on touche comme on peut J’allais chercher les sous moi-même, toujours moins de cent mille balles Pas de chèque, et vite un restaurant dans un bon quartier. Et puis et puis, les souvenirs s’entassent. Le mariage vous mine petit à petit On est fidèle parce que c’est l’usage et les années s’entassent aussi. Les souvenirs, d’ailleurs, c’est du présent discutable. On est hier, toujours Moi, je vivais demain et ça fabriquait les malentendus Un artiste vit toujours demain, sinon il est fait pour l’usine À l’usine, le présent, c’est un cadeau quotidien, incessant, fatigant, dégueulasse On peut te congédier, alors tu prends des dispositions particulières pour ne gueuler qu’en connaissance de cause et dans le silence revenu des retours à la maison À la table de travail, devant la page blanche, l’artiste n’est pas là. Il vit là-bas, loin de tout, du téléphone, de sa compagne, de ses problèmes La solitude est une affaire d’ordinateur. Moi, je me perfore loin des imbéciles et du propos courant. On me hait. Je m’en fous. Je suis un autre mec. Voilà.
Ni dieu, ni maître, ni femme, ni rien, ni moi, ni eux et Basta !
Il y a l’amour… peut-être. C’est une solution, une solution à un problème qui reste un problème Alors… Rien Une solution… Un problème… Par quoi commencer ? On donne et on te prend. Celui qui prend a l’impression qu’il donne Arrange-toi avec ça, si tu peux. Il y a, derrière les yeux des gens, une cité privée où n’entre personne. Une cité avec tout le confort d’imagination possible. Les gens que tu vois chez toi, sont d’abord chez eux. Ils ne te voient pas Ils se singularisent dans l’immédiate et toujours constante défense de soi. Ils ont peur. Ils sont terribles, les gens Ceux que tu appelles tes amis, ce sont d’abord des gens remplis du moi qui les tient en laisse L’homme est un « self made dog » Mais il parle au centre du monde, et le monde, c’est lui Il transpire, il a une queue mais ne sourit pas avec, comme le chien. C’est tout et c’est trop L’amitié, c’est comme le ciment armé : on ne sait pas comment ça vieillit. J’aime les vieilles pierres. Elles ne transpirent pas
Ni dieu, ni maître, ni femme, ni amis, ni rien, ni moi, ni eux et Basta !
« L’Écluse »… fin 49… Drôles de mariniers, sur ces quais néon’cifs ! J’étais le pianiste et le chanteur. Cette » écluse » où ma galère échoua, un soir, entre barbarie et une inconnue de Londres, et deux romances à goémons, avec une guitare et un gitan, égarés là… Allez donc savoir. Et ce taulier, qui me lucarnait derrière son zoom, un zoom qu’il vous plantait là, sur le front, jamais en face, jamais dans votre zoom à vous, toujours un peu au-dessus, comme s’il regardait l’ineffable C’est pas mal, un particulier qui sue du goulot, qui transpire de l’en-dedans. Rien ne sort jamais. Un lavatory, quoi ! Qui garde tout, qui transmet, qui assume sa condition de réceptacle L’âme de certains individus m’empêchera toujours de croire tout à fait en Dieu J’ai oublié son nom. Il y a une chance pour les mauvais souvenirs – Eh ! Ferré ! Bonjour, tu te rappelles ? C’est moi, l’ordure… – Qui ça ? Ordure ? Tiens, il y en a encore dans le siècle ?
Je vous demande excuse, Monsieur. Je ne connais, quant à moi, que des anges…
Ni dieu, ni maître, ni anges, ni rien et Basta!
Il faudra que je change de support. Écrire sur des champs de luzerne, sur des biffetons « Banque de France », des faux, sur le ventre de certaines girls in magazines. En tournant la page, on pourra voir, juste en dessous Les girls, ça se regarde ou ça s’invente. En dessous de trente ans, c’est plus lisse, et c’est, des fois, encore un peu môme. Après, ça se froisse et on les jette Il faudra que je change de support. Le papier, y en a marre ! De ce papier-xylo qui fait grincer, gémir les arbres que je porte en moi Quand on scie un arbre, j’ai mal à la jambe et à la littérature. Quelle horreur, la parlote ! Écrire partout, à l’envers de toi, sur ton cœur, sur ma loi, dans mon froc, lorsque tu me regardes précisément et que je te dis que je suis dingue de toi, pour te faire couler ton printemps court. Cours, cours, petite, n’oublie pas Sur mon cahier quadrillé, c’est la misère. J’essaie de mettre au carreau mes ailes, mon job. Rien à glander today au club des métaphores Il faut que ma plume feutrée, ma petite japonaise glissante et noire soit serve d’une certaine rigueur de gueulante Le drapeau noir, c’est encore un drapeau ! Il faudrait que je leur lance un Manifeste de la Méthode Quelque chose de concret, du style genre polyester qui aurait l’air de ne pas moisir dans les gothiques et qui psalmodierait tranquillement des lamentations tocs devant le Mur des Fédérés. Sur ma fenêtre, je pourrais mettre un vieux chiffon rouge, histoire de bien signifier mes origines. Des tambours aussi, et des crécelles à couvrir de leurs criasseries les millions de chevaux Paris, Milan, New York and so and so on Au large, hommes tergaliens, boys d’alpaga, filles jeanisées au maxi, avec vos clous dessinant les orages du Guevara Le Che crevé, crucifié, pourri déjà, même sur vos images Dépoitraillez-vous, Hommes, s’il en reste, et venez vous chauffer au bain-marie de ma métaphore, celle qui appelle chat une amphore et gouttière un vieux thème serbo-croate Au large ! Monocloez-vous l’œil de rechange et changez de basse-cour Fuyez vers les tramontanes d’Éros, puisez dans les accordéons des rythmiques plus sûres, vers les caniveaux Plongez-y en lune à becs frisants… Vous y verrez peut-être une gorgée de solitude… Quand je me regardais, en ces temps, au ras du trotte-madame, la Neuille, des fois, une image reflétée me donnait la solution du style Ma méthode est simple : Mettez-vous à coucou, place de la Bastille et prenez-vous pour un serpentaire Vous verrez alors qu’il n’y a plus de métaphore possible quand on se dénature, quand on se désanalyse, quand on s’antidate et qu’on s’insectise, quand, mouche devenue, pour prendre le quart dans un hôtel fameux où la passe est sanguine ou à Bidon’s City, vous pourrez sentir s’exhaler la queen, et la vrombir, et la gémir, et la voir même prendre son pied à certaines désinences. Alors, vous aurez accompli la mutation que j’attends de vous, mouches vertes des prairies du double… Je vous ai créées
Je dirigeais alors des fantômes bon marché, des que j’achetais dans des économats spécialisés en bizarreries, en relativisme du tout venant J’avais une carte qu’on me tamponnait à chaque coup. L’employé me disait : – Alors, ça biche, Ferré ? Vous en prenez pour votre pognon ?
Un réverbère propre à décrypter les étymologies les plus perverses Un chandelier en robe du soir Un réveille-la-Mort des fois qu’on oublierait de s’actualiser Un canevas dernier modèle pour tricoter de l’affection technicolor Des ciseaux pour tailler dans le vif du sujet même si le sujet ne colle pas à la syntaxe Des hôtels barbelés au travers desquels je pisserais quand même Des mômes à comètes et à cendriers portables, histoire d’être confortable au risque de payer de leur vie Des vies punies de vide et de tambours voilés frappant tout doux ta résurrection journalière
Quand je dors, je suis mort sans bière uniquement avec du Coca sur la table de chevet Je lis des sons particuliers quand Ludwig sanglote doucement les bras tendus vers la Neuvième
Les épices m’ont toujours brûlé le charme J’ai du slave qui se balade quelque part entre peau et jactance La mer, chez moi, dans la rue, cela m’était facile Je l’appelais, elle arrivait : le flot bouillonnant, au ras de chaussée
L’eau, cette glace non posée Cet immeuble, cette mouvance Cette procédure mouillée Me fait comme un rat sa cadence Me dit de rester dans le clan À mâchonner les reverdures Sous les neiges de ce printemps À faire au froid bonne mesure Et que ferais-je, nom de Dieu ? Sinon des pull-overs de peine Sinon de l’abstrait à mes yeux Comme lorsque je rentre en scène Sous les casseroles de toc Sous les perroquets sous les caches Avec du mauve plein le froc Et la vie louche sous les taches…
La mémoire et la mer…
Ton corps est comme un vase clos J’y pressens parfois une jarre Comme engloutie au fond des eaux Et qui attend des nageurs rares Tes bijoux, ton blé, ton vouloir Le plan de tes folles prairies Mes chevaux qui viennent te voir Au fond des mers quand tu les pries Mon organe qui fait ta voix Mon pardessus sur ta bronchite Mon alphabet pour que tu croies Que je suis là quand tu me quittes
La mémoire et la mer…
Cette mer cavaleuse, propre, cynique… Ce toit tranquille, comme disait l’autre… Ce drame mouvant comme un outrage de la nature, quand j’y plonge, de mémoire, je m’y perds, et moi, et mon courage, et ma passion, et ma musique
Le vent, y aidant, n’a qu’à bien se tenir. Il se prosterne, ce vent filou des bises, des frilures… Soixante-huit, soixante-huit, soixante-huit ! Noblesse du calendrier
Je ne vais tout de même pas te raconter comment et pourquoi j’écris des chansons, non ? C’est comme ça ! Ma main sur le clavier de mon piano est reliée à un fil et ça marche. Je suis « dicté » J’ai un magnétophone dans le désespoir qui me ronge et qui tourne et qui tourne et qui n’arrête pas
Alors je copie cette voix qui m’arrive de là-bas, je ne sais, qui m’arrive, en tout cas, et je la reconnais chaque fois. Ça fait comme un déclic et ça se déclenche Je suis le porte-parole d’un monde perdu, présent pour moi, d’un monde auquel vous n’avez pas entrée parce que si tu y entres, dans ce monde, tu perds pied et deviens inédit. Ton foie, tes poumons, ton sexe, tout ça est à toi Ta tête, non. Si tu es fou, alors viens dans mes bras. Je t’aime !
Il y a des chiffres qui me font mal à mon dicteur. Soixante-huit… Il s’en fout mon dicteur, il le connaît ce chiffre. Il l’a fait, comme on fait une partie de cartes. Les cartes, aujourd’hui, sont mêlées. Il n’y a plus rien qu’une certaine forme de dictature sentimentale qui vous arrange et vous endort pendant que les autres veillent Vous êtes vraiment des cons et des malheureux. Ou bien alors, crève, paysan, crève et passe de l’autre côté de la rue, avec tes dieux, avec tes maîtres, avec tes pantoufles et tes clopes
Soixante-huit, soixante-huit, soixante-huit, soixante-huit, Madame la Misère « Misère » c’était le nom de ma chienne qui n’avait que trois pattes… Ton style, c’est ton cul, et oui… quand il a du style ! Ça ne dure pas longtemps. Un cul, ça ne se met pas au musée des Offices. Un cul, ça se renfrogne et ça se cache un jour ou l’autre. Plutôt un jour que l’autre. Quelle connerie !
Ni dieu, ni maître, ni toi, ni eux, ni cul, ni rien
Soixante-huit, soixante-treize, non-stop !
Je suis d’un autre monde et tu le savais bien Ô toi qui tant et tant me regardais et m’écoutais Tu m’apportes le fait d’un instant de malheur Je drisse tout à coup avec ma peine en l’air Vas-y, petit, les oiseaux s’en vont de côté cet hiver
Soixante-huit, soixante-treize, non-stop !
La vie d’artiste… C’est dur de ne pas être, hein ? Il y avait vraiment de quoi Ça a commencé pour rien, en trombe, Rue des Écoles et à la Maube Understand ? Les drapeaux noirs et les aminches et l’été soixante-hui et puis les anarchistes Où ça ? Les purées de Nanterre et la purée des anges Tu l’envoies, ta purée ? Je signe dès ce jour avec mon double crème Je vivais dans l’ardeur de notre connerie La très haute, la très grande Et je suis seul ce soir devant le ciel brouillé Non-stop avec des bulles dans ma tête C’est difficile à raconter ce genre de bulles, même pas au neuro… Vous n’avez rien compris ni toi, ni lui, ni eux, ni rien Understand ? Quand je pense que je pensais à vous comme à une épure de chantoung Cette soie, je la pressens toujours comme un destin pavé Vous étiez de cette intelligence sûre Et qui se connaît bien Et qui drague la nuit les grands auteurs Pour être sûre d’être orthodoxe Les mains… Ah ! les mains… Ça me fait peur, ces mains tendues et renfrognées et biaiseuses Vous aviez les mains gercées de rancœur De cette rancœur qu’on promène tranquillement, sans rien devoir à personne Avec ces fautes de parler et de syntaxe qui me sont devenues insupportables Et puis cette culture qui débordait de vos calepins Oublie donc, camarade. Oublie les soirs épais comme l’encre de Chine Oublie les yeux drivés par le regard là-bas Drive-toi pénardement dans les horribles banlieues où tout est bien Où l’avenir est aux pointés pointeurs Arrache-toi doucement à la musique d’acier de ce Paris qui vous manque dès que vous le déjugez Vous n’êtes que des Parisiens, des Parisiens !
Soixante-huit, soixante-treize, non-stop !
Le grand drame des solitaires, c’est qu’ils s’arrangent toujours pour ne pas être seuls. Je l’ai dit Je l’ai écrit Je le redis Je le réécris Maintenant je fais gaffe. Je paie des gens pour les besognes élémentaires et ne mange plus avec eux J’ai gardé ma première facture de restaurant où j’ai mangé tout seul cet été Je l’ai mise sous verre et la montre à mon fils qui a trois ans et trois mois. Je la lui montre tous les jours. C’est la gravure de mon soixante-huit à moi. On a les soixante-huit qu’on peut ! Quand les gens se mettent à avoir une comptabilité derrière les yeux, ils deviennent des comptables !
Qu’est-ce que je fais ici, à cette heure, attendant je ne sais quelle sonnerie de téléphone, me rendant une voix, quelque part, quelque chose de fraternel, d’insoumis, de propre, de comme ça pour le plaisir, de rien, de larmes j’en ai trop en veux-tu ? De quoi, enfin ? Penses-tu ! Le silence, lui, ne téléphone jamais, et c’est bien comme ça, c’est bien La vie ne tient qu’à un petit vaisseau dans le cerveau, qui peut déconner à n’importe quel moment, quand tu fais l’amour, quand tu divagues, quand tu t’emmerdes, quand tu te demandes pourquoi tu t’emmerdes. Il faudra que je prenne un jour quelque distance et dire à qui voudra mon style de pensée et de vie et de mort et je m’en monterai doucement du fond de l’an dix mille…
Je suis le vieux carter d’une Hispano Suiza Une première femme : six ans de collage administratif Une deuxième femme : dix-huit ans de collage administratif Elles ne me voient plus que publiquement, elles savent, elles me connaissent Moi je ne les vois plus publiquement Si je les rencontre, alors… alors… Les rides, ça s’apprend petit à petit. Je sais La vieillesse, c’est une façon de coup de poing dans la gueule Au-dessus de trente ans, allez… allez vous faire foutre ! Moi, j’ai cent mille ans. C’est pas pareil. Je suis un mort en instance et je vous regarde On se demande ce qu’on fout à se multiplier par deux Deux cœurs, deux foies, quatre reins… Je suis seul et je pisse quand même Le couple ? Voilà l’ennemi ! Je t’aimais bien, tu sais…
Les souvenirs s’empaquettent négativement La mémoire négative, c’est une façon de se rappeler à l’envers, c’est plus commode Les ombres passent, un peu grisées On pense à des gravures pleines de roussures, sans grand talent qui dépasse de l’encre rapportée Les souvenirs n’ont pas de talent, ils végètent dans un coin du cerveau, un amas cellulaire qui s’ennuie et qui perd sa charge, comme une batterie La matrice nourricière ? Il y a urgence ! Le piment, le vrai, c’est celui qu’on rajoute Une femme inventée ne déçoit jamais. Seulement, il faut tout le temps en changer L’invention permanente, tout, les dentelles, le savoir, tout en dedans du dedans… L’érotisme, c’est vraiment dans la tête Et puis, pas tellement que ça… Une jupe, un cul de hasard et le reste… Les collants… C’est de la pure imprécation J’ai besoin de les arracher, ces cuirasses fileuses La femme en collant peut partir à la guerre, comme au Moyen-Âge…
Quelle horreur, quelle défense d’entrer dans le jardin avec des fleurs… Mener un train d’enfer à une pépée maxi, le long du fleuve, une pépée tout encerclée d’idées reçues Et pas moyen de lui griffer la chatte ! C’est vraiment dégueulasse, la moralité publique ! L’enfer ? Une façon de voir et de se laisser voyant
Ni dieu, ni maître, ni éros, ni collant
Des bas oui, des bas avec un peu de cette blancheur qui tend à une géométrie particulière Un peu de cette blancheur des fois tirée vers le malheur et puis l’angoisse du déjà vu, du déjà pris Je sais de toute éternité que tu n’es pas à moi Rien n’est à moi que l’illusion et encore ! Je l’invente tellement, cette illusion Quand je la rencontre, l’illusion, elle m’est déjà ancienne et chiffonnée Salut ! ma petite camarade, salut !
Mes illusions, je les arrange, quand je n’ai pas envie de leur parler et de leur dire qu’elles ne sont là que parce que c’est l’usage Elles deviennent mes souvenirs controuvés Le moulin de Pescia Le papier L’odeur Ce type empaqueteur Cette machine à pointer, en bas Ce soleil de mars et cette brume en préface à la belle journée se préparant, se fardant de nuages discrets et prometteurs de belles coulées de ciel dans ce bleu d’aventure et changeant comme change ta vie à chaque instant, à chaque millième de seconde, toi vieillissant au fil de moi maintenant que je pense à toi, t’écrivant, te dictant, t’improvisant aussi comme une musique de messe noire, ce péage avec ce mec au mois, qui s’en fout Caron d’un macadam déroutant, compteur du trouble et de l’ennui Ces accidents abstraits que je m’invente au hasard des cent cinquante à l’heure Ce retour dans le bleu et cette façon de ne pas être dans le siècle tout en y roulant Cette descente vers les chiens et leurs paroles rassemblées Cette pintade mise en route et mes fureurs de cuisinier sentant mouiller la casserole et s’attacher à un désespoir ailé, à des oiseaux traqués dans des caisses avides Et tout ce néant de la merde qui monte à mes babines Ce code pénal particulier qu’on devrait pouvoir lire en petites notes en bas de page du livre des recettes Cette soirée après les autres Cette machine qui tant et tant dactylographe Ces cris perdus quelque part et que je n’entends pas et qui retrouvent un cœur saignant Ce pain de seigle qui s’éternise sous la dent dure du couteau-scie Les choses manufacturées qui souffrent à travers celui qui les a machinées Et ces choses qui souffrent dans l’idée de celui qui les regarde Ce piano, ma maison ancienne, anciennement la mienne, et cette humide honte, les touches qui s’étaient décollées et des larmes qui me venaient d’un chagrin de Czerny, de Debussy aussi Cette horrible aventure qui a désossé mon piano en attendant qu’on nous le coupe en deux pour en avoir son dû… La moitié Mais la moitié de la musique ? La moitié de ma tête ? La moitié du sentiment banni ? Le code civil distribué en bandes dessinées aux imbéciles inadaptés Ce parfum de la nuit comme une pièce de piano de Debussy jouée par Gieseking Cette passion de passionner tout ce qui se passe autour de moi Les loups promis Les gufi Les araignées dessinées avec leur toile sur ce gadget tire-lire avec son cadavre peint en vert et qui salue Cette envie de passer vite, très vite et puis quand même m’attarder sur le bestiaire de ma mie La source et le cloaque Ça dépend du contexte Les chiens, c’est comme les gens : avec un os, ça grogne !
Ni dieu, ni maître, ni mie, ni bestiaire, ni gens, ni os.
La solitude est une configuration particulière du mec : une large tache d’ombre pour un soleil littéraire La solitude c’est encore de l’imagination C’est le bruit d’une machine à écrire J’aimerais autant écrire sur des oiseaux chantant dans les matins d’hiver J’ai rendez-vous avec les fantômes de la merde Les jours de fête, je les maudis, cette façon de sucre d’orge donné à sucer aux pauvres gens, et qui sont d’accord avec ça et on retournera lundi pointer Je vois des oranges dans ce ciel d’hiver à peine levé Le soleil, quand ça se lève, ça ne fait même pas de bruit en descendant de son lit. Ça ne va pas à son bureau, ni traîner Faubourg Saint-Honoré et quand ça y traîne, dans le Faubourg, tout le monde s’en rengorge. Tu parles ! Ni rien de ces choses banales que les hommes font qu’ils soient de la haute ou qu’ils croupissent dans le syndicat. Le soleil, quand ça se lève, ça fait drôlement chier les gens qui se couchent tôt le matin Quant à ceux qui se lèvent, ils portent leur soleil avec eux, dans leur transistor. Le chien dort sous ma machine à écrire. Son soleil, c’est moi Son soleil ne se couche jamais… Alors il ne dort que d’un œil C’est pour ça que les loups crient à la lune. Ils se trompent de jour Les plantes ? Les putes ? Les voitures ? Cette voiture aussi qui débordait… C’était terrible… Qu’est-ce qu’on riait ! Et je rêve aujourd’hui d’une voiture monoplace Et ce bois de chauffage qui s’est gelé des tas d’hivers en attendant mon incendie Je vous apporterai des animaux sauvés, l’innocence leur dégoulinant des babines ou de leurs yeux Je mangerai avec eux, de tout, de rien Je boirai avec eux le coup de l’amitié et puis partirai seul vers un pays barré aux importuns Presque tous Je suis un oiseau de la nuit qui mange des souris Je suis un bateau éventré par un hibou-Boeing Je suis un pétrolier, pétroleur de guirlandes et de marée plutôt noire comme mes habits, et un peu rouge aussi, comme mon cœur J’aime la multitude, la multitude, les chiens, les hiboux, les horreurs ! La multitude, les chiens, les hiboux, les horreurs !
Soixante-huit, soixante-treize, non-stop !
Dans la cité, il y a la fête. Allez-y. Je t’invite à y boire À mon malheur, à mes cheveux, à mes parents, à mes avions-hiboux Comme en sept cent quarante-sept En sept cent quarante-sept, je vous le dis, tous ces rampants iront brouter du fil coutil Des ténèbres et du sang mijoté dans des endroits particuliers Dans des endroits comme à la gauche du sacripant dont vous avez décidé que je sois le souteneur patenté, indécis, frivole et centenaire Les comptes à rendre ne sont jamais à prendre Je vous rends des comptes que je n’ai jamais eus Que vous m’avez comptés, dûment, précisément Les équations sur le grand huit de der, ça me fait bien rigoler Cette chanson qui tant et tant me désespère Et que je ne vous chanterai jamais Je n’ai plus de voix pour vous, plus, plus, plus !
Soixante-huit, soixante-treize, non-stop !
Comme un voilier dans les descentes vers le Sud En autoroute et des voiliers roulants Foutez-m’en vingt litres, camarade! Je descends à la proche banlieue Celle qui se défait vers le quinzième, you see ? Cette banlieue de mes défaites et de votre vertu, camarades Allez-y, le sang n’est plus de une, le sang des réverbères gauchisants Dans les aciers de cet Orly où je m’envole Vers où ? Devine ! Je sais des vagabonds pleins de sous de sonnaille et qui sonnent dans les soirs tristes de Paris Quand je m’envole et quand tu assassines ce petit enfant Cet enfant du malheur auquel je fais des signes Et puis qui me regarde, me mirant dans l’eau verte de ses beaux yeux Ah, la passion des clairs obscurs sur les minuits Quand nous allions vers les mirages et les bifs de carême ! Je suis perhaps, perhaps, peut-être Magari… Et toi, et lui, et vous, et elle Elles… Elles ont toutes une cicatrice qui nous fait des blessures Elles ont toutes un entre-deux sur lequel je dégueule Partons, partons ! Soixante-huit, cette marée rouge et moirée Le dix comme un chiffre soumis Le dix du mois de mai de cet an de soixante et huit Non-stop au carrefour. T’es dingue et je poursuis une comète Non-stop. Oh, la tendresse de ces soirs inventés, de ces soirs sans heure, sans compagne, dans le siècle un peu puant d’étoiles Non-stop sur une bulle comme une idée poignante J’ai l’invention qu’il faut pour me tirer de vos outrages L’outrage le plus absolu est cette poignée de main avec dans l’idée une potence Et le sourire, le sourire, camarade Le sourire, c’est de la peur comptée d’avance Le sourire, c’est une prescience d’outre-tombe C’est un peu la tendresse des insoumis Ce sourire, dis donc ! Qu’est-ce que le sourire en dedans de la tête, comme une ride intelligente ? Quand les rides, ça se met à être intelligent, c’est ce qui fait le monde clos
Ni dieu, ni maître, ni code, ni quoi ! Pas vrai, mec ?
Le 24 août 1916 à Monte-Carlo (principauté de Monaco)
Naissait Léo Ferré, chanteur » rebelle et anarchiste », au foyer d’un cadre du casino ! Comme ses cadets Georges Brassens et Jacques Brel, il a mis de la musique sur la poésie (Apollinaire, Prévert, Aragon…) et fait aimer celle-ci au grand public. Ses chansons, qui parlent d’amour davantage que de révolution, continuent de vivre sans que souvent l’on garde le souvenir de leur auteur : Avec le temps, C’est extra, L’Affiche rouge…
Mr Ferré est mort le 14 juillet 1993 à Castellina in Chianti ( Italie ) âgé de 77ans donc…
Mourir un 14 Juillet pour quelqu’un qui se dit anarchiste !!!! = » clin d’oeuil » du destin ?
Castellina in Chianti est situé en Toscane à mi-chemin entre Florence et Sienne. C’est ici que Léo Ferré, s’installa au début des années 70.
Les origines de Castellina in Chianti remontent à l’époque étrusque. Il est encore possible, de nos jours, de voir les vestiges de ce peuple, qui s’était établi dans la campagne de Castellina in Chianti depuis le Ve siècle av. J.-C.
( tombe étrusque )
( urne funéraire étrusque )
Envoûté par la beauté des collines toscanes et le charme de ses villages de pierre, Léo Ferré eut un coup de coeur pour une vaste demeure entourée par 15 hectares de vignes et d’oliviers
Dans cet environnement privilégié Léo devient une sorte de patriarche adulé, adouci par l’âge, qui cultive son jardin, adore cuisiner et fait tourner sonimprimerie.
Dès 1975 il multiplie les tournées, avec ardeur et passion, jusqu’ à la fin de l’été 1992 où, à 76 ans, il doit annuler ses engagements.
Sa veuve, Maria Christina Diaz produit notamment la cuvée San Donatino Poggio Al Mori, un excellent Chianti, reconnaissable à son étiquette ornée d’une chouette dessinée par Pablo Picasso.
Le Logo » coq noir » :
La légende du Coq Noir (Gallo Nero) serait liée au bourg de Castellina in Chianti : la République de Sienne et celle de Florence décidèrent d’organiser une course de cavaliers dont le départ serait donné par le chant d’un coq, dans le but de mettre fin aux luttes incessantes pour s’emparer de ce territoire.
Les Siennois gavèrent un coq blanc pour qu’il chante plus fort, tandis que le choix des Florentins se porta sur un coq noir, qu’ils laissèrent à jeun. Affamé et épuisé, le coq noir chanta bien avant l’aube et très fort, au son de ce chant le cavalier florentin se mit en route jusqu’à Castellina in Chianti.
Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va On oublie le visage et l’on oublie la voix Le coeur, quand ça bat plus, c’est pas la peine d’aller Chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va L’autre qu’on adorait, qu’on cherchait sous la pluie L’autre qu’on devinait au détour d’un regard Entre les mots, entre les lignes et sous le fard D’un serment maquillé qui s’en va faire sa nuit Avec le temps tout s’évanouit Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va Même les plus chouettes souvenirs ça t’as une de ces gueules A la Galerie je farfouille dans les rayons de la mort Le samedi soir quand la tendresse s’en va tout seule Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va L’autre à qui l’on croyait pour un rhume, pour un rien L’autre à qui l’on donnait du vent et des bijoux Pour qui l’on eût vendu son âme pour quelques sous Devant quoi l’on se traînait comme traînent les chiens Avec le temps, va, tout va bien Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va On oublie les passions et l’on oublie les voix Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu Et l’on se sent glacé dans un lit de hasard Et l’on se sent tout seul peut-être mais peinard Et l’on se sent floué par les années perdues Alors vraiment Avec le temps on n’aime plus.
Tout nous pousse à vivre en groupe depuis la toute petite enfance. On nous fait croire que sans les autres, nous ne sommes rien. Je suis loin d’être sûr du bien-fondé de cette vision de l’humain. Je crois même que se soumettre à ce diktat nous empêche de grandir en sagesse, d’accéder à la Conscience. Jamais seul, nous sommes sous dépendance. En prison. Nous avons des ressources intérieures impressionnantes La clé du bonheur est au contraire d’apprendre, avant tout, à vivre seul. Libre. Libre deporter son propre destin. D’en faire ce que bon nous semble, de le partager avec qui nous le désirons et, pourquoi pas, de ne pas le partager. Je suis le seul à me connaître réellement, sans fard. Le seul à croire suffisamment en moi et à pouvoir faire quelque chose pour moi. Personne ne sait pour moi. Une fois que l’on a touché à sa solitude, l’on peut vivre en couple ou seul, peu importe. Si je suis sur de pouvoir vivre sans l’autre, la force est en moi. Je ne crains pas la séparation d’avec l’autre. Je ne lutte pas. Je n’ai peur de rien. J’aime. Savoir que je peux vivre seul me permettra aussi de savoir prendre sur moi, de m’assumer, de tenir bon au lieu d’accabler l’autre, de le peiner ou d’exercer mon emprise sur lui. Apprendre la solitude est l’épreuve majeure de l’existence humaine. Une épreuve est une chance de découvertes, d’explorations, de questionnements. Le niveau de difficulté de l’épreuve est fonction du changement profond en cours. L’épreuve développe le courage, la patience, la force, l’endurance, la bienveillance, l’humilité. L’épreuve dépouille. L’homme intérieur s’accroit d’autant plus que la difficulté de l’épreuve est grande. Affronter sa solitude revient à aborder sa peur de la mort mais aussi de sa propre puissance. Dans le silence, on peut se préparer à son destin de mortel. Cela nous permet de mieux apprécier la Vie, l’Amour, l’amitié . Connaissant la solitude, on vit avec courage, lucidité et attention. Je suis unique, irremplaçable et d’un grand prix. Je deviens acteur de mon histoire. Elle est la voie de la liberté Personne ne peut dire ce qui est bon pour moi. Savoir vivre seul est un barrage contre la manipulation mentale, la récupération sectaire, le phénomène de mode. Cela nous renvoie à notre jugement personnel, notre intuition, notre esprit critique. Je suis responsable. Responsable de tout ce qui m’arrive.?