Ce serait l’expression »six pieds sous terre« .
Souvent, dans la vie courante, on utilise des expressions dont on ne connait pas l’origine. C’est le cas (le mien en tous cas ) de l’expression « six pieds sous terre ».
Quand on précise qu’une personne est enterrée « six pieds sous terre », on veut dire par là que le cercueil où elle repose est profondément enfouie dans le sol. Comme cette expression utilise le terme « pied », on se doute qu’elle provient d’outre-Manche, où cette unité de mesure était utilisée.
En effet, « six pieds sous terre » nous vient bien d’Angleterre. L’expression aurait été »forgée » à l’occasion de la grande épidémie de peste qui frappe le pays, et notamment sa capitale, Londres, en 1665.


Si c’est la dernière manifestation de la peste dans le pays, du moins à cette échelle, c’est aussi la plus meurtrière. En effet, elle aurait fait entre 75.000 et 100.000 morts, soit environ 20 % de la population de Londres.
Tout le monde sait que la médecine du temps

était très démunie face à des maladies comme la peste. De leur côté, les autorités s’efforçaient surtout d’éviter tout ce qui pouvait favoriser la contagion.
C’est ainsi que les malades étaient quasiment abandonnés dans leurs maisons, marquées d’une croix. On croyait que la maladie se transmettait non seulement par les vivants mais aussi par les morts.
D’où la nécessité d’enterrer les cadavres

aussi profondément que possible dans la terre. Pour que que les miasmes de la peste ne puissent s’échapper des tombeaux et que les chiens ne puissent déterrer les cadavres.
Les édiles londoniens prennent alors leurs dispositions : les fossoyeurs devront enfouir les dépouilles à une certaine profondeur. Ils devront en effet creuser jusqu’à 6 pieds avant de déposer le cercueil.
Le pied anglais valant 32,4 cm, 6 pieds correspondent à 1m80, ce qui paraissait suffisant pour écarter tout danger de contagion. En France, on creuse des fosses moins profondes. En effet, depuis la Révolution, celles-ci doivent avoir 1m50 de profondeur. Il est vrai que, dans certains cas, le Conseil municipal peut décider de déroger à cette mesure.
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Monsieur Brassens :
Tu t’en iras les pieds devant,
ainsi que tout ceux de ta race,
grand homme qu’un souffle terrasse.
Comme le pauvre fou qui passe,
et sous la lune va rêvant,
de beauté, de gloire éternelle,
du ciel cherché dans les prunelles,
au rythme pur des villanelles,
tu t’en iras les pieds devant.
Tu t’en iras les pieds devant,
duchesse aux titres authentiques,
catin qui cherches les pratiques,
orpheline au navrant cantique.
Vous aurez même abri du vent,
sous la neige, en la terre grise,
même blason, même chemise,
console toi fille soumise,
tu t’en iras les pieds devant.
Tu t’en iras les pieds devant,
oh toi qui mens quand tu te signes,
maîtresse qui liras ces lignes,
en buvant le vin de mes vignes,
à la santé d’un autre amant,
brune ou blonde, être dont la grâce,
sourit comme un masque grimace,
voici la camarde qui passe.
Tu t’en iras les pieds devant.
Tu t’en iras les pieds devant,
grave docteur qui me dissèques,
prêtre qui chantes mes obsèques.
Bourgeois, prince des hypothèques,
riche ou pauvre, ignorant, savant,
camarade au grand phalanstère,
vers la justice égalitaire,
nous aurons tous six pieds de terre.
Tu t’en iras les pieds devant.
