Le village de Coyllurqui est célèbre pour son festival du sang dont le point d’orgue est le combat d’ un condor contre un taureau.
Ce festival péruvien est connu sous le nom de »Yawar Fiesta » et ce village de montagne est aujourd’hui un des seuls endroits d’Amérique du sud où les spectateurs peuvent assister à des affrontements entre ces oiseaux géants et des taureaux.
Un combat séculaire:Un condor contre un taureau..
Cette pratique avait lieu dans de nombreuses villes péruviennes depuis des siècles avant que des militants pour les droits des animaux la fasse interdire .
Dans certaines grandes villes l’interdiction est respectée, mais dans les endroits isolés comme Coyllurqui l’application de la loi est plus délicate à faire respecter, d’autant plus si elle va à l’encontre des intérêts des habitants.
Car chaque année, le village organise la célèbre »Yawar Fiesta » et ses combats, fier de ses traditions mais aussi intéressé par la manne économique amenée par les nombreux spectateurs, ravis de voir les condors dans l’arène.
Un combat symbolique?
Le condor est l’oiseau national du Pérou et symbolise l’inca tandis que le taureau représente l’Espagne.
Cest donc un affrontement symbolique (qui dure généralement environ 30 minutes).entre l’Inca et les conquistadors espagnols .
Si le condor, roi des vautour est blessé ou tué pendant un combat, c’est un mauvais présage pour l’année.
Un taureau contre un condor , combat sanguinaire:
Les condors sont d’abord capturés dans les montagnes andines, généralement avec un appât.
Les oiseaux sont ensuite abreuvés d’alcool puis attachés dans l’arène sur le dos de taureaux noirs, les pattes immobilisées pour qu’il ne puisse ni marcher ni voler.
Quand le taureau et son »équipage à plume » sont lâché dans l’arène, le condor paniqué tente de picorer le taureau, plantant son bec dans sa peau, ses oreilles ou ses yeux.
Le taureau essaie alors de se débarrasser de cet agresseur dans un rodéo sauvage et s’il ne met pas assez d’énergie, des piquadors le taillade pour le stimuler.
Les deux malheureux combattants sont généralement blessés ou mutilés et le taureau est dans la plupart des cas abattu par les toreros.
Si les défenseurs des animaux tentent depuis des années de faire abandonner cette pratique du Yawar Fiesta, c’est pour le moment sans résultat.
HPI signifie« Haut Potentiel Intellectuel« ( c’est loin d’être mon cas ! )
Le diagnostic du HPI porte sur l’évaluation du QI de la personne. Parmi les célébrités concernées, l’acteur et réalisateur Franck Gastambide
Franck Gastambide ?
avait révélé dans l’émission Quotidien en 2021 avoir été diagnostiqué dyslexique par erreur alors qu’il est en fait HPI. Il avait 40 ans. « Je ne le dis jamais parce que souvent HPI, ce n’est pas bien intégré, on pense que le mec se la raconte, comme s’il était un peu supérieur » a-t-il déclaré. C’est après avoir fait l’émission « Rendez-vous en terre inconnue » en 2019 qu’il l’a découvert. « Des gens m’ont envoyé des messages pour me dire »tu sais, les réactions que tu as eu à certains moments sont typiques des HPI ». Donc je me suis fait diagnostiquer et je me suis rendu compte que j’avais ça. » Qu’est-ce qu’un haut potentiel intelectuel ? Est-ce fréquent chez l’adulte ? Comment reconnaître une personne HPI ? Est-elle plus sensible ? Plus intelligente ? Quelles sont ses caractéristiques ?
Que signifie HPI ?
HPI signifie « Haut Potentiel Intellectuel ».
Qu’est-ce qu’une personne HPI ?
Audrey Fleurot
Le haut potentiel intellectuel (HPI) est une caractéristique individuelle qui désigne les personnes dont le Quotient Intellectuel (QI) est compris entre 130 et 160. Le QI moyen étant par convention fixé à 100, le HPI désigne donc des personnes qui manifestent des aptitudes intellectuelles exceptionnelles en comparaison de leurs pairs dans la population. « Le QI est lui-même un indice d’efficience cognitive qui est considéré comme une mesure fiable du facteur g d’intelligence générale,explique Nathalie Boisselier
Nathalie Boisselier?
, Psychologue et Psychothérapeute . Selon la définition de l’intelligence donnée par un comité de chercheurs réuni par l’American Psychological Association (APA) en 1996 autour d’Ulrich Neisser, le QI évalue ainsi l’aptitude globale et variable entre les individus à traiter des idées complexes dans la vie de tous les jours, à s’adapter efficacement à leur environnement, à apprendre de l’expérience, à s’engager dans des raisonnements variés et à surmonter les obstacles en réfléchissant.«
Combien y-a-t-il de HPI en France ?
Le seuil de QI placé à 130 fait que les personnes HPI sont rares. « Ils représentent, en France et partout dans le monde, seulement 2,28% de la population (un peu plus de 1,5 million de personnes en France), avance la psychologue . Pour donner une idée plus précise, cela représente ainsi moins d’un enfant par classe. »
D’où vient ce chiffre ?« Comme beaucoup d’aptitudes humaines, l’intelligence cognitive -telle que mesurée par le QI- s’organise selon ce qu’on appelle en statistiques « une distribution normale ». La population se distribue alors sous une courbe en forme de cloche qui s’appelle « courbe de Gauss » et on parle de distribution gaussienne » explique la psychologue. « Si on fixe par convention le QI moyen à 100 (avec un écart-type à 15), nous trouverons 50% de la population au-dessus de 100 et, symétriquement, 50% de la population au-dessous de 100. Lorsque l’on arrive à 2 écarts-types au-dessus de la moyenne (2 x 15 = 30 et QI moyen = 100 + 30 = 130), on atteint le seuil du HPI le plus communément admis (QI = 130) et il ne concerne que 2,28% de la population.«
Y-a-t-il beaucoup d’adultes HPI ?
Depuis plusieurs décennies, le QI n’est plus un quotient, mais un rang dans une population de référence. « Par exemple, avoir un QI de 130 signifie que l’on est intellectuellement plus performant que 97,72% des personnes de sa tranche d’âge, répond la spécialiste. Il y a donc autant d’enfants HPI que d’adultes HPI. Cette qualification implique une mesure. C’est pourquoi on entend souvent parler de « bilan de QI ». »
« On peut identifier un HPI chez un enfant à partir de 2 ans et demi même si cela reste déconseillé »
Quel test diagnostic pour savoir si on est HPI ?
Le diagnostic du HPI porte sur l’évaluation du QI de la personne (entre 130 et 160 pour un HPI). Il existe différents tests ou échelles d’intelligence qui ont été validés par la recherche, les tests sur internet n’étant en aucun cas valides. Les plus couramment administrées dans le monde sont les échelles standardisées de Wechsler
qui sont au nombre de trois et seuls les psychologues sont habilités à les administrer :
Wechsler Preschool and Primary Intelligence Scale (WPPSI) : pour les enfants de 2 ans et 6 mois à 7 ans et 3 mois.
Wechsler Intelligence Scale for Children (WISC) : pour les enfants et les adolescents de 6 ans à 16 ans et 11 mois.
Wechsler Adult Intelligence Scale (WAIS) : pour les adultes de 16 à 79 ans et 11 mois.
« On peut donc identifier un HPI chez un enfant à partir de 2 ans et demi même si cela reste une démarche déconseillée par les psychologues à ces âges précoces, à moins qu’il y ait une souffrance, un enjeu scolaire (saut de classe…), ou un enjeu diagnostique (participer au diagnostic d’un trouble du spectre autistique). Si l’identification peut se faire aussi tôt, c’est parce que l’intelligence est hautement héritable, même si ce qu’on appelle l’héritabilité varie avec l’âge. L’intelligence des enfants est plus soumise à l’influence de l’environnement, tandis que le phénomène s’inverse à partir du début de l’âge adulte où l’intelligence est plus soumise à l’influence des gènes. »
Quels sont les signes d’une personne HPI ?
« Le HPI n’est pas un trouble mais une caractéristique de la personne, rappelle notre interlocutrice. On ne peut donc pas parler de diagnostic et de symptômes, mais d’identification et de caractéristiques associées. » Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas être HPI et anxieux ou dépressif. Mais après un siècle de recherche, les études scientifiques sont arrivées au consensus que le HPI ne se présentait pas comme un facteur de vulnérabilité dans le développement de troubles psychiatriques, quels qu’ils soient. « Parler ensuite de caractéristiques associées au HPI devient un exercice périlleux tant il existe de mythes, dont certains sont parfois diffusés par des psychologues ayant pignon sur rue. Il est donc difficile pour le grand public de s’y retrouver. De plus, la vérité est parfois décevante. Chacun souhaiterait pouvoir se retrouver dans des caractéristiques désirables (par exemple la pensée en arborescence), ou dans une théorie unique qui permette d’expliquer l’ensemble de ses souffrances. Or, le HPI ne le permet pas. »
Il n’existe pas de portrait-robot de l’enfant ou de l’adulte HPI.
→ Il est important de préciser qu’il n’existe pas de portrait-robot de l’enfant ou de l’adulte HPI. « Toutefois, certaines caractéristiques se retrouvent en moyenne plus souvent chez eux. Par exemple, il est assez clairement établi que le HPI est un facteur de réussite scolaire et professionnelle, et la sous-réalisation scolaire est plus un cas particulier qu’une généralité ; ce qui n’empêche pas d’être HPI et en échec scolaire ou professionnel, bien sûr. »
→ Les enfants, adolescents et adultes HPI sont en général plus motivés intrinsèquement, plus créatifs aussi. « Chez certains, cette tendance à proposer des idées nouvelles, à créer de nouvelles choses et/ou à envisager de nouvelles procédures de travail serait même déclarée comme relevant d’une seconde nature. Ils ont une tendance à maîtriser l’humour et particulièrement l’humour noir pour les adultes. Sur le plan de la personnalité, ils semblent plus stables émotionnellement (moins enclins à expérimenter des affects négatifs). Ils seraient plus ouverts à l’expérience, ce qui irait de pair avec un besoin plus grand de stimulation intellectuelle due à leurs grandes capacités d’apprentissage. Si les résultats sont moins nets de ce côté-là, une légère tendance en faveur de l’extraversion a été notée dans une méta-analyse*, avec au moins la certitude que l’association entre HPI et introversion qui a pu être faite renvoie à un mythe. »
→ Concernant l’empathie , elle a pu être montrée comme plus marquée chez les enfants HPI, mais ce résultat n’a jamais été retrouvé pour l’instant chez les adultes.
→ « Si l’on se concentre finalement sur les adultes, il semble qu’ils soient plus sociables que leurs pairs dans la population générale. Mais ils seraient sociables « autrement ». C’est-à-dire qu’ils accorderaient plus d’importance à la manière dont ils pourraient être évalués et jugés avec une crainte d’être critiqués et rejetés, revenant une plus grande sensibilité sociale. Conjointement, ils ressentiraient un besoin moindre d’affiliation sociale. En d’autres termes, ils seraient socialement plus indépendants, avec un besoin moindre d’être assistés dans leurs projets ou lorsqu’ils rencontrent des difficultés. »
→ Dans le domaine professionnel, ils préfèreraient travailler seul, sauf lorsqu’ils se sentent soutenus par leur équipe. « L’un de leurs principaux motifs de satisfaction serait de pouvoir être indépendants dans leurs réflexions et leurs activités. Ils s’estiment également plus satisfaits de leur emploi s’ils peuvent atteindre une position qui leur permet une grande indépendance. »
Les HPI ont-ils une hypersensibilité émotionnelle?
Il faut déjà préciser que les tests qui permettent de déterminer la présence du HPI n’évaluent pas les émotions. « Aucune étude scientifique au monde, que ce soit chez les enfants ou les adultes, n’a jamais permis d’établir que le HPI pouvait être associé à une plus grande intensité affective ou à de plus grandes difficultés de régulation émotionnelle, ajoute notre psychologue. Encore moins au fameux « ascenseur émotionnel ». C’est d’ailleurs même le contraire : les études de la personnalité qui ont recherché les liens entre l’instabilité émotionnelle (la dimension Névrosisme dans le modèle du Big Five) et le HPI indiquent toutes une corrélation négative. » On peut donc se demander d’où vient cette association entre l’intelligence et un concept (l’hypersensibilité ) qui n’est même pas répertorié dans les classifications internationales ou la littérature scientifique. « Il pourrait s’agir d’une traduction approximative du concept d’hyperstimulabilité (overexcitability ou OE en Anglais) qui a été introduit par Kazimierz Dabrowski (1902-1980) au sein de sa Théorie de la Désintégration Positive. Selon ce psychologue polonais, une OE serait une hypersensibilité ou une réaction excessive d’origine biologique à des stimuli externes ou internes. Les OE permettraient d’atteindre des niveaux de développement plus élevés dans cinq domaines : psychomoteur (énergie et activité physiques élevées), sensuel (expériences sensorielles accrues), imaginaire, émotionnel (plus grande intensité des affects) et (5) intellectuel (curiosité, appétit pour l’acquisition et la maîtrise des connaissances). Néanmoins et à nouveau, les études empiriques qui ont investigué les OE chez les personnes HPI n’ont pas donné les résultats attendus par leurs auteurs ; les personnes HPI n’obtiennent des scores élevés que dans le domaine intellectuel. Dans les autres domaines, ils ne se distinguent pas de leurs pairs non-HPI. » Il semble donc que l’hypersensibilité décrite par certaines personnes renvoie plus à des difficultés de régulation émotionnelleliées à des expériences de stress ou d’adversité connues dans l’enfance. « Qui que nous soyons, HPI et non-HPI, nous sommes tous le produit des deux grandes forces qui gouvernent le développement humain : les gènes et l’environnement. En l’occurrence et concernant l’environnement, notre enfance pèse lourd. Les abus verbaux, émotionnels et physiques, la négligence, l’indifférence, la surprotection, le harcèlement scolaire par les pairs, etc. offrent une voie explicative à ce qui est certainement à tort attribué à une hypersensibilité émotionnelle héritée. Même si le tempérament (la part génétique de la personnalité) est importante, cette hypersensibilité gagnerait bien souvent à être requalifiée en termes d’hypervigilance ou d’anxiété . Car d’un déterminisme qui n’ouvre pas au changement ( » Je suis ainsi fait(e) « ), il est possible de s’ouvrir à celui-ci, notamment par le biais de la psychothérapie. »
Quel est le QI d’une personne HPI ?
Le diagnostic du HPI porte sur l’évaluation du QI de la personne (entre 130 et 160 pour un HPI). « Même dans les définitions qui renvoient à la traduction du mot anglais » gifted » (surdoué), seuls deux aspects sont pris en compte : une intelligence très supérieure à la norme et/ou à l’atteinte d’un niveau d’excellence dans un domaine où s’exprime un talent », souligne Nathalie Boisselier. « Ainsi, chez les enfants, l’intelligence serait la principale unité de mesure du surdon au sens où il s’agit encore d’un (haut) potentiel. » Chez l’adulte, le surdon serait principalement qualifiable à partir de l’expression d’au moins un talent exceptionnel dans un domaine pertinent ; l’intelligence devenant alors une condition nécessaire mais pas suffisante.
L’accompagnement psychologique n’est pas une nécessité absolue.
Faut-il consulter un psy quand on est HPI ?
Si l’on revient sur l’idée que le HPI n’est pas un trouble, l’accompagnement psychologique n’est pas une nécessité absolue ; beaucoup de personnes HPI se portent très bien. « Toutefois, le HPI n’est pas un bouclier magique contre la gamme des psychopathologies qui peuvent toucher les humains, insiste notre interlocutrice. En ce cas, la consultation d’un psychologue peut vraiment aider à s’engager ou se réengager dans une vie qui fait sens pour soi, selon que ce trouble soit réactionnel ou endogène (neurodéveloppemental). »
De plus, si les différences entre les personnes HPI et non-HPI sont purement et strictement quantitatives, certains auteurs ont pu défendre que cela conduisait à une expérience de vie qualitativement différente sur certains aspects. « Par exemple, les études scientifiques indiquent généralement que l’intelligence cognitive n’est pas associée à l’anxiété ou à la dépression, bien que les HPI puissent en souffrir comme tout un chacun. Néanmoins, Penney et collègues (2015) ont montré que l’intelligence verbale se présentait comme l’unique prédicteur de la sévérité des ruminations et de l’anxiété d’anticipation, tandis que l’intelligence non verbale se montrait comme l’unique prédicteur négatif de ruminations après la survenue d’un événement négatif. Ce n’est donc pas parce qu’on est HPI que l’on « rumine » mais quand cela arrive, il semble que les ruminations soient plus sévères, et que le type de rumination dépende du profil cognitif (intelligence verbale ou non-verbale dominante). » Voici l’explication que les auteurs donnaient à leur résultat : « Il est possible que les personnes plus intelligentes verbalement soient capables de considérer les événements passés et futurs de manière plus détaillée, ce qui entraîne une rumination et une inquiétude plus intenses. Les personnes dotées d’une intelligence non-verbale supérieure pourraient être plus aptes à décoder sur le moment le langage non-verbal des personnes avec lesquelles elles interagissent, ce qui réduirait le besoin de retraiter les rencontres sociales passées. »
Le 22 février 1943, trois étudiants allemands d’une vingtaine d’années sont guillotinés dans la prison de Stadelheim, près de Munich. Leur crime est d’avoir dénoncé le nazisme au nom de leur foi chrétienne et catholique dans le cadre d’un mouvement clandestin, » La Rose blanche » (Die Weiße Rose en allemand).
Les prémices de la résistance:
Résidant à Ulm et âgé de 14 ans en 1933, le lycéen Hans Scholl
Hans Scholl ?
….n’est pas au début insensible aux discours de Hitler.
Comme tous les jeunes Allemands de son âge, il s’engage avec sa sœur Sophie (12 ans) dans les Jeunesses Hitlériennes mais prend assez vite ses distances.
Aidé par ses parents et encouragé par l’éditeur Carl Muth
Carl Muth ?
du mensuel catholique Hochland, il rompt avec le national-socialisme et se consacre à ses études de médecine.
Il lit les penseurs chrétiens (Saint Augustin, Pascal) et l’écriture sainte. Mais il est arrêté et emprisonné en 1938 pour sa participation à un groupe de militants catholiques.
Quatre ans plus tard, sa décision est prise. Il décide d’entrer en résistance par l’écrit après avoir lu des sermons de l’évêque de Münster Mgr von Galen
von Galen ?
dénonçant la politique du gouvernement à l’égard des handicapés.
Un »noyau dur » se constitue autour de Hans et Sophie Scholl (protestants) et de trois étudiants en médecine que lie une solide amitié : Alexander Schmorell (25 ans, orthodoxe et fils d’un médecin de Munich) ; Christoph Probst (23 ans marié et père de trois jeunes enfants), et Willi Graf (24 ans, catholique). Ils sont bientôt rejoints par Traute Lafrenz
Traute Lafrenz
, une amie de Hans.
En juin 1942, alors que Hitler est au sommet de sa puissance, le petit groupe décide d’appeler les étudiants de Munich à la résistance contre le régime nazi, qualifié de » dictature du mal ». Sophie se garde d’informer de ses actions son fiancé, un soldat engagé sur le front de l’Est.
La rose s’épanouit
En moins de quinze jours, les jeunes gens rédigent et diffusent 4 tracts, signés » La Rose blanche » (Die Weiße Rose). Imprimés dans l’atelier de Munich mis à leur disposition par l’écrivain catholique Théodore Haecker
Théodore Haecker
, ils sont diffusés de la main à la main, déposés chez des restaurateurs de la ville ou adressés par la poste à des intellectuels non-engagés, des écrivains, des professeurs d’université, des directeurs d’établissements scolaires, des libraires ou des médecins soigneusement choisis.
Les tracts font référence à d’éminents penseurs (Schiller, Goethe, Novalis, Lao Tseu, Aristote ) et citent parfois la Bible. Les lecteurs sont invités à participer à une » chaîne de résistance de la pensée » en les reproduisant et en les envoyant à leur tour au plus grand nombre possible de gens.
Après çà, Willi Graf est enrôlé dans l’armée en juillet 1942 et découvre nombre d’atrocités. Quant à Hans Scholl et Alexander Schmorell, incorporés comme maréchal des logis dans la Wehrmacht en tant qu’étudiants en médecine, ils passent trois mois sur le front russe et constatent avec effroi l’horreur des traitements infligés aux juifs, aux populations locales et aux prisonniers soviétiques.
À partir de novembre 1942, les résistants de La Rose Blanche bénéficient du soutien de leur professeur Kurt Huber (49 ans, catholique convaincu) de l’université de Munich, qui devient leur mentor. Ils réimpriment et diffusent leurs premiers tracts à des milliers d’exemplaires dans les universités allemandes et autrichiennes d’Augsbourg, Francfort, Graz, Hambourg, Linz, Salzburg, Sarrebruck, Stuttgart, Vienne et même de Berlin !
Le petit groupe collecte en même temps du pain pour les détenus de camps de concentration et s’occupe de leurs familles. Il est toutefois déçu par le peu d’écho de ses initiatives au sein de la population étudiante.
Prise de risque
Là-dessus, en janvier 1943, alors que la Wehrmacht est prise au piège de Stalingrad, le groupe rédige un cinquième tract franchement engagé. Il ne s‘intitule plus » Tract de la Rose blanche » mais » Tract du mouvement de résistance en Allemagne ».
Il est distribué à cinq mille exemplaires dans les rues, sur les voitures en stationnement et les bancs de la gare centrale de Munich, mais aussi en-dehors de l’agglomération !
On peut y lire ces mots d’une tragique lucidité : » Appel à tous les Allemands La guerre approche de sa fin certaine. (…) Allemands ! Voulez-vous subir et imposer à vos enfants le même sort qui échut aux Juifs ? Voulez-vous être jugés à la même aune que ceux qui vous ont trompés ? Serons-nous pour toujours le peuple que le monde hait et exclut ? Non ! Alors rejetez cette barbarie national-socialiste… » .
Plus fort encore, en février 1943, Hans Scholl et Alexander Schmorell écrivent la nuit des slogans sur les murs du quartier universitaire : » Liberté ! Hitler massacreur des masses ! A bas Hitler !… »
Imprimé à plus de 2 000 exemplaires, distribué et envoyé par la poste, le sixième et dernier tract commente la défaite de Stalingrad , condamne les méthodes nazies et invite la jeunesse du pays à se mobiliser.
Comme quelques centaines de ces tracts n’ont pu être expédiés, Hans Scholl décide de les diffuser dans l’Université de médecine.
Malheureusement, le matin du 18 février 1943, Hans et sa soeur Sophie sont aperçus par le concierge de l’université en train de jeter un dernier paquet de tracts du haut du deuxième étage donnant sur le hall. Ils sont aussitôt arrêtés avec leurs amis, livrés à la Gestapo et emprisonnés à Stadelheim.
Un procèsexpéditif
Roland Freisler ?
Le 22 février 1943, après une rapide instruction, le Tribunal du peuple (Volksgerichtshof) chargé des » crimes politiques » se réunit pour un procès expéditif de trois heures.
Il est présidé par Roland Freisler , venu exprès de Berlin. Cet ancien communiste est l’un des chefs nazis les plus brutaux qui soient. Sophie Scholl, qui a eu une jambe brisée au cours de son » interrogatoire » par la Gestapo et comparaît sur des béquilles, lui fait face avec un courage inébranlable.
Freisler prononce lui-même la condamnation à mort pour trahison de Hans Scholl, de sa soeur et de leur ami Christoph Probst – baptisé quelques heures avant son exécution par un prêtre de la prison.
Sophie et Hans sont exécutés par les fonctionnaires de la prison de Stadelheim le jour-même après avoir revu une dernière fois leurs parents, Robert et Magdalene Scholl. Hans Scholl s’écrie » Vive la Liberté ! »avant de mourir sur la guillotine(cet instrument a été importé de France en Bavière au XIXe siècle, à la suite des guerres napoléoniennes). Depuis, les trois jeunes martyrs reposent les uns à côté des autres dans le cimetière voisin de la forêt de Perlach.
Quelques mois plus tard, un second procès frappe quatorze accusés pris dans la même vague d’arrestations : le professeur Kurt Huber, Alexander Schmorell et son camarade Willi Graf sont condamnés à mort.
À l’automne 1943, le réseau de Hambourg est lui aussi démantelé par la Gestapo.
Dix autres membres de la Rose Blanche ( amis des Scholl, jeunes étudiants des universités d’Ulm et de Sarrebruck, ou sympathisants actifs comme Eugen Grimminger qui les avait aidés financièrement ) sont envoyés en camp de concentration où ils paieront aussi de leur vie leur participation aux activités du mouvement.
Malgré son caractère confidentiel, la Rose Blanche bénéficie d’une notoriété nationale et même mondiale. Le 27 juin 1943, parlant de » la naissance d’une foi nouvelle, celle de l’honneur et de la liberté », l’écrivain allemand en exil Thomas Mann lui rend hommage sur les ondes de la BBC tandis que durant l’été 1943, l’aviation anglaise jette sur le pays un million d’exemplaires du dernier tract rédigé par le professeur Huber.
L’ami de coeur de Sophie, qui était sur le front de l’Est, obtient une permission sitôt qu’il apprend son arrestation mais il arrive à Munich deux heures après son exécution. Il va entrer dès lors dans la résistance au péril de sa vie…
La »Rose Blanche » a vécu à peine un an mais la mémoire d’une lutte héroïque (contre la résignation et pour la défense de la liberté d’opinion lorsqu’elle est menacée ), elle, ne s’éteindra jamais)