Claude-Ambroise Seurat est un homme de spectacle français appelé le squelette vivant du fait de sa maigreur extrême.
Né à Troyes en 1797, ce fils d’un tailleur fripier était pourtant un bébé normal à la naissance mais a commencé à présenter des symptômes d’émaciation corporelle au fur et à mesure de sa croissance.
À l’âge de dix ans, Claude-Ambroise Seurat était en aussi bonne santé que les autres enfants, excepté que sa poitrine était déprimée et qu’il était beaucoup plus faible. À l’âge de quatorze ans, il s’est réduit à la forme squelettique qu’il a toujours conservée par la suite.
A 28 ans, il mesurait 1.71 mètres pour un poids de 35 kilogrammes, des mensurations qui sont toutefois variables selon les sources, certains stipulant qu’il ne pesait que 21 kg.
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Il est amené à Londres en 1825 pour être exposé à la galerie chinoise de Pall Mall. L’un des visiteurs, William Hone, qui est allé assister à l’exposition a écrit sa surprise face à ce corps décharné:
Les médecins contemporains considéraient ce squelette vivant, aussi appelé l’homme anatomique, comme un cas d’oblitération précoce des vaisseaux lactés et des glandes mésentériques ?.
Richard Park, gastro-entérologue de l’infirmerie royale de Glasgow, suggérait qu’il y a peu de preuves de malabsorption et que l’émaciation a probablement été causée par un apport alimentaire insuffisant par voie orale.
Il faut dire que Claude-Ambroise Seurat s’alimentait très peu, ses repas n’étaient constitués que de quelques bouchées et d’un peu vin, une malnutrition lié à la dysphagie, sorte d’anorexie. Chaque bouchée lui nécessitait une longue mastication.
Claude-Ambroise Seurat souffrait également d’un certain nombre de malformations congénitales telles que la malformation de Sprengel, une scapula dysmorphique en position haute identifiée pour la première fois en 1891, soit soixante-six ans après son exposition à Londres.
Le squelette vivant a peut-être été le premier cas enregistré de difformité de Sprengel et il pourrait également avoir eu le syndrome de Klippel-Feil, une fusion de vertèbres cervicales avec un cou court et des mouvements réduits.
Un an après son exposition en Grande-Bretagne, il est retourné en France où il a intégré un cirque itinérant à Bordeaux en 1826. Il était courant de présenter dans des spectacles dans ces temps là des personnes au physique hors norme commeJuliana Pastrana la femme la plus » moche du monde » ….
, ou même les sœurs Sutherland avec les 11 mètres des cheveux :
Sa dernière représentation connue date de 1833 à Dinan en Bretagne, après quoi le squelette vivant a disparu aux yeux du public.
Décédé le 2 juillet 1841 à Londres (ou à Xhendelesse en Belgique selon les source), Sir Astley Cooper et le corps du squelette vivant aurait été placé dans le musée du Royal Collège of Surgeons de Londres bien qu’on en trouve aucune trace.
De nombreux médecins voulait acquérir le corps de Claude-Ambroise Seurat à sa mort mais le père de celui-ci s’y était toujours opposé, stipulant qu’après son décès son fils devait reposer pacifiquement au cimetière de sa ville natale.
Difficile toutefois de savoir si ces volontés ont été respectées……
De 1890 à 1892, ces bandits semèrent la terreur de l’Oklahoma jusqu’au Nouveau-Mexique. Bien loin des personnages de la BD, maladroits et désopilants…
On les connaît surtout sous le crayon de Morris,
»méchants’ indissociables des aventures de Lucky Luke, et qui semblent collectionner toutes les tares : cupidité, stupidité, incompétence… Comme pour de nombreux personnages de ses bandes dessinées, le génie du neuvième art s’est inspiré des hors-la-loi du Grand Ouest : car les frères Dalton ont réellement existé et se rendirent célèbres pour leurs multiples attaques de banques et de trains. Mais avant de devenir bandits de grand chemin, Emmett, Bill, Grat et Bob furent des enfants modèles.Bill ( à gauche ) et Emmett Dalton. Si les Dalton étaient bien des criminels redoutés jusqu’au Nouveau-Mexique, ils n’étaient ni jumeaux ni de tailles échelonnées !
»La famille Dalton est emblématique de ce qu’on appelle la “Frontière” (qui signifie aux Etats-Unis la lente avancée vers l’ouest ). Elle est très attachée aux mœurs puritaines, et porteuse du rêve américain selon lequel tout le monde, à force de travail et de courage, peut atteindre ses objectifs », explique Farid Ameur, historien, auteur de Héros et légendes du Far West Voici les valeurs que partagent Lewis Dalton, travailleur acharné devenu tenancier de bar, et Adeline Younger. Uni le 12 mars 1851 à Kansas City (Missouri), le couple s’établit pendant une trentaine d’années dans une modeste ferme de la région. Là, il donne naissance à quinze enfants dont trois meurent en bas âge. Les survivants grandissent dans un environnement marqué par la violence et la pauvreté : l’Etat, à la frontière entre le Nord et le Sud, est ravagé par les batailles de la guerre de Sécession, puis déchiré par les règlements de compte entre partisans des deux camps.
Comme l’explique Farid Ameur, »le brigandage apparaît alors comme une forme de revanche pour ceux qui n’ont pas accepté la défaite du Sud. Par exemple, Jesse James, célèbre bandit, soutient que les banques font partie des profiteurs du Nord et qu’il est juste de s’y attaquer. Les Dalton porteront cet héritage, d’autant que leur mère est parente des frères Younger, bandits associés à Jesse James. Ils en feront leur modèle ». En 1882, chassés par de maigres récoltes, la famille s’établit au sud-est du Kansas, à quelques kilomètres de Coffeyville. Deux ans plus tard, ils gagnent les Territoires indiens qui s’ouvrent à la colonisation, dans l’actuel Oklahoma. D’une ferme à l’autre, le rude quotidien des garçons ne varie guère : ils aident leur père Lewis à récolter maïs et betteraves, nourrissent les cochons. Tous respectent les préceptes de la Bible. Adeline veille à une éducation rigoureuse qui semble porter ses fruits. Les deux aînés, Ben et Cole, obtiennent un diplôme universitaire. Un autre fils, Bill, tente sa chance en Californie . Et, surtout, Frank, depuis toujours arbitre des disputes familiales, choisit le camp de la loi : en 1884, il part exercer la mission de Marshall fédéral adjoint à Fort Smith, dans l’Arkansas. La fratrie est bien partie pour incarner le rêve américain.
Une famille frappée par le malheur
Tout bascule trois ans plus tard. Un jour d’hiver 1887, la famille voit arriver un lugubre cortège à la ferme. Des Marshall ramènent le cadavre de Frank, assassiné d’une balle en pleine tête par un voleur de chevaux qu’il traquait aux confins du territoire cherokee. Comme un malheur n’arrive jamais seul, le père Dalton, profondément alcoolique, quitte le foyer familial, ne laissant que des dettes à sa femme et à ses fils. On propose à Grattan, surnommé Grat, de reprendre le poste de son aîné, laissé vacant. Il accepte, à condition de s’adjoindre les services de son petit frère Emmett, alors âgé de 16 ans. Robert, dit Bob, 18 ans, devient parallèlement chef de la police indienne de la tribu des Osages. Trois frères, trois hommes de loi : Frank pourrait être fier d’eux… Sauf que Grat, Bob et Emmett passent difficilement pour des modèles de probité et de vertu.
Rapidement, les trois abusent de leur autorité, rackettent les commerçants, volent des chevaux. Ils se gênent d’autant moins que Washington tarde régulièrement à envoyer leur paie. Pour Farid Ameur, »il n’était pas rare que les Marshall soient payés avec beaucoup de retard. De plus, si cette mission était considérée comme un honneur, elle était aussi très dangereuse. Il était courant que les Marshall en tirent un profit personnel ».
Les Dalton sèment la terreur, multiplient vols de chevaux et trafics d’alcool en territoire indien
Parmi les trois frères, Bob s’impose déjà comme le meneur. »Ses yeux bleus avaient ce regard d’acier devant lequel chaque être […] semblait se plier inconsciemment », décrit le journaliste Eye Witness, dans Le Gang des Dalton (publié en 1892). Violent, irascible, Bob ne se cantonne pas à l’escroquerie : en août 1889, il assassine froidement Charlie Montgomery, un cow-boy qui a osé courtiser sa prétendante, prétextant l’avoir surpris en plein trafic d’alcool. C’en est trop pour les autorités : face aux méfaits répétés des Dalton, on finit par les priver de leur insigne et de toute apparence de légalité. Dès lors, Bob et Grat basculent définitivement du côté des hors-la-loi : en 1890, le premier est inculpé pour trafic d’alcool en territoire indien, tandis que le second est soupçonné de vol de chevaux, un crime passible de la peine de mort. Ils prennent alors la fuite.
C’est ainsi que le clan Dalton, qui sèmera la terreur dans l’Ouest deux années durant, se constitue au Nouveau-Mexique, au terme de 1 600 kilomètres de chevauchée. Bob et Grat sont accompagnés d’Emmett, qui a renoncé aux tendres attentions de Julia pour suivre ses frères. Trois amis les suivent, dont un certain Charlie Bryant. A l’été 1890, à Silver City, la bande braque une salle de jeu. Fuyant les Marshall du juge Parker, surnommé « »e juge de la potence », les Dalton rejoignent leur frère Bill en Californie. Là, ils sont accusés d’avoir braqué un train et tué le conducteur, le 6 février 1891. Sont-ils coupables ? Les preuves sont minces mais leur réputation est faite et ils sont recherchés.
Grat est capturé puis emprisonné, tandis que Bob et Emmett s’enfuient vers les terres de leur enfance. Avec trois ou quatre malfrats, ils se planquent dans le Cherokee Strip, bande de terre sauvage située entre l’Oklahoma et le Kansas. Depuis ces étendues arides, refuges traditionnels des hors-la-loi, le gang armé surgit au galop pour attaquer des diligences, voler des pur-sang ou piller des entrepôts avant de s’en retourner dormir à la belle étoile. Parfois, ils prennent le risque d’une visite éclair à leur chère maman…
La spécialité des Dalton : les attaques de trains….
La bande se spécialise dans les attaques de trains : quatre en moins de deux ans, du Nouveau-Mexique à l’Iowa en passant par l’Oklahoma. Chargés de sacs de dollars convoyés par la Wells Fargo, les trains sont une cible de choix, d’autant que le gang dispose d’une arme secrète : Eugenia Moore, la compagne de Bob, une aventurière qui joue les informatrices. A l’été 1892, elle prévient les Dalton que, dans la petite ville de Red Rock, le train ne s’arrête qu’au signal de l’aiguilleur. Les bandits contraignent alors l’infortuné à agiter sa lanterne pour stopper le convoi avant de braquer le convoyeur.
L’étau se resserre sur les frères Dalton:
Si un passant succombe parfois à une balle perdue, les raids opérés par le gang sont rarement meurtriers. Mais leur réputation grandissante nuit à celle des compagnies ferroviaires et de la Wells Fargo qui finissent par promettre 40 000 dollars pour la capture des bandits. Les chasseurs de primes rejoignent des shérifs opiniâtres, comme Ransom Payne, dans la traque du gang. Terrés, à court de ressources, éprouvés par la perte de Charlie Bryant abattu lors d’un braquage, les Dalton sentent l’étau se resserrer autour d’eux. Seul le retour de Grat, échappé de la Californie, les réconforte un peu.
Rêvant d’une nouvelle vie au Mexique, Bob imagine finir la carrière du gang par un exploit qui surpassera ceux des frères Younger : il veut braquer deux banques en même temps à Coffeyville, ville paisible familière aux Dalton. Malchance ou amateurisme ? L’exploit escompté va virer à la tuerie… Le 5 octobre 1892 au matin, cinq cavaliers arborant des fausses barbes s’engagent dans la rue principale. Mauvaise surprise, des travaux en bloquent l’accès : le gang doit poster les chevaux à distance des banques et poursuivre à pied. Bob et Emmett s’en vont attaquer la First National Bank, braquant clients et caissiers, tandis que quelques rues plus loin, Grat, Bill Powers et Dick Broadwell font de même à la Condon Bank. Là, un courageux caissier convainc Grat de patienter quelques minutes avant l’ouverture du coffre commandé par une minuterie. Il s’agit d’une ruse, et c’est plus qu’il n’en faut pour que les commerçants de la ville, qui ont reconnu les Dalton, se préparent à les cueillir à la sortie. Quand les bandits tentent la fuite, c’est le carnage : en dix minutes, sur le sol gisent huit cadavres, dont celui de quatre des cinq bandits. A côté d’eux, des sacs contenant 23 240 dollars… La fin du gang Dalton a sonné, pour l’immense soulagement des habitants de la ville. Tous défilent à la prison où sont exhibées les dépouilles des brigands, pendant qu’Adeline veille sur Emmett, criblé de vingt et une balles de chevrotine.Le braquage de Coffeyville, en 1892, fera quatre victimes : Bill Powers, Dick Broadwell et deux des frères Dalton, Grat et Bob. Emmett, le survivant, blessé de 21 balles, passera quatorze ans en prison avant d’être finalement libéré. Bettmann
» En 1892, la conquête de l’Ouest est quasiment terminée, le climat s’est apaisé. Avec son dénouement spectaculaire, Coffeyville représente le dernier sursaut de l’Amérique sauvage. Sans cet épisode, on se serait souvenus des Dalton comme d’une bande quelconque », analyse Farid Ameur. Le destin d’Emmett, qui a survécu à la tuerie, va aussi contribuer à la notoriété des Dalton. Condamné à perpétuité le 8 mars 1893, il est expédié dans une prison d’Etat du Texas. Il y apprend la mort de Bill, tué par des Marshall après avoir, lui aussi, pris la voie du banditisme. On considère qu’il s’agit du véritable épilogue des affaires criminelles de la famille. Car sa bonne conduite vaut à Emmett d’être libéré au bout de quatorze ans. C’est ainsi qu’à 36 ans, il épouse sa fidèle Julia, devient agent immobilier en Californie et écrit ses mémoires, avant de travailler dans le cinéma. En 1916, il joue son propre rôle dans » The Man of the Desert »: acteur de la Frontière puis d’Hollywood, il incarne de son vivant sa propre légende, avant de mourir à Los Angeles, en 1937.
L’idée d’accorder aux vieux travailleurs une » retraite », autrement dit une pension proportionnée à leurs revenus durant leur vie active, est relativement récente. Mais elle puise ses racines dans une pratique de l’Ancien Régime.!
Sa généralisation a coïncidé en France et dans le monde développé avec l’extension à grande échelle du salariat et de l’emploi à vie, à la fin du XIXe siècle et plus sûrement à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle a été à la racine d’immenses avancées accomplies dans le domaine social …
L’État employeur :
Comme beaucoup d’autres innovations, la retraite a été amenée par la guerre et l’armée (rien à voir avec la Bérézina). On pense aux vieux légionnaires romains installés comme colons dans les territoires conquis ou aux soldats invalides de Louis XIX, pensionnés en vertu de leurs mérites.
Le » Roi-Soleil », soucieux de s’attacher ses soldats et ses marins, instaure en 1673 une première caisse de retraite au bénéfice des équipages de la marine royale. Un siècle plus tard, une nouvelle caisse est créée, au bénéfice cette fois des employés de la » Ferme générale » , autrement dit du service des impôts. Cette réforme, qui sert une corporation nantie de privilèges, survient au moment où ce service est des plus impopulaires.
Au XVIIIe siècle, faut-il le préciser, la retraite ne saurait concerner d’autres catégories sociales que les serviteurs de l’État car ils sont les seuls à bénéficier d’un emploi salarié réglementé. Sans surprise, en 1790, les députés de l’Assemblée constituante élargissent par décret le droit à une pension de retraite à l’ensemble des serviteurs de l’État.
Sous le Second Empire, la loi du 9 juin 1853 organise la retraite des fonctionnaires de l’État et des militaires. L’âge de départ est fixé à 60 ans (55 ans pour les travaux pénibles). Les pensions sont prélevées directement sur le budget de l’État sansqu’il soit question de cotisations salariales.
Révolution industrielle, révolution de l’emploi…..
Avec la révolution industrielle et les premières usines naissent les associations d’entraide ouvrière. Sans en référer à quiconque, les travailleurs français mettent en place dès 1804 les premières sociétés de secours mutuel, héritières des corporations de l’Ancien Régime. Elles sont reconnues par les pouvoirs publics en 1835 mais sont pauvrement dotées et demeurent marginales : en 1890, seuls 3,5% des vieux ouvriers jouissent d’une pension.
Encore une fois, le financement des pensions ne dépend que du bon vouloir des employeurs, en l’occurrence les patrons du secteur privé. Quelques grands patrons » paternalistes » et clairvoyants participent ainsi au financement des pensions de retraite. Ils offrent à leurs ouvriers usés par le travail l’espoir de mourir en paix dans leur foyer, aux alentours de la soixantaine.
L’idée d’une retraite pour l’ensemble des salariés n’émerge qu’à la fin du XIXe siècle, en premier lieu dans l’Allemagne de Bismarck
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•Bismarck fait sa Révolution :
L’autoritaire chancelier a compris la nécessité de composer avec les syndicats ouvriers, dont l’influence croissait avec le développement de l’industrie et des grandes usines manufacturières.
Il met en place de 1883 à 1889 une législation sociale plus avancée que dans aucun autre pays européen. Elle établit des caisses d’assurance contre les accidents et la maladie et des caisses de retraite, financées par un système d’assurance obligatoire et gérées paritairement par les syndicats et les patrons. Les pensions ne dépendent donc plus de la générosité des employeurs mais reposent sur un principe d’assurance.
Le système d’assurance bismarckien procède de la répartition : les cotisations des actifs sont redistribuées à leurs aînés et réparties entre ceux-ci au prorata de ce qu’ils ont eux-mêmes cotisé.
Le droit à la retraite se généralise lentement à l’ensemble du salariat ouest-européen, à l’initiative des États. En France, les travailleurs des mines en bénéficient en 1894, par le biais d’une Caisse de retraite des mineurs. En 1909, c’est le tour des cheminots du réseau ferré de l’État.
• Oui à la retraite, mais au bon vouloir des employeurs :
L’année suivante, par la loi du 4 avril 1910, le ministre radical Léon Bourgeois
organise les Retraites ouvrières et paysannes (ROP) pour tous les salariés de l’industrie et de l’agriculture mais sur une base volontaire. Les employeurs gardent la liberté d’y souscrire.
Il fonctionne par capitalisation : les cotisations sont placées à la Bourse et leurs dividendes redistribués sous forme de pensions. Confiant dans le rendement futur des actions des entreprises françaises (on est en 1910, à l’avant-veille de la Grande Guerre !), le gouvernement fait le pari d’assurer aux cotisants une pension stable, égale à 40% de leur ancien revenu à 65 ans.
Non sans une certaine lucidité en un temps où moins d’un ouvrier sur dix atteint cet âge, le syndicat CGT (Confédération Générale du Travail) s’y oppose : » C’est la donner à des morts ! », plaide-t-il. Qui plus est, les travailleurs indépendants et les exploitants agricoles, qui représentent encore au début du XXe siècle la majorité de la population active, en demeurent exclus.
Le gouvernement Tardieu institue enfin un régime d‘assurance vieillesse obligatoire pour tous les salariés modestes par la loi du 30 avril 1930. Puis, par la loi du 11 mars 1932, il crée les Assurances sociales, ancêtre de la Sécurité Sociale. Elle prévoit des allocations pour les travailleurs chargés de famille, financées par les cotisations patronales.
Pendant l’Occupation enfin, le maréchal Pétain se flatte de reprendre une vieille revendication de la gauche en mettant en place une Allocation aux vieux travailleurs salariés qui ne bénéficient pas de la pension de retraite instituée en 1930. » Je tiens les promesses, même celles des autres lorsque ces promesses sont fondées sur la justice », annonce-t-il à la radio le 15 mars 1941 en présentant la réforme.
La réforme est mise en place par le ministre du Travail René Belin
, un ancien dirigeant de la CGT rallié au gouvernement de Vichy. Il remplace l’ancien système de capitalisation par un système de répartition, sur le modèle bismarckien.
Cela dit, qu’il s’agisse de capitalisation ou de répartition, le volume global disponible année après année pour le paiement des pensions dépend exclusivement de l’activité économique du moment. Il n’y a pas de tirelire dans laquelle chacun conserverait ses cotisations dans l’attente de ses vieux jours. Supposons ( cas extrême ) que l’activité économique du pays s’effondre : les pensions s’effondreront également, que ces pensions soient adossées aux cotisations des actifs (répartition) ou aux revenus du capital (capitalisation).
Capitalisation, répartition et »retraite par points »:
La plupart des systèmes de retraite, à l’exclusion notable du système bismarckien, fonctionnaient à leur début par capitalisation. Ce » terme barbare » signifie que les gestionnaires des caisses de retraite placent à la banque les sommes collectées auprès des employeurs et redistribuent les intérêts à leurs retraités. Dans le régime par capitalisation, les retraités reçoivent donc les dividendes tirés du placement à la Bourse de leurs cotisations du temps où ils étaient actifs : Cette redistribution peut être lissée par les caisses de retraite selon le modèle en vigueur en Grande-Bretagne, c’est-à-dire que les retraités sont plus ou moins assurés dès le départ de recevoir une pension stable. Elle peut aussi suivre les fluctuations de la Bourse selon le modèle étasunien et dans ce cas, les retraités voient leur pension fluctuer au gré de Wall Street ; il peut s’ensuivre de violentes déconvenues en cas de mauvais placements comme cela est déjà arrivé à des retraités de General Motors. Les deux guerres mondiales, les crises économiques et les périodes inflationnistes du début du XXe siècle ont mis à rude épreuve ce régime de capitalisation. Elles ont encouragé le passage à un régime, plus stable, celui de la répartition, par lequel les retraités se partagent les cotisations des actifs au prorata de leurs cotisations passées. Ce système que l’on appelle aussi » retraite par points » se présente ainsi (de façon très simplifiée) : En 2020, les actifs, au nombre de vingt millions, cotisent pour un total de 100 milliards d’euros (5000 euros en moyenne), Dans les décennies précédentes, les dix millions de retraités survivants et autant de retraités décédés ont cotisé année après année en moyenne 80 milliards d’euros (4000 euros en moyenne). Dans ces conditions, les dix millions de retraités survivants se partageront les 100 milliards cotisés par les actifs. Chacun recevra de ce fait 2500 euros pour 1000 qu’il aura cotisés, suivant le principe : une fraction du total des cotisations passées donne droit à la même fraction ou « point » du total des cotisations présentes. Toute la difficulté consiste pour les caisses de retraite à garantir aux nouveaux retraités une pension stable année après année ! Elles ont pour cela des actuaires qui évaluent statistiquement de façon très savante l’espérance de vie moyenne des retraités et en déduisent de manière approchée le montant de leurs pensions.
État providence:
Après la Libération, sous l’égide du général de Gaulle
, le Conseil National de la Résistance (CNR) présenta un programme ambitieux de réforme conçu dans la clandestinité pendant les années noires. Il le mit en place en profitant de ce que les instances patronales, quelque peu compromises dans la Collaboration , n’étaient guère en état de le contester.
Le CNR ( Conseil Général de la Résistance )s’inspira du système bismarckien et surtout du rapport de Lord Beveridge, ministre du gouvernement Churchill, qui préconisait dès 1942 un système global de protection sociale appuyé sur l’État, lequel devint véritablement un » État providence ».
Par l’ordonnance du 4 octobre 1945, le gouvernement provisoire a donc institué la Sécurité sociale, selon les préconisations de Pierre Laroque
, un haut fonctionnaire qui bénéficiait du soutien actif d’Ambroise Croizat, député communiste et ministre du Travail dans le gouvernement provisoire.
Depuis cette date, la Sécurité sociale est financée par les cotisations patronales, cogérée par les instances syndicales et patronales, avec une distribution des allocations et pensions par répartition.
Les retraités sont ainsi assurés d’une pension de 40% de leur ancien revenu à partir de 65 ans. C’est le régime général ou régime de base, qui est aujourd’hui complété par une assurance complémentaire obligatoire, également par répartition, l’une pour les salariés, l’autre pour les cadres.
Les régimes spéciaux ont été maintenus toutefois (au nombre d’une quarantaine) apparus sous la IIIe République dans différentes professions, pour des raisons qui leur sont propres (militaires, fonctionnaires, cheminots, agriculteurs, avocats, etc.).
Trois ans plus tard, le 17 janvier 1948, les professions non salariées se virent accorder à leur tour le droit de créer et gérer des caisses autonomes d’assurance vieillesse.
Ces dispositifs se développèrent avec succès sous les » trente Glorieuses », tandis que le salariat se généralisait dans les sociétés occidentales, sous la forme d’emplois stables et souvent à vie. Mais ils ne profitèrent guère aux personnes âgées car celles-ci, avant la Libération, n’avaient pas eu la faculté de beaucoup cotiser pour leur retraite. Elles furent les laissées pour compte des » trente Glorieuses ».
Il en alla autrement à partir des années 1970 quand arrivèrent à l’âge de la retraite les générations creuses de l’entre-deux-guerres triplement chanceuses : elles étaient peu nombreuses ; elles avaient pu cotiser toute leur vie ou presque ; elles bénéficièrent enfin de la forte croissance économique des années 1950 et 1960 (jusqu’à 6% par an).
En 1980, le rapport Robert Lion préconisa avec une remarquable lucidité de renoncer à un âge imposé de départ à la retraite. Il suggéra pour tous les salariés un nombre minimum d’années de cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Ainsi un ouvrier qui travaille tôt et dur pourrait-il partir à la retraite beaucoup plus tôt qu’un cadre ou un enseignant.
Mais au lieu de cela, en 1983, en France, le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy, sous la présidence de François Miterrand abaissa de 65 à 60 ans l’âge minimum donnant droit à la pension de retraite, avec en moyenne 50% du revenu d’activité pour 37,5 années de cotisation. »De la sorte, par une double injustice sociale, un ouvrier devait travailler plus longtemps qu’un cadre ou un enseignant tout en ayant une espérance de vie bien plus courte, » déplore le démographe Alain Parant, qui participa au rapport Robert Lion. » En plus, il était amené à cotiser pour ces derniers, sans profit pour lui-même ! »
Il s’ensuivit que les revenus moyens des retraités rejoignirent les salaires des jeunes salariés. Ce fut la fin de la grande misère des vieux, un phénomène qui faisait encore la Une des journaux dans les décennies d’après-guerre. De la sorte, à la fin du XXe siècle, pour les plus chanceux, la retraite ne fut plus le viatique consolateur avant le Grand départ mais le commencement d’une nouvelle tranche de vie, un automne doré libéré de la servitude des horaires, du travail à la chaîne et des aboiements du chef de service.
– Changement de régime :
La forte croissance économique des » Trente Glorieuses » ainsi que les emplois stables et à vie ne sont plus qu’un lointain souvenir. Les jeunes Occidentaux qui entrent aujourd’hui dans la vie active ont pour perspective une alternance de périodes d’activité et de non-activité, avec des changements fréquents d’entreprise, voire de profession et de spécialité. Ces actifs cotisants tendent à être moins nombreux d’année en année car ils sont nés après 1974, quand la natalité a commencé de décliner.
En même temps, les générations nombreuses du » baby boom » de l’après-guerre (en moyenne 2,5 enfants par femme) arrivent à leur tour à l’âge de la retraite, avec la perspective de deux ou trois décennies de vie, grâce en soit rendue aux progrès de l’hygiène, de la médecine et des conditions de vie. Il s’ensuit que, jusqu’en 2039 au moins, quand les derniers-nés du » baby boom » arriveront à 65 ans, le poids relatif des retraités par rapport aux actifs ne va cesser de s’accroître, ainsi que le nombre de personnes très âgées et dépendantes, au-delà de 85 ans. Les jeunes actifs risquent de ce fait d’être écrasés par la charge financière et humaine des retraités et des personnes du grand âge.
Effrayés par cette perspective et, à court terme, par le déficit des caisses de retraite, le gouvernement, les pouvoirs publics et les partenaires sociaux multiplient les concertations en vue de résoudre une équation à trois variables (nombre de cotisants, nombre de retraités et âge de départ à la retraite) et une inconnue (montant des pensions). D’aucuns plaident aussi en France pour le développement des caisses de retraite complémentaires par capitalisation comme il en existe dans plusieurs pays d’Europe, avec le risque que le régime général par répartition en vienne à se réduire comme peau de chagrin… Pas sûr que ces calculs comptables soient à la hauteur du défi.
Non, les immigrés ne financent pas » nos » futuresretraites !
L’immigration ne remédie en rien au déficit des systèmes de retraite, contrairement à une croyance bien enracinée selon laquelle » les immigrés financent nos futures retraites ». C’est que les cotisations des immigrés salariés accroissent le montant qui est redistribué dans l’instant aux retraités. C’est un supplément de pension bienvenu pour les retraités actuels et il n’a rien d’un miracle : il vient simplement de ce que les cotisations des immigrés ne profitent pas à leurs vieux parents restés au pays. C’est une iniquité qui devrait nous choquer car, de la même façon que nous versons une pension à nos aînés pour l’assistance et l’éducation qu’ils nous ont apportées, il serait juste que les immigrés fassent de même à l’égard de leurs parents et qu’ils puissent leur reverser leurs cotisations retraite (ou les récupérer dans l’éventualité de leur retour au pays natal). Comme les autres salariés, les immigrés d’aujourd’hui ne contribuent donc en rien au financement futur des caisses de retraite mais ils vont à leur tour vieillir et revendiquer une pension en vertu des droits acquis. Si le renouvellement des générations n’est pas assuré, le rapport entre actifs et retraités va se dégrader d’année en année et les taux de cotisation retraite devront s’accroître jusqu’à atteindre des seuils insupportables aux actifs. La démonstration par l’absurde en a été faite au début des années 2000 dans un rapport de l’ONU : » Les migrations de remplacement : s’agit-il d’une solution au vieillissement ou au déclin des populatins ? »Ce rapport a évalué le nombre d’immigrants dont aurait besoin d’ici 2050 à 2100 chaque pays industrialisé pour maintenir constant le rapport actifs/retraités, à supposer que l’âge de départ à la retraite et la natalité demeurent ce qu’ils sont. Il a ainsi montré que la Corée (50 millions d’habitants) aurait besoin de plusieurs centaines de millions d’immigrants… Absurde, de l’avis même de l’auteur du rapport, Joseph Grimblat.
Nouvelledonne
Confrontés aux besoins de financement des caisses de retraite, les dirigeants français et européens s’en tiennent à des réglages de curseur : âge minimum de départ à la retraite, durée minimale de cotisation pour une retraite à taux plein. Ils veulent contraindre les salariés à travailler le plus longtemps possible au lieu de les y encourager.
Ces calculs comptables ignorent les bouleversements que vit le monde du travail avec la fin des grandes entreprises paternalistes et la multiplication des emplois précaires. Ils ne prennent pas en compte la diversité des situations, laquelle exige un maximum de souplesse. Il n’y a rien de commun entre : -Des salariés soumis à de dures contraintes physiques ou, pire encore, mentales : pression de la hiérarchie, menace de licenciement…), qui aspirent à quitter au plus vite le monde du travail, – Des professionnels indépendants et libéraux, chercheurs et créatifs, élus politiques et dirigeants d’entreprise, qui appréhendent avec angoisse le moment où ils devront renoncer à leur activité.
Réformer les retraites impliquerait plus largement de repenser la place du travail salarié et non-salarié tout au long de la vie : -En finir avec la » gestion par le stress », qui conduit les salariés à prendre leur travail et leur entreprise en horreur, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, – Faciliter la mobilité sociale et les changements de profession, – Offrir le droit à un temps partiel aux salarié(e)s en charge de jeunes enfants (sous réserve que leur employeur dispose d’un préavis suffisant pour s’adapter), – Offrir également le droit à un temps partiel et à une cessation progressive d’activité aux vieux salariés qui désirent conserver leur place dans la société, tout en allégeant leur charge de travail.
Signe positif : les pays scandinaves développent la » retraite à la carte », c’est à dire la faculté de quitter la vie active à l’âge de son choix, avec une pension de retraite ajustée à l’espérance de vie et aux cotisations antérieures ; ils exigent seulement un minimum d’annuités et de cotisations pour limiter les abus. Ce dispositif souple, adapté à chacun, se substitue à une législation absurde qui oblige les salariés à prendre leur retraite au même âge et après la même durée d’activité, qu’ils soient juristes, chercheurs ou maçons.
Le 29 octobre 1922, le roi d’Italie Victor-Emmanuel III
nomme Benito Mussolini président du Conseil (l’équivalent de Premier ministre).
Un régime totalitaire d’un »genre nouveau »va s’ensuivre de façon progressive ..
Un parti non-démocratique
Ancien leader du parti socialiste converti au nationalisme, Benito Mussolini a fondé le 23 mars 1919 des troupes paramilitaires, les Faisceaux italiens de combat (Fasci italiani di combattimento). Ces miliciens armés reconnaissables à leur uniforme, les « Chemises noires », multiplient dès l’année suivante les campagnes d’intimidation. Ils attaquent les Bourses du travail, lieu de rassemblement des syndicats ouvriers et brisent les grèves. Ils bastonnent leurs victimes, les purgent à l’huile de ricin ou parfois les assassinent ! Les fascistes apparaissent ainsi comme des garants de l’ordre (!) face aux menaces révolutionnaires. Ils bénéficient à ce titre de l’indulgence des forces de l’ordre et de la justice et sont regardés avec bienveillance par le patronat italien.
Aux élections législatives de mai 1921, Mussolini est élu avec 34 partisans sur les listes des » blocs nationaux ». Il choisit de siéger à l’extrême-droite de l’hémicycle pour marquer son hostilité à l’internationalisme socialiste.
Le 9 novembre 1921, enfin, soucieux de se démarquer des bandes fascistes qui sèment le désordre, il choisit la voie de la légalité en fondant le » Parti National Fasciste , premier parti d’Europe occidentale ouvertement non-démocratique.
Avec des effectifs supérieurs à plus de 700 000 en 1922, le parti fasciste n’arrive pourtant pas à convaincre le corps électoral. Mais il démontre une nouvelle fois sa force en août 1922 en brisant une grève générale lancée par le parti socialiste et dirigée contre lui.
Là-dessus, Mussolini menace de marcher sur Rome à l’image du poète Gabriele d’Annunzio
et de sa » Marche sur Fiume » Les Chemises noires de province, au nombre d’environ 40 000, commencent dans le désordre à converger vers la capitale.
Face à cette menace de coup d’État aux airs de »grand-guignol », la droite démocratique supplie le roi Victor-Emmanuel III de décréter l’état de siège. Mais le souverain ne s’y résout pas par crainte d’une guerre civile. Comme le président du Conseil, Luigi Facta
, il pense que Mussolini peut, après tout, aider à sauver un régime en pleine décomposition et qu’il sera toujours temps de s’en débarrasser après.
Le 29 octobre 1922, Victor-Emmanuel propose donc à Mussolini qui, de Milan, observe prudemment les événements, de prendre la tête du gouvernement dans les règles.
Les Chemises noires poursuivent malgré tout leur marche sans rencontrer de résistance, pour le symbole. Pour donnerl’illusion d’une prise de pouvoir personnelle, Mussolini entre dans la capitale italienne le 30 octobre, entouré des hiérarques et des militants fascistes, au terme d’une très symbolique « »Marche sur Rome ‘. Le Duce lui-même a pris le train Milan-Rome et rejoint la tête de ses troupes à l’entrée de la capitale.
La »pantalonnade » fasciste tourne au triomphe. À la tête d’un gouvernement qui ne compte que quatre ministres fascistes, Mussolini se montre dans les premiers temps respectueux des règles constitutionnelles. Sa détermination et son verbe lui valent la sympathie des élites, y compris d’illustres intellectuels comme Benedetto Croce
.
Mais, dans les provinces, les Chemises noires poursuivent la mise au pas des organisations syndicales. La fête du Travail du 1er mai est supprimée. La grève est interdite. Et en novembre 1922, la Chambre des députés et le Sénat votent les pleins pouvoirs à Mussolini pour un an.
Celui-ci va affirmer son autorité de façon progressive (à la différence de Hitler, dix ans plus tard). Contrairement aux apparences et aux dires de la propagande ( » Il Duce ha sempre ragione »), il va devoir en permanence se plier à des compromis avec le roi, l’armée, son propre parti et la Constitution. Conformément à celle-ci, il n’est que Premier ministre, ce qui va permettre au roi Victor-Emmanuel III, chef de l’État et chef des armées, de le destituer en juillet 1943 par un » coup de majesté ».
Précurseur dans l'abolition de l'esclavage avec l'édit de Pluviôse (4 février 1794), la France était cependant revenue sur ses engagements à la fin de la Révolution et avait rétabli la situation antérieure dans ses colonies ou ce qu'il lui en restait. Il faudra une nouvelle révolution en février 1848 pour que l'esclavage soit enfin aboli pour de bon dans les colonies françaises. L'édit du 27 avril 1848 sera porté par un abolitionniste de la première heure, le philanthrope Victor Schoelcher.
Un jeune bourgeois idéaliste
Victor Schoelcher est né à Paris, en 1804, dans la riche famille d’un fabricant de porcelaine catholique, originaire de Fessenheim (Alsace). Jeune homme idéaliste, il fréquente les milieux artistiques et se pénètre d’idéaux républicains. Désireux de le ramener à la sagesse, son père l’envoie faire un voyage de dix-huit mois au Mexique, aux États-Unis et à Cuba sous le prétexte de développer les affaires familiales.
De passage à Cuba, aux Antilles, il est horrifié par la découverte de l’esclavage. Le jeune homme envoie à des journaux parisiens des Lettres du Mexique.
À son retour en 1830, devenu journaliste, il publie dans La Revue de Paris deux articles : » Des Noirs », dans lesquels il plaide pour une abolition très progressive de l’esclavage, jugeant que les intéressés ne sont pas mûrs pour la liberté.
En 1832, à la mort de son père, il hérite de l’entreprise familiale et la revend aussitôt pour se consacrer tout entier à son combat philanthropique. Il publie un premier ouvrage intitulé »De l’esclavage des noirs et de la législation coloniale (1833) »dans lequel il analyse avec autant de froideur qu’il lui est possible les contradictions inhérentes à l’esclavage. La même année,le Parlement anglais vote l’abolition de l’esclavage dans toutes ses colonies d’ici au 1er août 1840.
Victor Schoelcher adhère à la loge maçonnique » Les Amis de la Vérité » puis à la »Société française pour l’abolition de l’esclavage », fondée le 15 août 1834 sur le modèle britannique. Plus tard, enfin, en 1840, il accomplit un nouveau périple dans les colonies à esclaves de la France. C’est pour y noter une situation proprement explosive. Il milite dès lors pour une abolition concertée avec les planteurs.
Un militant confirmé des justes causes :
Quand éclate la révolution de février 1848 , Victor Schoelcher, connu à travers ses nombreux articles et livres, devient sous-secrétaire d’État aux colonies dans le ministère de la Marine dirigé par l’astronome François Arago
C’est à ce titre qu’il peut rédiger et signer le décret d’abolition du 27 avril 1848.
Dans la foulée, Victor Schoelcher se fait élire député de la Martinique ainsi que de la Guadeloupe (en Martinique, il sera battu l’année suivante par Cyrille Bissette, un » libre de couleur » qui a aussi beaucoup milité pour l’abolition). Siégeant à la gauche de l’Assemblée, il est présent sur les barricades auprès du malheureux député Alphonse Baudin
le 3 décembre 1851, à la suite du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte.
Exilé en Angleterre sous le Second Empire, Victor Schoelcher reviendra en France à la chute de Napoléon III comme député de la Martinique avant d’être promu sénateur inamovible le 16 décembre 1875. Ainsi , il peut poursuivre ses combats contre la peinede mort, la bastonnade dans les bagnes etc.
En 1888, le village de Case-Navire, en Martinique, prend son nom, Schoelcher. À sa mort, célibataire et sans enfant, le philanthrope distribue ses biens et lègue notamment à la Guadeloupe sa collection, installée aujourd’hui dans le musée Schoelcher. de Pointe-à-Pitre.
En 1904 a été érigée devant le Palais de Justice de Fort-de-France (Martinique) une statue du grand homme, due au sculpteur Anatole Marquet de Vasselot, élève de Rodin.
Cette belle oeuvre d’art se signale néanmoins par une touche paternaliste dérangeante : elle montre Schoelcher caressant la tête d’un enfant noir chargé de chaînes. Ce qui ne justifie toutefois pas sa destruction par des vandales le 22 mai 2020, le jour où les habitants de l’île ont coutume de commémorer l’abolition de l’esclavage.
Le 20 mai 1949, à l’initiative du sénateur guyanais (et métis) Gaston Monnerville
, les cendres de Victor Schoelcher ont quitté le cimetière du Père-Lachaise pour rejoindre le Panthéon aux côtés de celles de Félix Éboué
, gouverneur du Tchad originaire de Guyane, premier noir à entrer au Panthéon
Elle t’a mis au monde, mais après 6 mois , elle nous a quitté …..et m’a l’aissé sans » mode d’emploi ». Tout ce que je savais , c’est que je t’aimais bien avant de te voir .Je sais que j’ai fait quelques erreurs , et j’en suis désolé,mais je faisais de mon mieux avec ce que je savais .Tout ce que j’ai fait ,je l’ai fait par Amour . Tu es »mon » ? enfant ,ma vie,mes rêves pour demain .Je t’aimerais toujours ,et il n’y a rien qui puisse détruire pour toi .
Comme d’habitude, les commentaires sont les bienvenus, mais nullement obligatoires !
La Liberté éclairant le monde :
Le 28 octobre 1886, » La Liberté éclairant le monde » est inaugurée dans la liesse, à l’entrée du port de New York, par le président des États-Unis Stephen Grover Cleveland. C’est la plus colossale statue jamais construite (46 mètres de haut et 93 avec le piédestal). Elle est l’oeuvre du sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi
A.Bartholdi
Ce cadeau de la France aux États-Unis célèbre l’amitié franco-américaine sur une idée du juriste Édouard Laboulaye
Édouard Laboulaye
. Il a été financé par une souscription publique des deux côtés de l’Atlantique et grâce à une active campagne de presse du journaliste américain Joseph Pulitzer…
Auguste Bartholdi, républicain et patriote
Né le 2 août 1834 à Colmar, en Alsace, dans une famille de notables protestants, Auguste Bartholdi a pu donner libre cours à ses penchants artistiques grâce à la bienveillance de sa mère Charlotte qui ne cessa jamais de l’épauler.
Il a à peine 20 ans quand il inaugure sa carrière de sculpteur avec la statue du comte Jean Rapp, un général de Napoléon Ier originaire comme lui de Colmar. Déjà s’affirme son goût pour le gigantisme avec cette statue à laquelle, de sa propre initiative, il donne une taille deux fois supérieure à la taille humaine.
En dépit de la bienveillance du Second Empire à son égard, Bartholdi ne cache pas ses convictions républicaines, ce qui lui vaut de nouer une relation amicale avec le professeur de droit Édouard Laboulaye
Édouard Laboulaye
(1811-1883), dont il réalise le buste en 1866.
Aux États-Unis, laguerre de Scession vient de se terminer sur l’abolition de l’esclavage. L’enthousiasme de Laboulaye, partisan des abolitionnistes, est à son comble.
Lors d’une soirée à laquelle est invité le jeune Bartholdi, il lance l’idée d’un monument qui scellerait l’amitié entre les peuples français et américain. Bien entendu, ce monument serait inauguré à l’occasion du centenaire de la Déclaration d’Indépendance , soit en 1876 !…
Suez avant New-York
En attendant, il faut composer avec un régime qui n’a pas de sympathie particulière pour la démocratie américaine.
Auguste Bartholdi, comme beaucoup d’artistes et d’intellectuels de son temps, cède à l’égyptomanie. Il visite les bords du Nil et rencontre Ferdinand de Lesseps, maître d’oeuvre du futurcanal de Suez .
Il lui suggère d’ériger à l’entrée du canal une statue monumentale à l’image du colosse de Rhodes, mais qui serait, elle, conçue pour durer des siècles.
Son projet prend l’allure d’une paysanne égyptienne qui brandit une torche, avec une majesté toute antique. Mais le vice-roi d’Égypte Ismaïl Pacha repousse l’idée et Bartholdi revient à Paris avec la maquette en terre cuite dans sa malle.
Arrive la guerre franco-prussienne. Patriote, le sculpteur de 36 ans sert comme chef d’escadron et aide de camp de Giuseppe Garibaldi dans l’armée des Vosges.
Tandis que la France est encore sous le coup de la défaite, Édouard Laboulaye, devenu député républicain, se montre plus que jamais convaincu de l’utilité du monument à la Liberté. Il suggère à son ami de se rendre aux États-Unis pour tâter le terrain.
Dès son arrivée dans la rade de New York, à l’automne 1871, Bartholdi repère l’emplacement idéal pour son futur monument, lequel serait inspiré de la paysanne à la torche qui devait ouvrir le canal de Suez.
C’est l’île de Bedloe, rebaptisée »Liberty Island »en 1956. Elle est visible de tous les arrivants et offre un point de vue à la fois sur le grand large et la cité.
Laboulaye et Bartholdi ont dans l’idée que le monument, d’un coût de 250 000 dollars (une somme colossale pour l’époque), soit financé par souscription, pour moitié par le peuple français et par le peuple américain, le premier se réservant la statue et le second le piédestal.
Bartholdi rencontre dans ce but le président Ulysses S. Grant, des sénateurs, des industriels et des journalistes. Mais ses interlocuteurs demeurent très réservés à l’égard du projet. Tout comme d’ailleurs les élus et les notables français qui penchent majoritairement pour une restauration de la monarchie et en veulent surtout aux Américains d’avoir soutenu la Prusse dans la précédente guerre.
En attendant que la situation se débloque, Bartholdi s’attelle à une commande publique destinée à rappeler le siège de Belfort en 1870-1871. Ce sera le Lion de Belfort, une sculpture monumentale (on ne se refait pas) en granit des Vosges, adossée à la colline qui surplombe la ville.
L’horizon se dégage enfin : le régime politique bascule en janvier 1875 vers la République. Le projet de statue de la Liberté recueille désormais les faveurs de l’opinion mais le temps presse.
Course d’obstacles :
Laboulaye, qui a de la suite dans les idées, fonde un Comité de l’union franco-américaine en vue de lever des fonds.
Charles Gounod compose pour les généreux donateurs, à l’Opéra de Paris, un Hymne à la Liberté éclairant le monde. On leur offre aussi deux cents modèles réduits de la future statue.
Auguste Bartholdi reçoit le concours d’une sommité du patrimoine en la personne d’Eugène Viollet-le-Duc . Celui-ci prescrit une peau composée de plaques de cuivre modelées par martelage sur des formes en plâtre. L’ensemble doit être monté sur une armature métallique, stabilisée par un remplissage en sable.
La fabrication peut enfin commencer dans les ateliers de la société »Gaget, Gauthier et Cie », rue de Chazelles, au nord de Paris. Elle mobilisera jusqu’à six cents ouvriers.
Mais il est devenu illusoire d’inaugurer la statue pour le centenaire de l’indépendance américaine. À tout le moins, Laboulaye et Bartholdi veulent profiter de l’Exposition universelle de Philadelphie de 1876 pour sensibiliser l’opinion américaine à leur projet.
Ils accélèrent le montage du bras droit et de sa torche afin de pouvoir les présenter sur place ! La pièce arrivera après la célébration de l’Independence Day (4 juillet) mais elle n’en recueillera pas moins un très vif succès auprès du public.
Grâce à une première collecte de fonds, on met à l’étude le piédestal. Il est confié à un architecte de renom, Richard Morris Hunt, qui a déjà conçu le Metropolitan Museum de New York.
Comme les fonds manquent aussi pour la réalisation de la statue, Laboulaye présente une reproduction grandeur nature de la tête à l’Exposition universelle de Paris, en 1878.
Les visiteurs, impressionnés et séduits, souscrivent en masse et l’année suivante, le financement est bouclé avec plus de cent mille donateurs.
Mais un nouveau coup du sort frappe le projet : Viollet-le-Duc décède à 65 ans, emportant dans la tombe les principes de montage. Bartholdi se tourne alors vers Gustave Eiffel (47 ans), un ingénieur et chef d’entreprise qui est en train de se bâtir une réputation internationale grâce à sa maîtrise des structures en acier.
À l’opposé de Viollet-le-Duc, il conçoit une charpente métallique légère qui, tel le roseau de la fable, saura résister aux plus violentes tempêtes en pliant et en se déformant.
Dernier coup du sort : Laboulaye décède à son tour le 25 mai 1883. Bartholdi porte désormais le projet sur ses seules épaules. Il invite le populaire Ferdinand de Lesseps à remplacer Laboulaye à la présidence du comité et c’est lui qui va officiellement remettre à l’ambassadeur américain, le 4 juillet 1884, la statue enfin terminée.
Le peuple américain se mobilise à son tour
Outre-Atlantique, le projet se délite. Les riches New-Yorkais le dédaignent et le comité n’arrive pas à recueillir les fonds pour l’achèvement du piédestal.
Alors se lève un sauveur inattendu, Joseph Pulitzer.
Né en Hongrie en 1847, ce jeune immigré devenu le patron du New York World, a inventé la presse populaire à scandale. Il multiplie les campagnes de presse en faveur du projet. Auguste Bartholdi le soutient en proposant des statuettes à un ou cinq dollars.!
C’est un succès. Les dons, généralement modestes, affluent.
Le financement est enfin bouclé avec cent mille dollars supplémentaires offerts par cent vingt mille donateurs dont les noms sont tous imprimés dans le journal.
Auguste Bartholdi n’a pas attendu la fin de la souscription pour envoyer la statue à New York. À raison de 350 pièces dans 214 caisses, elle est chargée sur une frégate armée par le gouvernement français, l’Isère, et arrive à New York le 17 juin 1886. Quatre mois suffiront pour monter les cent tonnes de la structure et les quatre-vingt de l’enveloppe de cuivre.
Un mythe américain
» La Liberté éclairant le monde » est chargée d’une symbolique simple et accessible à tous. La statue tient dans sa main gauche une tablette où l’on peut lire ( 4 juillet 1776 ) (Déclaration d’indépendance des États-Unis). Sa torche levée vers le ciel dissipe les ténèbres. Les chaînes brisées, à ses pieds, rappellent l’abolition de l’esclavage.
Les sept rayons de sa couronne sont censés représenter les sept océans et continents de la Terre. La couronne, enfin, comporte 25 fenêtres qui figurent autant de joyaux et d’où les visiteurs peuvent contempler la baie de New York.
Pour le corps de sa statue, le sculpteur a pu choisir comme modèle Jeanne-Émilie Baheux de Puysieux, une ancienne couturière devenue sa maîtresse et qu’il a dû épouser en catastrophe en 1875, lors d’un voyage aux États-Unis, pour ne pas heurter ses donateurs potentiels.
Quant au visage, a-t-il les traits de la mère de l’artiste? d’une prostituée? d’une Communarde?… Peut-être après tout Bartholdi s’est-il contenté de reprendre les traits hiératiques, sévères et somme toute sereins d’une Athéna antique.
La statue, son visage, sa gestuelle, son drapé n’ont rien de sentimental ou d’érotique. Mais qu’importe. Inaugurée à la veille de la grande vague d’immigration qui a vu débarquer à New York des millions d’Européens chassés par l’oppression et la misère, elle est devenue le visage de l’Amérique rêvée et de la Liberté. C’est elle que les manifestants de la place Tien An Men, en 1989, ont reproduite en plâtre.
Laboulaye et Bartholdi imaginaient-ils que leur idéal ferait le tour du monde, de Suez à Paris, New York et Pékin ?
Un poème d’Emma Lazarus :
Dès 1883 a été gravé dans le piédestal de »La Liberté éclairant le monde » un sonnet de la poétesse Emma Lazarus (1849-1887).
Il s’adresse aux millions d’immigrants qui ont débarqué à Ellis Island et pour lesquels la statue de la Liberté figurait l’espoir d’une vie meilleure :
« Give me your tired, your poor, Your huddled masses yearning to breathe free, The wretched refuse of your teeming shore. Send these, the homeless, tempest-tost, to me, I lift my lamp beside the golden door !
»Donne-moi tes pauvres, tes exténués Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres, Le rebut de tes rivages surpeuplés, Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte De ma lumière, j’éclaire la porte d’or ! ‘.
Le 23 octobre 1956, les habitants de Budapest manifestent contre le gouvernement communiste de Hongrie.
La manifestation tourne rapidement à l’émeute. Cette effervescence puise son origine dans les espoirs soulevés par lamort de Staline.(le 5 mars 1953)
La tentation réformiste
Huit mois plus tôt, en février 1956, Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du Parti communiste d’URSS, critique son prédécesseur dans un rapport secret au XXe Congrès du Parti communiste d’URSS, à Moscou.
Le 28 juin 1956, à Poznan, en Pologne, des revendications ouvrières débouchent sur de violentes émeutes qui amènent les Soviétiques à placer à la tête du pays le dirigeant réformiste Wladyslaw Gomulka, emprisonné quelques années plus tôt sur ordre de Staline.
À leur tour donc, le 23 octobre, les Hongrois réclament le retour à la présidence du Conseil d’Imre Nagy (prononcer Nog), un communiste modéré expulsé du pouvoir en avril 1955.
Les dirigeants hongrois appellent Nagy à la tête du gouvernement mais décrètent par ailleurs la loi martiale et demandent aux troupes soviétiques qui stationnent autour de la capitale de les aider à rétablir l’ordre.
Dans un premier temps, les Soviétiques tentent mollement d’intervenir avant de se retirer le 27 octobre.
L’impossible déstalinisation
Les Hongrois croient que l’heure de la victoire a sonné. Le pays s’enflamme. L’insurrection dégénère le 30 octobre avec, à Budapest, l’occupation du siège du parti communiste et le massacre de ses occupants ainsi que de gardes qui n’ont rien à voir avec le régime détesté.
Imre Nagy est gagné par l’euphorie du mouvement populaire. Il s’engage dans la voie de la démocratie et du multipartisme. Le 1er novembre, il forme un gouvernement de coalition.
Il annonce aussi le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie … C’est plus que les Soviétiques n’en peuvent supporter.
Dès le dimanche 4 novembre,l’Armée Rouge investit Budapest . Au total pas moins de 8 divisions et plusieurs centaines de chars du dernier modèle (T54). Les insurgés, étudiants aussi bien que salariés, résistent avec héroïsme mais n’en sont pas moins écrasés.
La répression fait environ 20 000 morts tandis que 160 000 personnes se réfugient en Europe de l’Ouest. Imre Nagy sera pendu quelques mois plus tard.
Inaction occidentale
Pendant toute la durée des événements, la station de radio Radio Free Europe, inspirée par les services secrets américains (la CIA), a encouragé les Hongrois à l’insurrection, les assurant que les armées occidentales seraient à leurs côtés en cas d’intervention militaire soviétique.
Cependant, lorsque celle-ci survient, et malgré unappel pathétique d’Imre Nagy à la radio, les Occidentaux restent l’arme au pied. Il est vrai que Français et Britanniques sont au même moment empêtrés dans une opération militaire sur le canal de Suez de concert avec les Israéliens.
Quoi qu’il en soit, l’insurrection de Budapest sert en définitive les intérêts du monde libre en mettant en évidence pour la première fois le caractère oppressif et brutal du communisme.
Le 23 octobre est aujourd’hui fête nationale en Hongrie.
Je crois que je vais arrêter mes blogs ! J’essaie de mettre des billets assez intéressants,mais je n’ai pratiquement aucun commentaire !( sur ce blog ,depuis le 1/10 , je n’ai eu que 17 com ,y compris les miens ( réponses au commentaires reçus ) , alors pourquoi continuer ?
Si j’arrête mes blogs , il est sur que ça va me manquer …..Il me reste la solution de continuer mais , en bloquant les commentaires et laissant mon adresse mail pour le cas où quelqu’un voudrait mettre un mot sur le billet : Le contact enverrait alors le commentaire via mon adresse mail ( fralurcy.marin@gmail.com), et je mettrais ce com sur le blog ( mais = assez compliqué).
Bref , ça demande réflexion …..Je peux aussi mon fiche complètement , commentaire ou non , je pourrais continuer pour combler mes moment d’ennui
Originaire de Cette (on écrit aujourd’hui Sète), petit port du Languedoc, le futur poète » monte » à Paris en février 1940 ( environ à 21 ans) Il trouve asile chez sa tante Antoinette
»tante Antoinette »
et apprend la musique sur son piano.
Anarchiste et pacifiste de cœur, il est indifférent au contexte dramatique de l’époque. En 1943, il est envoyé dans un camp de travailleurs à Basdorf, près de Berlin, au titre du S.T.O (Service Obligatoire du Travail) . Il s’enfuit un an plus tard, à la faveur d’une permission, et se réfugie chez Jeanne et Marcel Planche
Jeanne Planche (l), René Fallet (foreground on l), Marcel Planche ,Pierre Onteniente, ( 1960)
, au 9, impasse Florimont (14e arrondissement). Il y restera 22 ans. Pour Jeanne, il écrit La cane de Jeanne et pour Marcel, qui tient un bistrot dans la rue d’Alésia voisine, sa plus célèbre chanson : L’Auvergnat.
Pour sa compagne »Pupchen »
Avec »Pupchen »
, rencontrée en 1947 et à laquelle il restera toujours fidèle, il écrit aussi La non demande en mariage. Ayant abandonné le piano pour la guitare en 1951, il multiplie les auditions sans succès. Au bord du découragement, le 24 janvier 1952, il obtient enfin sa chance grâce à la chanteuse Patachou
Patachou
qui l’a pris en affection et, malgré son trac, accepte de le produire dans son cabaret de Montmartre. La consécration vient deux ans plus tard, le 23 septembre 1954 ( il a 33 ans ), à l’Olympia.
quelques chansons ( textes )
Les Copains d’abord
Non, ce n’était pas le radeau De la Méduse, ce bateau Qu’on se le dise au fond des ports Dise au fond des ports Il naviguait en père peinard Sur la grand-mare des canards Et s’appelait les Copains d’abord Les Copains d’abord
Ses fluctuat nec mergitur C’était pas d’la littérature N’en déplaise aux jeteurs de sort Aux jeteurs de sort Son capitaine et ses matelots N’étaient pas des enfants d’salauds Mais des amis franco de port Des copains d’abord
C’était pas des amis de luxe Des petits Castor et Pollux Des gens de Sodome et Gomorrhe Sodome et Gomorrhe C’était pas des amis choisis Par Montaigne et La Boétie Sur le ventre, ils se tapaient fort Les copains d’abord
C’était pas des anges non plus L’Évangile, ils l’avaient pas lu Mais ils s’aimaient toutes voiles dehors Toutes voiles dehors Jean, Pierre, Paul et compagnie C’était leur seule litanie Leur Credo, leur Confiteor Aux copains d’abord
Au moindre coup de Trafalgar C’est l’amitié qui prenait l’quart C’est elle qui leur montrait le nord Leur montrait le nord Et quand ils étaient en détresse Qu’leurs bras lançaient des S.O.S On aurait dit des sémaphores Les copains d’abord
Au rendez-vous des bons copains Y avait pas souvent de lapins Quand l’un d’entre eux manquait à bord C’est qu’il était mort Oui, mais jamais, au grand jamais Son trou dans l’eau n’se refermait Cent ans après, coquin de sort Il manquait encore
Des bateaux j’en ai pris beaucoup Mais le seul qu’ait tenu le coup Qui n’ait jamais viré de bord Mais viré de bord Naviguait en père peinard Sur la grand-mare des canards Et s’appelait les Copains d’abord Les Copains d’abord
Des bateaux j’en ai pris beaucoup Mais le seul qu’ait tenu le coup Qui n’ait jamais viré de bord Mais viré de bord Naviguait en père peinard Sur la grand-mare des canards Et s’appelait les Copains d’abord Les Copains d’abord
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» La mauvaise réputation »:
Au village, sans prétention J’ai mauvaise réputation Qu’je me démène ou que je reste coi Je passe pour un je-ne-sais-quoi
Je ne fais pourtant de tort à personne En suivant mon chemin de petit bonhomme
Mais les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux Non, les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde médit de moi Sauf les muets, ça va de soi
Le jour du 14 juillet Je reste dans mon lit douillet La musique qui marche au pas Cela ne me regarde pas
Je ne fais pourtant de tort à personne En n’écoutant pas le clairon qui sonne
Mais les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux Non, les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde me montre au doigt Sauf les manchots, ça va de soi
Quand j’croise un voleur malchanceux Poursuivi par un cul-terreux J’lance la patte et, pourquoi le taire? Le cul-terreux se retrouve par terre
Je ne fais pourtant de tort à personne En laissant courir les voleurs de pommes
Mais les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux Non, les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde se rue sur moi Sauf les cul-de-jatte, ça va de soi
Pas besoin d’être Jérémie Pour deviner le sort qui m’est promis S’ils trouvent une corde à leur goût Ils me la passeront au cou
Je ne fais pourtant de tort à personne En suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome
Mais les brave gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux Non, les braves gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde viendra me voir pendu Sauf les aveugles, bien entendu
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Les Amoureux des bancs publiques :
Les gens qui voient de travers pensent que les bancs verts Qu’on voit sur les trottoirs Sont faits pour les impotents ou les ventripotents Mais c’est une absurdité car à la vérité, ils sont là c’est notoire Pour accueillir quelque temps les amours débutants
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’disant des « je t’aime » pathétiques Ont des petites gueules bien sympathiques
Ils se tiennent par la main, parlent du lendemain, du papier bleu d’azur Que revêtiront les murs de leur chambre à coucher Ils se voient déjà doucement elle cousant, lui fumant dans un bien-être sûr Et choisissent les prénoms de leur premier bébé
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’disant des « je t’aime » pathétiques Ont des p’tites gueules bien sympathiques
Quand la sainte famille machin croise sur son chemin deux de ces malappris Elle leur décoche hardiment des propos venimeux N’empêche que toute la famille Le père, la mère, la fille, le fils, le Saint Esprit Voudrait bien de temps en temps pouvoir s’conduire comme eux
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’disant des « je t’aime » pathétiques Ont des p’tites gueules bien sympathiques
Quand les mois auront passé, quand seront apaisés leurs beaux rêves flambants Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds Ils s’apercevront émus qu’c’est au hasard des rues sur un d’ces fameux bancs Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s’disant des « je t’aime » pathétiques Ont des p’tites gueules bien sympathiques
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Chanson pour l’Auvergnat :
Elle est à toi, cette chanson Toi, l’Auvergnat qui, sans façon M’as donné quatre bouts de bois Quand dans ma vie il faisait froid Toi qui m’as donné du feu quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés M’avaient fermé la porte au nez
Ce n’était rien qu’un feu de bois Mais il m’avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore À la manière d’un feu de joie
Toi, l’Auvergnat quand tu mourras Quand le croque-mort t’emportera Qu’il te conduise, à travers ciel Au Père éternel
Elle est à toi, cette chanson Toi, l’hôtesse qui sans façon M’as donné quatre bouts de pain Quand dans ma vie il faisait faim Toi qui m’ouvris ta huche quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés S’amusaient à me voir jeûner
Ce n’était rien qu’un peu de pain Mais il m’avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore À la manière d’un grand festin
Toi l’hôtesse quand tu mourras Quand le croque-mort t’emportera Qu’il te conduise à travers ciel Au Père éternel
Elle est à toi cette chanson Toi, l’étranger qui sans façon D’un air malheureux m’as souri Lorsque les gendarmes m’ont pris Toi qui n’as pas applaudi quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés Riaient de me voir amené
Ce n’était rien qu’un peu de miel Mais il m’avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore À la manière d’un grand soleil
Toi l’étranger quand tu mourras Quand le croque-mort t’emportera Qu’il te conduise, à travers ciel Au Père éternel
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Le gorille :
C’est à travers de larges grilles Que les femelles du canton Contemplaient un puissant gorille Sans souci du qu’en-dira-t-on Avec impudeur, ces commères Lorgnaient même un endroit précis Que, rigoureusement, ma mère M’a défendu d’nommer ici Gare au gorille!
Tout à coup la prison bien close Où vivait le bel animal S’ouvre, on n’sait pourquoi, je suppose Qu’on avait dû la fermer mal Le singe, en sortant de sa cage Dit « c’est aujourd’hui que j’le perds! » Il parlait de son pucelage Vous aviez deviné, j’espère! Gare au gorille!
L’patron de la ménagerie Criait, éperdu « nom de nom! C’est assommant, car le gorille N’a jamais connu de guenon! » Dès que la féminine engeance Sut que le singe était puceau Au lieu de profiter de la chance Elle fit feu des deux fuseaux! Gare au gorille!
Celles-là même qui, naguère Le couvaient d’un œil décidé Fuirent, prouvant qu’elles n’avaient guère De la suite dans les idées D’autant plus vaine était leur crainte Que le gorille est un luron Supérieur à l’homme dans l’étreinte Bien des femmes vous le diront! Gare au gorille!
Tout le monde se précipite Hors d’atteinte du singe en rut Sauf une vieille décrépite Et un jeune juge en bois brut Voyant que toutes se dérobent Le quadrumane accéléra Son dandinement vers les robes De la vieille et du magistrat! Gare au gorille!
« Bah! soupirait la centenaire Qu’on pût encore me désirer Ce serait extraordinaire Et, pour tout dire, inespéré! » Le juge pensait, impassible « Qu’on me prenne pour une guenon C’est complètement impossible » La suite lui prouva que non! Gare au gorille!
Supposez que l’un de vous puisse être Comme le singe, obligé de Violer un juge ou une ancêtre Lequel choisirait-il des deux? Qu’une alternative pareille Un de ces quatre jours, m’échoie C’est, j’en suis convaincu, la vieille Qui sera l’objet de mon choix! Gare au gorille!
Mais, par malheur, si le gorille Aux jeux de l’amour vaut son prix On sait qu’en revanche il ne brille Ni par le goût ni par l’esprit Lors, au lieu d’opter pour la vieille Comme l’aurait fait n’importe qui Il saisit le juge à l’oreille Et l’entraîna dans un maquis! Gare au gorille!
La suite serait délectable Malheureusement, je ne peux Pas la dire, et c’est regrettable Ça nous aurait fait rire un peu Car le juge, au moment suprême Criait « maman! », pleurait beaucoup Comme l’homme auquel, le jour même Il avait fait trancher le cou Gare au gorille!
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Je me suis fait tout petit
Je n’avais jamais ôté mon chapeau Devant personne Maintenant je rampe et je fais le beau Quand elle me sonne J’étais chien mchant, elle me fait manger Dans sa menotte J’avais des dents d’loup, je les ai changés Pour des quenottes
Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui ferme les yeux quand on la couche Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui fait « Maman » quand on la touche
J’étais dur à cuire, elle m’a converti La fine mouche Et je suis tombé tout chaud, tout rôti Contre sa bouche Qui a des dents de lait quand elle sourit Quand elle chante Et des dents de loup, quand elle est furie Qu’elle est méchante
Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui ferme les yeux quand on la couche Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui fait « Maman » quand on la touche
Je subis sa loi, je file tout doux Sous son empire Bien qu’elle soit jalouse au-delà de tout Et même pire Une jolie pervenche qui m’avait paru Plus jolie qu’elle Une jolie pervenche un jour en mourut À coups d’ombrelle
Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui ferme les yeux quand on la couche Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui fait « Maman » quand on la touche
Tous les somnambules, tous les mages m’ont Dit sans malice Qu’en ses bras en croix, je subirai mon Dernier supplice Il en est de pires, il en est d’meilleurs Mais tout prendre Qu’on se pende ici, qu’on se pende ailleurs S’il faut se pendre
Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui ferme les yeux quand on la couche Je m’suis fait tout petit devant une poupée Qui fait « Maman » quand on la touche
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Le Bistrot :
Dans un coin pourri Du pauvre Paris, Sur un’ place, L’est un vieux bistrot Tenu pas un gros Dégueulasse.
Si t’as le bec fin, S’il te faut du vin D’ premièr’ classe, Va boire à Passy, Le nectar d’ici Te dépasse.
Mais si t’as l’ gosier Qu’une armur’ d’acier Matelasse, Goûte à ce velours, Ce petit bleu lourd De menaces.
Tu trouveras là La fin’ fleur de la Populace, Tous les marmiteux, Les calamiteux, De la place.
Qui viennent en rang, Comme les harengs, Voir en face La bell’ du bistrot, La femme à ce gros Dégueulasse.
Que je boive à fond L’eau de tout’s les fon- tain’s Wallace, Si, dès aujourd’hui, Tu n’es pas séduit Par la grâce.
De cett’ joli’ fé’ Qui, d’un bouge, a fait Un palace. Avec ses appas, Du haut jusqu’en bas, Bien en place.
Ces trésors exquis, Qui les embrass’, qui Les enlace? Vraiment, c’en est trop ! Tout ça pour ce gros Dégueulasse!
C’est injuste et fou, Mais que voulez-vous Qu’on y fasse ? L’amour se fait vieux, Il a plus les yeux Bien en face.
Si tu fais ta cour, Tâch’ que tes discours Ne l’agacent. Sois poli, mon gars, Pas de geste ou ga- re à la casse.
Car sa main qui claqu’, Punit d’un flic-flac Les audaces. Certes, il n’est pas né Qui mettra le nez Dans sa tasse.
Pas né, le chanceux Qui dégèl’ra ce Bloc de glace. Qui fera dans l’ dos Les corne’ à ce gros Dégueulasse.
Dans un coin Pourri Du pauvre Paris, Sur un’ place, Une espèc’ de fé’, D’un vieux bouge, a fait Un palace.
Supplique pour être enterré à la plge de Sète
La Camarde qui ne m’a jamais pardonné D’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez Me poursuit d’un zèle imbécile Alors cerné de près par les enterrements J’ai cru bon de remettre à jour mon testament De me payer un codicille
Trempe dans l’encre bleue du Golfe du Lion Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion Et de ta plus belle écriture Note ce qu’il faudrait qu’il advînt de mon corps Lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord Que sur un seul point, la rupture
Quand mon âme aura pris son vol à l’horizon Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson Celles des titis, des grisettes Que vers le sol natal mon corps soit ramené Dans un sleeping du Paris-Méditerranée Terminus en gare de Sète
Mon caveau de famille, hélas n’est pas tout neuf Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf Et d’ici que quelqu’un n’en sorte Il risque de se faire tard et je ne peux Dire à ces braves gens « poussez-vous donc un peu » Place aux jeunes en quelque sorte
Juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus Creusez si c’est possible un petit trou moelleux Une bonne petite niche Auprès de mes amis d’enfance, les dauphins Le long de cette grève où le sable est si fin Sur la plage de la corniche
C’est une plage où même à ses moments furieux Neptune ne se prend jamais trop au sérieux Où quand un bateau fait naufrage Le capitaine crie « je suis le maître à bord » Sauve qui peut, le vin et le pastis d’abord Chacun sa bonbonne et courage
Et c’est là que jadis à quinze ans révolus À l’âge où s’amuser tout seul ne suffit plus Je connus la prime amourette Auprès d’une sirène, une femme-poisson Je reçus de l’amour, la première leçon Avalais la première arête
Déférence gardée envers Paul Valéry Moi l’humble troubadour sur lui je renchéris Le bon maître me le pardonne Et qu’au moins si ses vers valent mieux que les miens Mon cimetière soit plus marin que le sien Et n’en déplaise aux autochtones
Cette tombe en sandwich entre le ciel et l’eau Ne donnera pas une ombre triste au tableau Mais un charme indéfinissable Les baigneuses s’en serviront de paravent Pour changer de tenue et les petits enfants Diront « chouette, un château de sable »
Est-ce trop demander sur mon petit lopin Plantez, je vous en prie une espèce de pin Pin parasol de préférence Qui saura prémunir contre l’insolation Les bons amis venus faire sur ma concession D’affectueuses révérence
Tantôt venant d’Espagne et tantôt d’Italie Tous chargés de parfums, de musiques jolies Le Mistral et la Tramontane Sur mon dernier sommeil verseront les échos De villanelle, un jour, un jour de fandango De tarentelle, de sardane
Et quand prenant ma butte en guise d’oreiller Une ondine viendra gentiment sommeiller Avec moins que rien de costume J’en demande pardon par avance à Jésus Si l’ombre de ma croix s’y couche un peu dessus Pour un petit bonheur posthume
Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon Pauvres grands disparus gisant au Panthéon Pauvres cendres de conséquence Vous envierez un peu l’éternel estivant Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant Qui passe sa mort en vacances Vous envierez un peu l’éternel estivant Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant Qui passe sa mort en vacances