Les Kamikazes….( billet qui risque d’être long)


1) Que signifie  » Kamikaze  » ?

Depuis la seconde Guerre mondiale , il signifie  » suicidaire  » : Comme chacun le sait ,c’était le surnom des pilotes japonais précipitant leur avion sur les navires ennemis. À l’origine, ce terme, symbolisant la victoire, voulait dire  » vent divin  ». Il se réfère à un ouragan  qui, le 15 août 1281, détruisit la flotte mongole de Koubilaï Khan

Koubilaï Khan ?

venue envahir le Japon.

2)D’où vient le phénomène des kamikazes?

Ces hommes et ces femmes qui choisissent de mourir, le corps ceinturé d’explosifs pour devenir des « martyrs » de leur cause, visent sans distinction militaires et civils. Un phénomène inédit en France. ( Aujourd’hui ,ce sont surtout des kamikazes islamistes)

D’où vient le phénomène des attentats-suicides à la ceinture bourrée d’explosifs ?

Il se rencontre dans tous les endroits où il y a des luttes avec des engagements violents sous-tendus par des convictions tant politiques que religieuses. L’action de ceux que j’appelle les « nouveaux volontaires de la mort » a pris une réelle ampleur depuis le Moyen-Orient jusqu’en Afghanistan ou au Nigeria. Beaucoup d’attentats-suicides où un individu devient lui-même une arme ont lieu en Afghanistan: depuis dix ans, ce type d’actions surviendrait tous les deux jours.

3)De quand date ces opérations suicides?

Les kamikazes japonais ont donné leur nom à ce phénomène lors de la guerre du Pacifique en 1941, puis, dans les années 1950 au Vietnam, les communistes ont aussi procédé de cette façon. Les kamikazes sont présents dans l’ensemble des pays musulmans, dans le cadre du conflit  »israélo-palestinien  », bien sûr, mais aussi au Sri Lanka, avec la guérilla des Tigres noirs tamouls entre 1990 et 2000. Cette unité spéciale se composait de cadres spécialement sélectionnés et entraînés pour des missions de commando suicide contre des cibles militaires et civiles. Le phénomène de kamikaze islamiste serait inédit en France.

Même une femme peut être kamikaze ,une était présente parmi les terroristes de Saint-Denis le 18 novembre.

Cette féminisation est-elle aujourd’hui une réalité?

Ce serait une première en France , mais pas ailleurs. Dans le Caucase, les « veuves noires » ont conduit des opérations suicides durant la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999-2000. Elles ont aussi participé à des prises d’otages en Ossétie du Nord à l’école de Beslan en 2004. Elles portaient là aussi des ceintures d’explosifs. Dans les rangs des Tigres noirs tamouls, les femmes furent très actives. Cette pratique, courante dans les années 1990 et jusqu’à une date récente (2010) est aussi constatée dans les rangs du  » P K K » (Parti des travailleurs kurdes): la majorité des attentats suicides perpétués en Turquie dans les années 2000 le furent par des femmes. Le Jihad islamique a lui aussi ses « combattantes de Dieu », même si dans le monde arabo-sunnite, il est rare que ce genre de mission soit assumé par une femme. Traditionnellement, culturellement, c’est une affaire d’hommes. Dans certains pays , pour une femme, c’est aussi paradoxalement une forme extrême d’émancipation.

4) La formation de ces « volontaires de la mort »? :

Le « volontaire de la mort » commet ces actes en pleine possession de ses moyens de manière à atteindre sa cible. Il doit savoir évaluer la situation dans laquelle il se trouve, le moment de faire détoner la ceinture dont il est porteur. Cela suppose un endoctrinement et un embrigadement intenses. Leur conviction doit être suffisamment forte pour que l’auteur de l’attentat aille jusqu’au bout de son acte sans blocage moral face aux victimes militaires et civiles. Un sursaut d’humanité peut se produire. D’où l’importance d’une dynamique de groupe qui isole l’individu de son contexte familial pour l’inscrire dans un groupe nouveau, composé de compagnons tendus vers le même but et appelés à devenir des « martyrs de la foi ».

Avion  » kamikaze  » ?

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Yasuke : l’histoire du samouraï noir :

Arrivé dans l’archipel à la fin du XVIe siècle, l’esclave Yasuke est affranchi par l’unificateur du Japon, qui l’intègre à sa garde personnelle.

 » Le père Alexandre avait amené des Indes un valet maure, aussi noir que sont les Éthiopiens de Guinée, mais natif du Mozambique, de ceux qu’on nomme  »Cafres  ».  » Au printemps 1581 dans son palais de Kyoto , l’unificateur du Japon Oda Nobunaga n’en croit pas ses yeux. Jamais il n’a vu cela. L’homme qui se tient devant lui a la peau noire ! Poursuivant son récit, le jésuite François Solier écrit :  » Ne pouvant croire que cette couleur fut naturelle, Nobunaga crut qu’on l’avait ainsi peint pour plaisir. Mais après l’avoir fait dépouiller, tout nu jusques à la ceinture, et examiné le tout, il reconnu la vérité.  »

1,82 m, une taille impressionnante pour les Nippons de l’époque

Côté japonais, le chroniqueur Ota Gyuichi décrit un individu  » en bonne santé, beau et d’un bon comportement  » qui mesure pas moins de 6 shaku (1,82 m), taille impressionnante pour les Nippons de l’époque. En grand général, Nobunaga sait apprécier la bravoure d’un individu au premier coup d’œil. Entre les deux hommes, le courant passe. L’esclave noir, nommé Yasuke, est arrivé au Japon depuis presque deux ans, et sait désormais parler le japonais. Le seigneur le complimente et lui fait remettre une belle somme d’argent. Cet instant est historique car Nobunaga fait libérer l’esclave pour le prendre à son service. Son propriétaire, un jésuite italien tout juste toléré dans l’archipel, n’a d’autre choix qu’obtempérer.

La curiosité pour les Africains dans le Japon médiéval est rapportée par le Portugais Jorge Alvares qui, en 1547, écrivait déjà :  » Les Japonais se réjouissent de voir des Noirs, en particulier les Cafres. Certains viennent les voir d’aussi loin que 15 à 20  »Leguas’ (100-130 km) et expriment beaucoup d’égards envers eux en restant trois ou quatre jours.  »

Promu samouraï, il devient conseiller et garde du corps

Chaleureux accueil qui n’est pas le lot de tout étranger si l’on en croit le journal de bord de 1613 du capitaine anglais John Saris :  » Dans les villes du Japon que nous avons visitées, des enfants et des vagabonds se sont rassemblés et nous ont poursuivis en criant “Traîtres d’étrangers” ! Surnommés  » hommes aux cheveux rouges  », Anglais et Hollandais sont partout objets de moqueries en raison de leur physique encore plus étrange aux yeux des Nippons que celui des « barbares du Sud » portugais, arrivés au Japon dans les années 1540. Nés dans des pays esclavagistes, les missionnaires européens ne voyaient aucun mal à débarquer en compagnie de leurs propres esclaves indiens, malais ou africains.

Capturé sur l’île de Mozambique, Yasuke, aussi surnommé Kuro-san (kuro signifiant  » noir  »), a été l’un de ces malheureux. Ota Gyuichi note qu’en mai 1581 l’affranchi suit Nobunaga dans son château d’Azuchi. Promu samouraï, il devient alors son conseiller et garde du corps. L’aventure est de courte durée car Nobunaga, vaincu l’année suivante par la trahison de son vassal Matsuhide, s’inflige le suicide rituel. Yasuke entend poursuivre le félon, mais à son tour il est vaincu. Matsuhide aurait alors déclaré :  » Cet homme noir est un animal. Il ne sait rien et n’est pas japonais. Il n’y a pas lieu de le tuer !  »

La pop culture ? remet Yasuke en lumière

Racisme ou compassion ? En ces temps de justice expéditive, il est plutôt rare d’accorder la vie sauve aux vaincus. Or Yasuke est épargné. Ce qu’il advint de lui ensuite se perd dans les limbes de l’Histoire, avant que son extraordinaire aventure n’entre dans la légende. La pop culture le remet aujourd’hui en lumière : en 2019, Yasuke a prêté son nom à un album du groupe I A M, et en 2021, il est le héros d’une BD et d’une série animée sur Netflix.

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