=tout ce que l’on possède ; l’ensemble des possessions ; tout ce qu’on a d’effets et d’argent ; tout le reste….
Origine et définition:
Si la locution est attestée en 1710, d’abord sans trait d’union, le mot »frusquin » seul est signalé en 1628 où, en argot, il désigne les vêtements, sans que l’on sache avec certitude pourquoi, son étymologie étant discutée. Mais deux choses sont sûres : – Il en reste le mot »frusques » toujours employé de nos jours avec le même sens, plutôt péjoratif, appliqué à des mauvais habits, des hardes …. – Le mot n’est plus utilisé isolément et n’apparaît plus que dans notre expression. Au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle, »frusquin », toujours en argot, a également désigné l’argent. Du coup, sa signification a finalement englobé tout ce que l’on possède, vêtements et argent.( même les blogs!!)que j’ai bien envie d’arrêter !!!!!
Tout cela est bel et bien , mais par quel miracle le »frusquin » s’est-il trouvé canonisé ? D’où vient donc ce »saint » ? À cette »très pertinente » question, on peut répondre par une autre : connaissez-vous »saint Crépin »? Il y a peu de chances, sauf si vous pratiquez un métier bien particulier en voie d’extinction. En effet, ce saint est le patron des cordonniers. Or, il se trouve que, chez ces artisans, le saint-crépin désigne l’ensemble de leurs outils
Outils de cordonnier
(tout comme, d’ailleurs, le saint-jean désigne la trousse à outils des typographes). Donc , c’est par simple analogie que le saint-frusquin s’est mis à représenter l’ensemble de ce qu’on possède. Et, par extension, lorsque cette locution est employée à la suite d’une énumération, précédée de »et », elle veut dire « et tout le reste ».
Exemples:
» Gervaise aurait bazardé la maison; elle était prise de la rage du clou, elle se serait tondu la tête, si on avait voulu lui prêter sur ses cheveux. C’était trop commode, on ne pouvait pas s’empêcher d’aller chercher là de la monnaie, lorsqu’on attendait après un pain de quatre livres. Tout le saint-frusquin y passait, le linge, les habits, jusqu’aux outils et aux meubles. » (Émile Zola )
E.Zola
» L’assommoir » 1877) » (…) et que les sept oncles qui avaient juré devant Dieu, les Saintes Huiles et tout le saint-frusquin de le protéger et veiller sur lui font de nouveau serment tous ensemble de venger la victime et châtier le lâche coupable (…) » Claude Simon
Le 12 septembre 1876, au palais royal de Bruxelles, le roi Léopold II ouvre une Conférence de géographie consacrée à l’Afrique. Elle réunit une trentaine de savants de toute l’Europe.
Il s’agit officiellement de relancer l’exploration du continent noir en vue d »’ ouvrir à la civilisation la seule partie de notre globe où elle n’a pas encore pénétré » et de lutter contre la traite des noirs par les musulmans.
C’est l’époque où les dirigeants européens essaient de faire au plus vite pour planter leur drapeau sur les dernières terres insoumises de la planète.
Le rêve de Léopold II
Le roi des Belges Léopold II (41 ans)
Léopold II ?
rêve d’offrir une colonie à la Belgique.
Ayant beaucoup voyagé avant de succéder à son père le 17 décembre 1865, il cultive un intérêt très vif pour l’outre-mer. C’est ainsi que le 19 septembre 1876, sa conférence de Bruxelles se conclut par la création d’une » Association internationale pour l’exploration et la civilisation de l’Afrique centrale », plus souvent appelée »Association Internationale Africaine ».
Elle est placée sous la présidence du roi et se donne un drapeau bleu étoilé d’or
Le drapeau ?
(semblable au drapeau actuel de l’Union européenne ! ?).
Le 23 novembre 1878, Léopold II crée au nom de l’Association un Comité d’études du haut-Congo, lequel signe aussitôt un contrat de cinq ans avec le célèbre journaliste anglo-américain Henri Morton Stanley
Henri Morton Stanley?
en vue d’explorer le bassin du Congo, principal fleuve d’Afrique centrale.
Malheureux Congo.….
La région a été en contact avec les Européens dès le XVe siècle.Sous l’influence de ces derniers, un roi du Congo s’était volontairement converti au catholicisme (sous l’influence de voyageurs portugais ). Mais les marchands d’esclaves occidentaux n’avaient pas tardé à combattre et détruire cet embryon d’État africain et la région était retournée à son isolement jusqu’à ce que survienne Stanley.
Avec une escouade de mercenaires européens et de supplétifs africains, l’aventurier remonte le cours du Congo et conclut des traités avec les chefs de tribus locaux, au nom de son royal commanditaire.
Les Belges n’ayant aucun goût pour les aventures coloniales (comme d’ailleurs les citoyens ordinaires du reste de l’Europe), c’est en son nom personnel et avec sa fortune que le roi mène la conquête du Congo… sans jamais y mettre les pieds.
Il projette en particulier de construire un chemin de fer entre l’estuaire du Congo et le Stanley Pool, une retenue naturelle en amont de l’estuaire, séparée de celui-ci par des cataractes qui empêchent le transport par voie d’eau. En 1882 est fondée Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa), sur le Stanley Pool.
Londres tente de freiner les ambitions du roi des Belges et encourage le Portugal à s’approprier la partie sud de l’estuaire. De son côté, la France, présente au nord de l’estuaire, promet à Léopold II de ne pas intervenir au sud. Le chancelier allemand Bismarck s’entremet habilement et convoque uneconférence internationale à Berlin, en 1885.
La conférence aboutit à un compromis par lequel Léopold II se voit reconnaître à titre personnel la possession de la rive gauche du Congo, curieusement baptisée » État indépendant du Congo »! En avril 1885, le Parlement de Bruxelles autorise » Sa Majesté à être le chef de l’État fondé en Afrique par l’Association Internationale ».
Aussi tôt ,le roi va dès lors tout faire pour rentabiliser sa conquête et lui permettre de s’autofinancer.
Dans l’intérieur du pays, ses agents entament l’exploitation des ressources locales par des méthodes souvent brutales. Ils soumettent les indigènes à des corvées pour développer notamment l’exploitation du caoutchouc ou collecter l’ivoire. Les réfractaires sont nombreux et les colons ripostent aux jacqueries par une répression impitoyable.En 1904, un collaborateur de l’entreprise royale, Edmund Dene Morel
Edmund Dene Morel ?
, indigné, démissionne et fonde la » Congo Reform Association ». Cette ONG avant la lettre alerte l’opinion européenne en vue de faire cesser le scandale.
Une commission d’enquête internationale se penche sur les accusations portées contre les agents du roi des Belges, généralement par des Britanniques pas mécontents de se défausser sur autrui de leurs propres exactions coloniales. Elle »dédouane » les compagnies de l’accusation de couper les mains des réfractaires mais reconnaît des exactions innombrables dans l’exploitation du territoire : travail forcé, esclavage, brutalités…
Quelques années avant sa mort (17 décembre 1909), Léopold II lègue le Congo à la Belgique. Le gouvernement n’accepte le cadeau qu’après beaucoup d’hésitations. C’est seulement le 15 novembre 1908 que le territoire devient officiellement colonie belge. La Belgique va poursuivre sa mise en valeur avec plus de ménagement qu’auparavant, sans toutefois se soucier de former et d’éduquer les habitants. Le Congo devient indépendant de façon hâtive et désastreuse le 30 juin 1960.( il y a seulement 62 ans )