…….. dominent les pauvres ?
»On » dit toujours ( presque) que : » Les inégalités sociales ont toujours existé »
En fait, d’après ce que j’ai lu ce serait faux ! Au paléolithique, la solidarité prévalait. Alors, comment en est-on arrivé à ce point ?…..
Les dix personnes les plus riches du monde (Bernard Arnault, Jeff Bezos, Bill Gates…) possèdent plus que l’ensemble des 85 pays les plus pauvres de la planète. En 2017, la France comptait près de 9 millions de » pauvres » (selon l’Insee), soit un million de plus qu’en 2008. Les » riches » dominent un monde de plus en plus inégalitaire. Et pourtant, les recherches récentes prouvent que l’inégalité serait un choix. Notre choix. Mais alors, quand a-t-on choisi l’inégalité ? Et pourquoi ?
Pour le déterminer, anthropologues, archéologues et historiens scrutent les chantiers de fouilles et les sociétés de chasseurs-cueilleurs, à la recherche des indices sur ce moment de bascule où les possédants se sont mis à régner sur la masse des plus pauvres.
1) Au paléolithique, nos ancêtres plébiscitent la coopération
Retour aux origines : Il y a deux millions d’années, d’après le linguiste Derek Bickerton

, nos lointains cousins, les premiers représentants du genre Homo, communiquent via un protolangage (=Langage primitif qui ne comportait pas de grammaire ) qui leur permet d’échanger des informations. Comme ils se sont mis à consommer des protéines animales, leur cerveau se développe. Au départ, ils se contentaient de charognes ou de petits animaux. Désormais ils chassent, en bande. Voyant l’efficacité de ce mode de chasse, les premières sociétés humaines (des groupes de quelques dizaines de personnes) vont s’organiser selon un principe de base : L’Égalité . C’est une rupture radicale avec la » hiérarchie de dominance » ,la loi du plus fort , qui régit le monde des primates . Désormais, qu’il rentre les bras chargés de nourriture ou bredouille, chacun aura droit à sa part lors du repas commun.
Et sur le terrain, cette théorie semble se vérifier. » Durant le paléolithique, du fait de la rareté des blessures et de l’absence de représentations de scènes de combat dans l’art pariétal(= faites sur une paroi de roche) ,on peut »raisonnablement » penser que la guerre n’existait pas », estime la paléontologue Marylène Patou-Mathis

dans son livre »Préhistoire de la violence et de la guerre ».
2) Vers – 200 000 : »on est cool, mais pas baba ! »
Il faut noter que ces communautés égalitaires n’ont rien à voir avec ce » communisme primitif » inné, rêvé par les philosophes Engels (1820-1895) et Marx (1818- 1883).
Nos ancêtres ont choisi l’égalité parce que c’est le meilleur moyen de rester en vie ! Au début des années 2010, des chercheurs de l’université de Stanford ont déterminé, par des simulations démographiques, que l’inégalité de l’accès aux ressources augmente les risques d’extinction. D’ailleurs, au paléolithique, Homo sapiens lutte au quotidien contre les vieilles habitudes de domination chères à ses cousins primates. Comment le sait-on ? Les anthropologues étudient des sociétés de chasseurs-cueilleurs contemporaines qui vivent comme nos ancêtres : les sociétés dites L P A, ( Late-Pleistocene Appropriate = (conformes au pléistocène supérieur).
Chez les Indiens d’Amazonie ( étudiés par Pierre Clastres ….

…..dans les années 1970 ), pour éviter qu’un individu joue les chefs, la communauté dégaine des armes dissuasives : elle oblige les plus nantis à redistribuer les biens accumulés, les plus valeureux à remettre en jeu leurs titres de grands guerriers… Dans d’autres sociétés LPA, comme les Mbuti, peuple pygmée de la République démocratique du Congo, si un ambitieux décide de chasser seul et de manger sa proie dans son coin, il sera, la plupart du temps, moqué. Si cela ne suffit pas, le malotru sera mis à l’écart, ostracisé, voire banni ou carrément exécuté.
Pendant des milliers de millénaires, ces peines ont eu une forte influence… sur notre patrimoine génétique ! C’est la théorie du »gène altruiste » de l’anthropologue américain Christopher Boehm. Voici son raisonnement : si les égoïstes sont bannis, ils ont moins de chance de se reproduire. Les généreux, eux, multiplient les conquêtes et sèment leurs gènes. Le génome humain se serait modifié vers plus d’équité et de solidarité. Ainsi serait né l’altruisme !
3) Vers – 12 000 : le réchauffement climatique favorise les conflits
En 1964, au nord du Soudan, sur le site 117, des archéologues mettent au jour 59 corps de femmes, d’hommes et d’enfants déposés dans des fosses recouvertes de dalles. Près de la moitié des sujets portent les traces d’une mort violente : coups à la tête, pointes de lance ou projectiles en pierre ayant transpercé le dos, l’abdomen ou le thorax. Le massacre date de la fin du paléolithique, vers – 12000. C’est » la première trace de violence collective », affirme Marylène Patou-Mathis. Comment en est-on arrivé là ? Ce qui est sûr, c’est que cette période correspond à une »aridification » du climat, et donc à une raréfaction des ressources (gibier, plantes…). » Enclavé dans la vallée fertile du Nil et cerné par des milieux naturels hostiles, ce site a semble-t-il suscité la convoitise de ses voisins de l’intérieur des terres », avance l’archéologue.
»Gare au thermomètre » ! D’abord local, le dérèglement climatique gagne la planète entière. Il aurait engendré les premières inégalités. Selon Déborah Rogers

, chercheuse en sciences sociales de l’université de Stanford, la hausse des températures aurait jeté des foules sur les chemins de la migration. Celles-ci n’auraient eu d’autre solution que de s’en prendre aux territoires des dernières sociétés égalitaires alentour. D’où les guerres, les conquis devenant les classes inférieures de la nouvelle société. Parmi eux, les esclaves seront un des premiers » produits » de l’inégalité.
4) Vers – 10 000 : la sédentarisation engendre l’inégalité
Entre – 10500 et – 8500, démarre dans le Croissant fertile la » révolution néolithique », cet espace ,parcours historique qui, en quelques petits milliers d’années, aurait fondé notre civilisation. Les humains domestiquent les plantes et les animaux, ils se sédentarisent progressivement, les réseaux de parenté se structurent autour des hommes, et les femmes sont reléguées à l’accouchement et aux tâches domestiques. L’apparition de l’agriculture est suivie d’un baby-boom. Durant cette ère d’abondance, le climat se radoucit, la végétation explose, comme la population humaine. Et avec la sédentarisation, les femmes font davantage d’enfants.
Le »baby-boom » du début du néolithique s’est vite heurté au problème numéro un de l’humanité : l’adéquation de la croissance des ressources avec celle de la population. Les bonnes terres deviennent rares, chacun commence à marquer son territoire. En cas de bonnes récoltes, on apprend à mettre de côté des » surplus ». C’est le maître mot de l’archéologue Brian Hayden

pour expliquer la naissance de l’inégalité. Ces surplus ont nécessité des gestionnaires maîtrisant l’écriture (inventée vers – 3500). Cette nouvelle élite ne joue plus le jeu de l’égalité mais prend le contrôle de la communauté. Désormais, les stocks de récolte permettent »d’asseoir » la richesse et le pouvoir d’un chef. » Une fois que le bon déroulement de la tactique des chefs est toléré, refuser d’y participer conduit à se marginaliser. La population est plus ou moins acculée à accepter l’inégalité sociale », explique l’expert.
5 ) Vers – 3 150 : l’état institue la loi du plus fort
Vers 3150 avant J.-C., un roi nommé Narmer réussit à unifier les deux Egyptes (du Nord et du Sud). Il crée un empire aux frontières quasi inchangées pour les trois mille années à venir. La palette de Narmer

, une plaque de schiste vert conservée au Musée égyptien du Caire, donne un aperçu de sa propagande. Il porte une couronne et une massue, avec laquelle il s’apprête à frapper un ennemi soumis. Message limpide : le chef, c’est moi ! Pour l’anthropologue James Scott, auteur de Homo domesticus, l’apparition d’ » États stratifiés, collecteurs d’impôts et constructeurs de fortifications » à cette époque en Mésopotamie et en Égypte signe l’acte de décès des sociétés égalitaires. Depuis la naissance des premières cités-Etats, à l’aube du IIIe millénaire avant notre ère, les humains semblent » shootés » au pouvoir ,motivés par l’ambition individuelle et à l’argent. (Par exemple le monde gréco-romain). Nos ancêtres ont inventé la démocratie (= le » pouvoir du peuple », en Grèce) et la République ( =la » chose publique », à Rome). Mais ces régimes ne visent pas l’égalité. Parmi les dirigeants, ceux qui ont été »élus » ( l’élite ), se baptiseront bientôt » aristos » en grec et » optima » en latin, les » meilleurs ». C’est la classe des possédants , des propriétaires terriens.
L’écrasante majorité des sociétés humaines a choisi l’inégalité. Et en France ? L’article 3 de la Constitution de 1793 »claironne » que » tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi ». Et l’article 1, affirme que » le but de la société est le bonheur commun. » Les révolutionnaires ont aboli les privilèges de la noblesse et du clergé en août 1789. Et notre carte de vote

nous promet » Liberté, Égalité, Fraternité ». Les cartes bancaires

lui font concurrence.