Le garçon à…


…..deux têtes du Bengale

En mai 1783, dans un petit village nommé Mundul Gaut au Bengale, en Inde, un étrange bébé est né, un petit garçon à deux têtes, subissant une déformation appelée  »Craniopagus Parasiticus  ».

La sage-femme assistant à l’accouchement était tellement horrifiée par son apparence qu’elle a essayé de tuer ce qu’elle considérait comme une monstruosité en la jetant dans le feu. Heureusement, le bébé a été sauvé avec seulement quelques brûlures à un œil et à une oreille.

Les parents, après s’être remis du choc initial, ont commencé à voir le nouveau-né comme une opportunité de gagner de l’argent !!!! et, dans cet esprit, ont quitté leur village pour Calcutta où ce bébé difforme pourrait être exposé.

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Evidemment, ce petit garçon à deux têtes a attiré énormément de public et a rapporté à la famille une coquette somme d’argent.

Entre les spectacles, pour éviter que les spectateurs ne jettent qu’un coup d’œil sans payer, les parents gardaient le malheureux enfant caché sous un drap, parfois pendant des heures d’affilée.

Alors que sa renommée se répandait à travers l’Inde, plusieurs nobles et fonctionnaires de la ville invitèrent l’enfant et ses parents chez eux pour des expositions privées, où leurs invités pouvaient examiner de près le curieux spécimen. L’un de ces observateurs était le colonel Pierce qui a décrit ce phénomène étrange au président de la Royal Society, Sir Joseph Banks. Ce dernier a ensuite transmis l’information au chirurgien Everard Home.

Par  » deux têtes  », certaines personnes pourraient supposer que les deux têtes poussent côte à côte à partir du même cou (comme par exemple ce faon à deux têtes ….. 

Le faon à deux tête .

ou Thelma et Louise , la tortue à deux têtes )

La tortue à 2 têtes

. Dans le cas de cet enfant cependant, la seconde tête du garçon a poussé au-dessus de l’autre.

Deux têtes, tête-bêche, mais la deuxième avait de nombreuses irrégularités, en plus de se terminer sur un moignon de cou: les oreilles étaient mal formées, la langue était petite et la mâchoire inférieure était plutôt petite. Toutefois, les deux têtes étaient de la même taille et couvertes de cheveux noirs à leur jonction.

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Le garçon à 2 têtes ?

La deuxième tête semblait fonctionner indépendamment de la tête principale. Lorsque l’enfant pleurait ou souriait, les traits du haut de la tête n’étaient pas forcément affectés et ne reflétaient pas l’émotion de l’enfant. Lorsqu’il dormait, sa deuxième tête pouvait être éveillée et ses yeux bougeaient comme s’il observait l’environnement.

La deuxième tête pouvait réagir à un stimulus externe: un pincement de la joue produisait une grimace, et quand on lui donnait le sein, ses lèvres tentaient de téter. Elle était également capable de produire des larmes et de la salive. Cependant, les paupières n’avaient aucun réflexes cornéens et les yeux réagissaient faiblement à la lumière.

Malgré son apparence bizarre, le petit garçon à deux têtes ne semblait pas souffrir d’effets néfastes.

Mais, alors qu’il avait 4 ans, sa mère le laissa seul pour aller chercher de l’eau. A son retour, elle trouva l’enfant terrassé ( mort) par la morsure d’un cobra .

De nombreux anatomistes ont proposé d’acheter le cadavre, mais les parents très religieux ne pouvaient pas permettre une telle profanation. L’enfant a donc été enterré près de la rivière Boopnorain, à l’extérieur de la ville de Tumloch.

Mais sa tombe a été pillée par M. Dent, un agent de la Compagnie des Indes orientales, qui a disséqué le corps putréfié et a donné le crâne à un capitaine de la Compagnie des Indes orientales. Le capitaine a ensuite apporté le crâne en Angleterre et l’a donné à son ami Everard Home

Everard Home ?

. Le crâne du garçon à deux têtes du Bengale est toujours visible au Hunterian Museum du Royal College of Surgeons de Londres. (Bien qu’il aurait largement sa place au  » Mutter muséum ,le musée des horreurs médicales  » )

Musée des horreurs médicales : Petite vidéo

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Crâne de l’enfant  » à 2 têtes »

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Crâne du garçon à deux têtes du Bengale au Hunterian Museum, .

Lorsque M. Dent a disséqué les têtes, il a découvert que les cerveaux étaient séparés et distincts. Chacun était fermement recouvert de sa propre dure-mère et était alimenté par de gros vaisseaux.

La difformité de ce garçon est aujourd’hui connue sous le nom de craniopagus parasiticus, un type extrêmement rare de jumelage parasitaire qui survient dans environ 2 à 3 naissances sur 5 millions. L’embryon se développe initialement sous forme de jumeaux, mais il ne parvient pas à se séparer complètement et l’un des jumeaux reste sous-développé et attaché à l’autre.

Les jumeaux conjoints parasites sont très rares et sont souvent mort-nés ou incapables de survivre après la naissance. Le seul traitement viable consiste à retirer chirurgicalement le jumeau parasite, ces types de chirurgies étant très risqués.

En 2004, Rebeca Martínez

Rebeca Martínez ?

est née en République dominicaine avec cette maladie rare. Elle a subi une intervention chirurgicale à l’âge de huit semaines mais est décédée à la suite d’une trop importante perte de sang.

En 2005, Manar Maged

est également né avec la même maladie et a subi une opération chirurgicale réussie de 13 heures en Égypte. Il est malheureusement décédé plusieurs semaines plus tard en raison d’infections répétées.

Plus récemment, en 2021, un bébé est né avec deux têtes, à l’hôpital Elias de Bucarest, en Roumanie, mais est décédé quelques heures après sa naissance.

Les premiers hippies ???..


Les hippies ne seraient pas les premiers à avoir prôné une grande liberté de mœurs et un retour à la nature. Au Moyen-Âge et même avant, certaines sectes religieuses avaient été encore plus loin dans de telles revendications.

Adamites…

Comme leur nom  »le laisse supposer  » ?( définition du nom :Personne pratiquant l’adamisme,courant religieux hérétique encourageant la nudité dans l’option du retour à la nature ),

Les adamites se revendiquaient du premier homme, mais avant qu’il ait été chassé de l’Éden. La secte est évoquée, par certains témoignages, dès le IIe siècle, mais elle se répand surtout entre les XIIIe et XVe siècles.

Pour ses adeptes, l’homme pouvait prétendre, sur cette terre, au même bonheur qu’Adam avant la Chute. Pour eux, il fallait vivre selon l’état de nature. Les vêtements étaient donc superflus, ainsi que de tout ce qui relevait de l’organisation et des usages sociaux.

C’est ainsi que le mariage ou l’État étaient rejetés. Les adamites, qui cultivaient une sorte d’innocence, proscrivaient aussi la viande.

Mais de telles conceptions parurent quelque peu hérétiques, d’autant que les membres de la secte se livraient parfois au pillage. Victimes de persécutions, les adamites disparaissent donc au cours du XVe siècle.

Adamites ..

.

..Et turlupins (Sectes d’hérétiques qui se répandirent en France, en Allemagne et dans les Pays-Bas pendant le XIIIe et le XIVe siècle ; ils soutenaient qu’on ne doit avoir honte de rien de ce qui est naturel.)

Cette revendication d’une sorte d’innocence originelle n’était pas l’apanage des adamites. D’autres mouvements religieux, toujours en cette fin du Moyen-Âge, s’en réclamaient aussi.

Comme les adamites, les turlupins pensaient que la nature était le modèle à suivre. Rien de ce qui en provenait ne pouvait être mauvais. Il ne fallait donc pas avoir honte de se promener nus ou de céder à ses instincts charnels. Autre originalité, du moins pour l’époque, les membres de cette secte semblaient conduits par une femme, une certaine Jeanne Daubenton

Jeanne Daubenton????

.

L’Église ne pouvait tolérer ni ce refus du péché originel ni ces atteintes scandaleuses à la morale. Aussi les papes accusèrent-ils les turlupins d’hérésie.

Jeanne Daubenton, « prêtresse » des turlupins, périt sur le bûcher en 1313. En 1372, à Paris, de nombreux sectateurs affrontèrent eux aussi les flammes. Pour bien souligner leur caractère hérétique, on les brûla avec leurs livres, même si on ne sait pas très bien de quels ouvrages il s’agissait.

Comme pour les adamites, on perd ensuite rapidement la trace des turlupins.

La conférence d’Évian….


Comme toujours , je laisse les commentaires ouverts ,mais je sais pertinament qu’il n’y en aura pas , ou très peu et ( peut-être qques  »like » qui ne signifient rien )

Le 6 juillet 1938, face à l’antisémitisme des nazis, le président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt organise une conférence internationale, pour secourir les juifs dont l’Allemagne ne veut pas. La conférence s’est tenue au bord de Genève, à l’hôtel Royal d’Évian, du 6 au 14 juillet. C’est un échec, ce qui permet à Adolf Hitler de déclarer  » C’était honteux de voir les démocraties dégouliner de pitiés pour le Peuple juif et rester de marbre quand il s’agit vraiment d’aider les Juifs !  »

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Désemparé face à l’antisémitisme nazi , le président américain Franklin D. Roosevelt

Roosevelt

propose une conférence internationale en vue de secourir les Juifs dont ne veulent plus les Allemands. Celle-ci se réunit à huis clos du 6 au 14 juillet 1938 à Évian, au bord du Léman.

Aucun des pays représentés ! n’ayant véritablement envie de recueillir des réfugiés juifs allemands, la conférence n’aboutira à aucun résultat

La conférence d'Évian (juillet 1938)
La conférence ?

Jeu de dupes :

Suite à la prise de pouvoir d’Hitler, les Juifs allemands (1% de la population du pays) ont fait l’objet de brimades et de persécutions de plus en plus brutales. Dès novembre 1933, la S D N  (Société des Nations, ancêtre de l’ONU) a constitué un Haut Commissariat aux réfugiés d’Allemagne pour adoucir le sort des Juifs contraints à l’exil. L’Américain James MacDonald

James MacDonald ????

en a pris la direction mais, lassé par la mauvaise volonté des démocraties, il a abandonné sa fonction dès 1935.

A Nuremberg , cette même année , Hitler promulgue des lois antisémites  qui séparent plus complètement les Juifs des autres Allemands. Un nombre croissant de familles se résigne à fuir le pays. Confrontés à la crise économique née du  » krach » de 1939 , les pays occidentaux rechignent à les accueillir.

Aux États-Unis, en particulier, le président Roosevelt est soumis à des pressions opposées, d’une part de la part des mouvements juifs et libéraux qui réclament d’accueillir les Juifs allemands, d’autre part de la part des milieux conservateurs et syndicaux qui ne veulent pas d’une remise en cause des quotas d’immigration très stricts ( établis par les lois Quota Act de 1921 et Immigration Act de 1924 ? ).

Le président va donc  » botter en touche  » en proposant le 22 mars 1938, depuis sa maison de Warm Springs (Géorgie), une Conférence internationale pour les Réfugiés. Il sait pertinemment que la conférence aboutira à une fin de non-recevoir et il pourra en tirer argument pour exclure tout amendement aux lois sur l’immigration. 

La Suisse, qui héberge à Genève la S D N, exclut toutefois d’accueillir la conférence car elle tient à garder de bonnes relations avec son puissant voisin. C’est finalement le président du Conseil français Camille Chautemps

Camille Chautemps ???

qui propose de l’accueillir à Évian, une jolie station thermale à 45 km seulement de la cité de Calvin et de la S D N. La conférence va donc se dérouler dans l’Hôtel Royal, un beau témoin de l’Art Nouveau construit en 1909 par l’architecte Ernest Hébrard et agrémenté d’un magnifique parc de 19 hectares, ce qui n’est pas pour déplaire aux diplomates.

Refus sous tous prétextes:

Strictement limités à six séances à huis clos, les débats ne sont connus que par le communiqué final. 32 pays se font représenter à Évian (l’Allemagne n’est pas invitée, l’URSS et la Tchécoslovaquie ne s’y font pas représenter). C’est pour affirmer unanimement leur refus d’ouvrir leurs ports aux 650 000 Juifs allemands et autrichiens, qualifiés par euphémisme de  » Réfugiés  » (jamais au cours de la conférence, il n’est fait ouvertement référence aux Juifs).

Les refus se fondent sur des préjugés ou des hypothèses bien plus que sur des faits, comme l’avoue ingénument le délégué australien :  » Dans les circonstances présentes, l’Australie ne peut faire plus… Nous n’avons pas de problème racial notable et nous ne voulons pas en importer un  ». L’hypocrisie est de mise et les problèmes économiques volontiers mis en avant :  » Les réfugiés ont souvent enrichi l’existence et contribué à la prospérité du peuple britannique. Mais le Royaume-Uni n’est pas un pays d’immigration. Il est hautement industrialisé, entièrement peuplé, et il est encore aux prises avec le problème du chômage  » assure pour sa part le délégué britannique…

La Suisse estime avoir déjà fait le plein de réfugiés autrichiens et rétablit des visas avec son voisin. Elle va même demander à l’Allemagne de tamponner la lettre J sur les passeports de ses ressortissants juifs afin de pouvoir plus facilement les identifier et les repousser à sa frontière !

Un seul pays fait exception : la République dominicaine, dans les Antilles. Il n’a pas été invité à la conférence mais son dictateur Trujillo

Trujillo ???

fait savoir le 12 août 1938 qu’il serait disposé à accueillir deux cent mille réfugiés car il souhaite  » blanchir  » la population avec l’importation de quelques milliers de Juifs allemands ; cette offre équivoque est repoussée (de même qu’une offre similaire d’Haïti !). 

La presse allemande, triomphante, titre au lendemain de la conférence :  » Juifs à vendre ; même à bas prix, personne n’en veut !  ».( !!!) Hitler, dans les jours qui suivent, ne se prive pas de dauber sur cet échec :  » C’était honteux de voir les démocraties dégouliner de pitié pour le Peuple juif et rester de marbre quand il s’agit vraiment d’aider les Juifs ! « 

Après la Nuit de Cristal  de novembre 1938, l’émigration juive va pourtant s’intensifier. Quelques milliers de Juifs saisissent l’opportunité offerte par le port chinois de Shanghai, qui les dispense d’un visa d’entrée… Beaucoup d’émigrants gagnent la Palestine sous des formes illégales, en défiant le gouvernement britannique qui tente de les repousser pour ne pas se mettre à dos les Arabes et le Grand Mufti de Jérusalem Amin al-Husseini. Ce chef religieux musulman férocement hostile aux juifs ne craint pas de rencontrer Hitler et de recruter pour lui des combattants musulmans.

Mais à côté de cela, les échecs sont cruels. Le 15 mai 1939, le paquebot Saint-Louis quitte Hambourg avec 900 passagers juifs d’un statut social élevé. Empêché d’accoster à La Havane, il tente sa chance sans succès à Buenos Aires, Montevideo, Panama… Obligé de longer à distance la côte des U.S.A , il est aussi refoulé du Canada et finalement contraint de revenir à Hambourg.

6 juillet 1819…..


brouillion à revoir ….peu-être…..

.…… décès de
Sophie Blanchard, première femme
aéronaute professionnelle

Épouse du célèbre aéronaute Jean-Pierre Blanchard ( qui effectua la première traversée de la Manche en ballon, le 7 janvier 1785 ), Sophie Blanchard naquit Marie-Madeleine-Sophie Armant le 24 mars 1778, à Trois-Canons, près de La Rochelle. On raconte que sa mère étant enceinte, vit un voyageur qui lui promit d’épouser l’enfant dont elle devait accoucher, si c’était une fille. Ce voyageur était Blanchard, avec qui la jeune Armant fut mariée dans son adolescence.

Femme d’aéronaute, madame Blanchard devait se familiariser de bonne heure avec les dangers inséparables des voyages dans les régions de l’air ; mais quoique la vivacité de ses désirs égalât celle de son imagination, elle différa son début dans cette carrière jusqu’à ce qu’elle eut acquis la certitude que le ciel lui refusant les douceurs de la maternité, elle serait dispensée d’en remplir les devoirs.

Elle avait 26 ans lorsqu’elle fit avec son mari ( qu’elle épousa en 1804 ) sa première et probablement sa seconde ascension aérostatique ; mais ce fut au mois de mars 1805, qu’ayant fait seule la troisième à Toulouse, elle descendit à Lux, près de Caraman, en ligne directe du lieu de son départ.

Tel était le dénuement où devait la réduire la mort de son mari (le 7 mars 1809, il tombe de son ballon suite à une crise cardiaque), qui lui disait quelque temps auparavant :  » Tu n’auras après moi, ma chère amie, d’autre ressource que de te noyer ou de te pendre.  » Mais, loin de se livrer au désespoir, Sophie Blanchard fonda son existence sur les produits du métier d’aéronaute. Elle multiplia ses voyages aériens, et acquit une telle intrépidité qu’il lui arrivait souvent de s’endormir pendant la nuit dans sa frêle et étroite nacelle, et d’attendre ainsi le lever de l’aurore pour opérer sa descente avec sécurité.

Sophie Blanchard lors de son vol à Turin, le 26 avril 1812
Sophie Blanchard lors de son vol à Turin, le 26 avril 1812

Il s’en fallait beaucoup qu’elle montrât le même courage dans les voitures terrestres. Ses ascensions à Rome et à Naples, en 1811, furent aussi brillantes que lucratives. Dans celle qu’elle fit à Turin, le 26 avril 1812, elle éprouva un froid glacial et une forte hémorragie par le nez ; les glaçons s’attachaient à ses mains et à son visage en pointes de diamants. Ces accidents, loin de la décourager, redoublèrent son ardeur et son activité, que vint stimuler la concurrence de mademoiselle Garnerin.

Ses voyages furent plus fréquents ; il n’y eut pas de fête publique où l’une des deux rivales ne jouât le principal rôle avec son ballon. L’ascension que madame Blanchard fit à Nantes, le 21 septembre 1817, était la cinquante-troisième ; ayant voulu descendre à quatre lieues de cette ville, dans ce qui lui paraissait être une prairie, entre Couëron et Saint-Etienne de Montluc, elle se trouva sur un marais où son ballon, accroché à un arbre, tomba sur le côté, de telle manière qu’elle aurait eu beaucoup de peine à se dégager si l’on ne fût venu à son secours. Cet accident n’était que le précurseur de l’événement funeste qui mit fin a ses jours.

Après s’être montrée dans les principales villes de France et dans quelques capitales de l’Europe, elle fit, à l’ancien Tivoli de Paris, sa soixante-septième ascension, le 6 juillet 1819, à dix heures et demie du soir, dans une nacelle pavoisée, brillamment illuminée et supportant un artifice. Son ballon, trop chargé peut être, s’étant accroché aux arbres qui bordaient l’enceinte, elle le dégagea en jetant du lest, et renversa en s’élevant quelques cassolettes d’esprit de vin.

A une certaine hauteur elle lança des fusées romaines ; mais bientôt, soit que l’une de ces fusées eût percé le ballon, soit que l’aéronaute, voulant descendre à une distance très rapprochée, n’eût pas fermé l’appendice par où le gaz hydrogène avait été introduit, et qu’en mettant le feu à une autre pièce d’artifice, adaptée au petit parachute qu’elle devait lancer, la mèche eût enflammé le gaz qui sortait par l’appendice, une vive lumière annonça l’incendie du ballon et le malheur qui arrivait.

Un cri d’effroi s’éleva spontanément de toutes parts ; plusieurs femmes s’évanouirent, et la fête fut interrompue. L’infortunée tomba avec sa nacelle sur une maison dont elle enfonça le toit, au coin des rues Chauchat et de Provence. Son corps, enveloppé dans les restes des cordages et de la nacelle, fut porté à Tivoli, où tous les secours lui furent vainement prodigués. Comme il n’était pas défiguré, quoique fracassé, et que la tête et les jambes étaient entières, on a supposé que l’asphyxie avait d’abord occasionné la mort.

On fit une collecte à Tivoli pour ses héritiers ; mais comme madame Blanchard n’avait eu qu’une fille adoptive ou naturelle qui était morte, les 100 louis que produisit la quête furent employés à ses funérailles et au monument que ses amis lui firent ériger au cimetière du Père Lachaise

chasse à l’enfant….


En août 1934;à Belle-île , dans la colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne qui accueille depuis 1880 des mineurs délinquants ,une révolte vient d’éclater ..A la cantine ,les surveillants ont frappé un enfant qui avait croqué dans son fromage avant de manger la soupe !….Aussitôt,ses camarades se jettent sur eux ,et les rouent de coups ,saccageent le mobilier et s’enfuient dans la campagne .Les gardiens,aidés par les gendarmes et les habitants ,se lancent à leur poursuite. Après quelques heure,le 56 sont retrouvés et sévèrement punis.Un article publié dans Paris-Soir relate la révolte et alerte sur les conditions de détention de ces mineurs .

Emu par ce récit, Jaques Prévert

Jaques Prévert

compose un poème ,  » La Chasse à l’enfant »,qui va fire bouger les choses.Mais il faudra attendre la fin de la guerre pour que la colonie devienne un institut d’éducation surveillée, qui fermera ses porte en 1977 .

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Le pôème de Prévert :

La Chasse à l’enfant
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l’île
On voit des oiseaux
Tout autour de l’île
Il y a de l’eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu’est-ce que c’est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Il avait dit « J’en ai assez de la maison de redressement »
Et les gardiens, à coup de clefs, lui avaient brisé les dents
Et puis, ils l’avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant, il s’est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes, les touristes, les rentiers, les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Pour chasser l’enfant, pas besoin de permis
Tous les braves gens s’y sont mis
Qui est-ce qui nage dans la nuit ?
Quels sont ces éclairs, ces bruits ?
C’est un enfant qui s’enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent ? Rejoindras-tu le continent ?
Au-dessus de l’île
On voit des oiseaux
Tout autour de l’île
Il y a de l’eau

Une chason ausi: vidéo( tjrs sans le son pour moi )

( Les Frères Jacques aussi l’ont chantée)

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La colonie pénitentiaire ( aujourd’hui )

Bref résumé des maison  » de correction  » en France:


1836 : L’idée d’enfermer les enfants dans des lieux spécifiques est née au XIXe siècle. On crée cette année-là à Paris la Maison d’éducation de la petite Roquette pour les jeunes vagabonds.En 1838 ouvre la première Colonie agricole. D’autres suivront. On les appelle aussi des Maisons de correction ou des Colonies pénitentiaires, qui doivent rééduquer les mineurs par le travail et l’apprentissage.

En 1934, les jeunes colons de Belle-Ile-en-Mer se révoltent. On comprend que ces bagnes pour enfants sont en fait une école de la violence
(Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant…
poème de Prévert relatant cette révolte qui, à l’époque, avait très fortement marqué les esprits).

En 1945, après la guerre, l’ordonnance de 1945 crée des Instituts publics d’éducation surveillée, grands internats où les jeunes reçoivent une éducation scolaire, religieuse et professionnelle.En 1970, ils sont remplacés par des Centres d’observation. Celui de Juvisy est entouré d’un mur de 4 mètres de haut et d’un grand fossé. En fait, de l’avis même de l’ex-directeur du centre, c’est une vraie cocotte-minute, où se déroulent des scènes d’une violence inouïe.En 1979, Alain Peyrefitte met fin à l’expérience.(il n’y a que 43ans!!!)Depuis, on a créé des Foyers d’action éducative, des Centres éducatifs renforcés mais sans en fermer les portes à clé.

Juillet 1810 ( le 1er juillet exactement)


Une tragédie donne naissance au corps des sapeurs-pompiers……

Le 1er juillet 1810, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, le prince de Schwarzenberg

prince de Schwarzenberg ?

, organise un bal en l’honneur de Napoléon 1er et l’archiduchesse Marie-Louise

Napoléon 1er et l’archiduchesse Marie-Louise ?

qui se sont mariés trois mois plus tôt. La fête a lieu dans une salle provisoire aménagée dans les jardins de l’ambassade, rue de Provence. 1500 personnes sont invitées. Mais une bougie met le feu aux tentures !!…

L’incendie s’étend très vite. Chacun tente précipitamment de s’enfuir dans une bousculade meurtrière. L’empereur ramène sa femme au palais de l’Élysée et revient diriger les opérations de secours. On déplore en définitive plusieurs dizaines de victimes, y compris l’ambassadrice Pauline de Schwarzenberg, carbonisée en tentant de retrouver sa fille.

La censure occulte le drame. L’empereur ne veut pas altérer son image… Il craint que l’on ne fasse le rapprochement avec le drame qui endeuilla les noces d’une autre archiduchesse, Marie-Antoinette, avec le futur Louis XVI.

Un rapport témoigne de l’impréparation du corps des gardes pompiers. En conséquence, Napoléon Ier décide de dissoudre celui-ci et, le 10 juillet 1811, crée un corps militaire de sapeurs du génie pour assurer la sécurité des palais impériaux. C’est la première fois que la lutte contre les incendies est confiée à des militaires. Le 18 septembre suivant, le corps est transformé en  » bataillon de sapeurs-pompiers de Paris  ». De là l’expression sapeur-pompier.

Aujourd’hui encore, la lutte contre les incendies est confiée à Paris à des militaires professionnels. À Marseille, elle relève d’un  » bataillon de marins-pompiers de Marseille  ». Dans le reste du pays, elle relève de corps mixtes essentiellement composés de volontaires.

C’était il y a 206 ans !


Le 2 juillet 1816

Échouage de la Méduse…..( billet à revoir ….peut-être)

Le 2 juillet 1816, la frégate La Méduse s’échoue au large de l’actuelle Mauritanie avec 395 marins et soldats à son bord. Ce fait divers va bouleverser la France et engendrer un chef-d’œuvre de l’art romantique.

Un capitaine imprudent:

Le navire a quitté Bordeaux le 27 avril, accompagné de la corvette  » L’Écho ‘, de la flûte  »La Loire’ et du brick  »L’Argus ».

L’expédition est commandée par le capitaine de frégate Hugues Duroy de Chaumareys. Cet officier royaliste de 51 ans a émigré dès le début de la Révolution, en 1789, et vient tout juste de rentrer en France. Il a reçu du roi Louis XVIII mission de reprendre le Sénégal, que le traité de Paris a restitué à la France après la chute de Napoléon, quelques mois plus tôt.

Contre l’avis de ses officiers, le capitaine veut couper au plus court. Son navire, La Méduse, s’éloigne ainsi du reste de la division et s’engage sur le dangereux banc de sable d’Arguin, à plus de 60 kilomètres des côtes africaines, où il est bientôt immobilisé. On tente de désensabler le navire en évacuant le matériel sur un radeau de fortune de 20 mètres de long. Mais cela ne suffit pas et il faut se résoudre à l’évacuation.

L’évacuation

Les officiers, les passagers et une partie des marins se replient sur la chaloupe et une demi-douzaine de canots qui, tous, sont mâtés et disposent d’une voile. Le commandant est parmi les premiers à quitter la frégate !… Mais 152 hommes, essentiellement des soldats, doivent se contenter du radeau. Serrés les uns contre les autres, ils ont de l’eau jusqu’aux genoux. Dix-sept hommes, appréhendant le pire, préfèrent rester sur la frégate dans l’espoir d’être plus tard secourus.

Dans un premier temps ,le radeau est tiré par les canots et la chaloupe. Mais au lieu de se rapprocher de la côte, les naufragés dérivent vers la haute mer… Une nuit, les amarres cèdent les unes après les autres. L’enquête montrera plus tard qu’elles furent volontairement larguées à l’initiative de l’officier Raynaud qui commandait le principal canot

Voyant cela, le lieutenant Espiau, qui commande la chaloupe, veut reprendre le radeau en remorque mais ses hommes s’y opposent. Il semble en effet que beaucoup craignaient une mutinerie et une attaque de la part des marins du radeau, des hommes rudes et passablement éméchés.

Finalement, le commandant Chaumareys abandonne le radeau à lui-même et met le cap sur la côte, vers Saint-Louis du Sénégal. Ses officiers, honteux mais résignés, le suivent.

Le chef d’œuvre :

Théodore Géricault (25 ans), s’est inspiré du drame de La Méduse pour peindre l’un des premiers chefs-d’œuvre de l’école romantique. Ce jeune artiste de sensibilité monarchiste a suivi Louis XVIII dans son exil de Gand. Cela ne l’empêche pas de faire de son œuvre un manifeste contre les dérives du régime.

Soucieux de réalisme, il a emprunté des cadavres dans un hôpital et s’en est servi comme modèle. Le chirurgien Savigny et un autre rescapé, Corréard, ont d’autre part aussi posé pour Géricault, avec qui ils s’étaient liés d’amitié. On voit sur la gauche le premier, bras tendu, doigts écartés, tourner la tête vers le second, dans l’ombre, adossé au mât. On identifie également deux autres personnages : le noir agitant un morceau de toile est Jean-Charles, soldat originaire du Sénégal. L’homme avec une longue chemise à fines rayures se traînant sur le milieu du radeau, le bras droit tendu, est l’enseigne Jean-Daniel Coudein, commandant du radeau, qui avait été blessé à la jambe au départ de France et pouvait à peine bouger .Le peintre Eugène Delacroix,

Eugène Delacroix ( auto portrait)

ami de Géricault, a servi également de modèle. On le voit au premier plan, face contre le radeau.

La toile est de très grandes dimensions (4,9 x 7 m), avec des personnages deux fois plus grand que nature au premier plan. Elle montre les marins qui tentent de se faire voir du brick L’Argus le 17 juillet 1816. Par le mouvement des corps et les contrastes de lumière, elle travestit le fait divers en un drame mythologique. Exposée au Salon de 1819 sous le titre Scène de naufrage, elle fait scandale par son réalisme et sa violence. Certains y voient une dénonciation du pouvoir en place. Elle n’en suscite pas moins l’admiration du roi Louis XVIII qui lâche placidement :  » Voilà un naufrage qui ne fera pas celui de l’artiste qui l’a peint  ». (Elle est aujourd’hui au musée du Louvre ).

Le peintre n’a pas osé présenter la première version de son œuvre (ci-dessous), du fait de scènes de cannibalisme jugées trop violentes.

Première version du tableau ?

Le drame:

Avec très peu de vivres et cinq barriques de vin, le radeau va dériver sous un soleil implacable, avec de l’eau jusqu’à un mètre au-dessus du plancher. Les officiers se maintiennent près du mât, dans la partie la plus stable. Suicides, noyades, rixes s’enchaînent. Dès le deuxième jour, certains survivants découpent la chair des cadavres et s’en repaissent après l’avoir boucanée au soleil. Quelques hommes encore valides jettent à la mer les blessés et les malades pour préserver les chances de survie des autres.

Au bout de treize jours, le 17 juillet 1816, les malheureux aperçoivent une voile à l’horizon. C’est L’Argus qui s’est mis en quête de l’épave de La Méduse pour y récupérer des documents officiels et de l’argent ! Mais le brick s’éloigne sans voir le radeau. Il repassera quelques heures plus tard et cette fois l’apercevra. Il recueillera une quinzaine de rescapés. Cinq succomberont peu après leur arrivée à Saint-Louis du Sénégal.

Le lieutenant de vaisseau Parnajon, commandant L’Argus, racontera plus tard :
 » J’ai trouvé sur ce radeau quinze personnes qui m’ont dit être le reste des 147 qui y avaient été mises lors de l’échouage de la frégate Méduse. Ces malheureux avaient été obligés de combattre et de tuer une grande partie de leurs camarades qui s’étaient révoltés pour s’emparer des provisions qu’on leur avait données. Les autres avaient été emportés par la mer, ou morts de faim, et fous. Ceux que j’ai sauvés s’étaient nourris de chair humaine depuis plusieurs jours et, au moment où je les ai trouvés, les cordes qui servaient d’étais étaient pleines de morceaux de cette viande qu’ils avaient mise à sécher. Le radeau était aussi parsemé de lambeaux qui attestaient la nourriture dont ces hommes avaient été obligés de se servir…  » .

Finalement,c’est une goélette privée, la Bombarde, qui atteindra la Méduse 52 jours après son abandon. Elle recueillera trois survivants sur les dix-sept qui étaient restés à bord : douze avaient quitté l’épave sur un radeau et un treizième sur une » cage à poules  », un quatorzième était mort d’épuisement.

Les  » naufragés du désert  »

Si Géricault a immortalisé le radeau, l’histoire a oublié par contre les  » naufragés du désert  ». Il s’agit des 63 personnes que la chaloupe débarqua le 6 juillet et qui rejoignirent Saint-Louis du Sénégal en longeant la côte. Ils parcoururent les quelques 80 lieues en 17 jours, harcelés, dépouillés par les Maures contre un peu d’eau et de nourriture. Six d’entre eux, dont une femme, y laissèrent la vie.

Trois hommes, » des traînards  », s’égarèrent et furent séparément capturés par les Maures. Parmi eux, le naturaliste Georg-Adolf Kummer (1786-1817). Il parlait un peu l’arabe, se fit passer pour le fils d’une musulmane égyptienne et fut traité courtoisement. Tous les trois furent ramenés à Saint-Louis contre promesse de rançon (ou de récompense).

Le scandale

 »Le Journal des Débats » publie le compte-rendu adressé au ministre de la Marine par le chirurgien Jean-Baptiste Savigny, l’un des rescapés du radeau. L’auteur y dépeint les violences extrêmes auxquelles ses compagnons et lui-même ont été réduits. Son récit soulève une immense émotion dans l’opinion publique.

Le capitaine de frégate et les officiers passent en cour martiale. Hugues Duroy de Chaumareys est dégradé et radié du rôle des officiers de marine et des Ordres de Saint Louis et de la Légion d’Honneur. Il échappe de peu à la peine de mort et s’en tire avec trois années de prison. Il finira ses jours au château de Lachenaud, à Bussière-Boffy, près de Bellac (Haute-Vienne).

Le loup……


Billet long,trop long => si pas de commentaire , je comprendrais ;MAIS PAS DE LIKE !

Sauvage, fétiche et redouté…….

Le Petit chaperon rouge (illustration de Jessie Willcox Smith, 1911)Jusqu’à l’époque contemporaine ,le loupa côtoyé les hommes, du moins dans l’hémisphère nord.

Jamais domestiqué, à la différence de son  »compère » l’ours, il a nourri plus de mythes et de légendes qu’aucun autre animal, y compris le cheval ,le chat et le chien , son  »cousin » domestique.

Le loup, animal qui chasse en meute, réputé cruel et sans pitié, a été très tôt honoré par les peuples nomades ou guerriers comme le montrent encore beaucoup de noms propres ? Mais beaucoup d’expressions populaires rappellent aussi combien il était redouté par les paysans sédentaires et les gardiens de troupeaux.

Le loup, animal fétiche:

Les Spartiates côtoyaient le loup gris (loup commun d’Europe) dans les montagnes du Péloponnèse et l’avaient en grande estime. Le nom de leur plus célèbre roi, le mythique Lycurge, y fait référence. Il signifie en grec  » Celui qui tient les loups à l’écart  ». L’entraînement des guerriers de Sparte est calqué sur son mode de vie selon René Caillois :  » Le jeune homme (éphèbe) vit en loup et attaque comme un loup : solitaire, à l’improviste, par un bond de bête sauvage. Il vole et tue impunément, tant que ses victimes ne parviennent pas à le saisir  » (Les Jeux et les Hommes, 1958).

Lycaon est transformé en loup par Zeus (gravure pour les Métamorphoses d'Ovide, par Hendrik Goltzius, XVIe siècle)

Dans le Péloponnèse aussi, le souvenir d’un roi qui s’appelait Lycaon ( » loup  » en grec) inspira une légende selon laquelle ce roi aurait été transformé en loup à cause de son impiété et pour avoir fait manger de la chair humaine à Zeus en personne. Le mythe du roi Lycaon, qui régnait en Arcadie, est sans doute à rapprocher des sacrifices humains et du cannibalisme qui étaient pratiqués dans la région et dont le souvenir a pu remonter jusqu’aux Grecs de l’époque classique.

Les loups peuvent surgir là où on les attend le moins, par exemple au lycée ! Aristote choisit d’enseigner dans un gymnase installé dans un quartier d’Athènes du nom de » Lyceon  ». Ce nom venait de ce que le lieu avait été précédemment fréquenté par des loups. Il s’ensuit que les Français donnèrent le nom de lycée à leurs établissements d’enseignement secondaire ??, les Allemands préférant celui de Gymnasium !

Les Romains, peuple sédentaire mais guerrier, respectaient aussi le loup (lupus en latin). Cet animal était dédié à Mars, dieu de la guerre, et quand il pointait son nez avant une bataille, les Romains y voyaient la promesse de la victoire !

Comme chacun sait , c’est à une louve que Rémus et Romulus, héros fondateurs de Rome, ont dû leur survie après avoir été abandonnés, encore bébés, dans la forêt. En référence à cette légende, les Romains instituèrent une fête purificatrice le 15 février au Lupercal, la grotte qu’aurait occupée la louve au pied du mont Palatin : les Lupercales. En 494, le pape Gélase lui substitua la Fête de la Purification de la Vierge..

Romulus et Rémus (1516, Paul Rubens, musée du Capitole, Rome)
Rémus ,Romulus et la louve

Les humanistes de la Renaissance se souvinrent que les prostituées étaient désignées à Rome par le mot lupa, qui désigne aussi la femelle du loup. Ils inventèrent en conséquence le mot lupanar pour désigner les maisons de prostitution. L’homonymie latine entre la prostituée et la louve n’est sans doute qu’accidentelle mais elle a poussé des auteurs imaginatifs à chercher un lien entre les deux en attribuant à la louve une lubricité exceptionnelle .

L'enchaînement de Fenrir (1908, George Wright)En Amérique du nord, le loup était un animal totem pour de nombreuses tribus d’Indiens. À la fois craint et respecté, il bénéficiait d’attributs presque divins.

En Europe, la mythologie nordique a cultivé le souvenir d’un loup gigantesque, Fenrir, fils du dieu Loki, qu’il fallut enchaîner pour l’empêcher de nuire. Les guerriers germains appréciaient aussi la force du loup comme l’attestent encore les nombreux prénoms et patronymes qui, tel Wolfgang, Adolphe, Rodolphe, font référence au loup (wulf ou wolf en vieil allemand).

Aujourd’hui encore, le loup est honoré par les Turcs, dont les ancêtres nomades et guerriers se reconnaissaient dans cet animal habitué à chasser en meute. Moustafa Kémal

Moustafa Kémal ?

, fondateur de la Turquie moderne, fut lui-même surnommé le  » Loup Gris  », (peut-être en raison de son regard gris perçant? ).

C’est aussi le nom que se donnèrent des extrémistes nationalistes dans les années 1960 et c’est l’un d’eux, le  » Loup Gris  » Mehmet Ali Agca,

Mehmet Ali Agca ?

qui tira sur le pape Jean-Paul II le 13 mai 1981…

Le loup, animal redouté:

Il y a deux mille ans, en Gaule et dans l’empire romain, les défrichements et la culture intensive avaient réduit la place des loups et de la faune sauvage.

Haut Moyen Âge (Ve-Xe siècles) : cohabitation difficile des loups et des hommes…….

Un loup enlève l'un des deux fils de saint Eustache (vitrail de la cathédrale de Chartres, XIIIe siècle)Tout change à l’époque barbare, sous le haut Moyen Âge. En Europe occidentale, l’extension des friches et de la forêt s’accompagne du retour en force des loups. Dans un monde sous la menace permanente de la famine, le loup est omniprésent autour des villages. On le redoute pour les dégâts sur les troupeaux et le danger qu’il fait courir aux enfants.

Un vitrail de la cathédrale de Chartres

Vitrail de la cathédrale de Chartres

raconte comment saint Eustache, général romain converti au christianisme, vit l’un de ses deux fils enlevé par un loup (avant que des paysans ne le délivrent)…

Le nom Loup ou Leu (loup en vieux français) semble malgré tout apprécié à l’époque mérovingienne, peut-être dans la continuation de la tradition germanique.

Ce nom est porté par plusieurs évêques comme Loup de Troyes, au Ve siècle, ou Loup de Sens au siècle suivant (ce dernier devint saint patron des bergers et des moutons). Il s’ensuit que plusieurs dizaines de villages et villes français portent leur nom : Saint-Loup ou Saint-Leu.

La lucarne dite de Louvois (ou loup-voit), hôtel des Invalides, Paris (XVIIe siècle)Le loup apparaît aussi en filigrane dans beaucoup de noms de lieux : Louvières, Loupiac, Loubaresse… et de familles : Leloup, Leleu, Loubet, sans compter Louvois, secrétaire d’État de la guerre de Louis XIV, qui adopta le loup pour   » Loup-voit  ».

Dans la péninsule ibérique, le loup transparaît également dans les prénoms et noms comme Lope, López ou encore Lopes...

Pour pallier les dommages causés par les loups, l’empereur Charlemagne fonde en 813 une institution destinée à les chasser. C’est la Louveterie. Les monarques capétiens la placeront sous l’autorité d’un Grand louvetier. Il aura l’obligation d’entretenir une meute de chiens entraînés à traquer le loup. Il sera plus tard renommé Grand veneur de France, la vénerie désignant toutes les formes de chasse à courre.  

   » beau Moyen Âge  » (XIe-XIIIe siècles) : les hommes prennent le dessus sur les loups….

Nouveau basculement après l’An Mil : sous le  » beau Moyen Âge  », avec le redoux climatique, les défrichements, l’expansion démographique, l’épanouissement de la civilisation urbaine. Le loup apparaît comme une menace maîtrisable.

Dans le Roman de Renart, un ensemble de courts récits très drôles, le loup,  » sire Ysengrin, homme de sang et de violence, patron de tous ceux qui vivent de meurtre et de rapine  », se fait régulièrement gruger par son neveu Renart le Goupil (le nom donné aux renards au Moyen Âge).

Dans un autre registre, à la même époque,saint François d’Assise 

saint François d’Assise ?

s’attire une certaine célébrité grâce au loup de Gubbio, du nom du village d’Italie centrale près duquel le saint avait établi son ermitage. Ce loup terrorisait le voisinage et attaquait femmes et enfants. Un jour, François alla à sa rencontre et lui parla avec douceur :  » Viens ici, Frère loup, je t’ordonne au nom de Jésus-Christ de ne faire aucun mal, ni à moi ni à personne  », de sorte que la bête féroce mit sa patte droite dans sa main et devint dès lors la plus aimable bête qui soit.

  » Petit Âge glaciaire  » (XIVe-XVIIe siècles) : le grand retour des loups

Retour en arrière au XIVe siècle : Petit Âge glaciaire, Grande Peste, guerre de Cent Ans et autres guerres profitent à la faune sauvage…

L’historien médiéviste Michel Pastoureau

Michel Pastoureau ?

, excellent connaisseur des animaux et de leur symbolique, note que  » la peur du loup revient alors et durera jusqu’au XIXe siècle dans les campagnes européennes. Le loup tue non seulement le bétail mais s’attaque aussi aux êtres humains  ».

Le  »Journal d’un bourgeois de Paris »’ relate ainsi en 1439 des attaques de loup qui auraient eu lieu autour de la capitale :  » Les loups furent si enragés de manger de la chair humaine que, dans la dernière semaine de septembre, ils étranglèrent et mangèrent quatorze personnes, tant grandes que petites, entre Montmartre et la porte Saint-Antoine, dans les vignes et les marais. Le 16 décembre, les loups vinrent par surprise enlever et dévorer quatre ménagères, et le vendredi suivant, ils en blessèrent dix-sept autour de Paris, dont onze moururent des suites de leurs morsures  »… Toutefois, on ne saurait prendre pour argent comptant ces récits de seconde main.  

La crainte des loups va durer en France même jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. De cette époque datent de nombreuses locutions populaires et proverbes qui témoignent de son importance : hurler avec les loups, entre chien et loup, quand on parle du loup…, avoir vu le loup (avoir perdu sa virginité), avoir une faim de loup, être connu comme le loup blanc, à la queue leu leu etc. Beaucoup de lieux dits portent aussi des références à l’animal : Le saut du loup, La font (fontaine) au loup…

Mais l’expression la plus célèbre est sans aucun doute celle de l’Anglais Thomas Hobbes, empruntée à Plaute (Homo homini lupus) :  » L’homme est un loup pour l’homme  » (Léviathan, 1651).

Le Petit Chaperon rouge (illustration de Gustave Doré, 1867)Le loup est perçu comme une bête cruelle et sans pitié qui s’en prend de préférence aux innocentes créatures : l’agneau de la fable de La Fontaine (1668) et les jeunes gardiens de troupeaux, comme la malheureuse Jeanne Boulet, 14 ans, première victime de la  » la bête du Gévaudan  »(1764).

Publié à l’époque de la guerre de la Succession d’Espagne, qui conjugue grands froids et famines, Le Petit Chaperon rouge de Charles Perrault (1697) n’est pas seulement un conte initiatique. C’est aussi le reflet d’une réalité tragique dans un royaume qui compte encore une vingtaine de milliers de loups. On a toute chance d’en croiser quand on randonne en hiver dans les forêts.

C’est ce que nous rappelle une comptine de cette époque :
 » Promenons-nous dans les bois
Pendant que le loup n’y est pas
Si le loup y était
Il nous mangerait
Mais comme il n’y est pas
Il nous mangera pas
Loup y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ?… 
 »

Cependant , il faut noter que dans Le Petit Chaperon rouge comme dans Les Trois Petits Cochons, (un conte d’origine anglaise) , le loup, si cruel qu’il soit, finit par être sévèrement puni. Depuis Ysengrin, la bête n’est pas devenue plus  »finaude  ».

Le loup-garou fait toujours peur aux enfants :

L'homme sauvage ou loup-garou (gravure de Lucas Cranach, 1510-1515)La terreur du loup a engendré à la fin de la Renaissance le loup-garou, lointaine réminiscence du mythe grec de Lycaon. Il persiste encore dans les histoires enfantines. Son nom est un doublon de loup dans sa version française et dans sa version germanique, garou dérivé du francique werwolf, de wer ( » homme  ») et wolf ( » loup  »).

Le loup-garou est un homme qui se serait transformé en loup après avoir consommé de la chair humaine. On le représente comme une chimère avec un corps d’homme et une tête et des pieds de loup ou bien comme un loup géant qui marcherait sur ses pattes postérieures. On le soupçonne de violer les femmes et dévorer les enfants.

La croyance au loup-garou est cotemporaine de la   » grande chasse aux sorcières  » qui sévit dans le Saint-Empire romain germanique de la fin du XVIe siècle au début du XVIIe siècle. Elle donne lieu à des procès extravagants contre des hommes soupçonnés de se transformer en loups la nuit venue, une maladie qui reçoit même un nom savant : la lycanthropie.

La  » Bête  » est de retour en France:

Au XIXe siècle, la forte croissance de la population européenne et l’efficacité de la chasse rejettent le loup au plus profond des forêts. L’animal ne terrorise plus grand-monde. En 1857, Alphonse Daudet

A.Daudet ?

publie une nouvelle vouée à un grand succès :  »La Chèvre de monsieur Seguin  ». Il ne s’agit en rien d’un reflet de la réalité, simplement d’une allégorie sur l’inconvénient de ne vouloir en faire qu’à sa tête. 

Croc-Blanc (titre original : White Fang, Jack London, édition française)Renversement de valeur avec Croc-Blanc (1906), un roman dans lequel l’Américain Jack London montre le loup comme un animal avant tout épris de liberté. Quelques mois plus tard, quand le général Baden-Powell fonde le scoutisme , il organise son mouvement sur le principe de la meute. Comme les loups, ses membres se doivent d’être solidaires pour affronter tous les défis, y compris survivre en pleine nature. Rien d’étonnant à ce que les plus jeunes scouts portent fièrement le nom de  » louveteaux  ». 

Aujourd’hui, le loup ne figure pas parmi les espèces menacées. Rien qu’en Europe, on en compte près de vingt mille, dont deux mille en Roumanie, presque autant en Espagne, près de 800 en Italie…

ll n’empêche qu’il a disparu de France au début du XXe siècle, ( le dernier ayant été abattu en 1939 ). En 1992, les Français ont soudain appris son retour dans le parc national du Mercantour, sur la frontière italienne. Les études ADN ont montré que ces loups viennent d’une région montagneuse au nord de Gênes, couverte de forêts, giboyeuse, avec une activité humaine limitée à l’élevage de bovins en étable.

Dans les milieux agricoles et chez les élus locaux, d’aucuns pensent que les loups n’ont pas franchi spontanément la frontière mais qu’il y ont été aidés par les agents du parc du Mercantour, désireux de restaurer sur leur territoire le  » paradis perdu  d’antan  ». Les scientifiques penchent plutôt pour une expansion naturelle de la population italienne, le loup étant capable de franchir une centaine de kilomètres en quelques jours et de traverser des routes et des zones habitées avant de s’établir en un nouveau lieu.

Loups dans le parc du Mercantour

Après avoir réduit drastiquement la population locale de mouflons, les loups du Mercantour sont partis à la conquête des pâturages avoisinants. Ils auraient atteint le Massif Central et les Pyrénées et occuperaient un total de 24 départements sous la haute protection des associations de défense de la Nature et des instances européennes .

Ces migrants d’une espèce particulière seraient en France au nombre d’environ 300, répartis en une cinquantaine de meutes, chaque meute ayant besoin d’environ 500 km2 pour sa subsistance. On leur attribue dix mille attaques de brebis en 2015. C’est peu au regard du nombre de brebis victimes de maladies, de chutes, d’attaques de chiens errants etc. Mais c’est pour les bergers une contrariété supplémentaire et une source de stress dont ils se passeraient volontiers, surtout dans un contexte économique précaire.

Aux bergers et aux agriculteurs qui s’en plaignent, les scientifiques et les protecteurs de la Nature répondent que le loup, en s’attaquant aux bêtes malades, contribue à réguler la faune sauvage… Il est vrai que cette fonction le rendra tout à fait indispensable si les territoires dits naturels finissent par se vider complètement de toute présence humaine (à l’exception de quelques résidences secondaires de citadins en quête de ressourcement).

 » Reprocher au loup de manger des brebis, c’est absurde. Les loups l’ont toujours fait. Mais remettre ces animaux artificiellement dans des régions où ils ont disparu, c’est un peu absurde aussi  », juge Michel Pastoureau. La réintroduction du loup paraît en effet absurde quand elle se fait au détriment du pastoralisme, une tentative sympathique de combattre la désertification des montagnes et l’agro-industrie capitaliste… Après tout, qu’a-t-on besoin de réintroduire de banals loups gris dans les pâturages quand les tours de la Défense et de nos quartiers d’affaires regorgent de  » jeunes loups  » aux dents plus acérées ? lol

C’était il ya environ 258 ans….


….le 30 juin 1764

La bête du Gévaudan

Le 30 juin 1764, sur les rudes plateaux du haut Vivarais (au sud du Massif Central), Jeanne Boulet, une petite bergère de 14 ans, meurt victime d’une  » bête féroce  », selon le curé qui l’enterre. À partir de là, les agressions de jeunes bergers vont se multiplier en dépit de grandes battues.

La Bête du Gévaudan (gravure d'époque)

La psychose se répand dans cette région appelée Gévaudan, qui correspond à l’actuel département de la Lozère. La mystérieuse  » bête du Gévaudan  » fait parler d’elle dans les gazettes et même à la cour du roi Louis XV , à Versailles, où l’on mobilise la troupe pour lui donner la chasse. En vain. On lui attribuera au total 80 à 100 décès en trois ans.

Les rumeurs les plus fantasques vont se donner libre cours jusqu’à nos jours, avec le film Le Pacte des loups (Christophe Gans, 2001). D’aucuns imaginent une bête extraordinaire ou encore un tueur en série qui aurait dressé des chiens à cet effet.

D’après l’historien Jean-Marc Moriceau,

Jean-Marc Moriceau?

il s’agirait en fait de trois loups de grande taille ! Le premier fut abattu par François Antoine, porte-arquebuse du roi, en septembre 1765, sur le domaine de l’abbaye royale des Chazes. Le dernier fut tué le 19 juin 1767 par un enfant du pays, Jean Chastel. Après cette date, on n’eut plus à déplorer de drame.

Et l’historien rappelle que les attaques de jeunes gardiens de troupeaux par les loups étaient relativement fréquentes dans les campagnes de l’Ancien Régime, qui comptaient encore au XVIIIe siècle une vingtaine de milliers de loups.!! (Le Petit Chaperon rouge n’est pas seulement un conte )..

A suivre / billet suivant …