L’affaire Empain, l’une des plus symboliques et médiatiques de la police judiciaire parisienne , défraye la chronique en 1978. Cela tient pour partie à la personnalité de la victime : le baron Edouard-Jean Empain est, à 40 ans, à la tête d’un des plus grands groupes industriels européens, le groupe Empain-Schneider, réunissant près de trois cents sociétés.
Le 23 janvier 1978, vers dix heures trente, le baron est enlevé à la sortie de son domicile, dans le XVIe arrondissement parisien.
La victime est un proche du président de la République en fonction Valéry Giscard d’Estaing …
Trente-six heures après l’enlèvement, un message est déposé dans une consigne de gare, à l’attention de sa famille, avec sa carte d’identité, des lettres et un flacon de formol dans lequel se trouve une phalange de l’auriculaire gauche de l’otage.
Les ravisseurs réclament quatre-vingts millions de francs (soit environ douze millions d’euros) de rançon.
Six jours passent, durant lesquels sont portés au grand jour la passion du baron pour le poker ainsi que sa vie sentimentale et sexuelle extraconjugale dont la presse fera »ses choux gras ».
La famille et le groupe Empain-Schneider se rallient à l’idée de la police de livrer des billets factices. Les ravisseurs fixent un rendez-vous quatre semaines plus tard, le 22 février, à Megève, station de sports d’hiver huppée de Haute-Savoie.
Le lieu est surveillé par de nombreux policiers en civil. Mais les ravisseurs n’appellent pas et l’opération est annulée en fin de soirée. Un nouveau rendez-vous est fixé pour le 23 mars, à Paris. Le porteur de la rançon, un policier, est invité à se diriger vers la banlieue sud.
Alors que sa voiture stationne sur une bande d’arrêt d’urgence, une dépanneuse s’arrête derrière elle, la croyant en panne. Il sort de la voiture pour parler au dépanneur : c’est alors que deux personnes embusquées dans les fourrés s’emparent de la voiture et, après quelques centaines de mètres, s’arrêtent à proximité d’une porte de maintenance dans le mur anti-bruit d’environ vingt mètres de haut qui borde l’autoroute A6 au niveau de L’Haÿ-les-Roses.
Une fusillade a lieu entre la police et les ravisseurs : l’un d’entre eux est tué et un autre arrêté. Deux policiers sont blessés.
Le 26 mars 1978, faute d’avoir pu conserver la rançon, les ravisseurs se résignent à libérer leur prisonnier. Ils seront finalement tous arrêtés.