….. Chef de l’Eglise catholique, le pape Pie II serait aussi l’auteur d’un livre amoureux, relatant en détails l’amour passionnel entre une jeune mariée et son amant. Comment le souverain pontife s’est-il retrouvé auteur de littérature érotique ?

1 – Pape et écrivain : les deux vies de Pie II
(Pie II, de son nom de naissance Enea Silvio Piccolomini, et généralement connu dans la littérature sous son nom latin Æneas Sylvius, fut le 210ᵉ pape de l’Église catholique )
2 – « Ô noble poitrine » : le livre érotique du pape 3 – Pie II, plus conservateur qu’il n’en a l’air
Deux vies en une: Les écrits libertins, suggestifs voire même érotiques ont accompagné la naissance de la littérature, bien avant l’apparition de » la collection Harlequin ». Durant l’Antiquité, le poète latin Ovide est l’auteur d’une véritable initiation à la séduction avec L’Art d’aimer. Plusieurs centaines d’années plus tard, en plein Moyen-Âge, les romans courtois de Chrétien de Troyes font office d’initiation à l’amour. Au XVIIIe siècle, c’est Pierre Choderlos de Laclos qui publie ses Liaisons dangereuses, correspondance épistolaire entre deux libertins du siècle des Lumières .
« Ô noble poitrine » : le livre érotique du pape :
Ecrite en 1444, l’Histoire de deux amants imagine la rencontre entre une jeune bourgeoise mariée et un membre de la suite du duc d’ Autriche, de passage dans la ville de Sienne. Fous amoureux l’un de l’autre, les deux jeunes gens échangent des missives parfois enflammées, par le biais d’un intermédiaire qui garde leur secret. Cette histoire d’amour s’achève brutalement avec le départ de l’amant pour son pays d’origine, qui contraint la jeune mariée à retrouver son mari jaloux. Voici un extrait de l’œuvre de Pie II, cité dans une étude disponible en ligne.
« Qu’il y a-t-il de plus beau, de plus resplendissant que ce corps ? […] Ô noble poitrine, ô seins qui s’offrent à la caresse, est-ce vous que je touche, vous que je tiens, vous sur lesquels tombent mes mains ? Ô douces formes, ô corps parfumé, est-ce bien toi que je tiens ? »
« O suaves baisers, o douces étreintes, o morsures coulantes comme miel ! »