….. » j’ai le cafard » .

Comme tout le monde le sait , avoir le cafard signifie avoir les idées noires. Mais quel rapport entre cet » état » et l’insecte ?
Cette » petite bête » qui a une très mauvaise réputation est tout autant détestée dans les maisons qu’elle envahit que dans nos pensées. Mais quel rapport entre le plus mal-aimé des insectes
et le fait d’être déprimé ?
J’ai lu que le mot » cafard » est dérivé de l’arabe » kafir », il apparait pour la première fois dans le dictionnaire du XVIe siècle pour désigner un mécréant fourbe, sans foi ni moralité.
Pas de foi, pas de moral : Dans l’imaginaire collectif, les personnes affichant cette absence de valeurs ont la réputation d’œuvrer de manière sournoise. ( On les imagine cherchant à se fondre dans l’obscurité grâce à de sombres vêtements, en cachant ainsi leur malveillance ).
Il n’en fallait pas plus pour faire le lien entre ces blattes, amatrices des recoins les plus noirs des maisons, et ces faux dévots. Le verbe » cafarder » ne fera qu’amplifier l’aspect négatif du terme, renforçant également son lien avec une certaine hypocrisie.
Il faudra attendre 1857 pour voir le cafard devenir un symbole de tristesse.

C’est le poète Charles Baudelaire qui l’aurait introduit dans son recueil des Fleurs du mal, en même temps que son célèbre spleen.
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement.
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ;
l’Espoir ,Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Dans le domaine des insectes , on dit aussi » avoir le bourdon » , un autre insecte ( dans ma région en tous cas )
Et j’ai lu aussi :
Au XVIe siècle, il désignait une personne non ou peu croyante qui faisait croire qu’elle l’était profondément. Un bigot, un faux dévot ou un fourbe, donc.
Il désigne aussi une personne qui dénonce les autres (qui »cafarde »), sens qui vient probablement du précédent, par allusion à la personne qui a un comportement hypocrite ou fourbe.