Particules de mémoire, poussière de vie ;
Quand, doucement, tombe le soir ; que commence l’amnésie ;
Je sais tout du passé : rien ne s’est écroulé,
Mais hier, mais aujourd’hui, qu’ai-je fait que je n’oublie ?
Ce sont des petits riens, destin qui s’effiloche ;
Plus aucun dessein, ni tableau qu’on accroche ;
Juste des crochets aux murs lézardés,
Où ne sont suspendus que des brouillons déchirés.
Je ne fais que descendre,
Je m’efface insidieusement ;
J’ai mal à l’âme que je vais rendre
Un jour ou l’autre naturellement,
Parce qu’on ne meurt jamais d’un esprit qui s’étiole,
On veut paraître serein alors que les idées s’envolent.
Dans cette suite de lendemains, quel est donc mon rôle ?
Car je suis toujours là, même si je n’y suis pas.
Vous parlez trop vite, vous parlez trop fort.
Vous comprendre me demande bien trop d’efforts ;
Alors, je souris, et même je rigole
Pour montrer que je vis, et que vous êtes drôles.
C’est pourtant un tas de sable que j’ai dans la tête,
Qui s’écroule à chaque fois que je m’entête
A avancer d’un pas, qui aussitôt s’efface
Dans tous les endroits où je perds ma trace.
Comment avancer, dépourvu de repères ?
Comment penser, sans les liens nécessaires ?
Particules de mémoire, poussière je suis,
Quand tombe le noir, quand s’installe l’amnésie.