


Albert Spaggiari mène une vie calme, il travaille à son studio de photographie à Nice et vit dans une bergerie isolée dans les collines Nicoises, proche du village de Bezaudun sur les flancs du mont Cheiron. La bergerie est surnommée « Les Oies sauvages », en l’honneur du chant de la Légion étrangère. Mais il va vite se lasser de cette vie monotone, pour cette raison il conçoit et dirige une opération qui sera nommée par la suite le « casse du siècle » de Nice.
L’idée de s’attaquer à la Société générale de Nice lui vient des romans à suspense qu’il dévore à cette époque, et notamment de Tous à l’égout de Robert Pollock qui décrit le cambriolage d’une banque dans laquelle, les malfaiteurs s’introduisent en empruntant les égouts. Un ami conseiller municipal et employé à la Société générale, lui apprend que la salle des coffres de l’agence de Nice avenue Jean-Médecin, est dépourvue de système d’alarme.
Spaggiari se prend alors à rever à un cambriolage de l’agence empruntant, les égouts de la ville.
Pour évaluer la faisabilité de son projet, deux ans avant le casse, il loue un coffre à la Société Générale dans lequel il place un réveil, qu’il régle pour sonner la nuit. Le but de la manœuvre vise à s’assurer de l’absence de systèmes de détection (sismique ou acoustique) à l’interieur de la salle des coffres. Dans le meme temps, il commence une exploration minutieuse des égouts en empruntant l’entrée du canal souterrain du fleuve Paillon sous le Palais des Expositions de Nice et qui rejoint aprés 2 kilomètres, les égouts de la ville.
Après plusieurs nuits de visite il se persuade qu’il est possible de creuser un tunnel d’accés depuis les égouts passant sous la rue Gustave Deloye, jusque à l’intérieur de la salle des coffres.
Albert Spaggiari décide alors de constituer une équipe pour mener le casse. Il se met en contact avec deux malfrats Alain Bournat et Francis Pellegrin, qu’il charge de recruter une équipe dans le milieu de la pègre de Marseille
Bien que cela n’ait jamais pu être prouvé, il reçoit probablement également, l’aide de Gaëtano Zampa le grand caid marseillais, pour bâtir son équipe, à laquelle s’ajoutent d’anciens amis de l’OAS, notamment Enzo Linhio, Gaby Anglade et Jean Kay.
Les travaux qui vont s’avèrer titanesques commencent. Le premier coup de burin de creusement du tunnel, est donné le 7 Mai 1976. Pendant presque trois mois, une quinzaine d’hommes, dont vraisemblablement des professionnels du terrassement, empruntent de nuit, les égouts depuis l’embouchure du fleuve "le Paillon" portant jusqu’à 50 kg de matériel (forets, burins, masses) à travers les 3 km de trajet sinueux dans les boyaux des égouts. Leur tache : creuser dans un sol fait de terre, de poudingue et de pierre, un tunnel de 8 m de long aboutissant directement dans la salle des coffres.
Les travaux réalisés entièrement à la main (pour des raisons évidentes de discrétion), sont très durs, les ouvriers passant parfois plusieurs nuits à essayer d’entamer la même pierre.
Lorsqu’enfin les travaux se terminent, Albert Spaggiari, fixe le week-end du 17 juillet au 18 juillet 1976, pour donner l’assaut final aux coffres. L’électricité est installée dans la galerie, de gros chalumeaux et leurs bouteilles de d’acetylène, des barres a mine, un verrin sont amenés pour ouvrir les coffres. A 22h30, le vendredi 16 juillet, le dernier morceau de mur menant dans la salle des coffres tombe. Le verrin est utilisé, pour renverser le coffre qui s’appuyait sur le mur juste forcé. L’équipe qui va camper tout le week-end dans la salle des coffres, ouvre en 2 jours et trois nuits, 317 coffres (sur un total de 4000). Le butin est évalué à 50 millions de francs (l’équivalent de 25 millions d’euros). Spaggiari s’offre même le luxe de laisser ses complices travailler seuls le samedi soir et aller manger dans un restaurant de la ville avec une amie. Il revient dans la salle des coffres un peu plus tard.
Selon certains témoignages, Spaggiari amena à ses hommes dans le coffre du vin et du pâté pour fêter leur victoire. Ils trouvèrent dans les coffres des photos dénudées de certaines célébrités locales qu’ils affichèrent sur les murs du coffre pour qu’elles soient vues par ceux qui y rentreraient. Mais un grain de sable va se mettre dans l’engrenage de la mécanique bien huilée de ce casse : il pleut ce week end là à Nice : un détail en apparence, mais qui va devenir franchement préoccupant.
En effet le niveau de l’eau est fortement monté dans les égouts et devient susceptible de les bloquer dans leur retraite. Albert Spaggiari qui ne veut pas prendre de risque inutiles, sonne alors sagement la retraite le dimanche 18 juillet vers 2h du matin.
L’équipe, avant de partir, prend le soin d’effacer toute empreinte et ne laisse qu’un maigre indice bien loin d’aider la police, le message inscrit sur le mur du coffre par Spaggiari « ni armes, ni violence et sans haine ».
De nombreux aller-retour et prés de 3 heures de travail et de trajet dans les égouts seront encore nécessaire pour sortir tout le butin à la surface avant le lever du jour en ce lundi 19 juillet 1976. Un 4×4 Land Rover a été placée par un complice dans l’embouchure du paillon utilisée comme voie d’entrée et de sortie des égouts. Elle est chargée avec les 50 millions de francs du butin qui sera partagé dans la journée par les complices dans une villa de l’arriére pays.
Dans un premier temps, la police française piétinera dans l’enquête faute d’indice. Spaggiari parti en cavale Japon quelques jours aprés le casse est en mal de reconnaissance. Il va commettre sa premiere imprudence. A Washington, il propose ses services à la CIA, en se présentant sous le surnom de "Bert", comme le cerveau du casse du siècle de Nice. La CIA alerte la police française par telex. La police arrête bientot Francis Pellegrin et Alain Bournat qui avaient tenté de négocier des lingots provenant du casse à l’agence du Credit Agricole de Roquefort-les-pins. Ils avouent rapidement et dénoncent Albert Spaggiari comme étant le cerveau du casse. La police reste incrédule, car Spaggiari, petit bandit qui n’a commis pour l’instant que des délits mineurs, n’a apparemment pas la carrure pour commander ses complices marseillais, qui relevent eux, du grand banditisme. Il subsiste d’ailleurs actuellement un doute sur le fait qu’il ait été le seul cerveau de l’opération dite du "Gang des egouttiers". Il y aurait peut être eu plusieurs cerveaux, Spaggiari s’étant peut être mis plus en avant du fait de son égo surdimensionné. (sources : émission "Faites entrer l’accuse" France2 du 22 Avril 2008). Spaggiari, qui ignore avoir été dénoncé, se trouve alors au Japon, dans un voyage organisé par Jacques Médecin. Albert Spaggiari, est arrêté le 27 Octobre 1976 à son retour à l’aéroport de Nice, il niera les faits dans un premier temps, avant de les reconnaître enfin et après avoir insisté pour les avouer uniquement en présence d’un représentant officiel, en l’occurence un des plus importants policiers de France, Honoré Gévaudan . Il choisira pour sa défense l’avocat Maître Jacques Peyrat, membre du Front national et futur maire de Nice. Selon ses dires de l’époque, le casse aurait été destiné pour sa part, à financer une organisation politique secrète d’extrême droite italienne qu’il voulait créer, la "Catena" (Chaîne en italien), et dont le but était de contrer les attaques de la gauche militante italienne de l’époque qui se livrait à des attentats.
Albert Spaggiari est incarceré à la prison de Nice en attendant son jugement. Ses copains d’Indochine et de l’OAS Robert Desroches et Michel Brusot, décident de la faire évader en prennant la solution la moins risquée, qui est d’intervenir alors qu’il se trouvera dans le bureau du juge d’instruction Richard Bouazis, au palais de justice de Nice. Pour cela, Robert Desroches, transmet un croquis de l’évasion à Spaggiari en prison. Il y représente un individu en train de sauter par la fenetre du bureau du juge au palais de justice. Le 10 mars 1977, Albert Spaggiari met à exécution son plan d’évasion, il fournit au juge qui l’entend trois gribouillis sur trois feuilles, en les présentant comme une preuve, et alors que le juge est occupé à examiner le document, Spaggiari saute par la fenêtre du bureau du juge et atterrit huit mètres plus bas sur le toit d’une voiture garée sous le palais. Il parvient à s’échapper grâce à un complice qui l’attend en moto. Beau joueur, il envoie au propriétaire de la Renault 6 endommagée un chèque de 5 000 francs, en guise de remboursement. Spaggiari, en cavale, devient le premier bandit médiatique.
Des journaux de gauche affirmèrent que Spaggiari avait bénéficié d’aides parmi ses amis hommes politiques, et en particulier de la part de l’ancien militant de l’OAS et maire de Nice, Jacques Médecin. Ces accusations compliquèrent la tâche de Médecin au second tour des élections municipales de 1977.
En 1995, Jacques Peyrat accuse Christian Estrosi, futur ministre, actuel maire de Nice, et ancien champion de moto d’avoir été le complice à moto de Spaggiari. Mais Estrosi parvient à prouver que ce jour là il était engagé dans une course à Daytona
Il meurt le 8 juin 1989, à 55 ans, d’un cancer de la gorge (source : Faites entrer l’accusé" du 22 avril 2008) alors qu’il se trouve en exil en Italie, après douze années passées à se grimer et à fuir. Sa compagne remonte en France en caravane sans éveiller les soupçons des douanes et dépose son corps à Hyères (Var) chez sa mère le 10 juin. Il est enterré à Laragne-Montéglin.
N.B:Je met ce texte suite à une émission télé vue ces derniers jours,qui m’a amené à voir plus de détails sur Spaggiari.Ce qui m’avait frappé c’es le "sans haine ni violence" Cependant,je crois savoir qu’il adhèrait aussi aux idées d’extrèmes droite,ce qui me "défrise" un peu,dommage car je trouvais que ce "casse" avait un côté anar non violent qui me plaisait bien! lol (par ex. le remboursement de la Renault 6! et aussi "l’aide d’homm–es politiques"……)
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